Orbea Saphyr : dur comme un saphir…

Avec sa déco verte qui flashe, son cadre au sloping prononcé et une géométrie ramassé, on se dit que le Saphyr d’Orbea est fait pour s’envoler. Le retour sur Terre est parfois un peu brutal…car le Saphyr se montre tape-cul à souhait.

Le Saphyr, doté d’un cadre en aluminium 6061, a fière allure. On le croirait prêt à sauter sur la moindre bosse, à accélérer dès qu’un pote de rando veut passer devant… Quand on s’attarde sur le cadre, on voit bien qu’un gros travail a été fait sur les tubes horizontal et diagonal hydroformés et sur les passages de gaines hydrauliques de freins qui reprennent l’astucieux système Magura (plus besoin de purger ni de collier Rilsan, génial !). Beau boulot aussi sur les pattes arrière, tout simplement magnifiques et d’une extrême rigidité. Elles participent malheureusement au manque de confort que nous découvrirons plus tard. Quel dommage d’avoir garder les supports tasseaux de freins qui ternissent un peu cette ligne racée… Avec un cadre réclamant de la main-d’œuvre, des concessions ont été faites au niveau de l’équipement. La fourche Suntour XCR LO s’en sort bien malgré un réglage de précontrainte qui ne sert à rien et une même manette de détente/blocage.

L’habit ne fait pas l’homme et encore moins le VTT : avec le Saphyr, on est plus proche de la polyvalence sage que du sprint débridé

Le reste de l’équipement est complètement à la ramasse… Le pédalier Shimano a joué les filles de l’air et puis bonjour la flasque plastique que l’on avait oubliée depuis très longtemps ! Elle se casse à la moindre gamelle. La selle serait confortable sur un vélo hollandais, les roues n’ont pas la bonne tension et on ne parle pas des freins dotés de l’ABS. Cela ne nous a pas dissuadés d’aller flâner dans les bois qui sentent bon la terre humide. La position met en confiance, les commandes tombent bien. Le triangle main/épaules/pieds est un bon compromis pour une rando sportive. Les pneus Hutchinson Python aidant, le démarrage ne réclame pas d’efforts. Au fil des kilomètres, on déplore toutefois que le Saphyr reste un peu collé au terrain lorsqu’on envoie les watts sur une accélération ou dans les relances. Le cadre est peut-être léger mais 13,85 kg et une géométrie sage, cela se paye cash avec une certaine lenteur quand il s’agit de repartir.

Cela s’est confirmé en côte, où il ne fallait pas chercher à aller vite. Malgré tout, peu de forts pourcentages font vraiment peur à cet Orbea. Quand ça tabasse, il faut privilégier la position haute, c’est-à-dire debout sur les pédales, sous peine de devoir prendre rendez-vous chez le kiné. Les informations du terrain ne parviennent pas en différé, malgré les pneus et ces roues confortables. Descendre est un exercice qui plaît à l’Orbea : l’angle de fourche rassurant et la position de pilotage peuvent vous faire débouler comme une boule de neige dans une avalanche. Vous allez doubler tout le monde puisque vous n’avez rien pour vous arrêter… Les freins Shimano M 485 sont clairement “limites”. Les petits sauts sont à éviter, à moins d’avoir un bagage technique poussé. Et puis il y a cette selle trop large, gênante en descente, sur le plat, en côte, dans les appuis en courbe et en l’air. Finalement, sous des aspects de vélo prêt à mettre les gaz à tous les étages, on découvre davantage un randonneur capable d’un peu de fantaisie.