Rencontre : Bastien Donzé, French Touch

Bastien-Donzé
Bastien Donzè (à gauche) avec Benjamin Lacoste
© Sebastian Schieck

Derrière le projet des nouvelles roues Sram Rise se cache un “petit Français », Bastien Donzé. La roue, c’est son truc. Après avoir fait ses armes chez Mavic, il a quitté l’hexagone pour rejoindre Sram il y a trois ans…

De Mavic à Sram

VTT : Tu es resté un peu moins de sept ans chez Mavic. Quels souvenirs en gardes-tu ?
B.D. : Il y a une expression chez Mavic qui dit qu’une fois que tu as le sang jaune (le jaune étant la couleur de Mavic, ndlr), tu le gardes toujours un peu. Mavic est une marque qui fait partie de l’histoire du vélo et qui bénéficie d’un énorme savoir-faire. Là-bas, j’ai énormément appris et j’ai développé cette passion pour le VTT.

VTT : Comment s’est passée la transition chez Sram ?
B.D. : A l’américaine ! Ils ont eu une approche très directe. J’ai reçu un coup de téléphone un après-midi où on m’a expliqué que Sram voulait faire des roues de VTT, et que j’étais le premier sur la liste pour m’occuper du projet. J’étais prêt pour un changement et il n’y avait pas d’évolution possible chez Mavic. Tout était réuni pour changer de vie, et en mai 2008 j’ai signé chez Sram. J’ai quand même eu une année où je suis resté à Annecy pour préparer les papiers administratifs, les visas, etc… J’avais du temps libre le matin, et je bossais en début d’après-midi jusque tard dans la soirée pour me caler avec le rythme des US. En août 2009, nous sommes partis pour Chicago avec la petite famille !

VTT : Changer de vie justement, ce n’est pas quelque chose d’effrayant ?
B.D. : Sur le coup, cela ne m’a pas fait peur. Avec du recul, j’aurais peut-être dû me préparer un peu plus à cette nouvelle vie. C’est un énorme changement personnel. On en avait beaucoup parlé avec ma femme Julie. C’est une belle opportunité, nous avions tout planifié du côté professionnel, mais on était loin d’avoir anticipé l’adaptation et le côté personnel de la chose… On ne s’attendait pas à un changement aussi radical. Sram nous a aidé pour trouver un logement et dans les démarches, nous n’appréhendions pas du tout le changement de vie. Mais une fois sur place, il faut tout oublier et tout réapprendre. Des choses qui peuvent sembler naturelles en France fonctionnent complètement différemment aux US. Je pense à des choses simples comme l’ouverture d’une ligne de téléphone, l’inscription des enfants à l’école ou encore l’achat de médicaments.

VTT : Quelles ont été les plus grosses difficultés que tu as rencontrées lors de ton installation ?
B.D. : Comme je l’ai dit, il faut réapprendre un système totalement différent, sans l’aide de sa famille et de ses amis. C’est peut-être ce qui nous a manqué lorsque l’on a débarqué à Chicago, un réseau social sur qui on peut compter et avec qui on peut échanger, se distraire et se détendre.

VTT : Pas trop dur de s’intégrer aux US lorsque l’on est français ?
B.D. : Il y a deux niveaux d’intégration. A première vue les gens sont très abordables, « friendly » comme on dit ici. Engager une discussion est une chose facile, créer de vrais liens est toutefois plus difficile… En tout cas, c’est plus compliqué qu’en France d’avoir un vrai cercle d’amis. Aujourd’hui, je me considère comme un citoyen du monde. Lorsque je suis aux USA, on m’appelle le Frenchie et lorsque je rentre en France, on m’appelle l’Américain !

VTT : Du rêve à la réalité, y-a-t-il des choses que tu regrettes dans le mode de vie américain ?
B.D. : Le système de santé, qui est définitivement loin d’être au top. Aujourd’hui je me rends compte qu’en France nous avons la chance d’avoir un système très abouti. Les gens qui manifestent ne se rendent pas compte de leurs avantages !

Rêve de gosse

VTT : Entrer chez Sram, partir vivre aux USA, puis à Colorado Springs… Un rêve de gosse qui se réalise ?
B.D. : Même si l’imaginaire américain fascine tous les gosses, les USA n’étaient pas un rêve en soi. Sram l’est déjà plus. Lorsque j’ai rencontré Julie (madame Donzé, ndlr) à la Freeraid aux Gets en 2001, elle s’occupait de l’assistance chez Sram. Je bossais encore chez Mavic. Quand elle me parlait de la marque, je me disais toujours que cela serait intéressant et sympa de bosser pour eux ! Partir vivre aux USA, c’est aussi une expérience super enrichissante pour mes enfants. La troisième est née à Chicago, elle a la nationalité américaine. Mes enfants grandissent avec une double culture et une ouverture d’esprit incroyable pour eux. Je dois remercier ma femme Julie, car avec le recul il y a peu de gens capables de tout abandonner pour suivre quelqu’un…

VTT : L’ambiance de travail à l’américaine est-il si différente de ce que l’on connaît en France ?
B.D. : Ce sont deux univers de travail très différents. Pour un Américain, les Français sont toujours en vacances par rapport aux congés payés. En fait, il s’agit juste de l’intensité des journées de travail qui est très différente. Aux USA, les journées de travail sont plus importantes qu’en France, mais je dirais qu’une journée de travail en France est plus intense et efficace. Le rythme de travail ici me convient beaucoup plus. Les gens sont plus flexibles sur l’organisation et les horaires, si un de mes enfants est malade par exemple je peux m’arranger pour travailler à domicile. On travaille beaucoup quand il le faut, mais on ne fait pas de présence pour rien.

VTT : A quoi ressemble la journée type de Bastien à Colorado Springs ?
B.D. : Je me réveille vers 6h30, puis je m’occupe des enfants pendant une heure. Julie les emmène à l’école et je pars bosser à vélo. Il y a environ 17 km, la plupart sur l’asphalte mais j’ai trois sections en sentiers bien sympa qui me permettent de rouler à VTT. Après une douche, j’attaque la matinée de boulot (meetings, discussions techniques, e-mails, etc…). Environ trois fois par semaine on part rouler entre midi et deux à VTT sur Ute Valley. Cela dure un peu plus d’une heure, mais parfois on peut partir sur des sorties de 35 ou 40 km. L’après-midi, retour au bureau et je rentre à vélo à la maison. Colorado Springs est à 2 000 m d’altitude, ça fait travailler les globules ! Je passe la soirée en famille, sauf si je dois faire une conférence téléphonique avec Taïwan… Ce qui se passe en général tard le soir, décalage horaire oblige.

VTT : Pourquoi ne pas avoir utilisé l’UST sur les nouvelles roues Rise ? Penses-tu qu’aujourd’hui un flap offre des qualités (étanchéité, centrage du pneu, etc…) aussi bonnes ?
B.D. : Venant de chez Mavic, je reste un partisan de la norme UST en terme de fiabilité et de sécurité. Pourquoi ne pas l’avoir utilisée ? Il s’agit d’une question de technologie et de process de fabrication que l’on ne maîtrise pas encore, car il ne faut pas percer le pont supérieur de la jante. On travaille dessus, on a des idées, mais nous avons préféré lancer les premières générations de roues Rise avec un kit de conversion qui présente une alternative fiable et intéressante aujourd’hui.

De la roue, seulement de la roue

VTT : L’avenir de la roue selon toi ? Une roue orbitale sans moyeu par exemple ?
B.D. : La roue orbitale, je ne pense pas car les moyeux et les rayons ont un rôle dynamique à jouer, que ne peut pas remplir une roue orbitale par exemple. En revanche, je suis persuadé qu’à l’avenir on travaillera sur une meilleure intégration de la roue avec le freinage, la transmission ou encore la fourche télescopique. Après avoir bossé pendant dix ans dans la roue, c’est un grand bol d’air d’être chez Sram et d’œuvrer avec des gens différents qui travaillent sur la transmission, le freinage ou encore la suspension. C’est une belle ouverture d’esprit qui apporte forcément du bon. L’aventure des roues VTT chez Sram ne fait que commencer. On a pas mal d’idées et je pense que l’on va apporter pas mal de choses qui vont faire avancer le VTT.

VTT : En tout cas, le rayon tel qu’on le connaît a toujours une raison d’exister ?
B.D. : On peut se prendre à rêver sur l’avenir. Depuis que je suis parti de chez Mavic, je n’ai pas changé d’avis sur l’UST. En revanche, je pense désormais que parfois les technologies traditionnelles sont encore les meilleures sur le terrain. C’est le cas du rayon en acier rétreint qui est le plus performant au roulage, car il apporte du dynamisme et de la vivacité à la roue.

VTT : 26 ou 29 ?
B.D. : Le VTT se cherche encore, il y a des choses à développer. Chaque taille de roue présente des avantages en fonction du débattement, et les qualités des roues de 29 pouces ne sont plus à démontrer. Maintenant, quelle est la taille de roue idéale ? Je pense que personne n’a encore la réponse…

VTT : Et la multiplication des standards, tu en penses quoi ?
B.D. : C’est un casse-tête pour moi car il y a beaucoup plus de variantes. Je serais favorable à une simplification, mais c’est aussi ce qui fait la richesse du VTT, d’avoir des évolutions qui font du bien à notre sport. Il faut prendre au cas par cas. Par exemple, l’arrivée des axes de 15 mm à l’avant n’ont aucune raison d’exister par rapport au 20 mm. En revanche, l’axe arrière en 142 mm est une évolution très positive pour nos VTT ! L’important, c’est que les gens ne s’y perdent pas.

