Trek Top Fuel 9.9 SSL : le nouvel étalon

Un nouveau chien dans un jeu de quille ? Sur le marché du VTT de cross-country de compétition, l’année 2008 a vu la consécration du Specialized Epic. L’arrivée du Trek Top Fuel risque bien de modifier la donne et ce n’est pas le nouvel Epic qui arrive, qui pourra changer ce destin.

Autre particularité de ce triangle avant, sa boîte de pédalier de 90 mm de longueur intègre les roulements. Cette nouvelle boîte a permis à Trek de proposer cette version haut de gamme avec pédalier FSA spécifique en double plateaux et surtout d’offrir un Q factor réduit (distance entre les deux manivelles) ce qui lui permet de se rapprocher d’un vélo de route. Idéal pour le pédalage ! La suspension a également évoluée puisque, outre son augmentation du débattement de 90 à 100 mm, elle intègre désormais le point de pivot autour du moyeu arrière (ADP). Cette solution inaugurée l’année dernière sur le Fuel EX, permet de limiter le blocage de la roue lors de freinages appuyés. Par ailleurs si la suspension arrière reste un simple monopivot en revanche elle est optimisée. En effet, l’amortisseur se détache du triangle avant pour venir se fixer sur les bases arrière. L’amortisseur est ainsi flottant ce qui a permis à Trek de faire varier les ratios de compression selon l’enfoncement de la suspension et associé à un travail spécifique sur l’amortisseur Fox (la version finale devrait être livrée avec un DT Swiss Carbon) permet d’offrir une meilleure sensibilité sur les chocs. En complément de cette suspension, Trek a travaillé sur une biellette très compacte en magnésium.

Le Trek Top Fuel est une invitation au voyage tant il se révèle agréable à piloter

ar avance, nous voulons présenter toutes mes excuses aux possesseurs de l’ancien Trek Top Fuel mais surtout à tous ceux qui ont commandé l’un de ses concurrents, car le Top Fuel 2009 n’est pas seulement une évolution technologique, il est aussi la nouvelle référence du segment sur le terrain. Pour continuer dans les déclarations, il faut aussi vous dire que la version que nous avons testée, était dotée de roues à jantes alu au lieu des carbone, et d’un cintre semi-relevé Bontrager alors qu’il sera vendu équipé d’un Bontrager XXX Lite classique, donc plat. Un détail qui a son importance sur le comportement de la machine mais qui heureusement, ne se limite pas à cela. Avant de parler de la position de pilotage, il convient de parler un peu de la taille de cadre. Trek propose cinq tailles de cadre, ce qui est beaucoup, et c’est tant mieux pour le consommateur.

Le fait d’avoir un “tube de selle” qui remonte haut ne signifie pas forcément qu’il faut conserver ses standards visuels de tige de selle beaucoup sortie. En effet, la forme propre à cette pièce “intègre” visuellement cette sortie de selle. Pour résumer, ne vous attendez pas à devoir beaucoup avec une tige de selle sortie. Voilà pour la hauteur de selle. Par ailleurs, il ne faut pas hésiter à prendre une taille de cadre en dessous car il a tendance à voir grand. Maintenant trêve de bavardage et passons à l’action sur ces pistes très piégeuses de Bootleg Canyon (à côté de Las Vegas). Première chose, la position de pilotage est loin des standards du secteur. Le corps n’est pas projeté vers l’avant, et l’on a pas la sensation que la roue avant va passer sous le cadre. Le Trek Top Fuel affiche donc déjà ses ambitions de vous amener à l’autre bout de la terre. Reste à voir si le plumage vaut le ramage.

Le Trek Top Fuel 9.0 est facile à vivre au quotidien, ce qui est loin d’être le cas du nouvel Specialized Epic.

Son point fort, c’est d’abord son comportement. La puissance de pédalage est transmise directement à la roue arrière sans sourciller et sans grande perte de motricité sur terrain sec. A l’avant, il ne s’écarte jamais de sa trajectoire. Mieux, lorsque la force centrifuge dicte sa loi, le Trek concerve un équilibre saisissant. Dynamiquement parlant, ce VTT frôle le sans faute. Frôle car certain lui reprocheront un boitier de pédalier un peu bas obligeant à bien câler son pédalage en fonction des obstacles. C’est le cas notamment en haut d’un raidillon où il faudra prendre soin de ne pas reprendre le pédalage trop tôt. En côte, le Trek vous offre le choix : assis bien calé en selle ou en danseuse si vous voulez jouer le chrono mais dans les deux cas, sa faible masse associé à un ensemble roulant favorisant le rendement vous font grimper sans la moindre peine. Le Top Fuel, plus rigide, distille des accélérations beaucoup bondissantes avec sa nouvelle structure de cadre et de suspension qui permet de fournir une qualité de propulsion bien plus à propos que son aïeul, qui lui avait tendance à ripper faute de grip. Très franchement, durant les deux heures qu’à duré notre circuit, nous nous sommes sentis à mille lieux des crosseurs exigeants, souvent fatigants, avec lesquels il faut batailler pour rester sur la trajectoire.

