Planète Cyclisme 90

Août – Septembre 2019

Édition épuisée

Édito

Le Tour ravive les mémoires et les plus anciens, témoins d’une autre époque, sont bien utiles pour nous rappeler que c’était mieux avant. Ou bien pire que maintenant. Insolents, nous disons parfois qu’ils radotent. Mais cet été, on s’est acheté une conduite et on a tendu l’oreille. Bien plus qu’à l’accoutumée. La tendance était à la comparaison entre le cru 2019 et celui de 1989. Il y avait quelques suiveurs pour nous rafraîchir la caboche. Greg LeMond, vainqueur à Paris il y a 30 ans, Charly Mottet, 6e, sans oublier Marc Madiot, Marc Sergeant etVincent Lavenu.
Aucun doute pour eux, ce Tour était exceptionnel et tenait largement son rang, comparé à celui gagné par l’Américain. Gianni Mura, notre confrère italien de la Repubblica, avait même retrouvé ses meilleures formules, alors que ce diable de Julian Alaphilippe était toujours en jaune à Valloire et que l’équipe britannique était sur le gril. « Ineos a l’habitude de cadenasser la course,Alaphilippe a l’habitude de faire sauter la course. A lui de la cadenasser désormais. » C’était joliment dit, mais le héros de juillet a fini par se brûler les ailes du désir, sur le toit du Tour, au sommet de l’Iseran. Rêve évanoui. Celui de remporter le Tour, 34 ans après Bernard Hinault.
Coureur d’impact,Thibaut Pinot avait suscité les mêmes attentes auprès des fans, avant de s’évanouir dans la nature, entre Saint-Jean-de-Maurienne et Tignes. Cruel et sans doute injuste, ce destin brisé d’un champion. « On ne saura jamais » dira-t-il la voix étranglée par les sanglots. L’émotion à son paroxysme, encore, autour du plus jeune vainqueur du Tour de France, Egan Bernal, 22 ans. Il fondit en larmes en revêtant son premier maillot jaune à deux jours de l’arrivée à Paris. Si Martin Emilio Rodiguez, surnommé “Cochise”, fut le pionnier du cyclisme colombien, lui qui découvrit le Tour de France 1975 dans l’équipe Bianchi de Felice Gimondi, Bernal est bien le premier héros de tout un peuple en Amérique du Sud.“Sueno amarillo”, le rêve jaune. Il avait hanté tant de Colombiens depuis 44 ans. Alors, mille fois oui, ce Tour s’inscrit dans la légende, d’autant que la ferveur autour de Julian Alaphilippe et Thibaut Pinot ne s’est jamais démentie. On a tous commenté, imprimé, réseauté le combat des hommes, celui des chefs, la canicule avant les intempéries, la valse des leaders, une sarabande infernale où l’instinct prévalait chez les coureurs de bonne volonté. Et dans 30 ans, on pourra dire à notre tour : « J’y étais. » On pourra raconter aux plus jeunes la plus belle histoire d’un Tour des temps modernes devenu légendaire.Très certainement, ils ne manqueront pas de nous dire alors : « Tu radotes un peu. » Car on l’aura mille fois raconté depuis. Bel été à tous !

Sommaire

  • Egan Bernal :Un maillot jaune historique et la fierté de tout un peuple.
  • Ineos : La jeunesse au pouvoir pour un 7e sacre.
  • Julian Alaphilippe : Le héros du Tour, c’est lui.
  • Alpes : Quand la montagne vire au tragique sur le Tour.
  • Thibaut Pinot : Son histoire compliquée avec la Grande Boucle
  • Peter Sagan : La fusée slovaque s’invite au livre des records
  • Et aussi…
    • Around Cycling
    • Plein les yeux
    • Le Tour en 21 points chauds
    • Caleb Ewan, un triplé pour une première
    • Les Jumbo-Visma ont plané sur ce Tour
    • La Cofidis intime
    • “Belles Filles”, une montée qui avait de la gueule
    • Giulio Ciccone, l’Italie vire au jaune
    • EliaViviani,dans la légende des Grand Tour
    • Eddy Merckx et la folie du Tour en Belgique
    • Andy Schleck lâche ses vérités
    • Tous les résultats & classements du Tour
    • Après son Giro,Richard Carapaz s’attaque à laVuelta
    • Mondial,l’atout Alaphilippe de ThomasVoeckler
    • Tous les résultats de la saison