Orbea Oiz M30 : le dernier des Mohicans

Avec la vague de VTT en 27.5’’ qui déferle, l’Orbea Oiz, doté de roues classiques en 26 pouces, fait office de derniers des Mohicans. Un choix ? Non, juste un peu de retard dans le programme de la marque espagnole. Pourtant cet Oiz M30 est loin d’être dépassé !

Orbea Oiz M30
© Nicolas Le Carré

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[tab title=”PRIX”]3 399 € (3 549 € modèle testé)[/tab]
[tab title=”POIDS”]11,5 kg[/tab]
[tab title=”DÉBATTEMENT”]Débattement avant : 100 mm – Débattement arrière : 100 mm[/tab]
[tab title=”USAGE”]Cross-country, marathon, rando sport, compétition, plaine, moyenne montagne[/tab]
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Il faut reconnaître qu’avec l’arrivée massive de VTT en roues de 27.5’’, on oublierait presque que le 26 pouces a existé. Il reste des constructeurs qui conservent encore quelques reliquats du passé, même s’ils n’ont pas attendu plus d’un an pour se lancer dans ce nouveau format de roues. C’est le cas d’Orbea avec son superbe Oiz Carbone. « Reliquat » est un mot un peu fort lorsqu’on parle de ce modèle qui illustre tout le savoir-faire de la marque dans le domaine du VTT de cross-country/marathon à cadre carbone. Remarquez comme ses lignes sont résolument tournées vers le futur ! Et que dire de la construction carbone parfaitement maîtrisée par la marque espagnole ? C’est juste le top !

Pour vous convaincre de l’intérêt de regarder du côté de ce modèle, quelques explications sur les choix techniques opérés par les ingénieurs maison. Vous allez voir, vous allez craquer comme nous ! L’identité visuelle de la marque se retrouve dans le dessin du tube diagonal. En plus d’offrir une protection façon petit garde-boue, il accroît la rigidité latérale du triangle avant en venant épouser la largeur de la boîte de pédalier au standard PressFit 92. De quoi bien brider la zone. L’étrier de frein au standard Postmount est lui aussi une pièce qui mérite de l’attention. Placé sur le hauban, il réduit l’influence du freinage sur la suspension arrière. Cependant, l’accès à ses vis de serrage (surtout celle arrière) n’est pas des plus aisés. Il faudra quelques minutes de patience pour arriver au bon réglage. La colonne de direction n’est pas en reste, malgré sa longueur de 120 mm en taille M : les ingénieurs ont su lui redonner de la rigidité en optant pour des formes assez contrastées, avec pivot conique de fourche et intégration des roulements. Notez que l’Espagnol reprend les passages de gaines minimalistes (avec le moins de gaines possible) déjà vus sur l’Alma. Ils permettent de gagner de précieux grammes.

A l’arrière, point d’axe traversant, rien que du classique, à part bien sûr la suspension qui fait confiance à la flexion du carbone pour jouer le rôle de point de pivot. Cela permet d’éviter de prendre du poids avec des roulements superflus et satisfait les adeptes de VTT légers. Pour la biellette en carbone et la fixation de l’amortisseur en revanche, on retrouve des roulements. Le but, ici, est de limiter le plus possible les frottements et d’obtenir une suspension se déclenchant facilement sous les petits chocs. Pour offrir à cette partie haute de la suspension un maximum de rigidité latérale, une tige en acier relie les deux haubans par l’intérieur de la biellette. Ce que Orbea nomme « Tenségrité » permet de créer un pontet entre les haubans et par là-même d’en faire une pièce quasiment solidaire. Aucune déflexion à signaler de ce coté. D’ailleurs, tout sur ce cadre respire la rigidité malgré une masse qui semble très légère. Prenez notre modèle de test, le M30. Affiché à moins de 3 600 e, il ne dépasse pas les 11,5 kg sans pédales. Pas mal, non ?

