Rocky Mountain Pipeline 750 MSL : Nouveaux horizons

Il y a un an, Rocky Mountain sortait le Sherpa, son premier VTT en roues de 27.5+ destiné à ceux qui souhaitent partir à l’aventure. Le petit dernier de la marque canadienne en pneus +, c’est le Pipeline. Lui, il s’adresse plutôt à ceux qui ne jurent que par les sorties engagées, techniques et fun !

DR T. Zaniroli
DR T. Zaniroli

[Htab][tab title=”PRIX”]4599€[/tab][tab title=”POIDS”]13.35 kg sans pédales en taille L[/tab][tab title=”DEBATTEMENT”]Déb. av. : 150 mm | Déb. ar. : 130 mm[/tab][tab title=”USAGE”], rando-sport, vallonné, montagne.[/tab][/Htab]

1998, j’insère d’une main tremblotante la VHS dans le magnétoscope. Ce qui m’attend n’est autre qu’une grosse claque visuelle. Son nom ? Kranked. Des types que l’on surnomme les Froriders descendent les pentes vertigineuses de la Colombie Britannique au guidon du Pipeline, un drôle de tout-suspendu de chez Rocky Mountain. Presque vingt ans plus tard : passage à l’âge adulte. Wade Simmons a pris de la bouteille, les années et la paternité aidant. C’est pour suivre l’évolution de cette génération qui a grandi avec les prémices du freeride que Rocky Mountain propose ce nouveau Pipeline. Un tout-suspendu qui reste destiné avant tout aux terrains exigeants, mais avec la polyvalence en plus. Histoire de s’amuser dans le technique, mais le tout à la force du mollet. Vous l’avez compris, le nouveau Pipeline n’a d’identique que le nom. Pour le reste, le cadre reprend l’architecture des Rocky “modernes”, avec une partie avant en carbone Smoothwall (un procédé utilisant un moule interne rigide à la place des traditionnelles vessies) identique à l’Instinct, le gros 29” de la marque canadienne. La nouveauté ? Elle se situe au niveau des roues, puisque le Pipeline adopte le format 27.5”+, avec des pneus Maxxis Rekon en section de 2.8. Mais la partie arrière spécifique accepte des pneus dont la section peut aller jusqu’à 3.25… Vous avez dit dégagement généreux ? Ajoutez-y 130 mm débattement arrière, 150 mm à l’avant et vous obtenez une machine taillée pour les parcours techniques et engagés, à l’image du mythique northshore canadien.

Un Rocky dans l’âme

Pas de doute, le Pipeline a du Rocky dans les gênes. La finition est sublime, les détails sont soignés. Le passage des gaines se fait en interne et les points de pivot sont montés sur des bagues BC2 avec graisseurs intégrés. Rocky Mountain a logiquement opté pour un axe arrière au format Boost en 12X148 mm, un choix adopté par la majorité des fabricants sur les VTT en 27.5”+. Le Pipeline est proposé dans deux versions. Nous avons porté notre dévolu sur le 750 MSL, le premier prix proposé tout de même à 4 599 €. L’équipement est plutôt convainquant, avec un groupe Shimano XT en 1X11 (à ce sujet, le Pipeline n’accepte pas les dérailleurs avant), des suspensions confiées à RockShox avec un combo Monarch Debonair et fourche Yari RC et surtout les nouveaux pneus Maxxis Rekon en section de 2.8. Ceux-là, je les attends au tournant car je dois vous avouer que les premières générations de pneus + sont loin de m’avoir convaincues : avec des carcasses trop légères, trop fragiles ou à l’inverse trop lourdes, les fabricants de pneus ont mis du temps à trouver le bon compromis entre légèreté et solidité. Avec le Rekon, Maxxis semble détenir la formule magique. Et surtout, la section de 2.8 semble être une largeur plus raisonnable et largement suffisante pour bénéficier des avantages de ce type de pneus. Là où la tendance va vers proposer des châssis compatible en roues de 29” et 27.5”+ (comme l’ont fait Santa Cruz avec le Hightower ou encore Orbea avec le Loki), il est étonnant que Rocky ait pris l’option de conserver deux modèles distincts à son catalogue : Instinct en 29” et Pipeline en 27.5+. D’autant plus qu’avec le système Ride 9 (deux plaques imbriquées entre elles au niveau de la fixation supérieure de l’amortisseur), on peut régler la géométrie et la courbe de suspension aux petits oignons suivant son poids et sa pratique. Deux paires de roues pour un seul vélo, cela aurait élargi encore plus le champ d’action.

Tricheur ?

