Mérida 96 3500 : Psychose pour les rigides

Avec le 96, Mérida repousse les limites du chrono très loin, rendant obsolète le plus beau des rigides. Démonstration du savoir faire du leader mondial du vélo avec ce tout suspendu avide de performances…

Chaque détail est rigoureusement pensé, comme l’ensemble tube de selle-boîtier de pédalier d’une seule pièce et la partie avant, constituée d’une double paroi pour plus de rigidité et de solidité. La fibre de carbone retenue provient de Toho, fabricant
réputé, ce qui permet de réduire la taille des tubes et bien sûr la masse générale du cadre. La suspension, de type monopivot avec basculeur, est connue chez d’autres marques mais il suffit d’un positionnement du point d’ancrage différent de quelques millimètres pour changer complètement le caractère d’un VTT (et celui-là en a à revendre !).

Pas de tromperie en ce qui concerne le profil du VTT : on est bien assis sur une bête de compétition qui sait se mériter

Avant de s’élancer pour la chevauchée fantastique, passage par la case «réglages de suspensions». L’opération est très aisée, aussi bien pour la fourche Rock Shox SID Race 100 mm que pour l’amortisseur DT Swiss XM 180. Ce dernier ne demande que peu de pression pour la précontrainte et la détente est particulièrement sensible. Pas de tromperie en ce qui concerne le profil du VTT : on est bien assis sur une bête de compétition. Dès le premier coup de pédale, on est rassuré, le chrono va s’affoler. ça dépote «grave» et on s’amuse des accélérations qui déposent les copains de virée. Pas de torsion du bras oscillant, les watts sont retransmis dans leur totalité, même si l’on note un mouvement de va-et-vient de l’amortisseur. Inutile de le bloquer, cela reviendrait à piloter un VTT rigide carbone. On perdrait alors la motricité et un confort assez étonnant pour un produit de compétition. Les lignes droites sont avalées à la vitesse grand V, la tenue de cap ne variant pas.

On peut se concentrer pleinement sur les trajectoires. L’excellente maniabilité, due à une géométrie saine et à la masse de l’ensemble, entraîne ce Mérida 96 dans les enchaînements sans arrière-pensées. Il n’y a que sur les virages serrées et les dévers qu’il faut jouer avec les appuis, pour ne pas toucher les arbres. Le cintre étroit et plat ne favorise pas les évolutions en descente. Dommage car on peut vraiment se lâcher. Un jour peut-être, les constructeurs nous fourniront un cintre relevé, histoire de changer la vie de la plupart des pilotes ! Autre grief : les pneus Schwalbe Furious Fred et des chambres à air de 90 g qui auraient leur place sur un cyclo-cross mais pas sur un tel VTT. Crevaisons à répétition, retenue dans le pilotage, contournement d’obstacles, glissades, portage par moments : voici quelques-uns des déboires auxquels nous avons été confrontés, jusqu’au changement de monte. Qui nous a donné la banane et l’envie de voir la vie à 96 à l’heure…