Une bête de course

Premiers tours de roues et déjà, trois réflexions. D’abord, le cadre est long en taille M. En dépit des recommandations du constructeurs, il vaut mieux faire plus de 1,75 m pour être confortablement posé. D’autant qu’avec la potence de 90 mm, on est plutôt sur l’avant. Deuxième observation : on perd vite l’habitude de rouler sur un VTT de 26 pouces avec une direction qui tutoie les 70°. Le moindre coup de guidon se transforme en changement de direction, avec une instabilité que l’on avait vite fait d’oublier. Troisième point : le réglage de la précontrainte de la suspension arrière est véritablement la clé de ce vélo. Deux options se présentent. Vous voulez un peu de confort au roulage ? Passez sur une précontrainte à 20-25 %. Vous voulez bénéficier d’un rendement incroyable, au risque de perdre un peu en confort ? N’hésitez pas à réduire à 15-18%. Dans ce cas, vous bénéficiez du triangle arrière précontraint naturellement par la tension des fibres de carbone et de celle de l’amortisseur.

© Nicolas Le Carré

Le seul point vraiment délicat concerne le réglage de la détente. En effet, sur ces suspensions à déformation des haubans plutôt qu’à points de pivot classiques, le retour est souvent rapide. Il faut impérativement le freiner à l’amortisseur plus que de raison. En tout cas, notre choix de monter des roues performantes sur un modèle de « base » grâce au programme d’options proposé par Orbea lors de l’achat du vélo était le meilleur. Voilà un Orbea Oiz M30 léger et très rigide. Le moindre coup de pédale se transforme en bond en avant immédiat, sans aucune déperdition, sans aucune déformation du cadre. Le rendement est bluffant.

On profite d’un pompage inexistant, avec la sensation exaltante que la roue arrière propulse le pilote tout le temps. C’est très gratifiant ! Du coup, on a tendance à en donner toujours plus, au risque de le payer cash plus tard. En réalité, vous avez là un vélo exigeant. Si le cadre très rigide peut être un atout, il devient ultra-physique dès que les descentes se font raides et techniques. Un pilotage précis est requis pour le mener jusqu’en bas sans bobos. La suspension n’est pas faite pour encaisser les gros chocs, les bases courtes ne peuvent empêcher d’obtenir une direction donnant l’impression que la roue avant passe sous le tube diagonal et le freinage arrière ne permet pas de plaquer la roue au sol. Pas de doute, on est sur un vrai crosseur de compétition !

Orbea Oiz M30 action 2
© Nicolas Le Carré

Heureusement, l’extrême rigidité du cadre était modéré par les roues Shimano XT sur notre montage personnalisé. Elle apporte un doigt de souplesse, notamment dans les prises de courbe rapides. De quoi éviter un décrochage en proposant plus de progressivité dans la glisse. En montée, le tube de selle assez droit permet de bien développer la puissance de la jambe. La suspension fait ici merveille avec, finalement, une bonne capacité à avaler les racines. Le vélo n’est toutefois pas un exemple de stabilité. Il faut bien se mettre sur le bec de selle pour prétendre arriver en haut des côtes les plus techniques.

Voilà un Oiz Carbone M30 qui n’en finit pas de nous étonner ! Son rendement le situe parmi les meilleurs VTT du segment. Revers de la médaille, il est exigeant. Il faudra déployer tous vos talents de pilote pour le mener à l’arrivée.

FICHE TECHNIQUE : Tailles : XS, S, M, L – Modèle d’essai : M – Fourche : Fox 32 Float CTD – Amortisseur : Fox Float CTD – Freins : Shimano SLX, Ø 160 mm – Dérailleur avant : Shimano SLX – Dérailleur arrière : Shimano XT – Pédalier : Shimano SLX, 38/24 dents – Commandes : Shimano SLX – Cassette : Shimano HG50, 11-36, 10 v. – Roues : Shimano MT66 (Shimano XT – modèle testé) – Pneus : Geax Aka Tnt, 26×2.20 – Potence : Race Face Ride, 90 mm – Cintre : Race Face Ride Flat, 710 mm – Tige de selle : Race Face Ride, Ø 31,6 mm – Selle : Selle Italia SL XC Flow – Distributeur : Orbea. Internet : www.orbea.com