Rocky Mountain Vertex 50 RSL : la course en tête

Encore une fois, le carbone se met en avant. Le Vertex 50 RSL représente la catégorie « cross-country de course », comme le disent les Canadiens de Rocky Mountain. Une véritable ode au plaisir de rouler.

Il se dégage de ce Vertex (traduire par «haut du crâne») un vrai plaisir, que ce soit pour les yeux ou pour les mains. La finition du vernis est superbe. Passer sa main sur les courbes des tubes est, si on peut se permettre cet écart, assez «jouissif» : cela relèverait presque de la sensualité ! Avec les formes très douces du cadre, il est impossible, au premier abord, de considérer ce VTT comme un guerrier prêt à tout atomiser. La décoration dynamise les formes. Les feuilles d’érable rappellent que nous sommes bien en présence d’un vélo canadien. Enfin, dans la conception et le montage… Car la production de ce Vertex a été elle aussi délocalisée vers un lointain pays qui produit 90% des VTT du marché. Le carbone utilisé est un carbone haut module. La technique maison permettant de travailler la fibre se nomme «Form». Les Canadiens ont cherché (comme leurs concurrents) à rendre le vélo vif dans les relances, rigide latéralement, et souple pour parer les chocs venant de la roue arrière. La construction monocoque retenue par Rocky Mountain est censée apporter plus de cohérence entre le triangle avant et l’arrière du cadre mais le tube à tube offre maintenant des résultats assez similaires. Du coup, c’est davantage dans la disposition des fibres et la qualité de celles-ci que se fait la différence. On peut admirer la jonction douille de direction-tube supérieur-tube diagonal, ce dernier prenant une étonnante forme concave en son milieu pour ensuite s’élargir jusqu’au boîtier de pédalier hyper renforcé (idéal pour transmettre la puissance). Le dérailleur avant est uniquement du Shimano car le système de fixation adopte le nouveau standard du Japonais (fixé au cadre directement par des vis, très rigide).

Dans la conception de ce carbone cross-country rigide, Rocky Mountain ne s’est pas loupé : voici un VTT attachant, alliant performances et plaisir de pilotage

Le serrage de selle en aluminium, lui-même enserré dans le carbone, est tout simplement magnifique. Les pattes arrière sont légères et taillées dans la masse mais la jonction avec le carbone pourrait être mieux finie. Les passages de gaines sont bien étudiés puisque ces dernières ne viennent pas ternir la peinture de ce magnifique Vertex. Même après plusieurs séances dans la boue…Pour les 2 775 e à débourser afin de taper le chrono au guidon de ce Vertex 50, vous aurez droit à une fourche Fox Float 32 RL, avec une hydraulique version 2009 tip top mais sans le blocage au guidon. Radins ! D’autant que le nouveau blocage Fox conçu par Shimano est vraiment pratique. Merci aux ingénieurs pour avoir pensé aux freins italiens Formula Oro K24, préférés aux cousins du continent nord-américain (Avid Juicy 3 ou 5). Au moins, on peut s’arrêter ! Le groupe Shimano SLX se taille une belle part de gâteau sur le marché 2009 et c’est mérité. Certes, il faudra un test longue durée pour juger de la fiabilité mais le fonctionnement est digne de celui d’un XT. L’ensemble EA50 de chez Easton fait un peu cheap… ça sent le matos qui se veut «bô» et chic mais qui n’en a que l’apparence. Dommage pour un bike semi-rigide à près de 2 800 e. Mavic fournit des roues CrossRide disc non exemptes de défauts. Ainsi, la roue libre nous a gratifié d’un temps mort en relance avec un enclenchement bruyant, voire inquiétant.

Pour faire simple et rapide, aucun testeur de la rédaction ne s’est ennuyé au guidon du Vertex. Pas même les enduristes de la bande. Tous ont retrouvé des sensations oubliées. La position est un habile compromis entre attaque et «tourisme», un peu à la manière d’un Commençal Skin. Ce vélo a été pensé pour rouler longtemps et bien. Les premiers gros coups de pédale n’ont pas le côté explosif d’un Look 996 mais ça déménage, aussi bien assis qu’en danseuse. Dans cette position, la rigidité du boîtier de pédalier transmet bien les «chevaux vététistes». Pas de pertes avec un cadre chamallow : pour 100 watt donnés, vous avez 95 watts à la roue arrière, c’est garanti ! Lorsqu’on parle rendement, ce n’est seulement le temps d’un sprint de quelques kilomètres. Avec le Vextex 50, participer au Roc d’Azur version 87 bornes est tout à fait envisageable. Il ne sert à rien de concevoir une bombe de 400 m départ arrêté si c’est pour ruiner le pilote au bout de 30 minutes de selle. C’est là que les ingénieurs spécialistes de la fibre ont frappé fort. La notion de confort n’est pas abstraite, les remontées d’informations de la roue arrière ne se font plus en direct. Il se passe des «choses» dans les bases et les haubans, les vibrations sont bien filtrées. Quant aux gros chocs, ils ne font trop décoller les fesses de cette selle WTB pas spécialement sympathique pour l’assise.

La fourche Fox fonctionne tellement bien qu’elle fait tout le boulot d’amortissement. Du coup, il est assez difficile de juger la capacité d’absorption du triangle avant. On notera seulement une rigidité latérale un ton en dessous par rapport à d’autres VTT 2009 déjà essayés au journal. Cela dit, elle n’est pas vraiment gênante dans le pilotage, au contraire même. Cette «souplesse» rend le Vertex bien moins exigeant. De plus, l’arrière souple favorise la motricité : aucune côte ne résiste malgré un poids supérieur à la concurrence. Notez qu’il faut rester vigilant au délestage de l’avant. Dans les monotraces rapides, torturés, c’est un plaisir de relancer, de tourner en bloquant le frein arrière. On s’amuse à prendre des appuis sur la roue avant grâce au contrôle parfait du guidon semi-relevé. C’est en descente que le Vertex est encore le plus bluffant. Un comble pour un pur compétiteur cross-country ! Comme ce VTT est joueur, il suffit de baisser la selle. Là, on obtient un vrai four cross dans l’esprit. De quoi gagner des secondes, vu la capacité de cette machine à aller vite dans le négatif aussi.