Scapin Vyrus X9 S5 : Italien jusqu’au bout des crampons

Peu connue en France, Scapin, rachetée en 2005 par la marque Olympia, est pourtant une marque présente dans le paysage commercial du vélo tout-terrain depuis des dizaines d’années. Le Vyrus S5 est l’occasion de voir l’évolution de cette marque discrète italienne.

Remarquable, la forme très incurvée des haubans, dénommée CFS (pour Comfort Flex System) laissant présager une flexibilité synonyme de confort, comme son nom l’indique : un aspect positif à valider sur le terrain. Une tige de selle en ø 27,2 mm au lieu de 31,6 mm de diamètre aurait pu prolonger la philosophie en accentuant l’effet souhaité. La Durit® de frein arrière est intégrée au tube diagonal dans lequel elle est guidée. Aucun problème pour l’enfiler si ce n’est qu’il faut réaliser la purge après montage. La colonne de direction conique accueille un jeu de direction avec cuvettes semi-intégrées. Des cuvettes dissociées en diamètre, mais aussi en couleur : noir pour en haut, blanche pour le bas et l’harmonie avec le té de fourche blanc. Quel souci du détail ! Le boîtier est au standard Press Fit GXP pour l’économie de grammes qu’il permet de réaliser. Le boîtier a la particularité d’être positionné très bas, à moins de 300 mm, ce qui est rarissime, même pour un cadre semi rigide. Autre particularité, la faible longueur du tube supérieur sur les tailles L et XL qui ne donne pas, dans l’absolu, une position trop allongée comme les purs crosseurs. Mention spéciale aux pneus Geax White Edition qui donnent une finition sans pareil, mais là encore, reste à voir sur le terrain comment ces pneus se comportent. Le traditionnel montage/démontage du cadre renseigne sur le poids effectif du cadre, soit 1 380 g en taille L, nu comme un verre. ça fait près de 200 g de plus que les 1 190 g annoncés en taille M, ce qui fait beaucoup même en sautant une taille.

Poids de forme

Toujours au registre balance, les pneus donnent un étonnant 566 g pièce quant à l’inverse, la paire de roues Fulcrum Red Power plombe le vélo en dépassant les 2 040 g, ne laissant pas présager que du bon en relance. Côté équipement, impossible de ne pas souligner le choix des mensurations de l’ensemble cintre/potence : 600 mm de long pour l’un, 120 mm pour l’autre, autrement dit étroit et long pour une position digne de la fin des années 90 !Une fois en selle, la position est finalement allongée, mais plus en raison de la longueur de la potence que du top tube. De fait, en passant sur une potence un peu plus courte, la position du poste de pilotage reste basse mais moins éloignée et donc moins exigeante pour le bas du dos. Reste le problème de la largeur du cintre. Un choc ! Un retour à la fin du siècle dernier. Il est pourtant si bénéfique de rajouter quelques centimètres. C’est ce que confirmera le replacement du FSA d’origine par un modèle Truvativ Noir T40 en 700 mm et légèrement relevé. Rarement une modification aura eu un tel effet sur les sensations. Il ne demande qu’à bien faire ce petit Scapin, il suffit simplement de le mettre dans de meilleures dispositions.

Ce changement aura permis de gagner en assurance dans les zones techniques surtout très pentues où il fallait une grosse part d’engagement pour se lancer. Ainsi corrigée, la position apporte une sérénité synonyme de plaisir. Continuons sur les facultés du Vyrus à dégringoler. La fourche marche admirablement, mais ce n’est pas une surprise, on est en terre connue, par contre, la grosse bonne surprise vient des gommes blanches Geax du Sagguaro. Parti avec la crainte que cet effet de couleur nuise à la qualité de l’accroche, le verdict aura rapidement démontré le contraire. Non seulement la carcasse est d’excellente qualité procurant un “toucher” très agréable avec le sol, mais en plus le grip est clairement phénoménal. Qui l’eût cru ? Comme quoi, les a priori sont un fléau à combattre systématiquement.

A l’aise partout

Il n’a pas de préférence : droits ou sinueux, tous les types de chemin conviennent au Vyrus grâce à une géométrie réussie et un poste de pilotage plus contemporain, mais le vélo nous réserve d’autres bonnes surprises. Il peut se vanter d’être probablement le vélo de XC le plus confortable qui soit. Probablement lié à la conjecture de différents éléments que sont la carcasse des pneus, les haubans CFS et plus inattendu, les roues. Les jantes plus exactement. Grâce à leur faible hauteur (épaisseur), elles ont la faculté de travailler verticalement sous les impacts, ce que font moins ou pas les jantes plus hautes. Le résultat est proprement étonnant ! De fait la motricité est excellente pour un semi rigide, mais si le cadre semble disposer de qualités dynamiques intéressantes, le poids des roues plombe effectivement les accélérations où les montées raides à faible vitesse qui nécessitent parfois de mettre un petit coup de gaz pour franchir une zone plus technique. Heureusement que la fourche est pourvue d’une manette de blocage pour les portions les plus lisses, ce qui donne un peu plus de sensations de vitesse. Revenons sur les roues décidément pleines de surprises.

Sur ces Red Power, modèle d’entrée de gamme que l’on trouve à 199 € la paire au détail, un problème qu’il faut qualifier d’inconcevable même à ce prix concerne les écrous de serrage de l’axe du moyeu avant qui sont également les zones d’appuis sur les fourreaux de la fourche. N’étant pas parfaitement parallèles (ces écrous), chaque démontage/remontage de la roue avant a imposé de réaligner l’étrier de frein à disque dont la position s’est, de fait, trouvée modifiée à chaque fois. Il a fallu faire le réglage d’alignement, repérer exactement la position de l’axe du moyeu (à ne pas confondre avec le blocage rapide) pour le remettre dans la même position et conserver les bénéfices du réglage précédent. Indigne d’un vélo à ce prix-là. Heureusement parmi les sept versions de la gamme Vyrus, certaines paraissent équipées d’un train roulant plus optimisé permettant de profiter des qualités dynamiques intrinsèques du cadre comme les S1, S2, S3 et S7 soit en Mavic 819 montées avec des rayons DT Swiss Révolution soit avec les excellentes Mavic Cross Trail. Il manque tout de même une version plus légère sur les modèles S1 et S2 qui flirtent avec les 5 000 € ! A l’exception des roues, vous l’aurez bien compris, ce Vyrus S5 a de quoi donner la banane à son pilote qui peut y aller sans crainte d’être désarçonné surtout s’il a pris soin de modifier quelque peu le poste de pilotage. Côté esthétique, il faut quand même avoir une attirance forte pour l’Italie, pour ne pas dire des chromosomes avec un spaghetti dans le nez pour apprécier mais ça, c’est l’affaire de chacun.