KTM Lycan 653 : Coup de cœur

Avec les deux autres modèles de cette gamme Lycan 650B, le 653 se destine aux longues balades, randonnées ou autres marathons. Il constitue surtout une très bonne alternative pour découvrir ce nouveau diamètre de roue !

Le déport sur l’arrière du chariot de selle Ritchey est clairement de trop. Sur le plat ça passe à peu près, mais dans les côtes raides, la position est trop décalée sur l’arrière. En plus de ne pas être très bien posé pour appuyer en puissance sur les pédales, la roue avant devient trop légère. Un détail rapidement réglé en passant sur une tige de selle sans déport et l’occasion rêvée de monter la KS Lev. Non seulement elle correspond parfaitement à la géométrie, mais en plus elle est tout à fait dans le programme d’un vélo qui prévoit le maintien de la gaine sous le tube supérieur. Attention toutefois, il faut être vigilant sur un point dans le cas du montage de ce type de produit par rapport au débattement (de la tige de selle) et à la hauteur de selle. Ce Lycan, comme les Scarps et les KTM en général, est taillé long en tube de selle. Ici 530 mm, quand chez d’autres marques, pour la même longueur de tube supérieur, on est plutôt à 480 mm de longueur. Ce n’est pas un problème dans l’absolu, si ce n’est que choisir un vélo sur lequel on a une sortie de selle trop réduite peut poser un problème avec les tiges de selle ajustables offrant 125 voire 150 mm comme sur la nôtre. Le risque, selle haute, c’est d’être trop haut pour pédaler. Ici, avec encore 40 mm de marge, ça passe sans problème. Ajustable ou pas par une manette au guidon, ce qui paraît important sur cette géométrie est de rapidement passer sur une tige de selle sans déport pour être centré au mieux sur le vélo.

Des composants de choix

Second constat, c’est ce qui revient systématiquement à l’esprit au fur et à mesure qu’on découvre le potentiel de ce vélo proposé à un si petit prix. Côté équipement, seule la tige de selle peut être remise en question pour la raison déjà évoquée, mais c’est bel et bien le seul et unique composant qui puisse poser problème. Le groupe SLX est vraiment une petite merveille de fonctionnement et, on ne se lasse pas de le dire, grâce à l’option Shadow + et un système de freinage complètement bluffant, il semble impossible à prendre en défaut. Que dire de cette patte Direct Mount pour le dérailleur arrière qui facilite grandement les manipulations de la roue arrière, même si, c’est vrai, il impose un nouveau standard et donc des références supplémentaires en magasin. Côté poste de pilotage, quel bonheur de trouver un cintre, modeste sur le papier certes, mais parfaitement adapté en mensurations. On aime l’ergonomie de la manette Push Lock qui actionne le verrouillage/déverrouillage de la fourche ainsi que celle des poignées Lock-On qui constituent une interface de choix entre le pilote et sa machine… Ok, mais ça ne fait pas tout !

Pour le reste, quand ça monte, quand ça descend ? Si on pouvait rouler sans voir le vélo sur lequel on est assis, on aurait du mal à croire qu’il n’arrive pas à 2 500 €. Le rendement est déjà très intéressant et permet de s’attaquer dans de bonnes conditions à n’importe quel parcours de “vrai” VTT. Crapahuter ne lui fait pas peur et se fait dans de bonnes conditions (une fois la tige de selle modifiée) grâce au triple plateau. Débouler sur les singles plats ou vallonnés est un vrai plaisir. C’est vrai, le poids ne peut être occulté, mais ramenée au prix et au fonctionnement, cette notion se relativise facilement. Avec sa suspension et un amortisseur RockShox parfaitement calibré sur chacune des trois positions qu’il offre, on peut opter soit pour un confort balade, soit pour un rendu plus ferme et adapté à des portions plus lisses. Les roues participent largement au poids global du vélo, mais avec des pneus à 565 g pièce, convertis en tubeless comme ici, on conserve une qualité de roulement très correcte. C’est un peu la concession obligée qui peut grever les qualités de descendeur du Lycan. L’essai du vélo avec les Michelin Grip’R nous le confirme. Nettement plus difficile à hisser au départ d’une descente, cet autre train de pneus aura aussi montré qu’avec une gomme optimisée pour apporter un maximum de grip, le Lycan, associé à la tige de selle télescopique, pouvait se transformer en (quasi) vélo d’enduro ! Même si, pour en arriver là, il aura fallu quand même réaliser deux modifications.

Envie de pédaler !

Avec les pneus Schwalbe, l’équilibre montée/descente est meilleur : moins permissif en attaque dans la pente et les dévers qu’avec les Michelin, mais aussi beaucoup plus facile dans les bosses. De là à dire qu’il faut avoir un deuxième train de pneu plus orienté enduro, il n’y a qu’un pas que nous franchissons. Au cours de cette phase de découverte du Lycan 653, une journée précise apportera un éclairage surprenant sur ce potentiel. Au hasard d’une virée au pied du Ventoux, on tombe sur un spot mi-DH, mi-dirt. Des creux de huit mètres entre les bosses, des road gaps aux réceptions “mal plates”… autant de situations dans lesquelles on n’imagine pas jeter un “petit” 125 mm, fusse-t-il en roues de 27.5″. Un poisson dans l’eau ! Alors équipé des Michelin, l’engagement fut à la hauteur de la confiance qu’il inspire. Aussi stable en l’air qu’au sol, le Lycan 653 a montré qu’il pouvait être très largement utilisé et il est vrai que dans ce contexte-là, jamais il ne parut trop lourd… Tout ça, c’est grâce à ces roues en 27.5″ ? Oui et non… La quantité non négligeable des vélos testés dans les trois diamètres principaux (il existe aussi du 24 pouces et du 32 !) montre qu’il n’y a pas de règles qui soient absolues s’appliquant systématiquement en fonction du diamètre des roues. On a vu des 29 trop maniables et des 26 pas assez alors que les idées reçues tendent à affirmer le contraire. Un vélo est une alchimie, un ensemble de paramètres (géométrie/débattement/équipement/poids/prix…) qui se combinent, se conjuguent pour donner un résultat propre à chacun, une sorte d’ADN. La qualité d’un vélo réside dans les proportions de chaque ingrédient qui lui donne un profil, un comportement, un caractère. Ce qui est certain, c’est que pour son Lycan 653, KTM a trouvé une recette qui permet au pilote de se sentir bien sur le vélo. Mieux, il donne envie d’aller pédaler ! Une sorte de Graal pour un chef produit.