Specialized Camber Comp Carbon 2x : 2 fois mieux ?

Le Specialized Camber est depuis longtemps l’un des meilleurs VTT polyvalents sur la planète. Avec ses 120 mm de débattement, ses roues en 29” et sa géométrie taillée pour passer partout en toute décontraction, il accumule les louanges. Pour autant, sa déclinaison en double plateaux est-elle à la hauteur de sa réputation ? C’est ce que nous avons voulu savoir !

DR. N. Le Carré

Prix : 3799 € | XX kg en taille M sans pédales | Débattement av. : 120 mm | Débattement av. : 120 mm | Débattement ar. : 120 mm | usage : valloné – montagne – rando-sportive

Pourquoi changer une recette quand elle est bonne ? C’est surement ce que se sont dit les gars de chez Specialized avec le Camber. La dernière vraie refonte date de 2015, où le cadre a vu l’arrivée du fameux amortisseur Brain qui n’était alors que l’apanage du fleuron de cross-country de la marque, l’Epic. Pour rappel, le principe est simple. La suspension est naturellement bloquée et ne se libère que lorsqu’elle capte un choc provenant du sol. Evidemment, à l’époque, le Brain était calibré différemment sur le Camber puisqu’il laisse un peu de souplesse à la suspension sur les 20 premiers pourcentage de la course de l’amortisseur, avant de se bloquer de manière moins nette que sur l’Epic pour privilégier le « confort ». Pour autant, les critiques, et nous en avons notre part de responsabilité, n’ont pas tardé à fuser. Non pas que le châssis et sa géométrie parfaitement calibrée ne soient en cause, mais ce Brain… Quel intérêt sur un vélo qui s’oriente plus sur un usage polyvalent, où le fait que le vélo pompe un peu n’est pas préjudiciable ? Visiblement les ingénieurs ont entendu les critiques puisqu’à l’été 2016, Specialized présentait un Camber exempt de Brain ! Alléluia. Depuis le vélo n’a donc subit que des mises à jour au niveau de l’équipement, des couleurs, ou de variations de prix, souvent à la baisse. Pour l’occasion nous avons choisi de prendre le guidon du Camber Comp Carbon. Pourquoi ce modèle ? Déjà parce qu’avec sa combinaison du triangle avant en carbone Fact 9M et son arrière en aluminum M5, il offre à la fois la légèreté « juste comme il faut » pour l’usage, mais aussi sans exploser l’addition. Alors oui, on n’est pas sur du carbone haut de gamme, mais il a ici l’avantage de proposer un bon ratio rigidité/légèreté. Et puis, il y a le triangle arrière en alu. Dans l’optique d’un vélo à tout faire, ou les risques de chutes sont toujours présentes, il est plutôt bien venu. D’autant que cela n’aura aucune influence sur le dynamisme du vélo. Par contre, niveau roues, là il ne faut pas passer à côté.

Le Camber Comp Carbon est proposé uniquement en 29” en France, et c’est tant mieux, car c’est dans ce diamètre de roues qu’il s’exprime le mieux. Il faut dire que Specialized maîtrise parfaitement ce calibre, pas étonnant vu qu’il en est un des précurseurs. C’est pourquoi, contrairement à quelques marques venues sur le tard dans les grandes roues, la marque américaine a bien compris que le train roulant (en plus de la géométrie) est un point clé d’un bon 29”. Le Comp, tout entrée de gamme qu’il est dans le monde des cadres carbone de la marque, dispose d’une vraie paire de roues, légères, et compatible tubeless. En l’occurence il s’agit de roues Roval Traverse en 29mm de largeur interne, qui affichent officiellement moins de 1800 g sur la balance. Autant dire qu’avec elle le dynamisme sera au rendez-vous.

Si la polyvalence devait avoir un synonyme, ce serait certainement Camber tant se vélo est capable de faire des miracles.

