Overvolt AM i Shimano : du caractère !

Autant l’arrivée de l’Overvolt AM en motorisation Bosch avec batterie intégrée semble logique car elle correspond à l’évolution naturelle d’un produit existant, autant ce tout nouveau châssis monté en moteur Shimano et batterie intégrée surprend, intrigue et interpelle par les solutions techniques utilisées par les ingénieurs de la marque dijonnaise.

Comme son grand frère en moteur Bosch, l’Overvolt iShimano est réalisé en aluminium Supreme 5. C’est à peu près le seul point commun, car pour le reste… tout change ! Comme si les ingénieurs de la marque avaient choisi de partir d’une page blanche à partir des libertés offertes par le moteur Shimano, pour sortir de leur zone de confort et proposer quelque chose de différent. Un peu comme ils l’avaient déjà fait avec l’Overvolt AM Carbon : créer la surprise et innover librement sur un segment du VTT où l’on peut encore tout prouver. Encore à l’état de prototype (bien avancé), il sera disponible en magasin pas avant le début de l’année 2018. D’ici là, quelques changements mineurs devraient intervenir pour arriver jusqu’aux modèles de production. Le problème avec les VTT du marché utilisant la batterie intégrée que propose Shimano, c’est son encombrement qui implique d’avoir recours à un tube diagonal surdimensionné et pas franchement esthétique, comme c’est le cas sur le Mondraker E-Crusher, le Scott E-Genius ou encore le BMC Trailfox AMP. Pour contourner le problème, Lapierre a tout simplement décidé de développer sa propre batterie intégrée de 500 Wh, en accord avec Shimano. Baptisée Snake Power, sa grande originalité est d’être composée de six éléments articulés entre eux. Elle vient se loger dans le tube diagonal par une ouverture située sur le côté, au niveau de la douille de direction. L’avantage, c’est qu’elle permet de réduire la taille du tube inférieur de près de 20%. Esthétiquement, on se rapproche doucement d’un VTT musculaire, c’est franchement bien joué. Ce système permet aussi de réduire la taille de l’ouverture pour insérer la batterie, permettant ainsi de gagner en rigidité et en fiabilité dans le temps. Le revers de la médaille, c’est que cette batterie est relativement longue et remonte très haut sur l’avant du cadre. Quand on sait que l’idéal est de centrer les masses vers la zone du pédalier (comme Lapierre l’a justement fait sur l’Overvolt AM Carbon), on se demande forcément si un tel positionnement ne va pas être pénalisant sur le terrain. On y reviendra un peu plus tard. Pour marquer encore un peu plus ses différences, cette version Shimano abandonne la suspension OST+ pour un système de type 4 bar linkage afin d’abaisser au maximum les masses vers le pédalier. Deux cadres seront proposés, un 29” en 140 mm de débattement et un 27.5” en 160 mm, chacun ayant leur propre géométrie : plus radical en 27.5”+ (65,5° d’angle de direction, reach de 442 mm en M, bases de 445 mm) et qu’en 29” (67° d’angle de direction, reach de 434 mm en M et bases de 460 mm). On est proche d’un VTT sans assistance électrique, Lapierre a su tirer profit du faible encombrement du moteur Shimano pour raccourcir au maximum les bases et proposer une machine qui s’annonce particulièrement dynamique sur le papier. Pour marquer encore plus le coup et faire la distinction avec la version Bosch, le modèle Shimano délaisse le combo RockShox/Sram et adopte du Fox en suspensions et du Shimano en transmission. Il sera proposé dans cinq versions pour chaque taille de roues.

 

Overvolt : plus qu’un nom, une famille

Direction Valberg, petit paradis situé à une 1h30 de route de Nice, dans le Parc National du Mercantour. Si la marque dijonnaise a choisi de nous dévoiler ses nouveaux modèles “intégrés” ici, ce n’est pas un hasard. Valberg, c’est le terrain de jeu de pilotes ayant contribué à développer le VTTAE chez Lapierre comme Nicolas Vouilloz, Olivier Giordanengo, Kieran Page ou encore Vincent Julliot. Pas étonnant que la marque ait donc choisi cette station pour organiser ses Lapierre Days. Après deux journées passées au guidon des l’Overvolt AM i Shimano et Bosch, la stratégie de Lapierre apparaît assez claire. Il n’est pas question de remplacer l’Overvolt AM Carbon, qui reste une référence en terme de centrage de masses et de sensations de pilotage. Il sera d’ailleurs reconduit en 2018 dans une version team bien engagée de 160 mm de débattement. L’Overvolt AM Bosch marche sur les pas de son prédécesseur. A la manière d’un Zesty, il est facile à prendre en main et sécurisant. Celui-là, c’est un peu la charentaise du VTTAE… mais avec la classe en plus ! Une fois qu’on est à son guidon, on s’y sent bien et on a cette douce sensation de confort et de bien-être. C’est une machine facile et taillée pour le plus grand nombre des pratiquants. Et puis le nouveau mode E-MTB de son moteur Bosch est une vraie valeur ajoutée pour en faire une machine véritablement passe partout. Avec son intégration particulièrement réussie, l’Overvolt AM i Bosch saura facilement conquérir un large public. En travaillant sur un nouveau châssis en moteur Shimano, Lapierre a voulu explorer de nouvelles possibilités. L’Overvolt AM i Shimano, c’est un peu le VTTAE version 2.0, qui cherche à conquérir un nouveau public plus sportif et plus jeune. J’ai pu l’essayer en roues de 29” et je peux vous dire que les sensations qu’il distille n’ont pas grand chose à voir avec les autres Overvolt de la gamme ! La suspension arrière d’abord, est particulièrement progressive. A tel point que je n’hésiterai pas à diminuer la pression d’air de 15 psi par rapport au réglage initial pour retrouver du grip en début de course. Une fois ces ajustements effectués, l’ensemble est sacrément joueur mais demande un bon coup de guidon pour être exploité. C’est une machine qui se pilote, là où la version Bosch peut se rouler “à la cool”. Plus stable, rapide et performant dans le rapide et le défoncé, l’Overvolt AM i Shimano est le genre de machine qui vous incite à lâcher toujours plus les freins. Le revers de la médaille, c’est la répartition des masses un peu trop sur l’avant en raison de cette batterie très longue. C’est le prix à payer pour avoir une machine où l’intégration est parfaite. Plus délicat à faire tourner dans les épingles et à manœuvrer à basse vitesse, cette version Shimano est plus exigeante et fatigante à la longue. Mais au final, c’est celle que j’ai préférée à l’issue de ces deux journées car elle a un caractère bien trempé et distille à son pilote de formidables sensations de pilotage.