Le Top Fuel soigne l’agrément de pilotage avec une meilleure capacité d’amortissement des chocs et avec un comportement plus incisif qui en découle. Les 100 mm de capacité d’absorption avant et arrière sont d’une précision diabolique quelques que soient les volumes des chocs. Jamais l’arrière ne vous désarçonne ce qui vous incite à rouler toujours très vite même lorsque cela tape fort. Autant dire que dans ses conditions le nouveau Specialized Epic est littéralement dépassé. Même avec un réglage du seuil de déclenchement de ses suspensions au plus souple, le pilote n’est pas à la fête. D’autant que dans ces conditions, la moindre relance se caractérise par un pompage excessif. Avec le Top Fuel, la suspension ne sera jamais prise en défaut profitant au mieux la course qui lui est dévouée. Longtemps leader, le vaisseau amiral de Specialized complètement modifié cette année va perdre de la hauteur tandis que le très confortable Top Fuel se trace une nouvelle voie vers les étoiles.

Le Top Fuel 9.9 affiche ses ambitions : vous emener à l’autre bout de la terre…

Sur plan des surprises, le Trek nous a gratifié d’une ondulation de l’arrière. Elle s’est fait ressentir sur un chemins en ligne droite pris il faut le dire assez rapidement. Pourtant le Trek reste stable à haute vitesse, donc ce n’est pas ce côté qu’il faut chercher une raiso. L’explication parasite pourrait venir du pneu sur ce terrain sec mais légèrement sablonneux en surface qui ferait surfer un peu trop le train arrière. Car côté rigidité, le triangle arrière est loin d’en manquer sans pour autant être un bout de bois. Il en découle que Trek n’est pas pataud en virage serré. La direction constante et précise procure un excellent ressenti du terrain. On s’amuse alors à sauter d’un virage à l’autre, en taquinant les enduros qui partage notre sortie. Les suspensions font un travail remarquable quel que soit l’état du revêtement. On est bien loin du nouveau Specialized Epic qui nous accompagne et qui gratifie sans cesse son pilote de l’annonce du déclenchement de ses amortisseurs.

Les longs trajets sont envisageables sans crainte grâce à une bonne position de pilotage et des suspensions actives qui procurent un excellent amorti. Le Trek sait aussi bien jouer les bêtes de course que vous reposer l’esprit. Pas besoin de tricoter sans cesse du levier de changements de vitesses car le Trek est vraiment souple à l’usage. On comprend mieux l’unique pédalier en double plateau. Chaque obstacle s’avale sans peine. Quant à sa suspension active, très honnêtement il est difficile de ressentir les avantages de l’ABP sur un VTT à faible débattement. Pour autant lors de freinages appuyés, la roue arrière est restée plaquée au sol permettant de réduire les distances d’arrêt ce qui était loin d’être le cas sur l’ancien modèle.
Trek, avec sa suspension ABP et son nouveau point d’accroche de l’amortisseur entame une offensive de choc sur le segment des VTT tout suspendus et risque bien de donner du fil à retordre à n’en pas douter à Lapierre et Specialized.

Verdict

Autant dire que vous ne risquez pas de croiser un Trek Top Fuel 9.9 SSL tous les jours. Surtout qu’on l’attend en France seulement pour janvier 2009. Malheureusement, parce que ces formes voluptueuses et l’ode à l’accumulation de kilomètres qu’il distille laissent un souvenir impérissable. Il faut l’avouer, depuis le Look 986, rarement un VTT de cross-country de compétition ne nous avait provoqué un tel enthousiasme, sans réactions négatives. Bref des petits riens mais qui prennent une dimension exceptionnelle lorsqu’on les vit au guidon du Trek Top Fuel 2009. Reste une inconnue : quid de sa fiabilité ? évidemment notre sortie bien trop brève ne nous a pas permis de la juger et les casses connues sur certains Trek peuvent laisser sur la défensive. Reste que la passion et la raison sont souvent des sentiments qui savent se rejoindre face à un produit aussi original et qui a su rassembler tous les suffrages des chanceux qui ont pu l’essayer.