Mais ce qui nous a fait choisir ce modèle, c’est surtout qu’il est proposé en deux options au niveau de sa transmission. En effet, vous avez le choix entre un montage en 1×11 ou en 2×11 vitesses. Pas de discussion niveau prix, c’est le même : 3799 euros. D’un côté vous êtes sur un mixte de pédalier Race Face Aeffect avec un plateau en 28 dents (…!!), un dérailleur Sram GX et une cassette Sram PG 1130 en 11/42. De l’autre, toujours du Race Face en pédalier, monté cette fois en 36/26 combiné avec un dérailleur arrière Shimano XT, un Sram GX à l’avant et une cassette Shimano SLX en 11/42. Adepte du mono plateau depuis la première heure, nous avons voulu voir si choisir l’option double plateau avait son sens sur ce modèle. La réponse aurait pu être difficile à trouver si le test n’avait pas eu pour décors un terrain complètement délavé par les pluies incessante de ces dernières semaines. Qui dit pluie, dit boue. Qui dit boue dit…

Objectif liberté

Ce qu’il y a toujours de magique lorsque l’on pose ses fesses sur un Specialized, et encore un plus lorsqu’il est tout-suspendu, c’est que l’on s’y sent tout de suite bien. Tout tombe sous les mains, et les fesses. La position est naturellement bonne, même avec cette petite potence courte qui vient compenser le tube supérieur allongé. Pas de points de compression, on y est comme à la maison. Les plus pointilleux retourneront la potence pour lui donner moins d’angle et ne pas avoir la sensation d’être trop assis sur le vélo. Ceux qui l’emmèneront essentiellement dans la pente, laisseront la potence plus relevée pour avoir un besoin encore plus accrue de sécurité. Et puis il y a toutes les petites attentions portées aux pilotes. Cela commence par le réglage de l’amortisseur qui demande une procédure super simple. On gonfle la suspension à 200 psi, on monte sur le vélo et on utilise la valve rouge pour dépressuriser l’amortisseur (c’est l’Auto-sag). Il se cale alors automatiquement à la bonne précontrainte (env. 25%). Les spécialistes pourront toujours lui donner encore plus souplesse au besoin, pour atteindre les 30 % d’enfoncement parfois intéressants dans la pente. Autre subtilités, le vélo emporte dans ses entrailles tout le nécessaire en cas de problèmes mécaniques. On trouve ainsi un multi-outil sous le tube supérieur (au niveau de la fixation de l’amortisseur), et plus original, dans le tube diagonal se cache sous le porte-bidon un compartiment capable de recevoir tout le nécessaire de réparation (chambre à air, pompe, outils en tout genre, des barres de céréales…). C’est la magie de la Swat Door. Avec elle, vous ferez un tabac auprès de vos compagnons de sortie. Et vous, et bien vous n’aurez plus besoin de sac-à-dos ou d’objets dans vos poches ! Liberté de mouvements totale. Et puis il y a le moment de la première pression sur la pédale.

Quand Camber rime avec bonheur

Rouler sur un Camber c’est prendre toute la dimension de la notion de polyvalence. Le vélo dispose de 120 mm de débattement à chaque extrémité, des roues de 29” montée avec des gros boudins au grip de fou, et pourtant, à la moindre sollicitation de la pédale, il décolle comme un crosseur qui aurait un peut trop mangé la veille. Certes, cela pompe un peu en danseuse appuyée, si on laisse l’amortisseur libre de ses mouvements, mais le résultat est là : au guidon du Camber, pas besoin d’évoluer dans des sections ultra vallonnées pour en profiter, le vélo pédale tellement bien que l’on peut évoluer même en plaine à son guidon. Il roule vite, et sans trop de débauches d’effort. On pourrait même aller jusqu’à dire qu’il lisse le terrain tant il est capable d’encaisser les imperfections du terrain sans broncher. Autant vous dire que si vous voulez faire du VTT marathon, il a de sacrés arguments à vous vendre ! Surtout qu’il grimpe magistralement grâce à une motricité bien dosée qui vient plaquer la roue arrière au sol, faisant mordre la terre à chaque crampon pour mieux vous hisser au sommet, et il sait se faufiler entre les arbres à bonne allure. Et c’est là que l’on comprend l’interet finalement de ce triangle avant en Fact9m. En effet, il donne l’impression d’être moins physique que sur le S-Works qui lui dispose du Fact11m (plus léger mais aussi plus rigide). Certes, lorsqu’il faut hausser le ton dans le sinueux, il ne faut pas hésiter à le violenter un peu pour ne pas perdre de vitesse. Mais tout se fait avec un plaisir insensé, et plus encore, dans un environnement qui vous semble tellement sécurisé ! La magie d’une bonne géométrie, qui se ressent aussi dans la pente, où le Cmaber ne peut définitivement pas renier sa filiation avec son ainé, le Stumpjumper. Au point d’ailleurs de lui voler la vedette au chapitre du vélo à tout faire. Pire de le mettre complètement en retrait alors qu’il est sensé être le fer de lance de Specialized. Difficile en effet de lui trouver une place entre le Camber superbement agile et au rendement suffisant pour jouer avec les potes, et l’Enduro, le roi de la montagne ! Mais revenons à notre Camber qui se joue des difficultés même dans les pentes les plus viriles. Quel pied ce vélo ! Super stable avec son boitier bas (330 mm) et sa partie avant longue, suffisamment d’angle à l’avant pour ne pas passer par dessus, un train roulant qui se place pile sur la ligne demandée, les suspensions qui restent haute avec cette façon de vous dire : « vas-y, tu peux aller encore plus vite, on a encore de la ressource », le Camber est une machine à plaisirs. Sincèrement, ils ne sont pas nombreux dans cette catégorie à vous donner le sourire dans ces situations. De mémoire, il y l’Orbea Occam TR, le BMC SpeedFox, et le Camber !

