Moustache Samedi 26 : Plaisir et découverte

L’histoire est en marche, l’électrique gagne du terrain dans l’univers du vélo et le VTT n’y fait pas exception. L’essai du Moustache Samedi 26 , le plus tout-terrain des modèles E-Bike de la marque française, est l’occasion idéale de faire connaissance avec cette technologie.

Les différents modes

L’usage a rapidement démontré que douze possibilités (quatre modes fois trois niveaux de support par mode), c’est trop. La moitié suffirait. Trop ne veut pas dire compliqué. On isole vite ceux qui nous conviennent, délaissant naturellement les autres. Le système des modes est plus compliqué à expliquer qu’à utiliser. Le choix est dicté par le terrain, mais aussi par l’état d’esprit. Pour une balade tranquille en forêt, le mode Eco peut parfaitement suffire. Il faut savoir que dès le mode Eco 1, le cycliste, même en pédalant à faible intensité sur un terrain plat ou légèrement vallonné, roule plus vite qu’avec un VTT sans assistance, fût-ce t-il 10 kg moins lourd. Imaginez alors de potentiel de l’engin ! Rapidement le mode Tour se distingue, surtout si l’objectif est plus orienté sensations. Les phases de transition à la reprise ou la coupure de l’aide sont douces, contrairement au mode Speed, plus violentes. Une violence contre-productive dans les zones techniques montantes, raides et étroites, car l’adhérence et l’équilibre peuvent être pris en défaut par ce manque de douceur. Le mode Tour utilisé sur ses trois niveaux de supports concentre le meilleur de la puissance qu’apporte le système, les inconvénients ou petits désagréments en moins, et l’autonomie en plus.

La dépense physique

S’il est possible de solliciter très peu le cœur et les muscles, permettant aux personnes à la condition physique limitée d’accéder à ce sport, il est aussi possible de rentrer rincé ! Monter des bosses à 170 pulsations/mn, si on veut se mettre à bloc, c’est réalisable, mais ça devient du pilotage, comme on le fait normalement en descente.La gestion de l’autonomie est le point clef indissociable de l’utilisation d’un VTTAE. L’extrême variation du terrain peut parfois faire baisser fortement l’autonomie. ça tourne un peu à l’obsession les premiers temps puis on comprend que cette valeur indicative est à relativiser. Elle se relativise d’autant mieux si on connaît le parcours que l’on réalise. On peut finir une longue ascension de trois kilomètres en mode Eco 1 et à l’issue de la longue descente suivante se retrouver avec 20 km en Tour 3. Cette valeur est calculée sur une moyenne. Plus le parcours est varié et accidenté, plus elle varie. Elle est donnée pour un maximum de 140 km, mais dans des conditions particulières (plat, à 20km/h, vent favorable, utilisateur de 70 kg).La garde au sol est une autre de ces obsessions de la phase de découverte. Le carter plastique d’origine en aura d’ailleurs fait les frais une fois. Son remplacement (25 € au détail) est réalisé en moins de cinq minutes par le détaillant spécialisé qui reste seul habilité à ce type de manipulation. Garantie constructeur oblige. 17,5 cm (sur une zone parfaitement plate), c’est 4 cm de moins qu’avec un plateau de 38 dents. On se rend compte que c’est dans les montées qu’il y a des risques. Dans les descentes, la vitesse atténue grandement le risque de se poser sur cette partie. En fait il faut adapter les parcours, le type de chemin au potentiel, mais aussi aux limites de l’engin.

