Découverte : L’Isère à Corps et à cris

Pour ce premier rendez-vous de la nouvelle année, le crew Intense Vtopo nous emmène dans le sud de l’Isère. De Corps à Saint-Baudille-et-Pipet, ils nous font une fois encore découvrir des singles de toute beauté.

Les sorties en montagne pour le crew se multiplient. Bien sûr nous avons toujours aimé les virées alpines, mais depuis cette année, on peut vraiment dire qu’un cap a été franchi. L’appel des cimes est très fort. Nous terminons le mois d’août en apothéose avec un superbe trip dans les Hautes-Alpes où nous enchaînons jusqu’à 4 000 m de dénivelé négatif par jour durant cinq jours ! Que du pur single de montagne, pas de stations, de virages relevés, de bosses chapées ou de passerelles. Non rien que du trail, du vrai, avec des ambiances exceptionnelles. Feu de camp, grillades, bain dans les torrents, belle étoile… Puis, ce fut le temps de la rentée et son lot de routines : la reprise, les enfants à l’école, le taf. Mais l’appel de la montagne est plus fort. Nous rêvons encore d’air pur et de grands espaces. Mais nous ne souhaitons pas que rêver, alors nous concrétisons ce que nous avons imaginé en secret. Après encore quelques virées dans les Hautes-Alpes, nous mettons le cap vers les Alpes-Maritimes, pour deux journées d’évasion exceptionnelles avec des potes. Deux dénominateurs communs : la bonne ambiance et les trails magiques. Ce sont nos deux ingrédients de base.

Pour cette nouvelle découverte, direction l’Isère, un territoire que le Crew a encore peu visité…

Dans cette course aux trails de montagne, il existe un secteur que je souhaitais découvrir depuis longtemps. L’Isère ! Aucun de nous ne le connaissait. Par chance, c’est un secteur que nos auteurs Vtopo, Kevin et Yves, sont en train de parcourir pour la parution au printemps 2014 du Vtopo Isère Tome 2. Après avoir quadrillé la zone, je décroche mon téléphone et appelle mes gars. Et bingo, j’ai vu juste. Pour eux, ce territoire est magique. Il confirme les trails que j’avais envisagés et cerise sur le gâteau, m’en propose un autre, le plus beau de tous dans le coin selon leurs dires. Bref, j’en salive d’avance. Je débriefe de ces infos avec Nico et Narbaix. On trépigne et, rapidement, on cale une date. Vu que nous allons devoir parcourir deux spots distants d’une bonne trentaine de kilomètres chacun par la route, nous décidons de trouver un chauffeur qui pourra nous faire quelques déposes. C’est l’occasion d’en manger encore plus ! Sur ce coup, le père de Narbaix, alias “Popi” répond toujours présent. Un vrai bonheur de partager cette journée avec lui.

15 article(s) « de 15 »

© Vtopo

Comme d’habitude, le réveil est très matinal, ce n’est même pas le matin, mais la nuit. Nous souhaitons être sur place vers huit heures. Vu qu’il y a trois heures trente de route, je vous laisse imaginer l’heure du réveil… Je récupère mes collègues sur Aix et nous prenons la route en direction des Alpes. Pour cette journée, nous allons poser les crampons dans le sud de l’Isère, plus précisément dans le secteur de Notre Dame de la Salette, un lieu de pèlerinage très connu en France. Nous sommes juste derrière le Champsaur, à quelques encablures de l’Obiou, et au sud de l’Oisans. Bref, c’est un spot de choix ! Alors que nous arrivons à Corps, nous effectuons une petite halte pour acheter les victuailles du jour. Il fait six degrés et la vallée est enveloppée d’un épais brouillard. Une ambiance humide et froide règne dans le village. Le ton est donné. A la sortie de Corps, nous grimpons la route qui doit nous mener au sanctuaire. Aux alentours des 1 300 m d’altitude, nous perçons la couche de brouillard pour découvrir un grand soleil. En quelques minutes la température grimpe, nous gagnons sept degrés ! C’est à peine croyable. Nous arrivons sur le parking de Notre Dame de la Salette. L’endroit est immense, un peu froid. On imagine, vu la taille du parking, le nombre de cars que peut accueillir le site en période de pèlerinage. L’édifice est magnifique et imposant. Dans des conditions météo plus difficiles, on pourrait rapidement s’imaginer se trouver devant l’hôtel Overlook du film Shinning. Pour ceux qui connaissent, ils comprendront mon sentiment. Nous faisons le tour de l’édifice, le vélo est interdit, il faut donc pousser nos Intense. Avant d’attaquer les trails, nous en profitons pour pénétrer dans la grande église. C’est aussi ça le bike : découvrir, visiter, comprendre et apprendre.