VTT : Quels sentiments as-tu éprouvé lorsque tu as vu ton père franchir la ligne d’arrivée du Roc d’Azur sur un VTT équipé des roues que tu as développées ?
B.D. : Au départ mon père avait juste prévu de passer le week-end avec nous, sans rouler. Et puis il s’est trouvé que j’avais une plaque pour la course du dimanche matin, et qu’il a pris un de nos vélos de tests équipé des nouvelles roues Rise. Mon père roule beaucoup, la semaine précédent le Roc d’Azur il a fait les 60 km du parcours de l’Extreme sur Loue. C’était bon de pouvoir partager ce moment avec lui. Ce n’est pas la première fois qu’il roulait sur mes produits, mais là… c’était différent. Je ne me suis jamais autant impliqué personnellement sur un projet que chez Sram avec les Rise. Pour tout te dire, je n’ai jamais autant flippé avant de faire une présentation à la presse. Je prends le jugement de façon personnelle, car il y a beaucoup de moi-même dans ces roues… C’est quelque chose de très spécial pour moi.

VTT : Un peu comme un nouveau bébé ?
B.D. : Oui, mais je suis « juste » le chef produit, celui qui donne la direction. Ces nouvelles roues sont le fruit du travail de toute une équipe dont je suis juste un membre. Il y a des ingénieurs hyper passionnés et impliqués qui ont développé le produit.

VTT : Allez, la question bonus… Dans dix ans, tu te vois toujours vivre aux US ?
B.D. : Lorsque j’ai emménagé à Annecy, je me voyais passer le reste de ma vie là-bas. Aujourd’hui, je vis à Colorado Springs. On ne sait pas ce que la vie nous réserve !

Rencontre : Nicolas Ménard, le METAmorphoseur

C’est l’amour du VTT qui a mené Nicolas Menard en Andorre, chez Commençal. De son premier cadre baptisé The Bike Project en 2003 développé pendant ses études d’ingénieur aux nouveaux Commençal DHV3 et Meta, il y a bel et bien un fil conducteur : la passion !

VTT : Parle-nous un peu plus de ce cadre…
N.M. : The Bike Project est né en 2003. Il s’agissait d’un cadre en aluminium doté d’une douille de direction réglable et d’une transmission singlespeed. C’était l’époque du fat, nous n’avions pas lésiné sur les renforts ! C’était une belle expérience et je conseille à tous ceux qui veulent travailler dans le milieu de faire ce genre de chose : montrer que l’on s’intéresse concrètement aux problématiques et comprendre comment cela fonctionne.

VTT : D’où l’envie de bosser dans l’industrie du VTT. Comment cela s’est-il passé ?
N.M. : Il fallait que je fasse un stage dans le cadre de mes études d’ingénieur. J’ai été pris chez Sunn pour un stage de six mois, où j’ai rencontré Serge Lopez. J’ai vraiment adoré le fait de bosser dans une boîte à dimension humaine, dans le sens où l’on est polyvalent et pas uniquement bloqué sur un sujet en particulier. J’ai fini mes études avec beaucoup de mal, car j’avais une seule chose en tête, travailler dans l’univers du VTT. J’ai fait mon deuxième stage chez Commençal en 2005, puis Max m’a proposé de continuer à bosser en Andorre.

VTT : Sur quels projets as-tu travaillé ?
N.M. : J’ai travaillé sur le Mini DH V2, puis j’ai apporté quelques idées sur le DHV2. Les choses se sont enchaînées rapidement ensuite avec le Super 4, le Skin, la famille Ramones, le DHV3 et le nouveau Meta… Beaucoup de choses !

VTT : Y a-t-il une réalisation dont tu es particulièrement fier ?
N.M. : Je suis particulièrement fier du Mini DH, car il s’agissait de mon premier vrai projet, et qu’il s’agit d’un vélo qui déboite ! J’en possède encore un et il restera toujours dans mon garage, même si les choses évoluent. Ensuite, il y a les nouveaux DHV3 et Meta. C’était un gros challenge de partir sur une nouvelle plateforme, on s’en est bien sorti et les pilotes du team en sont vraiment satisfaits. C’est valorisant, surtout lorsque l’on venait du V2 qui avait obtenu le titre de champion du monde avec les Atherton. Le V3 n’a peut-être pas encore ce palmarès, mais des pilotes comme Thibaut Ruffin l’adorent.

VTT : Comment peut-on améliorer une machine championne du monde ?
N.M. : En essayant de pousser encore plus le concept, comme par exemple le centre de gravité très bas inauguré sur le DHV2, et que l’on a encore abaissé sur le V3. On voulait également optimiser la trajectoire de roue, avoir une conception plus moderne et améliorer certains éléments. Tout cela mis bout à bout, tous ces éléments ne viennent pas du jour au lendemain. Les idées arrivent progressivement et parfois de façon insolite. Pour l’anecdote, l’esquisse du DHV3 est née dans un bateau entre la Chine et Hong Kong !

VTT : Avec quel logiciel travailles-tu ?
N.M. : Je bosse avec le logiciel Pro Engineer, et je l’utilise également pour calculer mes courbes de suspension. Je ne suis pas spécialement fan des programmes comme Linkage, car je travaille plus rapidement à ma façon !

VTT : Le nouveau Meta sera décliné en 29 pouces. Peux-tu m’en dire un peu plus ?
N.M. : Il reste encore quelques détails à peaufiner, car le 29 pouces est encore assez nouveau pour nous. Avec le Meta 29 on ne voulait pas faire comme les autres et conserver avant tout le côté ludique. On a commencé par le créneau du all-mountain car nous sommes persuadés que cet taille de roue présente un avantage certain sur ce type de course en terme de franchissement, de grip et en descente.

VTT : La philosophie Commençal, c’est quoi ?
N.M. : Les racines de Commençal viennent de la montagne. Andorre est notre terrain de jeu et fondamentalement cela se ressent dans nos produits. Même lorsque l’on fait des VTT de cross-country, ils sont pensés pour répondre à une pratique exigeante et ludique. Concrètement, cela signifie qu’on privilégie un angle de direction ouvert et une potence courte, même sur un crosseur. De toute façon je pense que le jour où l’on trouvera une potence en 120 mm de longueur et un angle de direction de 71° sur un Commençal (même de cross-country), Max (Commençal, ndlr) m’étranglera ! Ce n’est pas la philosophie de la marque…

VTT : Comment résumerais-tu l’équipe de Commençal ?
N.M. : Il y a une vrai unité. On partage les mêmes valeurs et la même envie de se faire plaisir sur un vélo avant tout. Si on est à l’aise sur un VTT et que l’on se fait plaisir, on est performant. J’ai participé à quelques compétitions pour voir à quoi ça ressemblait, mais finalement il n’y a rien de mieux que d’aller rouler avec ses potes et de passer un bon moment. La vision de Commençal peut parfois sembler éloignée de certains pratiquants. On reste une petite marque, autant avoir nos produits et proposer quelque chose de différent plutôt que d’être un énième Specialized ou Trek, deux marques qui font très bien leur boulot.

VTT : Le nouveau Meta sera décliné en version SL. De quoi s’agit-il ?
N.M. : On n’ira pas faire un XC superlight, ce n’est pas le but. Ce que l’on souhaite avec ce 120 mm de débattement, c’est avoir un vélo doté d’angles et d’une géométrie qui permette d’envoyer tout en bénéficiant d’un rendement supérieur. Souvent les gens recherchent du débattement, alors que lorsque l’on roule dans des régions moins exigeantes, c’est beaucoup plus sympa d’avoir un vélo avec un débattement réduit, mais qui bénéficie d’un boîtier de pédalier bas et d’angles couchés permettant d’obtenir un super feeling sur un terrain adapté.

VTT : Pas trop difficile de faire accepter de tels choix en cross-country par exemple, où beaucoup de pratiquants sont loin de comprendre qu’un boîtier de pédalier bas et qu’un angle de direction ouvert peut améliorer le comportement sans nuire au rendement ?
N.M. : On rencontre le même problème dans toutes les disciplines. Lorsqu’on a sorti le Mini DH en 160 mm de débattement, beaucoup de pratiquants étaient réfractaires à l’idée d’un débattement réduit avant même d’essayer ce vélo, car dans leur esprit il fallait obligatoirement avoir du débattement pour rouler en descente. Hors, il suffit juste d’avoir une suspension bien gérée. Le Meta 6 et le Mini DH avaient exactement le même débattement et pourtant il s’agissait de deux machines complètement différentes. Nous sommes dans un sport mécanique où les gens se préoccupent énormément des aspects techniques. Mais lorsque l’on achète une voiture, qui se soucie du débattement des suspensions ? Parfois, il faudrait peut-être revenir à l’essentiel, à savoir essayer un VTT et se faire plaisir…

VTT : Lorsque tu vois l’arrivée massive du carbone en descente, penses-tu que l’avenir est là ?
N.M. : Le carbone peut avoir une utilité à haut niveau, mais c’est un peu plus compliqué pour le pratiquant moyen, en cas de chute entre autre. C’est surtout un enjeu économique. On sortira peut-être un cadre de descente en carbone un jour, mais il faudra faire beaucoup d’efforts financiers sur l’outillage entre autre, qui coûte très cher. On peut faire des cadres très légers en utilisant l’aluminium et honnêtement, pour le moment je vois le carbone comme un matériau réservé à la compétition. J’imagine mal le rider qui roule essentiellement en bike-park et tombe au minimum trois fois par jour utiliser un cadre en carbone.

