Haibike Sleek RC EI Shock : Binôme gagnant !

Haibike est l’une des trois marques du groupe Accell à bénéficier de l’amortisseur intelligent E:i Shock. En choisissant le nouveau Sleek 29 RC équipé d’origine du système, Haibike fait une opération “coup double” !

Le système E:i Shock

Les équipements sur le vélo ?Le kit se compose d’une batterie (et de son chargeur annexe) garantissant environ vingt heures d’autonomie, d’un amortisseur RockShox RT3 équipé d’un servomoteur, d’un capteur de cadence dans le boîtier de pédalier, d’un écran d’affichage, d’une commande électronique pour sélectionner les modes et faire défiler les indications sur l’écran, un capteur de vitesse/accéléromètre et d’un capteur/calculateur support de l’écran pour pivot de fourche 1″1/8. Tout ce petit monde est relié par des fils. Le cadre doit être “E:i Shock compatible” pour intégrer au maximum ces fils et fixer la batterie. Le capteur de cadence s’adapte aux roulements de pédalier BSA ou PressFit. L’ensemble est affiché à 350 g (hors amortisseur). Esthétiquement, le seul point gênant vient de la grosse gaine qui permet aux fils qui remontant du bas de la fourche d’être couplés à la Durit® de frein et d’une manière générale, aux fils qui gravitent autour de la potence. Pour une première génération, ça reste plutôt pas mal. On imagine forcément une version sans fils où, outre le gain esthétique, la vulnérabilité de ce type de liaison se réduirait largement, mais à quel prix ?

L’écran d’affichage : vrai compteur ou pas ?Premier point, l’écran d’affichage ne sert pas de “clef” au système qui peut fonctionner sans. On ne sait plus sur quel mode on se trouve, mais le comportement nous le dit vite. Il donne les principales indications comme sur un compteur classique : cadences de pédalage (instantanée et moyenne), vitesses (max et moyenne), distances (totale et partielle), l’heure, les chronos avec fonction “autostop” bien utile et la température. Il indique aussi le niveau de charge de la batterie du système (le compteur fonctionne lui-même de manière autonome avec une pile CR-2032) et le mode utilisé. Il dispose de deux boutons, mais les indications peuvent défiler grâce à un bouton situé sur la commande à distance. Aucune fonction cardiaque.

Comment ça marche ?

On trouve E:i Shock sur des vélos dont les suspensions vont de 100 à 160 mm. Ce système électronique adapte le fonctionnement de l’amortisseur (et donc de la suspension arrière) en régulant la compression basse vitesse et ceci, en fonction du mode sélectionné et du type de terrain. Les modes proposés sont : fermé, ouvert, auto, et moyen. Il est constitué de deux capteurs/calculateur (support écran et capteur de vitesse sur la fourche) qui perçoivent et analysent les informations sur l’amplitude et l’intensité des impacts que la fourche encaisse. Un capteur de cadence situé dans le boîtier de pédalier le renseigne également sur l’action de pédalage. Ces trois indicateurs agissent uniquement sur le fonctionnement du système en mode auto qui est de loin le plus intéressant à utiliser dans la mesure où il a pour vocation de gérer seul tous les types de terrains et de pratiques. C’est une sorte de “Super Mode” qui va utiliser les différentes options proposées par le système (fermé, ouvert et moyen) en fonction des besoins. Ce mode auto reste largement dépendant de la manière dont la fourche travaille et donc de ses réglages. Une fourche trop dure (trop d’air) qui s’enfonce peu sur les impacts entraînera une perte de sensibilité et inversement. En mode auto, le système dispose de son propre réglage de sensibilité de détection des chocs allant de 1 (très confortable) à 5 (très ferme). Un niveau de sensibilité qui se définit dans les paramètres de réglage de l’écran.

Le mode auto fonctionne ainsi : lorsque le pilote pédale, l’amortisseur passe en mode fermé pour optimiser l’action. Si le terrain est lisse, que ça monte ou que ça descende, il reste en mode fermé. La fermeture agissant sur la compression basse vitesse uniquement, l’amortisseur est figé autour de sa précontrainte (entre 25 et 30% de sa course selon l’inclinaison de la pente), mais conserve une très légère activité. Cela signifie que dans les côtes raides, le vélo s’assoit un peu plus sur l’arrière, que l’assiette du vélo varie. Toujours pendant le pédalage (indifféremment assis ou debout), si la fourche est bloquée via un levier mécanique totalement indépendant du système, à part sur de gros impacts, l’arrière restera fermé. Si la fourche est débloquée et qu’elle travaille, même en montée, elle pourra libérer instantanément la compression de l’amortisseur : d’abord sur “moyen” puis sur “ouvert” selon l’intensité du choc et le niveau de sensibilité sélectionné. C’est autour de cette adaptation-là du système que réside tout l’intérêt du E:i Shock, de son temps de calcul et de réaction : le “fameux” 0,1seconde qui correspond au temps que la roue arrière met pour rencontrer l’impact perçu à l’avant à une vitesse de 36 km/h. Le pilote s’arrête de pédaler, le système interprète une descente, il passe en mode ouvert au bout de deux secondes, sauf si dans ce bref intervalle un impact a déclenché un des deux niveaux d’ouverture. Voilà pour le mode auto. Le sélecteur idéalement placé contre la poignée gauche permet de passer sur les autres modes qui perdent alors toute corrélation avec le fonctionnement de la fourche. Sur “fermé”, l’amortisseur restera figé, même s’il peut travailler légèrement selon les impacts. Sur “ouvert”, c’est compression et fonctionnement libres de la suspension arrière. Dernier point important, en cas de panne de batterie, l’amortisseur se positionnera sur le mode ouvert…

Et alors, ça marche ?

