Mondraker E-Prime Carbon R+ : Oui, mais…

Assistance électrique ne rime pas toujours avec suspension arrière. L’exemple parfait, c’est le dernier né de Mondraker qui utilise ni plus ni moins qu’un chassis en carbone associé à des roues en 27.5”+. A contre-courant des tendances actuelles, l’espagnol peut-il convaincre ?

Mondraker E-Prime Carbon R+ (2)

[Htab][tab title=”PRIX”]4999€[/tab][tab title=”POIDS”]19.25 kg sans pédales en taille M[/tab][tab title=”DEBATTEMENT”]Déb. av. : 120 mm | Déb. ar. : 120 mm[/tab][tab title=”USAGE”][/tab][/Htab]

Avant toute chose, je dois vous avouer que je fais partie de ceux pour qui VTTAE rime avec tout-suspendu, avant tout pour des questions de motricité…puis de confort. Alors forcément, lorsque Mondraker a levé le voile sur son petit dernier en mars dernier, lors du Bike Festival au Lac de Garde…j’ai d’abord été surpris. Bah oui, lancer un VTTAE semi-rigide millésimé 2017 – en carbone de surcroit – ça a de quoi surprendre. Franchement septique par le concept, il fallait absolument que je l’essaye pour vérifier s’il y a vraiment que les imbéciles qui ne changent pas d’avis…

D’où l’intérêt du 27.5”+

Eh oui, si Mondraker mise gros sur l’E-Prime Carbon, c’est qu’elle est convaincue des bénéfices des «gros pneus» de 27.5”+. Sans remplacer une suspension arrière, les basses pressions et la surface de roulement apporte un plus indéniable en terme de motricité et de confort. Là, je commence à entrevoir l’intérêt d’une telle machine. D’autant plus que la marque espagnole a travaillé sur des haubans plats et flexibles pour améliorer le confort de la partie arrière. Toujours est-il que le cadre Stealth Carbon a une sacrée gueule, on en regretterait presque que les designers espagnols n’aient pas travaillé sur l’intégration de la batterie, qui avouons le ressemble à une vilaine verrue sur un cadre aux lignes si tendues. Racé à souhait, il bénéficie de finitions au top, à l’image du passage de gaines en interne. Ajoutez-y une motorisation Bosch Performance CX, une douille de direction conique et des axes de roues au format Boost et vous obtenez un produit bien dans l’air du temps. Véritable ADN de la marque espagnole, le procédé Forward Geometry a toute sa place sur l’E-Prime. Kezako ? Allongez le tube supérieur ainsi que la partie avant (reach) de façon significative et réduisez la longueur de la potence (30 mm ici) et vous obtenez une géométrie radicale dont s’inspirent désormais pas mal de fabricants ! Malheureusement, on ne peut pas en dire autant de la longueur des bases. 480, c’est long quand on sait que quelques marques réussissent désormais à passer sous les 460 mm avec des gros pneus (je pense à Cannondale avec son nouveau Moterra en moteur Bosch et à Specialized avec son Levo)…et une suspension arrière en plus !

Impertinent !