VTT : Le cadre du nouveau Meta n’est pas des plus légers… Une volonté ?
N.M. : Forcément, on a envie de proposer des VTT compétitifs en terme de poids, mais la finalité première est la fiabilité. Je pense que l’enjeu principal est la répartition des masses. Je privilégie des roues légères au poids du cadre en lui-même. Vaut-il mieux rouler sans soucis sur un cadre qui soit 200 g plus lourd ou bien rouler sur un cadre plus léger et se retrouver avec un vélo cassé à 50 km de chez soi ? Il y a autant de pilotes que de façons de rouler et d’abuser du matériel. Les gens qui choisissent nos vélos ont en général un pilotage engagé, et nous ne voulons pas qu’ils aient de soucis de fiabilité en roulant.

VTT : C’est peut-être aussi pour palier aux problèmes de fiabilité rencontrés sur les cadres il y a quelques années ?
N.M. : Nous avons assumé les erreurs du passé avec le SAV. Aujourd’hui nous avons réellement progressé sur la fiabilité de nos cadres en développant nos propres tests de fatigue. Nous sommes vraiment au-dessus de ce que peut proposer la norme européenne. Je connais peu de marques de notre taille qui soient si attachées à accorder autant de soin à la fiabilité. Nous avons huit tests de contraintes différents sur le cadre, on dépense beaucoup d’argent là-dedans et on met des limites de fatigue élevées sur nos produits. Aujourd’hui on préfère surdimensionner et que le pratiquant soit tranquille.

VTT : L’avenir de Commençal ?
N.M. : Travailler en continu sur le DH et le Meta, une refonte des gammes hardtail et de la famille Absolut. On était assez précurseurs avec cette dernière à l’époque, on a un peu laissé aller et aujourd’hui on a de bonnes idées avec notre team rider Yannick Granieri. Je ne laisse pas de côté les VTT d’entrée de gamme, car on a tous débuté un jour, moi le premier ! J’ai envie que le pratiquant qui débute s’éclate au guidon d’un bon VTT. C’est la philosophie de toute l’équipe. On veut proposer un VTT d’accès à notre sport qui soit beau, qui fonctionne et au guidon duquel on s’amuse. Le VTT est un sport qui coûte cher, et on essaye de donner le meilleur de nous-mêmes pour que même sur un modèle d’entrée de gamme le pratiquant puisse prendre du plaisir à rouler. Mon père possède un des premiers Commençal Combi. Lorsque je vais rouler avec, je m’éclate car je me rends compte que je n’ai pas forcément besoin d’avoir le modèle dernier cri pour m’amuser. C’est bien souvent plus difficile de faire un bon VTT d’entrée de gamme qu’un bon VTT haut de gamme !

VTT : Le 29 pouces a-t-il du sens dans les produits destinés au débutant ?
N.M. : Les roues de 29 pouces sont vraiment intéressantes sur des semi-rigides d’entrée de gamme, car elles permettent de rouler avec plus de confiance. Elles absorbent mieux les obstacles, offrent plus de grip et un meilleur franchissement. On bute beaucoup moins sur les obstacles et on roule plus facilement dans le technique. Le seul problème, c’est qu’il faut faire attention à la qualité du rayonnage de la roue.

VTT : Lancer un nouveau châssis est un sacré challenge, non ?
N.M. : C’est toujours un peu stressant de lancer un nouveau produit. On a notre propre idée, mais il y a ensuite l’avis des pilotes, des magazines et du public. A ce niveau-là, c’est plus que positif et cela correspond à ce que l’on voulait. Tant que l’on arrive à faire ce que l’on aime et que cela plaît aux gens, c’est génial. On a lancé le Meta au Canada lors des Crankworx et le public étranger a adoré. Globalement, c’est une énorme satisfaction. Tout le travail ne revient pas qu’à moi. Il y a beaucoup de gens qui m’ont aidé sur la partie mise en production, tous les riders et les feedbacks obtenus au sein de la compagnie… C’est un vrai travail d’équipe !

Rencontre ; Chris Tutton, l’héritage Canadien

En mars, on apprenait brutalement que Race Face fermait ses portes, en raison d’une gestion plus que douteuse par son ancien patron Chris Pollack. Il aura fallu attendre à peine deux mois pour que Chris Tutton – qui a travaillé au sein de la marque canadienne pendant quatorze ans – fasse renaître la marque, qui fait aujourd’hui partie de l’histoire du VTT, de ses cendres.

VTT : Race Face a fermé en mars, et à peine deux mois plus tard tu remets la marque sur pied. Comment as-tu réussi ce coup de force aussi rapidement ?
C.T. : Je savais qu’il fallait agir vite. Mon offre auprès de la banque était très saine. Je proposais de l’argent comptant, aucun prêt n’était nécessaire. J’ai mis fin à tous mes investissements antérieurs, j’ai employé tout l’argent obtenu de la vente de ma maison et fondamentalement j’ai mis tout ce que j’avais dans le rachat de Race Face. Si cela ne marche pas, je risque de vivre dans la chambre d’amis de mon ami Laurent pendant un bon moment ! J’ai un très bon ami qui croit en Race Face et dans mes capacités à remonter la marque qui m’a prêté une certaine somme d’argent. Grâce à cela on peut faire tourner la boîte à nouveau sans avoir besoin de faire appel aux banques. Nous n’avons aucune dette et faisons marcher Race Face d’une façon beaucoup plus saine qu’auparavant.

VTT : Quelle a été ta réaction lorsque tu as appris la faillite de Race Face ? T’y attendais-tu ?
C.T. : Oui, c’est quelque chose que je voyais venir à partir de l’instant où j’ai quitté l’entreprise. Tous mes bons clients s’y attendaient également.

VTT : Que va-t-il se passer dans un futur proche concernant les employés ? Tous les postes vont-ils être sauvés ?
C.T. : Nous allons ré-embaucher autant de personnel que nous pouvons et allons maintenir le même niveau de production qu’auparavant ici, au Canada. Cela dit, « l’ancien » Race Face était vraiment très (trop ?) lourd et nous n’aurons pas autant de personnel qu’auparavant. On peut réussir à mieux faire avec moins de personnes, en faisant les choses de façon plus efficace. Aujourd’hui nous avons ré-embauché quinze personnes et je compte en avoir quinze ou vingt de plus dans le mois qui suit.

VTT : Si les produits haut de gamme et carbone de Race Face sont faits en Canada, une partie de la production était faite en Asie. Que va-t-il en advenir ?
C.T. : Race Face n’a jamais eu sa propre usine en Asie. Il y avait juste un entrepôt et un service de contrôle qualité. Nous travaillons avec eux pour acheter leur inventaire et leurs équipements. Notre plan à ce niveau-là est très similaire au fonctionnement de Race Face au cours des six derniers mois de la marque. Les manivelles (alu et carbone) et les plateaux sont fabriqués dans notre usine de Vancouver et continueront à l’être.

VTT : Parlons du futur. Que peut-on attendre de Race Face en 2012 en terme de nouveautés ? La marque sera-t-elle capable de produire toutes les pièces qui ont été développées ?
C.T. : Le futur a l’air bon. Tout le monde ici est très excité. J’investis beaucoup d’argent et de ressources en recherche et développement, en outils, en logiciels et en banc d’essais. Race Face n’investissait pas d’argent pour ce genre de choses durant ces dernières années. Les ingénieurs sont les plus excités, car des projets qui avaient été enterrés peuvent maintenant démarrer plein gaz. Nous dévoilerons des nouveaux produits à l’Eurobike, aussi bien en alu qu’en carbone.

VTT : De nombreuses marques avaient prévu de monter leurs gammes 2012 avec du Race Face, et l’annonce de la fermeture de la marque en mars a complètement bouleversé leur catalogue. De nombreux constructeurs ont dû revoir leurs fiches techniques. Race Face va finalement pouvoir livrer ses commandes ?
C.T. : Nous avons déjà énormément de support de la part de nombreuses marques. Maintenant, il est vrai qu’il est un peu tard dans la saison OEM pour que les marques puissent faire machine arrière, mais les gens essayent de nous aider autant qu’ils le peuvent. Nous allons livrer notre première commande OEM cette semaine à Orange Bicycles, en Angleterre.

VTT : Tu as commencé à travailler pour Race Face pratiquement dès la création de la marque. En 14 ans, tu l’as vue grandir… un peu comme son propre enfant ?
C.T. : Oui, c’est un peu ça ! J’ai passé la majeure partie de ma vie d’adulte à travailler pour faire de cette marque et ses produits une référence dans le VTT. J’ai grandi avec elle et la plupart de mes clients (distributeurs, revendeurs et consommateurs) sont devenus des amis proches dans le monde entier. J’ai grandi à Whistler et dans le North Shore de Vancouver. Le VTT et le ski ont toujours eu une place très importante dans ma vie. Race Face, c’est un peu comme une partie de moi-même.

