Fusion Freak Team : Retour fracassant !

Après trois longues années d’absence, Fusion revient sur le marché avec trois nouvelles plateformes dont le Freak Team, un enduro en 165 mm de débattement qui a la lourde tâche dès son arrivée de devoir porter sur ses jeunes épaules le segment le plus porteur du moment.

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[tab title=”Prix”]4 818 €[/tab]
[tab title=”Poids”]13,5 kg[/tab]
[tab title=”Débattement”]Déb. av. : 160 mm | Déb. ar. : 165 mm[/tab]
[tab title=”Usage”]Compétition, rando-sport, vallonné, montagne.[/tab]

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Si vous vous posez la question de pourquoi cette interruption avec la production de vélos pendant trois ans, la réponse est que la marque allemande a souhaité revoir et optimiser son outil de production. Un pari osé, mais qui semble avoir porté ses fruits. Maintenant que c’est fait, Focus revient avec de nouveaux modèles. Nouveaux même s’ils reprennent les noms d’avant. Le premier réflexe, outre de jeter un coup d’œil à l’aspect général du Freak Team, c’est de regarder le diamètre des roues. « Tout ce qui est au-dessus de 160 mm reste en 26”, c’est notre choix » anticipe Gabriel, monsieur marketing Fusion, et bien sûr, on le respecte. Quand on voit que certaines marques de composants commencent à ne plus décliner certains produits dans ce diamètre, on espère juste que le marché conservera suffisamment de choix d’ici deux ou trois ans pour les derniers irréductibles du 26 pouces ! A demi-mot, on comprend que du 27,5’’ va arriver très vite, mais dans des débattements inférieurs. En attendant, ce nouveau Freak a une bonne gueule avec son cadre alu hydroformé, son poste de pilotage imposant et son look noir agressif.

Dans le détail, on note que toutes les articulations des suspensions sont en U avec deux roulements à chaque fois. Fiabilité et rigidité optimales. C’est aussi pour ce genre de détail que le poids du cadre (3 450 g sans amortisseur) n’est pas particulièrement à mettre dans la case des points positifs, mais on ne peut pas tout avoir… Il faut savoir que Fusion a été la première marque à proposer une suspension avec amortisseur flottant (poussé par le bas et par le haut 35/65%) avant Trek, Mondraker et les autres. Il est intéressant d’apprendre que si le Horst Link n’est plus sous brevet depuis 2013, Fusion conserve pour dix ans une exclusivité sur la combinaison avec son Floating Link. Les caractéristiques du système Fusion sont un centre de gravité bas, une biellette courte, une absence de nécessité de plateforme, un ratio plutôt bas (2,6) et surtout une compatibilité avec la plupart des amortisseurs du marché, c’est en tout cas ce que Stephan, l’ingénieur, a tenté de faire. « On ne voulait pas faire un amortisseur trop particulier et compliqué à régler. » Pour les caractéristiques du cadre, on peut souligner l’utilisation d’un boîtier fileté avec plot ISCG, d’un dérailleur avant type E, d’un disque arrière en 180 mm minimum… Difficile de ne pas remarquer une transmission atypique qui marie Sram (manettes et dérailleur arrière) et Shimano (chaîne, cassette, pédalier et dérailleur avant), le tout verrouillé par un système de tendeur double plateau Truvativ. Sur un plan plus général, on peut rajouter qu’au moment du roulage (mi-novembre), il y avait encore des discussions ouvertes pour la distribution de Fusion en France, mais il est probable que l’Allemagne conserve les manettes et que des agents aient la charge de trouver les points de vente dans l’hexagone. Tout sera vite statué et les vélos rapidement disponibles, on nous l’a assuré.

Du bon sens !

Pour commencer notre essai terrain, l’amortisseur arrière est réglé à 25% d’enfoncement, soit 170 Psi pour 80 kg tout compris. « Tu n’auras pas besoin d’utiliser le levier du Monarch » lance Gabriel ! On les connaît les responsables marketing, ils nous disent tous plus ou moins la même chose : « ce vélo est incroyable ! » mais Gabriel ponctuera juste d’un : « je te laisse rouler et te faire ta propre opinion… » Rapidement je me rends compte qu’il a raison. Le vélo ainsi réglé ne bouge quasiment pas. Pourtant très sensible, il semble très peu réactif aux efforts liés au pédalage assis. Evidemment en danseuse, c’est différent. L’amortisseur n’oscille que très peu dès lors qu’on reste assis sur la selle. Même lorsqu’on passe sur le petit plateau pour attaquer des portions plus raides, le vélo conserve une bonne assiette. Bonne, en tout cas suffisamment équilibrée pour rendre possible le franchissement de belles côtes pentues. L’intérêt du double plateau est ici flagrant.