Avant de nous élancer, nous prenons le temps de visiter Notre Dame de la Salette…

Une fois ressortis, nous avons décidé de grimper jusqu’au col de l’Eterpat pour découvrir la vue qui se cache plein nord. Il faut simplement pousser le vélo sur presque 200 m de dénivelé. Du col, il est possible de grimper (en portant et poussant) jusqu’au Gargas à 2 208 m. Aux dires de Kevin et d’Yves, c’est un superbe belvédère sur la région. Et le single qui en redescend est vraiment sympa. Toutefois, l’heure tourne, nous avons pris pas mal de temps pour faire nos premières images. Nous préférons zapper cette ascension de notre programme. Par le même chemin, nous redescendons au sanctuaire. Le trail n’est pas technique en soi. Mais le fait que le chemin soit très creusé et étroit nous pose finalement quelques difficultés à le rider avec fluidité. C’est vraiment dommage. En plus, il a plu quelques jours avant. Du coup, nos pneus sont scotchés au sol. Impossible de faire glisser nos roues. Alors que nous doublons Notre Dame de la Salette, nous attaquons le GR50 qui descend en contrebas. L’itinéraire est superbe. Le trail est suspendu dans les alpages. Les épingles se succèdent. Quelques passages rocheux bien techniques pimentent la descente. Bien plus bas, nous jouons avec les feuilles mortes, à la recherche de la meilleure glisse. Un vrai bonheur. Pour descendre sur Corps, nous effectuons un crochet par Peyrague et sa belle descente boisée. La première partie est étroite et le vide jamais bien loin de nos crampons. En cas de chute, pas de falaise bien sûr, mais rapidement quelques mètres de dénivelés négatifs gratuits… Il faut rester concentré, porter son regard loin et anticiper. Plus bas, les épingles s’enchaînent. Le trail est vraiment magnifique. Depuis le col de l’Eterpat, nous venons de parcourir 1 300 m de dénivelé négatif sur des singles vraiment magnifiques. Popi nous attend en bas. Il nous remonte au sanctuaire. De là, nous suivons un chemin à flanc de falaise qui grimpe en pente régulière jusqu’au col d’Hurtières. Le paysage est à couper le souffle. Le fait de pouvoir rester sur le vélo et de pédaler non-stop participe au bonheur.

Parfois techniques, toujours magnifiques, les sentiers de l’Isère procurent un max de plaisir…

Au col, nous sommes à 1 827 m. La descente face nord nous attend. Les premiers panneau d’avertissement de danger arrivent, cette section est d’ailleurs interdite aux vélos. Raisonnablement, plutôt que de rebrousser chemin, il est préférable d’effectuer les deux cents premiers mètres à pied. Cela n’enlève rien au bonheur qui est derrière, et évite de vous tuer bêtement. On ne meurt jamais intelligemment, certes, mais là, s’engager sur le bike sans être certain de sa technique serait vraiment stupide. Nous avançons prudemment et le trail qui s’ouvre à nous est splendide. Accroché à une grande falaise, nous cheminons à mi-hauteur. Suspendu au vide, le single a été taillé dans la roche. Avant le premier tunnel, un rétrécissement demande une bonne attention pour ne pas faire de faux pas. Nous restons sur le vélo, c’est vraiment grisant. Nous passons un premier tunnel. Quelques mètres percés dans la roche et nous ressortons de l’autre côté. Plus bas, une nouvelle arche de pierre survient et rapidement nous quittons la falaise et la zone exposée. La suite se déroule sur un single fluide, rapide et magnifique. Les mélèzes sont de toute beauté. Les épingles s’enchaînent. Plus bas, la traversée d’un alpage est assez cassante. Mais le passage est court. La suite, tout en fluidité, est prometteuse. Pour le finish, après plus de 800 m de dénivelé négatif, nous suivons le ruisseau. Le sentier permet de prendre des vitesses impressionnantes. Le revêtement est propre, lisse. Magique ! Nous gagnons le hameau du Villard, perdus dans le Valjouffrey, à la limite du Parc National des Ecrins. Un habitant nous indique la suite du parcours. Le balisage est difficile à trouver. On sent bien qu’il n’y a pas foule par ici. Rapidement, mais toujours dans une belle ambiance boisée, nous regagnons le village d’Entraigues. Sur la petite place, Popi ne s’est pas perdu, il vient juste d’arriver. L’après-midi est déjà bien entamée. Mais pas question de se priver du dernier spot, soit-disant le meilleur du coin.

C’est à la nuit tombée que nous finirons la journée. Mais ce fut extraordinaire !

