Specialized FSR Comp : le rêve à  portée de main

Le haut de gamme fait toujours fantasmer mais certaines marques ont le bon goût de soigner leurs premiers prix. Avec ce nouveau FSR XC, Specialized met dans le mille !

Heureusement, certaines marques ont compris qu’un client heureux sur un VTT «premier prix» n’aura pas envie de changer de crémerie quand il passera à l’étape suivante, c’est-à-dire l’achat du vélo qui le fait rêver. Même si l’exercice consistant à concevoir un vrai mountain bike avec une somme contenue n’est pas aisé, le challenge en vaut la peine. Et là, deux écoles s’affrontent. La première greffe sur un cadre moyen du beau matos, la seconde privilégie une ossature haut de gamme avec un équipement basique. C’est l’option retenue par Specialized pour son nouveau FSR XC qui en offre beaucoup, pour «seulement» 1 400 e. Bien sûr, cette somme est loin d’être négligeable pour s’offrir un vélo de montagne mais comme le dirait Abd Al Malik, ce Spé, «c’est du lourd» !

Demandez-lui tout, il le fera : ce FSR XC est le type-même de VTT universel

Le FSR XC millésime 2009 est complètement nouveau. Il reprend, à quelques détails de géométrie près, le cadre du Stumpjumper FSR. Mis côte à côte, il faut un œil avisé pour les distinguer. La différence, c’est que le grand cousin utilise des tubes en aluminium M5, encore plus léger. Specialized a misé sur un cadre haut de gamme au détriment des accessoires mais qu’importe : quand on regarde dans le détail, cette ossature est de toute beauté. Pas de tubes hydroformés : ceux-là, tels que vous les voyez, sortent de l’usine de laminage, avec des coûts de production moindres. Les ingénieurs de «Spé» préfèrent utiliser un aluminium de grande qualité : tenue dans le temps supérieure, poids moindre. La tendance du moment, qui devrait perdurer vu le peu d’engouement des constructeurs pour les techniques d’assemblage compliquées. Place, donc, à un avant très massif où les tubes horizontaux et diagonaux se regroupent de façon perpendiculaire, 10 cm avant la douille de direction. Ce procédé offre une proue très solide et rigide, en se passant de renforts pas toujours très grâcieux. Même topo pour le boîtier de pédalier : le tube diagonal arrive droit dessus et permet un ancrage de l’amortisseur idéal. Là aussi, on mise sur la solidité et la rigidité, avec cette technique très mécanique du forgeage à froid. Elle concerne les pièces comme le boîtier de pédalier, les pattes arrière ainsi que les biellettes. Le triangle avant, très compact et qui ajoute à l’aisance du pilote, enregistre la pose d’un renfort entre le tube horizontal et le tube de selle : le porte-à-faux était trop important pour s’en passer. Le bras oscillant a fait l’objet d’un soin méticuleux. Ainsi, toutes les articulations sont montées sur des roulements annulaires, sauf – comble du raffinement et aussi gage de longévité – l’attache haute de l’amortisseur, qui adopte des roulements à aiguilles.

La suspension de type FSR développée par Specialized et repris par nombre de VTT de la planète est active en permanence, debout, assis, en montée comme en descente. Le bras arrière oscille. Il a aussi fallu composer avec l’amortisseur X-Fusion développé pour Specialized. Utilisé avec de basses pressions, il reste un amortisseur d’entrée de gamme, avec la gestion de la détente faisant aussi office de quasi-blocage. «Quasi» car Spé préfère, pour la longévité mécanique de l’amortisseur, laisser l’huile passer un peu à travers les clapets. Et ça peut se comprendre : si on oublie de débloquer l’amortisseur, bonjour les chocs dans la tige… A l’avant, on retrouve une Rock Shox Tora SL en 120 mm qui fait très bien son boulot. En selle, on retrouve cette ergonomie affinée qui fait que l’on se sent bien immédiatement sur les vélos de cette marque. Les commandes tombent parfaitement sous les mains, l’assise et le développé des jambes parfaits pour aligner les kilomètres. Bref, un concentré de bien-être ! Attention tout de même : avant de faire le chèque, il faut impérativement essayer le VTT, sous peine de connaître une grosse déception. C’est qu’ils taillent grands, ces VTT !

A l’aise partout, ce FSR Comp saura vraiment tout faire

Facile à emmener dès les premiers hectomètres, le FSR XC se révèle un sacré rouleur, avec de belles moyennes horaires à la clé. Le rendement est présent à tous les étages, même si la suspension oscille tout le temps. Il envoie bien, le bougre ! Jouer avec le réglage détente-blocage ne sert à rien : dès que l’on se met en danseuse, l’arrière joue au yoyo. C’est le seul moment où ce Specialized déçoit. On se met à rêver d’un amortisseur avec l’anti-pompage… Par ailleurs, on ne trouve pas forcément le bon réglage de détente, alors on laisse de côté ce curseur. Très à l’aise dans les sentiers tortueux grâce à une géométrie rassurante et joueuse, le le FSR XC se balance sans peur d’engager plus que souhaité. Il faut seulement veiller à ne pas laisser les pédales trop basses : la garde au sol est limitée et le pédalier façon chewing-gum n’apprécie pas vraiment. Avec ce guidon relevé, la position de pilotage aide à contrôler le vélo dans toutes les situations. Associé à la fourche Rock Shox Tora 302 SL, ce guidon permet d’envisager de belles séances de roulage à la montagne. On peut se lâcher en descente. Ce VTT a encaissé (chut, faut pas le dire !) des tables de 6 m et de beaux gaps, avec sérénité et sécurité. Tout bon pour le pilote. L’assiette est neutre, un peu comme le caractère de ce modèle qui manque un peu de personnalité mais bon, là, on chipote… On sent bien que ce cadre haut de gamme peut aller plus loin dans la performance avec un changement de suspensions, car le potentiel est là. Fort dans le négatif, il grimpe les pires pentes avec générosité, sans perte de motricité ni retournement. Il faut juste trouver le bon rapport et s’y tenir, voire rajouter deux dents, mais hors de question de se relancer en danseuse car il s’effondre. Véritable vélo de moyenne montagne, ce Specialized n’a eu à aucun moment à rougir face à des VTT coûtant le triple ou plus. Ce FSR XC, c’est le tout-terrain universel par excellence !