Confortable, efficace naturellement par les propriétés de la cinématique, on apprécie aussi vraiment la position. Indispensable avec un 26 pouces aux bases courtes, le Focus adopte un reach important que l’on doit à un tube de selle bien redressé pour conserver à la fois la stabilité d’un avant long en descente et un centre de gravité sur l’avant en côte. Simple et efficace, pourtant toutes les marques n’appliquent pas toujours cette recette de bon sens. A ces éléments favorisant le plaisir de pédaler, il faut ajouter des roues au pep’s prononcé et un cadre plutôt rigide latéralement. Dynamique et confortable, ce vélo prouve, à ce stade, que pour grimper, un 26” bien taillé avec une cinématique efficace reste une valeur sûre. Les portions plates et vallonnée ne présentent pas, dans ces conditions, de difficultés particulières, même pour un vélo à près de 14 kg. Comme toujours, le train roulant, lorsqu’il est de cette qualité, offre la meilleure des garanties dynamiques. Les premiers virages à plat montrent un caractère très sain malgré des pneus moyens en grip. On prend plaisir à faire de grandes courbes d’un côté à l’autre d’un chemin large en resserrant progressivement le rayon pour prendre la mesure des réactions du Freak Team. Comme à chaque fois, la fourche RockShox Pike apporte beaucoup et trouve dans le comportement de l’amortisseur RockShox Monarch à l’arrière, un écho à la mesure de ce qu’elle apporte, ou presque. Convaincu pour ce qu’il est des aptitudes du Freak au pédalage, avec effectivement la relative inutilité d’actionner la plateforme de l’amortisseur, c’est confiant que les premières portions pentues sont abordées. Et ce ne sera pas si simple… En effet sur les premiers impacts rapides, l’arrière du vélo montre une fermeté parfois trop prononcée, avec pour seule option la réduction de la précharge en air de l’amortisseur. La précontrainte est passée de 25 à 30 puis 35%, soit 150 Psi. Il faudra arriver à cette valeur pour perde ce côté “dur” et que le Freak ne devienne un total bonheur à utiliser, surtout dans les portions très accidentées. Oui mais voilà, réaction en chaîne oblige, à la première ascension suivante, on se rend bien vite compte qu’entre 25 et 35% d’enfoncement, le vélo ne réagit plus de la même manière lorsqu’il faut remonter. Les deux nouveaux éléments sont une assiette qui va trop loin sur l’arrière et des manivelles qui se mettent à venir embrasser le sol un peu plus souvent. C’est là que je vais faire mentir Gabriel en ayant recours systématiquement au levier dès lors que le pourcentage à gravir impose de passer sur le petit plateau. Pourquoi ne pas baisser l’avant au moyen d’un débattement variable ? Ce n’est pas la solution, car il accentuerait la fréquence de contact entre les pédales et le sol. Pas de problème finalement puisque le levier qui agit sur la dureté du début de course de l’amortisseur, joue un rôle de correcteur d’assiette dans une mesure suffisante pour ne pas aller chercher ailleurs la solution. Prendre ce parti, c’est accepter d’aller le chercher assez bas sur le vélo, à l’endroit où est positionné l’amortisseur. Un emplacement volontairement choisi là pour abaisser au maximum le centre de gravité. Pour couper la poire en deux, on pourra suggérer de commencer à 30% de précontrainte, mais il manquera encore un soupçon de “douceur” derrière. Le problème c’est qu’avec une autre fourche, on trouverait certainement le comportement déjà très suffisant, mais la Pike apporte un tel niveau de… tout, que le moindre décalage à l’arrière devient une évidence. Ce large paragraphe consacré à la relation précontrainte d’amortisseur/descente/montée ne doit pas éluder le reste du comportement et des atouts du Freak Team. On peut souligner le fait que la géométrie apporte un équilibre stabilité/maniabilité très homogène. Probablement grâce à sa bonne longueur avant et son cintre large. En tout cas, c’est sur les appels et dans les sauts qu’on apprécie le plus cette stabilité. Et que dire de la progressivité exemplaire des suspensions offrant une réception idéalement amortie ! On ne revient pas sur les atouts du freinage et une transmission qui montre que le panachage peut avoir du bon. Il demeure toutefois certain qu’avec du tout Sram ou du tout “Shim”, on aurait obtenu un comportement de même niveau. En tout cas en intégrant un tendeur de chaîne, le déraillement n’est, quoi qu’il en soit, plus un problème.

Quel plaisir de retrouver Fusion et surtout de retrouver le Freak à ce niveau de fonctionnement. Est-ce parce qu’en ayant été développé ici, dans le Sud est de la France, il se sent comme à la maison ? Peut-être, en attendant, voilà un nom de plus à rajouter sur votre liste si vous avez l’intention de changer votre vélo d’enduro.

 

Fiche technique :

Tailles : S, M, L, XL
Modèle d’essai : L
Fourche : RockShox Pike RCT3
Amortisseur : RockShox Monarch RT3
Freins : Avid XO Trail av. Ø 200 mm, ar. Ø 180 mm
Dérailleur avant : Shimano XT, Truvativ X2 Chainguide
Dérailleur arrière : Sram X0 Type 2
Pédalier : Shimano XT , 24/38
Commandes : Sram X0
Cassette : Shimano XT, 11/36 10 v.
Roues : DT Swiss XM 1501
Pneus : Continental Mountain King Protection, 26×2.40
Potence : Race Face Atlas
Cintre : Race Face Atlas
Tige de selle : RockShox Reverb Stealth, Ø 30,9 mm
Selle : Selle Italia SL
Distributeur : Fusion. bikes@fusion-bikes.de

[quote] On aime : Confort ; plateforme de pédalage naturelle ; comportement des suspensions ; comportement dynamique ; géométrie moderne.
On regrette : Nécessité de jouer sur le levier de l’amortisseur pour ajuster l’assiette du vélo en côte avec 35% de précontrainte ; pneus [/quote]

 Rendement : [star rating=”4″]
Confort :  [star rating=”5″]
Maniabilité :  [star rating=”4″]
Stabilité :  [star rating=”5″]
Prix/Equipement :  [star rating=”4″]

 Photos Vincent Juliot