VTT : Peut-on dire qu’aujourd’hui l’esprit originel de Race Face est de retour ?
C.T. : Oh, c’est bien plus qu’un retour ! Toutes les personnes qui sont revenues chez Race Face sont là parce qu’elles le veulent. Alors qu’on ne peut pas se permettre de payer les meilleurs, beaucoup d’anciens employés sont revenus alors que je sais qu’ils avaient des offres plus intéressantes ailleurs en terme de salaire. D’anciens employés qui ne travaillent plus chez Race Face ont même choisi de nous aider pour relancer la machine. L’appui de tout le monde a été incroyable. Nous allons faire à nouveau de Race Face un endroit agréable pour travailler. En prenant cette direction, je pense qu’on fabriquera les meilleurs produits que l’on ait jamais faits auparavant.

VTT : Après avoir quitté Race Face, tu as intégré Easton. Quelle est ta position exacte au sein de la marque californienne ?
C.T. : Je suis resté à Vancouver et j’ai été embauché par Easton en tant que directeur des ventes OEM, mais j’ai également aidé la marque sur l’aftermarket pour le monde entier. Easton Bell Sports est une bonne compagnie, et Bernie Deoring (le responsable de Chris Tutton, ndlr) m’a énormément appris. Il a travaillé pour Nike pendant plus de vingt ans et a une impressionnante richesse d’expérience dans les ventes et le marketing. Même si j’ai repris Race Face, je vais continuer en tant qu’agent pour Easton Bell Sports. Je n’ai aucune intention de partir et je suis certain qu’ils sont heureux de ce choix.

VTT : Tu continues donc à travailler pour Easton, tout en reprenant Race Face. Les deux marques ont pourtant des gammes assez similaires, au niveau des cintres et potences par exemple. Ne risque-t-il pas d’y avoir de conflits entre les deux marques ?
C.T. : Les gammes peuvent paraître similaires, mais les deux marques ont des focus très différents. Easton est un « poids lourd » sur le segment de la route et des roues, alors que Race Face est reconnu pour ses pédaliers, et ne produit que pour le VTT. Oui, nous produisons chacun des postes de pilotage, mais je pense que les produits sont suffisamment différents pour être complémentaires. Easton Bell Sports a été d’un grand soutien et je pense que nous devrions même pouvoir envisager ensemble quelques projets communs. Easton a connu une énorme croissance depuis que j’ai commencé à y travailler il y a trois ans, et la marque veut évidemment poursuivre dans cette direction. Je suis confiant de pouvoir travailler sur les deux projets en même temps. Je travaille avec une bonne équipe de chaque côté et cela m’autorisera à trouver suffisamment de temps pour couvrir ces deux jobs.

VTT : D’où te vient cette passion du VTT et de son industrie ?
C.T. : J’ai acheté mon premier vrai VTT en 1989, c’était un Rocky Mountain Hammer. L’été je travaillais aux remontées mécaniques de Blackcomb Mountain, à Whistler. C’était bien avant que le bike-park existe ! A la fin de la journée, je prenais les remontées avec mon VTT, puis je redescendais en bas de la station. Je m’arrêtais toujours au milieu de la sortie pour resserrer le jeu de direction fileté, car il y avait trop de vibrations provenant de la fourche rigide ! J’ai toujours été passionné par le vélo et le ski, et j’ai eu la chance de grandir dans un environnement propice à leur pratique. J’ai été embauché par Rocky Mountain pour travailler sur Race Face et le reste – comme on dit – fait partie de l’histoire. C’est ainsi que les choses ont commencé, mais je dirais que ce qui m’a fait continuer et persévérer, c’est les gens avec qui j’ai travaillé, aussi bien chez Race Face que chez Easton Bell Sports.VTT : Comment comptes-tu t’y prendre pour redorer le blason de Race Face ?
C.T. : Nous avons tellement de bonnes choses prévues pour le futur proche que je ne suis pas inquiet. Race Face n’a pas fait faillite à cause de mauvais produits ou d’un manque d’image…

VTT : Quelles ont été les réactions du public à l’annonce de la reprise de Race Face ?
C.T. : Positives ! L’article annonçant que j’avais repris Race Face sur le site Internet Pinkbike a eu plus de 40 000 visiteurs uniques en 48 heures et il y a eu 380 commentaires. La plupart des gens qui ont travaillé avec Race Face me connaissaient et étaient au courant de ma façon de travailler. Je n’avais aucune idée sur le nombre de gens qui allaient réagir à l’article. Lundi dernier j’ai reçu plus de 300 e-mails de clients, de riders, de distributeurs et de personnes de l’industrie du VTT… c’est énorme !

Interview Cédric Gracia

Une interview de Cédric Gracia après le doublé historique de CG Racing Briga le weekend dernier à la Bresse. A lire sur le blog de Race Company : http://www.raceco-blog.com/
Enjoy !

Rencontre : Dave Weagle part 2/2

VTT : Morewood a dévoilé à l’Eurobike un prototype de tout-suspendu utilisant le Split Pivot… C’est un peu surprenant de la part d’une marque qui prône le monopivot, non ?
D.W. : C’était vraiment excitant de travailler avec Richard Carter et Patrick Morewood. Parce que le Split Pivot offre des qualités d’accélération qui se rapprochent d’une suspension arrière monopivot bien tunée, c’était le moment propice pour Morewood de s’intéresser au système. Cela nous a permis de répondre aux reproches qu’on leur faisait concernant leur ligne complète de monopivots. On a amélioré la qualité d’absorbtion des chocs, diminué le pompage et la sensibilité au freinage !

VTT : Qui va utiliser le Split Pivot en 2011 ?
D.W. : Nous avons six marques partenaires : Seven Cycles, Spooky, Morewood et Devinci. Les deux autres seront annoncées au début de l’année…

VTT : A quoi ressemble la journée-type de Dave Weagle ?
D.W. : Lorsque je travaille au bureau, je me lève en général vers 6h30 et je bosse jusqu’à environ 18h. Mes horaires sont beaucoup mieux que dans le passé, car j’avais prit l’habitude de travailler régulièrement environ 15 heures par jour. C’est un rythme que l’on ne peut pas conserver pendant de longues années, surtout si la famille et les amis ont de la valeur à nos yeux. Je travaille à la maison, j’ai la chance de pouvoir passer du temps avec ma femme et mes chiens tous les jours, à n’importe quel moment de la journée. Lorsque je pars tester du matériel, je passe énormément de temps à rouler et prendre des notes et un temps considérable devant l’ordinateur pour traiter l’acquisition de données sur les suspensions arrière. Durant l’été je passe l’essentiel de mon temps à tester les dernières évolutions des amortisseurs arrière, et je valide personnellement chaque setting d’amortisseur utilisé sur tous les VTT munis d’une suspension DW-Link ou Split Pivot.

VTT : Quel sentiment tirez-vous du fait que la majorité des descendeurs sur les podiums roulent aujourd’hui avec des guide-chaînes E-Thirteen ?
D.W. : C’est une sacrée sensation, surtout lorsque l’on considère comment les guide-chaînes étaient médiocres avant l’apparition de E-Thirteen. Je ne pense pas qu’aujourd’hui les plus jeunes pilotes apprécient le fonctionnement des guide-chaine à leur juste valeur. Ils ne savent pas qu’il y a quelques années, si l’on pouvait faire deux runs de descente consécutifs sans avoir un soucis de guide-chaine, alors c’était une bonne journée !

VTT : La fusion entre E-Thirteen et The Hive était-elle nécessaire pour améliorer l’interface entre les guide-chaînes et les pédaliers ?
D.W. : Ce n’est pas un problème avec E-Thirteen, car nos guide-chaines se montent facilement sur la plupart des manivelles du marché. The Hive nous aide plutôt du côté de la logistique, de la fabrication et de l’expédition des produits. Ils utilisent des logiciels très complexes pour la gestion des stocks et font le nécessaire pour ne jamais être à court de pièces détachées. C’était quelque chose qui pêchait chez E-Thirteen ces dernières années. Il n’y a rien de pire que d’avoir des bons de commande qui affluent et de réaliser qu’il y a trois semaines de délais pour une pièce que l’on était supposé avoir en stock.

VTT : Lorsque vous avez créé Evil Bikes, tu produisais uniquement des cadres rigides. Aujourd’hui ta spécialité, c’est plutôt la suspension arrière. Comment expliques-tu ce revirement de cap ?
D.W. : Lorsque j’ai créé Evil Bikes, j’habitais à Boston. Aujourd’hui j’ai déménagé loin de la ville et je ne m’intéresse plus trop au rigide. Mais au début des années 2000, c’était vraiment amusant de bosser dessus car c’était en plein essort. Je prends tellement de plaisir aujourd’hui à rouler en DH ou en enduro que je passe la plupart de mon temps à rouler sur des tout-suspendus. Même si parfois, je ne dis pas non à une bonne session en pumptrack ou en dirt jump !