L’E-Prime est le genre de machine qu’il faut savoir apprivoiser. A moins d’être familier avec la Forward Geometry développée par la marque espagnole, comptez bien deux à trois sorties pour vous sentir «comme à la maison». La partie avant est longue…très longue, même ! Le tube supérieur de 635 mm et l’allonge (reach) de 455 mm sont compensés par une mini potence de 30 mm. Le tout entend de revoir sa façon de piloter un VTT. C’est surprenant au début, mais à l’usage les avantages sont indéniables. Il faut apprendre à piloter avec les épaules plus sur l’avant du vélo. Résultat, sur le terrain la Forward Geometry offre cette sensation grisante de sécurité dès qu’on lache les freins. Ultra stable, le E-Prime est un véritable rail, bien aidé par ses pneus Maxxis en 2.8 qui offrent un grip et une motricité bien appréciables…ah, les joies des basses pressions ! Je profite de la position de pilotage et de la rigidité du chassis pour me faufiler entre les arbres. Dans le sinueux, le E-Prime est probablement un des VTTAE les plus maniables que j’ai pu essayer. Sa faible masse n’y est pas pour rien, mais je me dis que malgré tout cela aurait pu encore être amélioré avec des bases plus courtes. Autant ce VTTAE peut parfois vous distiller des sensations de pilotage proches d’un modèle classique sans moteur, autant je regrette qu’il faille parfois l’engager franchement dans les successions de virages serrés, du fait de son arrière franchement long. Mes à-priori sur le (manque de) confort s’effacent peu à peu au fil des kilomètres. Les haubans Flat Stays filtrent plutôt bien les vibrations. Ajoutez-y l’effet «suspension» du gros ballon des pneus en section de 2.8 et vous obtenez une machine qui sait ménager sa monture…même si on reste tout de même assez loin du confort d’un tout-suspendu : en descente, ça secoue ! La petite fourche RockShox Reba RL n’est pas le chassis le plus adapté aux contraintes d’un VTTAE. On aurait préféré une Yari, plus lourde certes mais plus en corrélation avec le programme. Et surtout, ce qui manque cruellement dès que la pente s’inverse, c’est la tige de selle télescopique. C’est le prix à payer pour rouler sur un chassis en carbone. Alors oui, le cadre est prévu pour pouvoir en monter une, avec le passage de la gaine en interne. Mais franchement à 5 000 euros le bout, on aurait aimé que la marque espagnole fasse l’effort de la proposer d’origine. C’est d’autant plus dommage car le E-Prime est franchement rigolo en descente, offrant un superbe grip en courbe et une géométrie qui le rend particulièrement à l’aise sur les marches. Il faudra toutefois composer avec des freins Shimano M506 pas franchement endurants. Là encore, tout est une histoire de concessions. Mondraker a d’ailleurs choisi de les remplacer par les nouveaux Sram Level T sur les modèles 2017. Le prix de revient du chassis carbone du E-Prime est tel que le choix des composants en pâtit. C’est malheureusement aussi le cas au niveau de la transmission. Alors que le moteur Bosch Performance CX est réputé pour son couple généreux en côte (même en mode Tour, le deuxième mode d’assistance sur les 4), je me retrouve vite à cours de «jus» dans les ascensions techniques. Obligé de jouer avec un mode d’assistance plus élevé là où ce n’est pas nécessaire habituellement, je suis perplexe sur les premières ascensions. D’autant plus qu’avec ses pneus Plus et son cadre en carbone, je m’attendais à ce que le Mondraker soit une véritable petite bombe en côte. Cet effet pétard mouillé on le doit à la cassette en 11-36 associée à un pignon de 15 dents au niveau du moteur. Un montage totalement inadapté, le pignon de 36 dents étant vraiment limite pour les grimpettes techniques et pentues. On se demande pourquoi le chef produit de la marque espagnole n’a pas logiquement opté pour une cassette en 11-42 dents, d’autant plus qu’il existe désormais des produits performants et abordables. Du coup, c’est l’autonomie qui en fait les frais, car il faut parfois aborder les ascensions en mode Sport, alors que le mode Tour suffirait avec un pignon de 42 dents.

Ce qu’il faudrait changer

On ne saurait trop vous conseiller d’opter pour une tige de selle télescopique, afin d’exploiter tout le potentiel ludique de l’E-Prime en descente. L’autre point noir du VTT, c’est sa cassette en 11-36 qui atteint vite ses limites dans les montées techniques. La solution est d’opter pour une version en 42 dents, mais il faudra alors vous tourner vers votre revendeur car cela implique une reprogrammation du moteur.

Caractéristiques

FICHE TECHNIQUE : Tailles : S, M, L – Modèle d’essai : M – Cadre : carbone haut module – Moteur : Bosch Performance CX – Batterie : Bosch Powerpack 500Wh – Fourche : RockShox Reba RL – Freins : Shimano M-506 ø180 mm – Dérailleur arrière : Sram GX – Pédalier : Miranda – pignon 15 dents – Commandes : Sram GX – Cassette : Sram PG-1020 11-36 – Moyeux : MDK-TP1 – Jantes : MDK-TP1 – Pneu av. : Maxxis Rekon EXO TLR 27.5X2.8 – Pneu ar. : Maxxis Ikon EXO TLR 27.5X2.8 – Potence : OnOff Stoic FG 30 mm – Cintre : Mondraker alloy 760 mm – Tige de selle : OnOff Notion – Selle : Mondraker XC – GEOMETRIE : Taille : M : Tube supérieur : 635 mm – Tube de selle : 435 mm – Angle de direction : 69° – Angle de tube de selle : 73,5° – Bases : 480 mm – Empattement total : 1 205 mm – Hauteur de boîtier : 305 mm – Reach : 455 mm – Stack : 630 mm.

Distributeur : Mondraker, Contact : www.mondraker.com

AUTONOMIE [star rating=”3.5″]
CONFORT [star rating=”4″]
MANIABILITE [star rating=”4″]
STABILITE [star rating=”3.5″]
PRIX/EQUIPEMENT [star rating=”3″]

[quote] On aime : Compromis rigidité/confort/tolérance, Concept Forward Geometry intéressant, Compromis
On regrette :Cassette en 11-36 inadaptée, Freinage pas au niveau, Pas de tige de selle télescopique d’origine.[/quote]