Le 2×11 lui va-t-il ?

D’abord, pour un usage mixte, le 36 dents permet de passer presque partout sans avoir besoin de faire tomber la chaine le petit plateau. Mieux, il permet de pédaler vite dans les bouts de lignes droites. C’est une bonne chose pour qui a les ouates. Pour les moins affûtés, ou pour un usage plus montagnard, le 26 dents est une bouffée d’air dans les cotes. Même s’il demande de jouer de la gâchette pour éviter les sauts de développement. Et c’est là qu’en termes de facilité d’usage, le double marque le pas sur le mono. Il force à réfléchir, alors que l’on est en pleine action. Cela fait toujours une manette de trop sur laquelle il faut penser à agir alors que l’on est dans le rouge. Surtout quand il faut penser aussi que l’on a maintenant en plus à gérer celle de la tige de selle télescopique que l’on aura baissé dans la descente juste avant d’enquiller le raidard… De quoi s’y perdre. Dans ce cas le mono plateau dire son épingle du jeu au point de coller à l’image facile partout du Camber. Même s’il faudra impérativement remplacer le 28 dents monté d’origine sur le Camber 1x, trop petit pour jouer le chrono, et finalement très court vous imposant de mouliner beaucoup trop, même en côte. Un 30 dents sera plus adequate. Et puis il y a un autre souci sur le double plateau : la plaque de fixation du dérailleur avant. Déjà que le Sram GX est imposant (comparé à un dérailleur Shimano), mais en plus la plaque est énorme et ne facilite pas le débourrage. En effet, dès que le terrain se transforme en bourbier, la boue s’accumule sur sa parois, ce qui nous a imposer des poses techniques pour libérer l’espace afin que la roue arrière puisse tourner librement… De quoi ternir l’image de ce superbe vélo.

Caractéristiques

FICHE TECHNIQUE : Tailles : S, M, L, XL – Modèle d’essai : M – Cadre : Carbon Fact9m / Aluminum M5 – Fourche : RockShox Reba RL – Amortisseur : Fox Float Performance – Freins : Shimano BR-M600, ø200/180 mm – Dérailleur avant : Sram GX – Dérailleur arrière : Shimano XT, 11vit. – Pédalier : RaceFace Aeffect, 26/36 dts – Commandes : Shimano SLX – Cassette : Shimano SLX, 11/42 – Roues : Roval Traverse 29 – Pneus : av. : Specialized Purgatory Gripton ; ar. : Specialized Ground Control Gripton, 29×2.30” – Potence : Specialized Trail, 60 mm – Cintre : Specialized Alu, 750 mm – Tige de selle : Command Post Ircc, 125mm, ø30,9 mm – Selle : Body geometry Henge Comp – GEOMETRIE taille M :Tube supérieur : 580 mm – Tube de selle : 430 mm – Angle de direction : 68° – Angle de tube de selle : 75° – Bases : 437 mm – Empattement total : 1135 mm – Hauteur de boîtier : 330 mm – Reach : 430 mm – Stack : 610 mm.

Distributeur : Specialized, Contact : www.specialized.com

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On aime : Un crosseur avec des capacités de descendeur incroyable, Un train roulant performant, Quelle liberté d’esprit à son guidon !

On regrette : Patte de fixation du dérailleur avant trop imposante