Focus First Pro : de solides arguments

Très présents sur le marché outre-Rhin, les Allemands de Focus passent la frontière avec des ambitions élevées. La preuve avec le First Pro.

Tous les réglages sont accessibles en roulant (pas besoin de se contorsionner comme une gymnaste chinoise !). Et on obtient un look rare, impossible à croiser à chaque détour de chemin. La biellette en aluminium attaquant la suspension arrière d’inspiration «FSR» est parfaitement réalisée. Elle évite les torsions parasites, toujours néfastes à la longévité et à l’efficacité. Elle aurait gagné à être un peu plus «aérée» au niveau de l’usinage mais serait-elle demeurée aussi rigide ?
Une fois sur le vélo, on se sent tout de suite à l’aise, ni trop allongé, ni trop ramassé. «Normal», nous dit l’importateur : c’est une taille S ! Oups, les cadres taillent grand… L’Europe n’a pas encore uniformisé les morphologies ? Votre serviteur, qui mesure 1,73m, était parfaitement posé sur ce modèle. Attention au moment de l’achat : essayage impératif pour éviter toute déception et surtout pour tirer la quintessence de la bête. Ce VTT avait été présenté au Roc d’Azur et c’est sur le parcours du Roc Pro que cet essai s’est déroulé.

Les Allemands de Focus passent la frontière avec des ambitions élevées.

Au pédalage, avec le ProPedal enclenché (c’est-à-dire le réglage de durcissement de l’amortisseur sur le début de compression), le vélo se comporte fermement, relayant bien chaque rotation de jambes. L’effort est transmis à la roue arrière sans dispersion. Les premières difficultés arrivant, on se rend compte qu’en libérant le ProPedal d’une pichenette de la main, le comportement du First Pro en montée est redoutable. La roue arrière colle aux rochers, avec une oscillation arrière un peu marquée. Comportement bien relayé par d’excellents pneus Continental Race King 2.20 qui offrent une accroche parfaite sur ce type de surface, sans grever le rendement. Dans les forts pourcentages limite trialisants, la direction se fait un peu légère. Il convient alors d’adopter une position de «danseuse plaquée» en positionnant les fesses sur le bec de selle. On garde ainsi la motricité nécessaire aux franchissements ainsi que le contrôle de la direction.

Mais le Roc, c’est aussi de forts belles descentes et là, on entre dans une autre dimension… La rigidité du cadre favorise le travail de la suspension, impressionnant. Les aspérités de la piste sont gommées, confirmant le bien-fondé du choix de l’amortisseur Fox RP23. Le comportement du vélo ne serait pas aussi bon si la fourche ne se mettait pas au diapason. Merci au chef produit pour le choix de la Rock Shox Reba en 120 mm ! Son fonctionnement, optimal, transcende le vélo. Les vitesses obtenues au guidon sont impressionnantes et les autres concurrents deviennent des plots entre lesquels il faut slalomer (dans le fair-play et le respect !).
Cette stabilité bluffante en descente se paye un peu au moment de tourner. Le vélo a du mal à s’inscrire dans les virages. Il faut bien se positionner et ne pas hésiter à le balancer dans les courbes. C’est quand on se loupe qu’on apprécie le plus le mordant des freins Avid Elixir en 180 mm. Une pression sur les leviers et la vitesse redevient raisonnable. Ou alors on fait tourner le châssis au frein arrière, promptement mais sans violence. En voyant l’arrivée se profiler, on se dit que ce spad était un excellent compromis pour ce type de parcours. Une position bien équilibrée, le confort de la selle et des poignées lock-on, la souplesse de fonctionnement du groupe Shimano XT/XTR, le mordant des freins Avid… Tout participe à une belle partie de plaisir. N’est-ce pas cela, la vraie vie ?