Avant toute chose, il convient de savoir que ce Pipeline a tendance à tailler court, très court même ! Un conseil, si vous hésitez entre deux tailles, optez pour la taille supérieure. Pour ma part, ça sera L sans hésitation. Et même avec mon mètre 80, il n’y a rien de trop en matière de longueur de la partie avant. On ne cesse de vous le répéter, mais la bonne pression d’air dans les pneus est tout aussi importante sur un VTT en roues + que la précontrainte des suspensions. Comme pour le Stump’ 6Fattie, le premier accessoire indispensable au moment de l’achat du Pipeline est un petit manomètre digital. Si vous vous débrouillez bien, il y a même moyen de vous le faire offrir par le magasin. Ayant un peu roulé sur des pneus au format + ces derniers temps, je pars sur une pression de 1,15 bar à l’avant et 1,10 à l’arrière, pour un pilote de 85 kg sachant que les pneus sont montés en Tubeless. N’hésitez pas à vous faire conseiller par votre revendeur au moment de l’achat, car une variation de 0,10 bar (qui peut sembler anodine) peut transformer le comportement de votre VTT pour le meilleur… ou pour le pire ! L’autre réglage sur lequel je me penche avant de rouler, c’est bien sûr le Ride 9. En suivant les conseils du site Rocky Mountain (www.bikes.com/fr/design/ride-9-system), je place la fixation de l’amortisseur en bas et sur l’avant pour une géométrie agressive et une courbe de suspension plus adaptée aux pilotes lourds, permettant de diminuer la pression d’air dans l’amortisseur. Très franchement, pour l’avoir utilisé sur d’autres Rocky Mountain, il est top ce petit système Ride 9 ! Dernière étape avant de rouler, les suspensions sont réglées avec 25% de précontrainte et les détentes un peu plus lentes qu’avec des pneus traditionnels, pour contrecarrer l’effet “rebond” des pneus Plus. Et c’est parti pour les trails les plus techniques de Fontainebleau avec du franchissement, de la racine en veux-tu en voilà, du terrain meuble et un bon lot de dalles bien techniques. Autant vous dire que le Pipeline est ici dans son élément et que dès les premiers tours de roues, c’est un peu la révélation. Alors que je m’attendais à être scotché au sol au guidon de ce gros vélo, le Pipeline pédale plutôt bien dès qu’il est lancé. Et la première ascension me fait entrevoir le potentiel du châssis associé aux gros pneus. Bien aidé par la couronne de 28 dents, le Pipeline permet de monter partout, un peu à la façon d’un 4X4 en boîte courte qui vous permettrait de passer n’importe quel obstacle en côte. La traction est tout simplement phénoménale. Habituellement j’ai plutôt tendance à contourner certains obstacles en côte pour garder de la motricité. Avec le Pipeline, je ne me pose plus trop de question. La meilleure trajectoire, c’est la plus courte, et qu’importe les obstacles à franchir, puisque ça passe ! A une condition toutefois : bien charger l’avant du vélo à cause de cet avant particulièrement court. Ce sentiment, je le retrouve tout au long de ma sortie. Le Pipeline vous rend la vie plus facile dans le technique. On se sent beaucoup plus rapide, sans forcer et sans avoir l’impression de rouler au-dessus de ses capacités. En descente technique, ce Rocky est une véritable arme. Facile à placer, je me surprends à passer des marches, racines et murs sans aucune appréhension. Dis donc, c’est limite de la triche ! En tout cas, le grip des suspensions associé à celui des pneus me fait dire que ce Pipeline, c’est un peu l’arme de guerre sur des parcours comme la Transvésubienne, Biivouac ou encore un Epic Enduro. Un vélo qui sait économiser son pilote, le mettre en confiance et lui délivrer un très, très gros quota de plaisir de pilotage. Je vous le dis, j’ai pris mon pied dans le technique à chaque sortie au guidon du Pipeline. Pour autant, qu’en est-il sur une sortie plus conventionnelle, moins technique et cassante ? Forcément, l’intérêt du 27.5+ est moins flagrant sur du sentier plus roulant, comme il y en a dans nos forêts tout autour de la région parisienne. Et là, j’aurais aimé pouvoir troquer pour une paire de roues en 29”, histoire de profiter d’un peu plus de polyvalence. A mon avis, l’opération n’est pas impossible car elle ne changerait pratiquement pas la géométrie !

Ce qu’il faudrait changer

On a beau chercher, il n’y a rien à jeter sur ce Pipeline. C’est du tout bon, que ce soit au niveau du châssis, des suspensions, de la transmission, du freinage ou encore des composants !

Caractéristiques

FICHE TECHNIQUE : Tailles : S, M, L, XL – Modèle d’essai : L – Cadre : avant carbone Smoothwall, arrière aluminium – Amortisseur : RockShox Monarch RT Debonair – Fourche : RockShox Yari RC – Freins : Shimano M506 ø180 mm – Dérailleur arrière : Shimano XT Direct Mount – Pédalier : Race Face Aeffect SL 28 dents – Commande : Shimano XT – Cassette : Shimano XT, 11-42 v – Moyeu avant  : Rocky Mountain Boost – Moyeu arrière : Sun ringlé SRC Boost – Jantes : Alex XM35 Tubeless Ready – Pneus : Maxxis Rekon EXO 27.5X2.8 – Potence : Rocky Mountain AM, 60 mm – Cintre : Rocky Mountain AM, 760 mm – Tige de selle : RockShox Reverb Stealth – Selle : WTB Volt Race – GEOMETRIE taille L : Top tube : 595 mm – Tube de selle : 470 mm – Angle de direction : 67,2° à 68,8° – Angle du tube de selle : 73,7° à 75,5° – Bases : 443 mm – Empattement total : 1 168 mm – Hauteur de boitier : 337 mm (intermédiaire) – Reach : 413 mm à 432 mm – Stack : 617 mm à 629 mm.

Distributeur : Tribe Sport Group, Contact : www.tribesportgroup.com

RENDEMENT [star rating=”3.5″]
CONFORT [star rating=”4.5″]
MANIABILITE [star rating=”4″]
STABILITE [star rating=”4.5″]
PRIX/EQUIPEMENT [star rating=”3.5″]

[quote] On aime : Motricité et grip • Facilité de prise en main • Hyper efficacité dans le technique • Suspensions convaincantes
On regrette : Taille un peu court.[/quote]