Le seul regret, à moins de sélectionner le mode »moyen”, est qu’en mode auto il n’est pas possible de rouler, en descente, sur le niveau de compression intermédiaire qui convient mieux au pilotage agressif… On peut parfois regretter dans une montée technique où l’avant est sensiblement (involontairement) ou franchement (volontairement) délesté pour franchir un obstacle que la suspension arrière ne soit, de fait, pas ouverte pour améliorer le franchissement et sa motricité. Pour le reste, le mode auto permet au vélo de s’adapter sans compromis au terrain. La fourche restant alors le seul paramètre à ajuster si elle dispose d’un blocage. On rappelle l’importance de son réglage initial pour en avoir fait l’expérience : trop dure au début (par choix), le système s’est mal accommodé de cet excès de fermeté entraîne une perte de confort et de motricité. Autre remarque qui n’est pas un regret sur le Haibike en 110 mm : il est probable que sur des cadres en 140 voire 160 mm, le besoin de baisser l’avant dans les côtes les plus raides et réorienter l’assiette du vélo se fasse sentir. En effet, comme évoqué, même avec la compression basse vitesse fermée au max (mode fermé), la suspension s’enfonce jusqu’au du SAG, voire plus. Dans ce cas précis, le comportement de la suspension arrière reste également directement lié à la cinématique qui lui est propre. J’ai tout essayé pour prendre le système en défaut, mais il n’y a rien à faire, sa sensibilité et sa rapidité dépassent largement le potentiel de réaction par rapport à un être humain. Ce dernier a pour avantage, parfois de pouvoir anticiper mais à choisir, vu la rapidité analyse/transmission du système, autant le laisser gérer. Il peut cependant s’avérer intéressant de passer en Medium pour une descente négociée le couteau entre les dents où dans une côte technique pour être certain de conserver une bonne motricité. Le mode ouvert pourra apporter un confort un peu supérieur et le mode fermé… n’apportera rien que le mode auto n’apporte déjà.

Et notre Sleek 29 RC ?

C’est vrai qu’avec tout ça, on en oublierait presque de parler de l’autre belle surprise de cette découverte. Le Sleek 29 RC est aussi une nouveauté. Déclinaison 29″ de la version 26″ existante, il n’a pas été simplement “adapté” aux grandes roues, il a aussi été retouché au niveau de la suspension arrière par Shift Up, la société créée par Pierre-Geoffroy Plantet avec deux associés. Cette base de cadre en carbone conserve le même esprit de vélo marathon qui doit avant tout apporter du rendement. L’intervention de Shift Up a eu pour objectif de bonifier la cinématique du 26″ en lui donnant plus d’homogénéité. Sur la version 2011 du 26 pouces, elle avait tendance à avoir “un point dur” au déclenchement puis à être un peu trop linéaire. Sur le Sleek 29 RC, on retrouve une vraie notion de sensibilité et de confort qui pouvait faire défaut à l’ancienne version du 26. En revanche, si en matière de progressivité c’est mieux, il lui en manque encore un peu pour être parfait. Un volume d’air moindre dans le Monarch RT3 suffirait. Pour le reste, ce Sleek aura été un bonheur à utiliser. Son comportement dynamique est exceptionnel pour un 29″. Avec châssis composite bien fait auquel on ajoute une paire de roues Crank Brothers particulièrement performante en terme de rigidité latérale, il ne pouvait en être autrement.

Seul regret, la fiabilité du moyeu arrière et des roulements qui vieillissent un peu trop prématurément. Le bénéfice de ce comportement se traduit aussi par une précision supérieure à la normale pour un 29″. La roue avant reliée par un axe de 15mm à la Sid donne, avec les caractéristiques de la colonne de direction et celle du poste de pilotage, un vélo vraiment agréable à piloter, tant que les pneus tiennent… Rien à dire sur la géométrie parfaitement cohérente avec ce type de pratique. Bien posé pour pédaler même si les purs crosseurs trouveront le cintre un peu haut, la position pour descendre est largement aussi favorable que pour grimper. Un ensemble tonique, équipé d’une transmission en 24×38 elle aussi cohérente. Une transmission qui laisse tout de même un point en suspens : grand plateau, grand pignon, la chaîne vient frotter la gorge du dérailleur avant dès que la suspension arrière se comprime de quelques millimètres. Dommage, ce n’était pas le plus compliqué des problèmes à régler. Presque que du bon pour ce modèle RC qui place certes l’expérience E:i Shock à près de 4 500 €, mais qui vous donnera un réel sentiment d’invincibilité lorsque vous entendrez vivre votre machine au rythme de son servomoteur et ça, ça aide à relativiser.