VTT : Quels sont les projets sur lesquels vous travaillez ?
D.W. : Cette année, j’ai été récompensé pour mon premier brevet sur un système de suspension à biellette vraiment bien pensé pour la moto. Je sens bien qu’il va révolutionner l’univers de la suspension moto ! Le projet s’appelle Orion. J’ai dépensé près de 30 000 dollars et passé les derniers mois à construire un prototype de motocross qui présente le système. Si tout se passe bien, il sera dévoilé lors du prochain SEMA ou lors d’un prochain salon en 2011.

VTT : Votre VTT préféré ?
D.W. : Le prochain !

VTT : A quoi ressemble la journée parfaite de riding ?
D.W. : Pédaler jusqu’en haut d’une montagne le matin avec mes meilleurs amis, puis se tirer la bourre jusqu’en bas où nous attend le jacuzzi, les sandwiches et les bières fraîches !

Rencontre : Dave Weagle part 1/2

Dave Weagle ne vous dit certainement rien. Ces initiales vous parleront certainement mieux. Créateur du système de suspension DW Link et du tout nouveau Split Pivot, il est également à l’origine de grands succès du VTT comme E-Thirteen…

VTT : On a entendu dire qu’avant de travailler dans l’industrie du VTT, vous bossiez pour l’armée… Vous confirmez ?
D.W. : Mes deux jobs précédents consistaient à développer des équipements et des véhicules pour les Forces Spéciales de l’armée. J’ai également travaillé un peu sur la robotique et les explosifs, parfois ensemble. C’était des boulots fantastiques, mais je savais que j’aurais des regrets plus tard si je n’avais pas écouté ma passion pour le VTT.

VTT : Qu’est-ce qui t’a donné l’envie de créer vos propres marques comme Evil Bikes ou E-Thirteen ?
D.W. : Mon optique n’étais pas réellement de créer des marques. A la base mon envie était juste construire le meilleur produit que je pouvais, et tout a démarré à partir de là. J’ai dessiné le cadre Evil Imperial dans le cadre de mes études en ingénérie sur l’analyse par élements finis. Il s’agissait de mon premier design de cadre en production – le premier en aluminium de surcroit – et je voulais apprendre un maximum de choses possibles. Pour E-thirteen, lorsque j’ai commencé à me pencher sur le problèmes des guide-chaine, c’est parce qu’il n’y avait aucun produit qui convenait réellement aux pilotes qui roulaient sur la côte est des USA à ce moment-là. Tout ce que j’entreprends à comme point de départ le produit par lui-même. S’il est bon, alors les gens l’aimeront. S’ils ne l’est pas, je ferai tout pour l’améliorer. Et puis zut, même s’il est bon je travaillerai encore pour l’améliorer. Je ne m’arrête jamais.

VTT : Tu as créé le fameux système de suspension DW Link avec Iron Horse, qui a connu ses heures de gloire en descente avec Sam Hill. Comment s’est passée la collaboration avec la marque ?
D.W. : Je me suis occupé de toute la suspension, de la géométrie et du design des cadres avec Iron Horse. Ils étaient responsables du contrôle qualité du produit final et de toute la logistique. Iron Horse m’a payé tous les brevets sur le DW-Link en compensation pour mon travail…et cela représentait une grosse somme d’argent pour déposer les brevets dans un si grand nombre de pays. Iron Horse était une toute petite marque, et les ventes ont augmenté tellement vite qu’ils avaient du mal à contrôler la qualité au final. J’ai finalement mis fin à mon partenariat avec eux en 2007, surtout parce que ce dernier point n’est jamais devenu ce qu’il aurait du être.

VTT : Revenons-en au DW Link, d’où vous est venue l’idée du système ?
D.W. : Gamin, je m’intéressais déjà aux systèmes de suspension. Très jeune je me suis pris de passion pour les voitures télécommandées tout-terrain, qui s’est ensuite reportée sur les motos et les voitures lorsque j’ai grandi. Lorque je suis entré au collège j’ai passé beaucoup de temps à apprendre sur les suspensions pour les véhicules à 4 roues, et j’ai eu la chance d’avoir de très bons professeurs dans ce domaine. Lorsque j’ai commencé à me passionner pour le VTT, j’ai vite voulu comprendre leur fonctionnement. Mais à ma surprise, il n’y avait aucun texte vraiment précis ou complet sur l’analyse des suspensions pour les véhicules à entrainement par chaine. J’ai donc débuté en réfléchissant à travers la méthode d’analyse entre la transmission et la suspension. Une fois confiant dans mon analyse j’ai commencé à penser quels attributs de performance étaient importants pour une suspension de VTT. J’ai fait une liste de ces attributs, puis j’ai passé un bon moment à essayer de synthétiser des dessins de biellettes qui m’offriraient la flexibilité nécessaire à la mise au point des différents paramètres de performance. Finalement ce design de biellettes est devenu le DW-Link et j’ai appliqué tous les brevets dans le monde entier afin de le protéger.

VTT : Aujourd’hui, le DW Link est utilisé par de nombreuses marques comme Ibis, Pivot ou encore Turner. Une belle récompense, non ?
D.W. : Même si je me concentre aujourd’hui sur le Split Pivot, je travaille toujours un peu sur le DW Link. C’est un bon sentiment d’avoir des partenaires si incroyables dans l’industrie du vélo, et j’apprécie vraiment de travailler avec eux en les aidant à faire de leurs nouveaux VTT les meilleurs qu’il soit possible de faire. C’est une expérience vraiment gratifiante.

VTT : Justement, parlons un peu plus du Split Pivot. D’où vous est venue l’idée d’intégrer le point de pivot au niveau de l’axe de la roue arrière ?
D.W. : Lorsque j’ai commencé à travailler sur le Split Pivot, je voulais proposer un système de suspension arrière qui soit moins couteux à produire que le design du DW-Link, tout en offrant des performances du même acabit. Pour avoir déjà construit d’autres cadres dotés d’une suspension arrière monopivot, je savais que je pouvais obtenir de bonnes performances en terme d’accélération à partir de ce système. Le revers de la médaille, c’est qu’un tel système est vraiment mauvais face aux forces de freinage et assez pauvre d’un point de vue du ratio de suspension. Mon idée de base était de combiner un monopivot avec un étrier de frein flottant et un amortisseur contrôlé par une biellette…le tout de la façon la plus simple possible. Voici comment est né le Split Pivot Concentric Dropout !

Rencontre : Hans Rey

Hans Rey fait partie des rares pilotes qui connaissent le VTT depuis ses débuts. Sponsorisé par GT depuis 24 ans, cet ancien trialiste nous fait aujourd’hui rêver à travers les trips qu’il réalise tout autour du globe avec les meilleurs pilotes.

VTT : Comment avez-vous franchi le pas entre le trial 20 pouces et le VTT ?
H.R. : Lorsque j’ai déménagé aux USA, je me focalisais encore sur le trial en 20 pouces, que l’on appelait  » Modified class « , en comparaison de la  » Stock bike class  » où l’on retrouvait les VTT. A cette période, je roulais uniquement en VTT pour le fun, avec le club des Laguna RADS. Ils m’ont initié au vrai VTT. Pour moi, ces types sont les véritables pionniers du mouvement freeride. La raison pour laquelle j’ai choisi par la suite de rouler essentiellement en VTT est simple : les gens pouvaient s’identifier plus facilement à nous. Tout le monde ou presque en possédait un et savait combien il était difficile pour Monsieur Tout le monde de simplement franchir un trottoir. Lorsqu’ils me voyaient rouler sur des énormes rochers ou sur le toit d’une voiture, ils étaient impressionnés.

VTT : D’où vient votre surnom «No way» (Pas moyen) ?
H.R. : Il découle exactement de la réponse précédente. Lorsque j’ai commencé à être connu, les gens voulaient en permanence que je m’attaque à de nouveaux challenges. Tout le monde me disait :  » Pas moyen que tu y arrives, c’est impossible !  » C’était le genre de choses qui m’incitaient à franchir de nouveaux obstacles. Rapidement, les gens m’ont appelé  » No way, Rey ! « , ce qui me correspondait plutôt bien…

VTT : Pourquoi avez-vous décidé d’arrêter la compétition afin de vous consacrer à la découverte du globe en VTT ?
H.R. : C’était une évolution naturelle. Après avoir été compétiteur pendant des années et m’être acharné à populariser les compétitions de trial auprès du public, je me suis rendu compte que les médias et les sponsors ne s’y intéressaient pas vraiment. J’ai toujours voulu utiliser mes facultés de pilotage dans des conditions réelles, un peu comme Indiana Jones… En 1998 j’ai décidé de créer le Hans Rey Adventure Team. L’idée était de partir à la découverte de spots situés partout sur le globe avec une mission, la recherche de choses historiques ou mystérieuses.

VTT : Entre GT et vous, c’est une histoire d’amour qui dure. Comment expliquer une telle fidélité ?
H.R. : Cette année, j’entre dans ma 24e saison en tant que pro rider sponsorisé par GT. Récemment, quelqu’un m’a dit qu’il s’agissait non seulement du contrat le plus long entre un athlète et une marque dans l’industrie du cycle mais aussi que c’était le plus long dans le monde des sports d’action ! J’ai commencé avec GT en 1987. Aujourd’hui, la marque est comme une seconde famille pour moi.

