Rouler avec des lunettes de vue

Porter des lunettes de vue n’est pas toujours la panacée lorsque l’on pratique des sports outdoor. Néanmoins, aujourd’hui, de multiples solutions s’offrent aux porteurs de lunettes pour conserver une bonne vision en toutes circonstances.

Il suffit de se promener quelques instants seulement sur les forums dédiés à la pratiques du vélo en général et au VTT en particulier pour se rendre compte des problèmes rencontrés par les porteurs de lunettes de vue lorsqu’ils s’adonnent à leur sport favori. Ce sont les myopes et les astigmates qui sont le plus pénalisés : impossible pour eux de se passer de leur verres correcteurs pour bien appréhender le relief et pour pouvoir anticiper en fonction des obstacles à venir. Le problème, c’est que les montures de tous les jours ne sont pas adaptées à la pratique sportive. L’arrivée des premières gouttes de sueur les fait inexorablement glisser en bout de nez et la taille des verres est souvent trop petite. Impossible alors de maintenir la tête dans le prolongement de la colonne vertébrale afin que seul le regard se déplace. Le regard passe alors au-dessus des lunettes et cela peut tout simplement être dangereux. Par ailleurs, les lunettes de vue que l’on utilise dans la vie de tous les jours possèdent des verres plus fragiles en cas de chute. Cela constitue un vrai danger pour les yeux ! De plus, les verres correcteurs de tous les jours, de classe 0, n’offrent qu’une protection minimale contre les UV !

Néanmoins, rassurez-vous, il existe des solutions pour rider en toute sécurité : le port de lentilles ou l’acquisition de lunettes spéciales sport. Pour ces dernières, là encore, deux possibilités : des lunettes dotées de verres à la vue ou des montures sportives pouvant recevoir un kit correcteur. Afin de vous présenter au mieux le pour et le contre de chaque système, nous sommes allés à la rencontre de Marc Bergogné, responsable du magasin Opéra Vision, spécialisé dans les lunettes de sport. Pour lui, il n’y a pas de système mieux que les autres, ils ont tous leurs atouts et leurs défauts.

Les lentilles

Sur le papier, c’est ce qu’il y a de mieux. Posée directement sur la cornée, elles suivent parfaitement tous les mouvements de l’œil pour une vision optimale sans déformations dues aux contours de lunettes. De plus elles évitent les problèmes de netteté en cas de pluie. Mais dans les faits, les lentilles présentent de nombreux inconvénients. Outre la poussière qui vient s’accrocher dessus, elles sont susceptibles, pour de multiples raisons, d’entraîner une certaine sécheresse oculaire. « Tout effort sportif occasionne des changements de métabolisme », explique Marc Bergogné. Et lorsque celui-ci dure, des signaux sont envoyés par l’organisme pour mettre en stand-by certains organes afin d’apporter les nutriments et l’oxygène nécessaire aux muscles qui fournissent un effort. C’est le cas au niveau des glandes lacrymales qui fournissent alors moins de larmes, ce qui provoque l’inconfort visuel. Pour protéger leurs yeux contre la poussière et le vent, les porteurs de lentilles peuvent toujours porter des lunettes de sport, mais alors « on cumule les défauts des deux systèmes » poursuit notre opticien. On notera enfin que les lentilles, même dotées d’un filtre UV, ne protègent pas la sclère (le blanc) de l’œil et les paupières. Du coup, lorsqu’il y a du soleil il faut impérativement porter de lunettes de soleil. Cependant, si vous restez adepte des lentilles, Marc Bergogné vous donne quelques conseils supplémentaires : « optez pour des lentilles quotidiennes jetables et pensez toujours à prendre un jeu de rechange dans votre poche afin de pouvoir les changer à l’arrivée si elles sont pleine de poussière ou en cas de perte. »

Les lunettes

Il existe aujourd’hui un très grand nombre de montures spécialement adaptées à la pratique sportive. Légères, presque incassables, elles offrent la possibilité de troquer les écrans de base contre des verres correcteurs. C’est la société Vuarnet qui a lancé ce concept dans les années 70. Elle fut plus tard rejoint pas des grands noms de la lunetterie comme Oakley, puis Bollé, et Julbo. Peu de fabricants proposent des verres anti-buée, hormis Adidas et Essilor. Pourtant, ce type de traitement est très pratique à VTT. Cependant, le galbe imposé par les montures de sport ne convient pas à toutes les corrections. Le choix des lunettes correctrices de sport conviendra idéalement à des personnes ayant une correction comprise entre +2 et – 4.00 dioptries. Au-delà, on aura un verre trop épais et les aberrations optiques seront trop importantes en périphérie. Par ailleurs, faire monter des verres correcteurs sur une monture sportive revient relativement cher : comptez entre 110 et 250 € par verre. Et cela peut monter jusqu’à 500 € pour des verres progressifs. De plus, même s’il est indispensable de faire traiter les verres anti-rayures et anti-choc, on n’est jamais à l’abri d’une rayure. Il faudra alors changer le verre, voire les deux, certaines marques imposant pour des raisons de fabrication le changement des deux verres simultanément… Cela peut vite devenir onéreux.

Les kits correcteurs

Ce n’est certes pas le système le plus élégant, mais c’est sans aucun doute le moins cher ! En prix de base, comptez de 20 à 50 € pour le clip. Et même en optant pour un traitement anti-rayure et anti-choc, fortement conseillé par Marc Bergogné, cela ne dépassera pas les 200 € avec les verres. Ce sont Bollé et Adidas qui ont été les précurseurs dans ces systèmes de clips optiques. Au moment de choisir sa monture, il convient de s’intéresser à la taille du clip. Plus il est petit et plus les axes optiques des verres correcteurs seront parallèles. Du coup, il sera possible de corriger toutes les myopies, hypermétropies ou astigmaties et même la presbytie, quelle que soit leur importance. Avec des clips, le champ de vision n’est pas réduit car en vision périphérique notre acuité ne dépasse pas 1/10. Ce système permet en plus d’adapter l’écran de son choix selon la luminosité existante à un instant T, chose impossible avec des lunettes dotées de verres correcteurs à moins de disposer d’un bon budget pour s’acheter plusieurs jeux de verres et disposer d’une monture permettant leur changement…

Les normes et les classes de verres

Il vous faudra porter une attention particulière aux normes et à la classe de vos verres afin de choisir ceux qui conviennent à votre pratique. Il faut impérativement que vos verres portent la mention CE ( Norme Européenne) vous garantissant une protection des UV à 100%. En outre, il faut que la classe des verres soit indiquée. Ils sont classés de 0 à 4.

0 : verre clair ou très légèrement teinté pour l’intérieur ou le ciel voilé

1 : verre légèrement teinté, pour luminosité solaire atténuée

2 : verre moyennement teinté : pour luminosité solaire moyenne

3 : verre foncé : pour forte luminosité solaire

4 : verre très foncé pour une luminosité solaire exceptionnelle

Les verres de classe 0 sont plutôt adaptés à une protection contre les insectes, la poussière et les éclats divers (boue, eau). La classe 1 convient par temps gris par exemple, la classe 2 suffit à protéger du soleil en plaine. Les classes 3 et 4 sont destinées à un usage en forte lumière, comme en haute montagne. A noter que ces derniers (classe 4) sont interdits pour la conduite automobile car il y a risque de danger lors des passages sous les tunnels par exemple.