Le poids, une notion relative

Il y a deux poids. Celui lorsqu’on est en selle et qu’on pédale (avec ou sans assistance) et celui perçu lorsqu’il faut porter ou pousser le vélo. Ce dernier cas peut être problématique si la force physique du pratiquant n’est pas suffisante. A l’inverse, lorsque l’on se déplace à son guidon, le poids est perçu totalement différemment, et pour cause, l’assistance est largement supérieure à la difficulté que ce même poids génère. Pour avoir fait plus de 15 km sans assistance, il est possible d’avancer très correctement, sur des pourcentages de pente nuls ou faibles. L’effet du poids en descente varie selon la nature du terrain. Les seules phases devenues critiques par le poids sont liées à une forte pente sur un terrain fuyant rendant plus difficile le freinage. Un régal dans les grandes courbes ! La répartition du poids l’explique essentiellement. Alors qu’avec un VTT traditionnel on peut prendre peu de plaisir à descendre une piste large, le Moustache révèle un plaisir et des sensations nouvelles sur ce type de terrain. Le vélo tient mieux, l’adhérence est très supérieure : une conséquence de ce poids important placé au plus bas. La combinaison géométrie/poids et centre de gravité très bas donne un vélo très maniable à petite vitesse et particulièrement stable à haute vitesse. Le contraste est aussi saisissant qu’appréciable, rassurant. Du plaisir là où l’on n’en prend pas avec un VTT traditionnel, et inversement. C’est l’un des constats finaux.Les pneumatiques ont une importance capitale, surtout si on commence à vouloir pousser la machine aux limites du programme. Dans ce cadre uniquement, le poids implique une augmentation notable du risque de pincer. Le choix de la section et de la pression est essentiel. Pour un pilote de 75/80 kg qui utilise le Samedi 26 de manière sportive sur des terrains accidentés, un minimum de 2,8 derrière et 2,5 devant s’impose. Pour une utilisation plus douce, 2,5 et 2,3 bars peuvent suffire. La limite de 2,8 bars est la perte de motricité dans les côtes raides (30% environ). C’est dans ce contexte que la tige de selle Suntour suspendue est particulièrement appréciable. Elle gomme très largement l’inconfort de ces hautes pressions et du sol.

L’usure des pièces

Plaquettes, transmission, l’équipement est condamné à souffrir avec, en premier lieu, la chaîne. Lors des changements de rapports, notamment en mode Speed 3 (support maximal auquel s’ajoute la puissance apportée par les jambes), la chaîne claque littéralement. Normal, la contrainte n’est pas atténuée comme on le préconise pour un VTT traditionnel. Paradoxalement, aucun bris à déplorer. Si le système avait impliqué un changement de plateaux à l’avant, il en aurait été probablement tout autrement. Tout doit être parfaitement huilé et réglé, à commencer l’alignement impeccable de la patte de dérailleur.

Quelques sauts de chaîne

Sur notre version de pré-serie, quelques sauts de chaîne ont été constatés, toujours vers l’intérieur, entre le plateau et le système Bosch. Aucune complication, juste besoin de remettre la chaîne sur le plateau. Ce point précis sera résolu pour les modèles de la série. Sinon, il faut évoquer le bruit qui accompagne l’assistance. Quasi inaudible en mode Eco 1, il est bien présent en Speed 3. Rien de dérangeant, surprenant au début, on l’oublie rapidement. Par contre, quelques bugs à noter. A trois reprises, le système Bosch a été mis, ou s’est mis, en défaut. Une première fois en testant les capacités du Samedi à grimper de forts pourcentages, l’assistance a fini par se couper, l’écran s’est éteint, le voyant de la batterie aussi. Une pression sur le commutateur de cette même batterie et mon Samedi 26 est reparti sans que cela ne se produise. La deuxième fois, l’écran s’est coupé mais pas l’assistance avec un code erreur “100” affiché. Off puis On, et tout est rentré dans l’ordre. La troisième est clairement de ma faute et se nomme “karcher”. Les fameux 15 km sans assistance…

Samedi 26 et l’eau

Il en avait pourtant pris des litres et des litres d’eau sur la batterie se pauvre Samedi 26. Les dernières intempéries dans le Sud-Est de la France, vous vous souvenez ? Lui aussi. Pourtant jamais, même trempé jusqu’au bout des cosses électriques, il n’a lâché. Ce qui m’avait clairement impressionné. Fort de cette expérience et à l’occasion du dernier grand nettoyage haute pression appuyé avant réexpédition, ce qui devait arriver, arriva. Il n’est pas reparti. Sitôt rentré, la batterie est enlevée, la soufflette abondamment sollicitée pour sécher les contacts et tout est reparti comme si de rien était. Chapeau Bosch !
Ce Samedi 26 rend le VTT accessible aux moins sportifs, aux novices, et ouvre de nouveaux horizons aux spécialistes… C’est la conclusion on ne peut plus positive de cet essai. Toujours en quête de sensations sur les sentiers exigeants du Sud-Est de la France, au guidon de ce VTT-là, j’ai appris à aller chercher le plaisir ailleurs, autrement. Et quel plaisir ! Outre les caractéristiques techniques et le comportement détaillé sur ce VTTAE en particulier, on peut dire que plus globalement, ce type de machine a pour intérêt principal de permettre à un grand nombre de personnes d’accéder, même si c’est autrement qu’avec un VTT traditionnel, à un sport physique et technique, à un environnement ou des contrées nouvelles. Explorer, découvrir n’est plus un problème puisque même lorsque ça monte le plaisir est omniprésent.