VTT : Vous avez choisi de rester chez GT pendant la mauvaise période de la marque californienne. Pourquoi ?
H.R. : C’est vrai que GT a connu des difficultés il y a quelques années. Elles étaient dues à un mauvais management, pas à une baisse des ventes. La marque ayant été loyale envers moi pendant de nombreuses années, j’ai décidé de leur rendre la monnaie de leur pièce et de les aider à surpasser ces moments difficiles. Je suis heureux d’y avoir cru car aujourd’hui, GT est de nouveau une marque forte et cool…

VTT : La marque entend revenir en force pour 2011, vous confirmez ?
H.R. : Cycling Sport Group (ndlr : le groupe auquel appartient désormais GT) accorde beaucoup d’intérêt au fait de ramener GT sur le devant de la scène. Ils ont foi dans le potentiel de la marque et investissent de grosses sommes d’argent dans la recherche et le développement, dans le team et la marque. Le marché n’est pas facile ces temps-ci. Il y a beaucoup de marques et pas mal de compagnies européennes… Mais tout le monde sait qu’il ne faut pas sous-estimer GT : même dans les années difficiles, nous avons toujours proposé de bons produits. Maintenant que tous les autres facteurs sont en place, attention à nous !

VTT : Pour vous, est-il primordial d’être impliqué dans des actions humanitaires comme Wheels 4 Life ou Sambazon ?
H.R. : Wheels 4 Life (ndlr : www.wheels4life.org) est une association à but non lucratif que j’ai créée il y a cinq ans. Je me suis rendu compte que le monde du vélo avait été très généreux envers moi. J’ai bien vu lors de mes différents voyages que le vélo avait une signification totalement différente de la nôtre dans le Tiers Monde. Aussi, j’ai voulu aider les gens à ma façon. W4L offre des vélos aux habitants des pays défavorisés, qui ont besoin de moyens de locomotion. Depuis la création de l’association, nous avons sponsorisé 80 projets dans 20 pays différents et distribué plus de 2 000 vélos. Sambazon est une jeune compagnie californienne très cool qui importe des baies d’açaï d’Amazonie. La marque est l’un de mes sponsors. Elle me fournit des boissons énergétiques et autres shakes mais elle est aussi très impliquée dans les actions humanitaires et les problèmes d’environnement. C’est également pour cela qu’ils supportent Wheels 4 Life.

VTT : Après toutes ces années passées à rouler, comment gardez-vous la motivation ? Quel est votre secret ?
H.R. : Je garde à l’esprit qu’il faut que les choses restent fraîches et amusantes et je trouve de nouveaux challenges qui entretiennent ma motivation. Avant, mon but était certainement d’être le pilote le plus extrême. Aujourd’hui, j’aime le freeride – et je me débrouille plutôt pas mal – mais j’ai surtout des objectifs différents, ce qui rend les choses amusantes pour moi et intéressantes pour mes sponsors.

VTT : Quelles sont les qualités requises pour être un bon globe-trotter ?
H.R. : Aussi surprenant que cela puisse paraître, cela peut avoir un impact négatif sur la personne et sa famille. Il faut être prêt à partir du foyer et faire de la route sa seconde maison. Il faut établir un équilibre pour que personne ne soit lésé. Une chose est sûre, il faut être ouvert au monde et aux nouvelles aventures.

VTT : Quelles sont les différentes étapes lorsque vous organisez un trip ?
H.R. : L’organisation de mes aventures demande beaucoup de préparation, surtout quand il faut gérer une équipe télé et un photographe, chose que je fais généralement. La première étape est de trouver une destination cool et de s’y plonger. C’est beaucoup plus facile aujourd’hui avec Internet. Dans les temps anciens – c’était seulement il y a 12 ans -, il était beaucoup plus difficile de trouver des renseignements sur les pistes, les destinations, les hébergements, les aides locales, les visas ou les autorisations… La seconde étape consiste à trouver la bonne équipe, à savoir les pilotes qui pourraient être intéressés par le trip et qui ont le niveau requis. La plupart des sentiers de randonnée réputés nécessitent de maîtriser les bases du trial. Il faut également trouver les photographes et l’équipe vidéo capable de suivre en vélo avec tout l’équipement. Une fois que le trip est effectué, il faut distribuer les photos et les vidéos pour que les sponsors et que les personnes impliquées dans le trip soient satisfaits, ce qui n’est pas aussi simple qu’on le croit. Mais c’est assez amusant à faire et c’est une belle récompense. Ma prochaine destination sera la Jordanie, un trip que j’effectuerai avec Mick Hannah.

VTT : Votre meilleur souvenir ?
H.R. : Difficile à dire… J’ai des centaines de souvenirs fantastiques. Cela dépend de la personne à qui je parle ! Je dirai que la rencontre avec ma femme pendant l’un de mes shows de trial en Angleterre en 1997 a été un moment fort. Dans un tout autre registre, un jour, Paul Newman s’est avancé vers moi pour me féliciter. Je ne savais même pas qui c’était !

VTT : Après toutes ces années passées à rouler, comment gardez-vous la motivation ? Quel est votre secret ?
H.R. : Je garde à l’esprit qu’il faut que les choses restent fraîches et amusantes et je trouve de nouveaux challenges qui entretiennent ma motivation. Avant, mon but était certainement d’être le pilote le plus extrême. Aujourd’hui, j’aime le freeride – et je me débrouille plutôt pas mal – mais j’ai surtout des objectifs différents, ce qui rend les choses amusantes pour moi et intéressantes pour mes sponsors.

VTT : Quelles sont les qualités requises pour être un bon globe-trotter ?
H.R. : Aussi surprenant que cela puisse paraître, cela peut avoir un impact négatif sur la personne et sa famille. Il faut être prêt à partir du foyer et faire de la route sa seconde maison. Il faut établir un équilibre pour que personne ne soit lésé. Une chose est sûre, il faut être ouvert au monde et aux nouvelles aventures.

VTT : Quelles sont les différentes étapes lorsque vous organisez un trip ?
H.R. : L’organisation de mes aventures demande beaucoup de préparation, surtout quand il faut gérer une équipe télé et un photographe, chose que je fais généralement. La première étape est de trouver une destination cool et de s’y plonger. C’est beaucoup plus facile aujourd’hui avec Internet. Dans les temps anciens – c’était seulement il y a 12 ans -, il était beaucoup plus difficile de trouver des renseignements sur les pistes, les destinations, les hébergements, les aides locales, les visas ou les autorisations… La seconde étape consiste à trouver la bonne équipe, à savoir les pilotes qui pourraient être intéressés par le trip et qui ont le niveau requis. La plupart des sentiers de randonnée réputés nécessitent de maîtriser les bases du trial. Il faut également trouver les photographes et l’équipe vidéo capable de suivre en vélo avec tout l’équipement. Une fois que le trip est effectué, il faut distribuer les photos et les vidéos pour que les sponsors et que les personnes impliquées dans le trip soient satisfaits, ce qui n’est pas aussi simple qu’on le croit. Mais c’est assez amusant à faire et c’est une belle récompense. Ma prochaine destination sera la Jordanie, un trip que j’effectuerai avec Mick Hannah.

VTT : Votre meilleur souvenir ?
H.R. : Difficile à dire… J’ai des centaines de souvenirs fantastiques. Cela dépend de la personne à qui je parle ! Je dirai que la rencontre avec ma femme pendant l’un de mes shows de trial en Angleterre en 1997 a été un moment fort. Dans un tout autre registre, un jour, Paul Newman s’est avancé vers moi pour me féliciter. Je ne savais même pas qui c’était !

VTT : Le pire ?
H.R. : Je me suis retrouvé dans une situation assez délicate avec ma femme lors d’un trip à travers l’Afrique. Nous étions à deux doigts de nous faire dépouiller. Par chance, j’ai soufflé dans le sifflet d’alarme avant d’en arriver là, mais c’était vraiment une expérience dangereuse et terrifiante…

VTT : Vous êtes l’un des rares personnages qui réussissent à organiser des trips réunissant des pilotes venant d’horizons différents. Pour votre dernier voyage, on peut vous voir rider avec le champion du monde Steve Peat et le nouveau prodige du trial Danny MacAskill. Quel est votre secret ?
H.R. : Mes racines sont profondément ancrées dans le monde du VTT. Aujourd’hui encore, je roule énormément et je m’intéresse à tous les aspects de notre sport. Lors de mes trips, j’essaie de combiner différents styles de pilotage et de personnalités. La réussite est basée sur l’amitié, le respect et l’envie commune de réaliser quelque chose de fun, en partant à l’aventure.

VTT : En parlant de trial, qu’est-ce qui vous vient à l’esprit lorsque vous voyez Danny MacAskill rouler ?
H.R. : Danny a réussi à réunir le BMX et le trial, ce qui n’était pas facile, car il s’agit de deux mondes opposés. Le trial avec du flow, qu’il pratique, parle beaucoup plus aux gens. C’est une bonne chose qu’il ait émergé dans notre industrie. Cela ne peut être que positif pour notre sport, c’est une source d’inspiration pour des milliers de gens. Danny vit son rêve !

