Nakamura Complite Carbon : la fusée de Nakamura

La nouvelle création de Nakamura, le Complite carbon, ne fait pas dans le compromis. Elle s’en va même jouer dans la cour des grands crosseurs du moment…Du côté de Longjumeau, ville de la banlieue parisienne (plus précisément de l’Essonne), l’équipe de Nakamura s’affirme d’année en année comme un véritable constructeur de VTT tentant de sortir des catalogues taiwanais pour gagner une véritable identité. C’est le cas de ce Complite Carbon, véritable boule de nerfs…

La technique de fabrication de ce carbone monocoque est particulièrement élaborée. Des bandes de fibres haute résistance sont découpées en longueur puis collées sur une sorte de baudruche gonflée à l’air comprimé. Les points délicats tels que la douille de direction, le boîtier de pédalier et les pattes arrière sont renforcés à grands coups de bandes de carbone qui forment une deuxième épaisseur, d’où parfois une “cassure” dans l’aspect très lisse du cadre. Ensuite, le moule vient recouvrir le cadre pour lui donner sa forme définitive. L’ensemble est enfin passé dans un four pour être assemblé. Quelques secrets et astuces de fabrication ont permis de proposer cette forme si particulière : on sait notamment qu’il y a deux stades de gonflement des baudruches ainsi que deux cuissons différentes pour ne pas traumatiser cette fibre de carbone, magique et unique aux yeux de beaucoup. Le résultat donne un cadre plus solide, qui vieillit mieux car l’un des problèmes des VTT carbone est leur côté jetable (100% non recyclable) et non réparable.

Pas de compromis dans la conception : tout est pensé pour aller vite, en faisant aussi la part belle au pilotage

Des progrès ont été faits au niveau des colles, du vernis, de l’assemblage des liaisons entre douille de direction, pattes de freins, dérailleur et boîtier de pédalier. Avec le temps, certains inserts avaient tendance à se décoller de la structure en carbone, par exemple. Nakamura a fait le choix de rainurer ces pièces en alu pour assurer une meilleure prise. Le résultat de cette débauche de technique, c’est un superbe cadre avec une masse de 1 050 g, à la ligne très tendue et fluide, qui tape dans l’œil de tous les compétiteurs ou simples vététistes. Agressif, le Complite l’est aussi dans son prix de vente : pour 2 599 e, vous disposez de la version haut de gamme. Le même cadre avec du matos moins orienté compétition est proposé à 1 799 e ! Autant dire que la concurrence va faire grise mine. Le Complite Carbon est équipé de la nouvelle fourche Rock Shox Sid Race en 100 mm. Il s’agit de l’une des meilleures fourches du moment. La finition est très valorisante avec de beaux bouchons en aluminium. Sans parler de cet astucieux indicateur sur l’un des plongeurs qui permet d’assurer le réglage correct en air de la précharge du ressort en fonction du poids du pilote. Attention : contrairement à ce qui est indiqué sur le tableau des pressions, il faut sous-gonfler pour obtenir un bon fonctionnement. Notez que cela rendra le blocage de la fourche indispensable pour les pilotes qui n’aiment pas voir une fourche osciller en côte ou sur des relances appuyées.

Le train roulant est composé de roues Mavic CrossMax SL, difficiles à critiquer, et de pneus Schwalbe Ralph Racing Evo très roulants et accrocheurs. C’est top ! La transmission provient du groupe Sram, avec un dérailleur arrière XO chape moyenne et un très rigide pédalier Truvativ Stylo GPX. Le reste de l’équipement est cohérent même s’il est un peu moins haut de gamme (il faut bien serrer les prix…). Voilà pour le tour du propriétaire. En tout cas, ce Complite n’est pas resté longtemps inactif, tant on avait envie de voir ce qu’il avait dans le ventre. On comprend immédiatement pour quel univers est taillé ce VTT : la vitesse grand V. La position de pilotage y incite : on appelle ça “avoir le nez dans le guidon”… Mais juste ce qu’il faut pour regarder plus loin que la roue avant, car les appuis sont quasiment parfaits entre la selle et les poignets. On a eu le sentiment que les ingénieurs de Longjumeau avaient greffé un moteur dans le cadre… ça démarre tellement fort que l’on se demande si c’est l’été indien, la forme olympique du pilote, une masse de seulement 9,6 kg ou le train roulant très performant qui propulse ainsi la bête. Un instant, on se prendrait presque pour Julien Absalon en Chine !

Même si vous n’êtes pas un accro du chrono, essayez ce Complite : il vous emmènera dans une autre dimension!

Les journées suivantes ont confirmé les impressions laissées par des remiers tours de roues assez grisants. Pour être franc, on n’avait pas éprouvé cette sensation d’accélération depuis le Look 986. Evidemment, on ne s’est pas privé de débouler comme des fous sur les chemins, avec des passages ultra-rapides, à la grande surprise des badauds croisés en route. Les compétences du pilote n’expliquent pas tout : ce Complite possède un vrai tempérament explosif. Ce n’est pas seulement sur un run qu’il va vite, il est capable de maintenir une vitesse de croisière très élevée sans consommer de l’énergie. Quand l’envie d’envoyer du gros vous prend, il suffit de descendre d’une vitesse pour aller plus vite. Bon, d’accord, à un moment donné, on est au taquet – et même dans le rouge – mais quel plaisir d’éprouver cette sensation de vitesse et d’accélération constante qui semble inépuisable. La tenue de cap est bonne. L’arrière n’est pas un bout de bois. On sent bien que le concept Box, avec ces haubans se prolongeant sur le tube supérieur, n’est pas une opération purement marketing. Les vibrations se dissipent et les petits chocs sont absorbés sans que l’on passe par la case “tige de selle”. La nouvelle Rock Shox Sid absorbe tout, ne bronche pas sous le freinage puissant des nouveaux Avid Elixir R et participe au confort.

Une vraie réussite ! Que l’on soit sur une piste large ou sur un monotrace bien sinueux, le Complite suit les ordres du pilote et la maniabilité, malgré ce guidon plat et étroit, est rassurante. Elle n’embarque pas le pilote sur l’extérieur. Cela ne se fait pas au détriment de la stabilité, on peut mettre les gaz en descente. Le centre de gravité bas – 310 mm – plaque les roues en virage et rassure quand il s’agit de prendre encore plus d’angle. La géométrie relativement joueuse de ce Nakamura permet de réaliser des bunny-up lorsque de gros cailloux “traversent” la piste mais attention aux projections ! Ils tapent – avec un bruit pas très sympa – dans le tube diagonal. Avec 9,6 kg à emmener, il y a peu de côtes qui font souffrir les mollets. Le manque de motricité par rapport à un tout-suspendu est largement compensé par cette facilité à enrouler assis ou à donner un coup de rein en danseuse pour se propulser en avant et lâcher les compagnons de virée. Voilà, en résumé, un VTT qui nous a emballés à plus d’un titre. C’est un pur cross-country de compétition, rigoureux dans son comportement, relativement confortable pour un carbone et surtout, terriblement sympa et grisant à piloter…