Nous sommes impatients. Mais il nous faut plus de trois-quarts d’heure pour y parvenir. Nous décollons du chalet de Bachilianne, il est 17h… Nous sommes au mois d’octobre, à 19h30 n’y aura plus de soleil. Les premiers 100 m de dénivelé se font sur le vélo. Puis, rapidement, il faut porter les bikes pour grimper dans ce magnifique vallon. Nous nous imposons un rythme soutenu pour ne pas perdre de temps. Une fois arrivés au col de l’Aiguille, nous prenons une pause. La lumière est magique, nous sommes au pied de l’imposant roc minéral de l’Obiou. L’ambiance rappelle les Dolomites. Deux bergers arrivent depuis le sud, ils sont avec leurs chiens, et cherchent leurs moutons. Nous échangeons avec eux au soleil couchant. Un petit vent frais s’installe sur le col. Nous sommes peu couverts car toute la journée il a fait bon. Mais il commence sérieusement à faire frais. Nous prenons congés des bergers et filons plein sud à travers les alpages. Le trail est magnifique, du vrai VTT de montagne, une ambiance alpine saisissante. Après quelques lacets, nous gagnons le refuge de Rochassac. Avec son allure de hangar à bestiaux, il ne représente pas vraiment l’architecture montagnarde. En-dessous, le sentier décrit de multiples épingles, nous pénétrons enfin dans les bois. Il nous faut enlever nos lunettes car il fait vraiment sombre. Le trail est plaisant. Ce que nous ne voyons pas, c’est que nous allons devoir franchir un système de barres rocheuses. Mais c’est toute l’intelligence des vieux chemins. A son point de faiblesse, au niveau d’une cascade asséchée pour cette fin de saison, nous franchissons un verrou technique et très caillouteux. Le passage est court, nous continuons la suite sur un single de toute beauté. Alors que Narbaix reçoit un appel sur son portable, je prends la tête. Je mets les gaz et sert de lièvre à mes deux poursuivants qui ne devraient pas tarder à me rattraper. Je les entends dans les virages du dessus, mais je ne lâche rien. Au moment d’une bifurcation, dans un passage en dévers, je freine fort car je ne vois plus où va le single. Narbaix qui arrive derrière en trombe pense me faire l’intérieur en virant à gauche. Rapidement il comprend l’erreur d’itinéraire et effectue un freinage d’urgence dans une pente défoncée. Impressionnant ! C’est encore l’occasion de bien rigoler. Finalement, nous retrouvons le single qui est le réceptacle de plusieurs ruisseaux. Alors que nous avions roulé sur du sec, nous nous retrouvons dans l’eau et la boue… Le sentier est ultra-glissant. Nous réduisons notre vitesse et terminons notre descente sur une petite route goudronnée. Le soleil est couché depuis quelque temps maintenant. A la sortie du bois, la température chute fortement. Nous regagnons Popi et le véhicule dans le petit hameau de Saint-Baudille-et-Pipet après encore 1000 m de dénivelé négatif. Quelle journée ! Et quel terrain de jeu. Nous quittons l’Isère et les Alpes avec l’idée d’avoir trouvé un nouveau bon spot. Mais l’appel de la montagne est encore plus fort. Et tant que la neige ne vient pas s’installer, nous étudierons de nouvelles destinations.

[Htab]
[tab title=”S’Y RENDRE”]Corps est situé sur la N85 (Route Napoléon), entre Gap et Grenoble.[/tab]
[tab title=”EQUIPEMENT”]Le terrain est parfois très rocheux, le casque, bien entendu, mais les genouillères également peuvent être bien utiles. Prévoyez le matériel de réparation en conséquence. Partez avec des pneus adaptés et surtout vérifiez leur usure. Vus certains passages, un pneu fatigué pourrait vite finir lacéré ! Pensez que vous êtes en montagne, et dans des endroits peu fréquentés. Il faut être autonome en cas de réparation.[/tab]
[tab title=”ENVIRONNEMENT“]Respectez scrupuleusement les sentiers et ne laissez rien derrière vous. Refermez toutes les barrières également.[/tab]
[tab title=”SECURITE“]Les chemins empruntés le sont aussi par les randonneurs pédestres : prudence et courtoisie, comme d’habitude. Enfin, en cas d’accident léger, ne sollicitez pas les secours inutilement. A l’inverse, si cela nécessite d’immobiliser le blessé, composez le 112 sur votre mobile.[/tab]
[tab title=”INFOS/TOPOS”]A venir chez VTOPO (printemps 2014 : VTOPO Isère Tome 2. Infos sur : www.vtopo.fr).[/tab]
[/Htab]

Texte et photos : Vtopo