Le Val de Durance : un air de paradis

La Durance, jadis redoutée pour ses crues, est aujourd’hui un joli serpent d’eau apaisé entre montagnes et Provence. Sur ce territoire gorgé de soleil, le VTT s’est taillé la part du lion. Le terrain, abonné au calcaire et aux singles diaboliques, est toujours joueur, dans les senteurs enivrantes du Sud : thym, farigoulette et p’tit jaune au bout du sentier. Bienvenue au Val de Durance !

Le VTT chez Giono

Les sentiers s’adossent à la légendaire montagne de Lure, pays de Giono, et s’égayent dans toutes les directions comme un vol de bartavelles. Nous commençons par l’itinéraire du Pas des Bœufs. Le soleil débute sa course paisible et assommante. Même en été, en plein cagnard, le plaisir est immédiat. Nous vous recommandons néanmoins de partir à l’aube pour en profiter pleinement… Les montées, qui empruntent de larges DFCI, sont plutôt tranquilles. Elles sont suivies de belles descentes sur des singles étroits au cœur de vallons cachés par l’épais sous-bois. On rejoint le Pas des Boeufs pour un passage en crête, ouvert sur un horizon de montagnes et de garrigues. Nous traversons un gué rempli d’une eau claire, chose rare dans une Provence toujours assoiffée. Quand on rejoint le gîte de la Fernière, Raymond, le patron, en véritable Provençal, nous tend une carafe d’eau froide meilleure que du champagne. «La prochaine fois, venez ici à l’automne, vous aurez moins chaud ! En plus ici, y’a des champignons, peuchère, si bons mais si bons… Et des truffes aussi. Et ça, avec la ratatouille de Denise et un agneau de Sisteron… Eh ben vous restez là jusqu’à l’année prochaine, vé ! ”

Au rayon gastronomie, le Val de Durance, c’est une orgie d’abricots, de pommes et de fruits. Un vrai pays gorgé d’abondants vergers avec, par-dessus le marché, de l’huile d’olive, du miel à la lavande et tous les vins du terroir. Force est constater que Raymond a raison : on resterait rien que pour tous ces trésors du soleil ! Rimbaud devait être bien inspiré quand il écrivit dans son célèbre «Dormeur du Val» qu’on a tous plus ou moins bien récité à l’école :
«C’est un trou de verdure où chante une rivière
Accrochant follement aux herbes des haillons
D’argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c’est un petit val qui mousse de rayons
».

Les portes de Lure

Plus haut, c’est l’itinéraire des portes de Lure. La montée est plutôt sévère. A peu près 800 m sans coup férir. Elle laisse des souvenirs dans les mollets ! Mais qu’importe, comme toujours après un bel effort, c’est la récompense : une crête de rêve cernée de toutes parts par un somptueux territoire de collines d’un vert presque camaïeu, avec une multitude de brebis éparpillées et un ciel bleu et pur… La Provence sauvage offerte à nos roues avides ! «Regardons vers l’Est puis vers le Nord, puis nous aurons fait le tour ; le pays sera autour de nous comme une pastèque sucrée, et nous au milieu comme la graine.» Jean Giono, «Manosque des plateaux». Tout est dit !
La descente, tout en single, se faufile entre les buis centenaires et de gros fayards placides. Encore une crête. Le chemin dégringole à nouveau au milieu des collines, sur un terrain au grip idéal. Huit cent mètres plus bas, la colline s’est transformée en poêle à frire. Contraste saisissant du Val de Durance qui se pense à la fois montagne et garrigue, sans jamais vraiment se décider. Au village de Peipin, le bistrot possède un magnifique sirop de figue. Les savoureuses brèves de comptoir des habitués nous retiendront longtemps près du zinc… Allez, encore un peu de figues, histoire de résister au p’tit jaune.

Nous gardons pour la fin l’itinéraire des Grandes Côtes, un florilège hardi de tout ce que le Val de Durance peut offrir. En 13 km, vous prenez 520 m de montée suivis de singles comparables à une œuvre d’art.
«Le silence, la solitude, la marche des ombres et des lumières sur la terre, la douceur du vent, le parfum de l’air, la pureté de l’eau, l’écho des vallons. La terre, l’eau, le ciel, le feu sont pour vous seul. Les paysages sont personnels ; sur certains, votre œil est le premier à se poser.» Giono aurait fait du VTT…