VTT : Vous êtes un véritable pionnier dans le milieu du freeride et vous avez été l’un des premiers pilotes à médiatiser la discipline. Quel est votre regard sur l’évolution de la pratique ?
H.R. : L’évolution a été grosse et rapide. Aujourd’hui, le sport est vraiment segmenté, il y a beaucoup de niches différentes qui ont souvent peu de liens entre elles. Les riders ont réellement tiré le niveau vers le haut, on n’aurait jamais pu rêver d’une si belle évolution. Il y a des stations comme Livigno, en Italie, ou les Deux Alpes capables de satisfaire le petit monde du freeride. C’est une bonne chose de voir le développement des bike parks. Selon moi, l’évolution de notre sport a commencé avec nos grands-parents, bien avant que Gary Fisher ne soit né ! Lorsque le VTT a commencé à se développer à la fin des années 80, il y avait des groupes comme le légendaire club des Laguna RADS. Ils avaient l’habitude de rouler en T-shirt – le sac rempli de bières – sur des sentiers déjà bien abrupts… Mes vidéos et mes performances ont eu leur influence mais à mes yeux, les Mudcows d’Australie – Glen Jacobs et ses potes – ont apporté un aspect punk rock à notre sport avec leurs sauts de malade. Lorsque Shaun Palmer a débarqué, c’était le moment idéal pour donner cette image cool du vététiste, avec une véritable personnalité et une mode qui lui était propre. En d’autres termes, le VTT a pu évoluer vers un autre mode de vie, bien distinct de l’image traditionnelle du cross-country. A partir de cette période, le moment était venu d’adopter le terme freeride. Les Froriders ont apporté une vraie légitimité à ce mot…

VTT : A quoi ressemble votre journée-type lorsque vous êtes à la maison ?
H.R. : Je passe quelques heures à mon bureau pour passer des coups de fil et travailler sur l’ordinateur. Je passe le reste de mon temps libre à rouler, je passe du bon temps avec mes amis et ma famille. Il se passe toujours des choses amusantes en Californie du Sud !

Pep’s : trois filles dans le vent

Elles sont belles, elles sont sportives et elles ont envie de faire partager leur passion. C’est donc tout naturellement que Maud, Frédérique et Sandra ont monté leur agence de séjours VTT. Rencontre avec les Pep’s Spirit !

VTT : A Ramatuelle aussi vous proposez d’ores et déjà un grand nombre de parcours. S’agit-il de parcours originaux ou de tracés déjà recensés dans des topos guides ?
A 90%, ce sont des tracés totalement inédits. Nous y roulons depuis si longtemps que cela a finalement été simple de les répertorier. Nous avons ainsi sélectionné + de 400 km de parcours. Ils ont tous été testés dans différentes conditions, mesurés en temps, en km , en dénivelé, et classés par ordre de difficulté. Certains parcours ont même été spécialement tracés par nous au coupe coupe et à la tronçonneuse !

VTT : Comment s’est fait le partenariat avec Tribe Sport Group ?
Nous avons la même passion du sport nature, la même culture tournée vers la défense de l’environnement, et la même éthique dans la conduite de nos activités. Et en plus nous nous connaissions déjà à la maternelle, pour l’une, quant à l’autre, elle a même «couché» avec l’un des patrons pour y arriver mais c’était il y a vingt ans et c’est toujours d actualité.

VTT : Qui sont vos autres partenaires dans cette aventure ?
Pour le matériel nous sommes adossés à des constructeurs de très bon niveau : Johnson Outdoors pour le kayak, Rocky Mountain pour le vélo. Pour l’hébergement et la restauration nous avons sélectionné quelques bonnes adresses et puis nous travaillons en lien étroit avec les offices de tourisme du Golfe de Saint Tropez et du Val d’Allos.

VTT : Vous allez être justement être centre d’essai des vélos Rocky Mountain. Est-ce une activité essentielle pour rentabiliser une structure comme la votre ?
Pas seulement Rocky Mountain, nous sommes aussi centre d’essais pour Yéti ,Niner et Cervello. C’est une activité complémentaire, mise au point avec nos partenaires, pour permettre à nos et à leurs clients qui le souhaitent de rouler sur les tous derniers modèles de ces marques prestigieuses. D’après nos premiers retours, c’était très attendu. Petite info le nouveau Rocky Slayer 2011 est déjà en test chez nous et les autres modèles ne tarderont pas trop pour chacune des marques et notamment Niner et ses fameux 29′ qui méritent vraiment un bon test pour comprendre et sans doute adopter le concept.

VTT : A qui s’adressent vos séjours et randos ?
A tout le monde : du débutant à l’expert, de la personne seule à la famille, au groupe d’amis voire aux comités d’entreprises. De plus, Sandra, notre guide VTT, parle 4 langues, anglais, français, danois et espagnol.

VTT : Qu’est-ce qui vous différencie des autres tours opérateurs VTT ?
Nous ne sommes pas un TO généraliste avec une multitude de produits et de destinations. Nous sommes une petite structure, nous nous concentrons sur notre région et sur ce que nous savons bien faire. Plus que tout, nous misons sur la qualité du service. Et surtout sur la possibilité de faire du sur-mesure et du clef en main, y compris pour l’hébergement avec des formules qui vont du camping à l’hôtel 5 étoiles. On fournit du matériel très haut de gamme, on vient vous chercher à l’aéroport ou à la gare. Enfin notre base de Grimaud est très accueillante, après leur sortie les riders peuvent s’y poser tranquillement pour boire un verre sur la terrasse et surfer sur le web, revoir leurs exploits sur grand écran ou même se relaxer en profitant de notre hammam.

VTT : Vous proposez également des stages VTT. Comment s’est faite votre rencontre avec Sabrina Jonnier et Fabien Barel ?
Par l’intermédiaire de Tribe Sport Group, et le courant est bien passé. Ce sont bien entendu, comme chacun le sait, les deux plus grands champions français de DH en activité; mais c ‘est surtout leur personnalité, humble, simple et attachée comme nous aux valeurs environnementales, et leur pratique avant tout ludique et conviviale du VTT, qui ont rendu possible cet heureux rapprochement pour nous. Un petit mot de toutes les 3 à Fabien qui est, à cette heure, blessé sur son lit d’hôpital , il ne méritait pas ça , on l’embrasse bien fort et on lui souhaite beaucoup de courage pour revenir vite et au plus haut niveau comme il a déjà su le faire par le passé.

VTT : Pourquoi proposer des activités spéciales filles ?
Vu la structure même de notre société c’est de ne pas en proposer qui aurait été étonnant. En France, il y a encore trop peu de filles, excepté les compétitrices, qui trouvent le temps, l’envie, l’occasion de pratiquer régulièrement le «moutain bike».
Nous avons décidé de leur donner cette envie et de leur offrir cette occasion avec nos sorties du mardi soir et nos week-ends « spécial» filles, pour se retrouver entre copines, sur des parcours sublimes et avec un coaching technique de qualité. Sans oublier les «after» : hammam, stretching,… même shopping à Saint-Tropez si vous voulez, là aussi on a nos bonnes adresses !

Rencontre : Pierre Alain Renfer, le créateur de rêves

Pierre Alain Renfer est un homme plutôt discret dans le milieu du VTT. Pourtant, il a sacrément roulé sa bosse aux quatre coins du monde. Rencontre avec un créateur de rêves…

VTT : Et avec le VTT revient l’esprit de la compétition. On est en 1986…
P.-A.R. : Ce n’était pas vraiment l’esprit de compétition, plutôt l’envie de découvrir la montagne avec des gens hyper cool. C’est comme ça que je me suis retrouvé sur le Rallye de Mongenèvre ou encore sur le 2e Trophée des Alpes. Je roulais avec des gars qui n’étaient pas pressés de partir au turbin le lundi matin. C’est en fait là que j’ai pris conscience qu’il ne pouvait pas y avoir que la maxime «boulot, vélo, dodo !»…

VTT : Vous rencontrez alors Jacques Devi qui va marquer votre esprit…
P.-A.R. : Jacques Devi, c’est un mec en avance sur son temps que j’ai beaucoup admiré. Pour son aisance technique, ses descentes de pierriers…

VTT : Quand vous le voyez s’aligner à la Mégavalanche de L’Alpe-d’Huez en 2006, cela doit vous amuser ?
P.-A.R. : Oui mais j’éprouve surtout beaucoup de respect. Surtout quand on pense à sa performance.

VTT : En 1989, vous devenez moniteur FFC et commencez à gagner votre vie avec le vélo…
P.-A.R. : Exact. Mes potes cherchaient des contrats pour vivre du VTT mais aussi pour faire de la compétition. Je pense avoir été le premier à gagner ma vie en faisant partager à des touristes les joies du mountain bike ! Avec les plus belles destinations. Je travaillais aussi en effet pour CIS (ndlr : Club Intersports), un tour opérateur suisse. Je proposais des circuits dans des destinations de rêve, en Espagne (Costa Brava, îles Canaries, Fuerteventura, Lanzarote, Tenerife, les Baléares, Mallorca, Ibiza), en Italie, autour du lac de Garde, en Sicile – très similaire au Maroc par le mode de vie – et enfin en Suisse, bien sûr, avec son Jura et le Valais.

