Lecture : le coureur et son ombre

Le nouveau livre d’Olivier Haralambon sortira le 11 Mai prochain. 

« Le cyclisme, c’est Poulidor, Richard Virenque et Lance Armstrong, ça sent le camphre et la chicorée, les fautes de syntaxe et l’EPO. Le cyclisme, c’est le Tour de France, qui nous paraît parfois si désuet. À rebours de cette idée, j’aimerais ici embrasser la liste des enchantements par lesquels je suis passé, à ne fréquenter que des cyclistes pendants des années, à ne vivre que comme eux, au point d’en être devenu un, ad vitam. J’ai dû me rendre à l’évidence : les livres ne rendent pas plus malins, la course cycliste oui. La course cycliste a la vertu de vous détromper.
Vous pensez sans doute que rien n’est plus simple, plus mécanique que pédaler, et qu’une course de vélo c’est Les Temps Modernes version aseptisée, clinique, sans Chaplin et sans la poésie. Vous ne soupçonnez pas qu’être fort et rouler vite sont deux choses absolument différentes. Que la pédale se recouvre, se caresse, bien plus qu’on n’y appuie. Vous les croyez des brutes, ils sont délicats comme des danseuses, subtils plus que bien des écrivains, faute de quoi ils n’avanceraient pas.
Des danseurs, des marins, des écrivains, des toreros, des poètes, des artisans de l’effort, des mystiques, des ascètes, ce que vous voulez, mais pas des sportifs. Oubliez ça, le sport. »

Né en 1967, Olivier Haralambon attend 1981 pour se percher sur le vélo de course qui le libère. Les courses cyclistes prennent bientôt toute la place. De la sorte il vivra dix ans. Reconverti dans la presse sportive, il reprend à 35 ans des études philosophie. Il est l’auteur du Versant féroce de la joie (Alma, 2014).