Faire du VTT au Canada, c’est comme rouler en Suisse mais en grande dimension. Au Maroc, à chaque virage, vous découvrez un paysage différent

VTT : Tout cela vous mène au Maroc…
P.-A.R. : J’avais participé à un raid dans le Sud marocain, le Rallye des moniteurs, avec Frank Garcin, les frères Hosotte et Catherine Freychet qui bossait pour un magazine de VTT. Je suis resté ébloui par ces paysages et l’accueil des Marocains. Quand CIS a ouvert un centre à Marrakech, je ne me suis pas fait prier…

VTT : Et là, catastrophe : le jeune papa de deux jumeaux que vous êtes apprend que votre commanditaire de circuits arrête tout…
P.-A.R. : Pour des raisons économiques, CIS a été racheté par Kuoni. Changement d’orientations, plus de projets avec la Fédé… C’était le moment de se lancer.

VTT : Vous créez alors Action Sport Loisirs…
P.-A.R. : Début 1997. Au fond de moi, je voulais voler de mes propres ailes mais je ne me sentais pas prêt. Là, j’ai fait le grand saut. Je suis parti de zéro, sans aucune aide à part la confiance de M. Bennabes, directeur et co-propriétaire de l’hôtel Tikida Garden qui abritait toujours ma base. Au début, Action Sport Loisirs m’a permis de survivre avec diverses activités : logistique de séjours golfiques, programme team building sur des opérations intensives, stages de tennis, raids 4×4 dans le désert par la suite, etc.

VTT : Vous rencontrez alors George Edwards, le créateur des Avalanch’Cup…
P.-A.R. : Nous nous se connaissions de loin. Un jour, sur le Net, j’ai appris qu’il avait un projet de Mégavalache «chez moi», au Maroc. Nous nous sommes rencontrés, on a roulé sur mon projet de parcours mais la Méga n’a jamais eu lieu. Aucune fédération marocaine n’avait les moyens d’assurer la logistique, surtout la sécurité. En revanche, cet épisode a marqué mon «retour» dans le vif de la scène VTT.

VTT : Vous faites une rencontre surprenante avec Frédéric Glo, de Tribe Sport Group…
P.-A.R. : A cette époque, vu du Maroc, la tendance freeride me semblait relever davantage de la frime qu’autre chose. Là, à ma grosse surprise et contre toute attente, j’ai retrouvé des gars qui prenaient tout simplement plaisir à rouler là où personne n’allait. Des endroits où l’on prend le temps d’écouter les oiseaux chanter… C’était super, nous étions sur la même longueur d’ondes. Ce que j’apprécie, c’est que son esprit n’a pas changé.

VTT : En 2000, vous participez au tracé du Marrakech Trophy…
P.-A.R. : Le Marrakech Trophy, c’est le bébé de Françoise Chanteloup (ndlr : de l’agence Escapades, maman de Sophie qui a depuis repris le flambeau). Elle est venue me chercher un jour pour tracer le premier Marrakech Trophy. Une belle rencontre. Le Marrakech Trophy est un superbe évènement. ça permet de découvrir le Maroc dont les bikers rêvent. Le problème, c’est que ce rendez-vous devrait être soutenu par l’Office marocain du tourisme et qu’il n’en est rien…

VTT : C’est là aussi que vous croisz Lionel Macaluso d’Offroad…
P.-A.R. : Une belle amitié est née puisqu’il a participé à la mise au jour de cette destination. Il m’a fait rencontrer Christophe Morera, alias «Dangerous Momo», qui a débarqué au Maroc avec ses p’tits gars. Il en est ressorti une grande campagne dans les médias : reportage photo dans plusieurs magazines comme «Newlook», des images diffusées sur Ushuaia TV et reprises par la télé marocaine… La destination Maroc était lancée. Aujourd’hui, le Marrakech Trophy a le label Offroad, il est reconnu pour sa qualité.

VTT : Mais la galère est toujours là…
P.-A.R. : C’est vrai. Je sens que ça peut décoller mais c’est dur. Marrakech n’a pas encore la cote et moi, je n’ai pas de moyens pour communiquer. Des potes en Suisse vont faire le max pour m’envoyer leurs amis. Doucement, ça devrait démarrer. Et puis je commence à avoir de superbes articles via le Marrakech Trophy. Grâce, aussi, à un partenariat avec Greg de Camino (ndlr. : Camino est une société qui organise des trips d’enduro. Internet : www.caminobike.com). Il sent le potentiel et sait l’exploiter.

VTT : Vous avez signé un partenariat avec Kona pour créer un centre de tests au Maroc depuis deux ans. Est-ce suffisant pour donner envie aux vététistes français d’aller rouler sur les plus beaux sentiers du monde ?
P.-A.R. : C’est gentil de dire qu’on a les plus beaux sentiers du monde car vous n’avez pas encore tout vu… Pour donner envie, il faut des reportages avec de belles photos et des textes qui font rêver. ça, c’est à vous de le faire partager ! Pour revenir sur Kona, c’est une belle expérience et en plus, c’est international. Lors de la présentation du nouveau Kona Dawg, il y a maintenant plus d’un an, toute la presse internationale a pu découvrir notre terrain de jeu. Voilà un beau moyen de faire parler de nous. Avec Kona, il y a de la passion et pas de prises de tête. Bref, c’est cool.

VTT : Et l’avenir ?
P.-A.R. : L’avenir, c’est s’agrandir mais surtout continuer de rouler avec des clients qui sont en fait devenus des amis. Engager des guides passionnés. J’aimerais aussi faire quelque chose pour la jeunesse marocaine, une sorte d’école de VTT, et puis revaloriser le métier de mécano vélo. Faire de la formation. On a des projets avec Kona. J’ai envie de rester le plus longtemps possible dans ce milieu du vélo qui m’a tant donné. J’y ai gagné des valeurs humaines et des amitiés profondes au fil de mes aventures.

Zumbi : Les Polonais débarquent !

Peu connue dans l’hexagone, la marque Polonaise Zumbi est distribuée en France par HXR, une toute jeune société dirigée par Romain Olmos, ancien pilote du circuit VTT. Des produits originaux, exotiques bien que venus du froid; les VTT Zumbi devraient conquérir un public de plus en plus large.

Bikelive : depuis quand existe la société HXR et comment s’est déroulée la rencontre avec la société Zumbi ?Romain Olmos : La société existe depuis Mars 2009 seulement, c’est dire que c’est vraiment très récent ! Quand à notre rencontre, c’est venu du fait que je cherchais à importer PDC Racing qui a malheureusement cessé son activité. J’ai pris contact avec Zumbi après avoir vu qu’il avaient repris le même système de cinématique que PDC Racing. En tant qu’ancien pilote, je voyais bien le potentiel de ce type de suspension et après une première prise de contact assez positive, nous sommes tombés d’accord sur un contrat d’importation pour la France. Bikelive : importer une marque peu connue, c’est quand même une prise de risque pour une société aussi jeune, non ? R.O : C’est sûr qu’il y avait un risque : celui que les clients n’aiment pas les produits ! Il y avait aussi le problème de faire connaître la marque à travers la presse, les salons, faire essayer les vélos, bref, tout le côté marketing qui va de paire avec une nouvelle marque. Cela dit, je voulais avant tout proposer des produits avec lesquels les clients n’aient pas de problèmes. Si le produit ne m’avait pas plu, je n’aurais pas travaillé avec eux.

Zumbi, c’est de l’artisanat pur, une chose plutôt rare maintenant

Bikelive : quelles sont les spécificités des VTT Zumbi ? En quoi sont différents des autres marques ?

R.O : Déjà, ce sont des cadres entièrement faits à la main, en Europe, une chose assez rare de nos jours pour être signalée je pense. Alors, bien sûr, cela a un coût, mais d’un autre côté, c’est aussi la garantie d’avoir des produits de qualité mais aussi la réactivité d’une petite société ainsi qu’une souplesse de fabrication comme le sur-mesure qu’une grosse boite ne peut proposer aujourd’hui ou encore des peintures au choix. Mais il y aussi d’autres produits que les cadres sur le site HXR qui sont à la hauteur de la qualité attendue. On peut y trouver des roues en entraxe 150 mm, des manivelles en 165 mm, des jeux de direction, bref, tout ce qui est nécessaire au montage d’un vélo complet avec un interlocuteur unique, nous.

Bikelive : Quels sont les axes de développement d’HXR pour 2010 ?

R.O : Il y a quelques projets en cours de finalisation, comme le F 22 par exemple, un VTT que je teste en ce moment. C’est un VTT typé enduro-freeride avec 140-160 mm de débattement. Il y a aussi le F 44 Boosty, un VTT de DH avec assistance électrique qui permet de rouler vraiment partout. En montée, l’assistance facilite le pédalage pour se passer d’une remontée mécanique ou d’une voiture qui fait la navette. On peut ainsi profiter de la descente dans toutes les régions, en toute saison ! C’est un produit auquel je crois fort. Il y aura aussi des contrats Co-factory pour rouler en Zumbi avec des conditions préférentielles. Il reste des places à prendre d’ailleurs ! Bref, pas mal de choses en vue pour 2010 !

Une nouvelle marque donc, qui arrive chez nous. Une marque à découvrir avec des produits originaux à la finition aux standards actuels, n’en déplaise aux détracteurs des pays de l’Est. Pour plus d’informations, allez directement sur le site de l’importateur : www.hxr-shop.fr ou contact@hxr-shop.fr