Cube Stereo Hybrid HPA 120 Race : sur un rail

Sur le marché des VTT à assistance électrique, le 29” n’est pas légion et rares sont ceux qui s’y sont risqués. On compte parmi eux l’Allemand Cube qui a choisi la plateforme du Stéréo HPA pour lui adjoindre un moteur Bosch Performance. Le résultat est très surprenant.

DR T. Zaniroli
DR T. Zaniroli

[Htab][tab title=”PRIX”]3899€[/tab][tab title=”POIDS”]21,20 kg sans pédales en taille M[/tab][tab title=”DEBATTEMENT”]Déb. av. :120 mm | Déb. ar. : 120 mm[/tab][tab title=”USAGE”]Compétition, rando-sport, vallonné.[/tab][/Htab]

Dans la série « je cherche un VTTAE en roues de 29”, je voudrais… » Et bien oui, ils ne sont pas nombreux à oser l’association du 29” et du moteur électrique central (le seul utilisable en VTT). On trouve facilement du 27.5”, aussi du mixage 29” à l’avant et 27.5” à l’arrière, mais tout 29”… La principale raison est technique. Aujourd’hui les moteurs centraux sont assez imposants (en tout cas pour l’instant, car il semble qu’un constructeur US proposera bientôt un produit compact), et implique une longueur de bases plus longue que l’accoutumée. Du coup, cela refroidi pas mal de constructeurs. Il faut aller de l’autre côté du Rhin pour trouver son graal avec le Cube Stereo Hybrid HPA. Le modèle réalisé en aluminium 7005 à triple épaisseurs, possède une fiche technique alléchante. Cela commence par un moteur Bosch Performance, là où la plupart des VTTAE utilisent le petit modèle, le Active que l’on trouve essentiellement sur le vélo de ville. La différence n’est pas à mettre au compte de la puissance, puisque l’un comme l’autre sont légalement bridés à 250 W. L’avantage du Performance c’est qu’il utilise sur une plage plus importante le couple disponible, et déploie plus d’assistance si vous tournez plus les manivelles. La batterie n’est pas en reste puisque qu’il s’agit de la Bosch Power Pack 400, qui offre 11Ah (plus ce chiffre est élevé, plus vous aurez d’autonomie). Elle est d’ailleurs particulièrement bien intégrée dans le tube diagonal, ce qui a d’ailleurs obligé les ingénieurs à utiliser une nouvelle technique d’hydroformage des tubes afin d’arriver à ces formes si spécifiques. Ainsi logée, elle est plus protégée des projections en tout genre, participe à abaisser le centre de gravité du vélo, et l’ensemble procure une bonne rigidité au triangle avant. Notez qu’elle doit être rechargée hors du vélo, et qu’il faut compter trois bonnes heures pour la nourrir complètement. On le voit, le mariage du cadre avec l’ensemble moteur/batterie est particulièrement réussi. Qu’en est-il du coup de la géométrie ? Et bien pas de surprise, les bases sont longues. Le point de pivot principal de la suspension est pris très en arrière du moteur, ce qui repousse d’autant la roue. On arrive ainsi à presque 505 mm de longueur de bases. Pour vous donner une idée, un Santa Cruz Tallboy LT, qui est connu pour avoir des bases un peu plus longues que le standard, affiche cinq centimètres de moins.

Des bases super longues sont parfaites pour les côtes, où le Cube ne se cabrera jamais. C’est certainement son principal atout en côte. Elles sont idéales dans les descentes rapides où l’empattement global du VTT se rapproche d’un vélo de descente. Le vélo offre alors une stabilité qui, associée au poids de l’engin et aux roues de 29”, en fait une arme dans ces conditions. D’ailleurs à ce petit jeu, les freins Shimano XT pourtant équipés en disques de 180 mm de diamètre ont vite avoué leur limite. Pour autant, les grands virages relevés sont une bénédiction à son guidon. Le vélo est plaqué au sol, par son embonpoint plus celui du pilote (on n’est pas loin des 100 kg quand même), mais aussi par la compression des suspensions, et de la boîte de pédalier finalement pas si haute que cela. Mais il faut composer avec dès que l’on est dans les passages techniques, souvent pris à basse vitesse. Lorsque l’avant passe, on attend que l’arrière franchisse lui aussi l’obstacle. Tout va bien si l’avant ne rencontre pas une seconde cassure, alors que l’arrière n’a pas encore rencontré la pierre, mais autrement, on dit merci aux roues de 29” qui vont vous éviter le passage par dessus le guidon. Ce que nous avons failli faire à plusieurs reprises… Et puis avec ce bestiau, il va falloir forcer le trait pour le faire tourner dans les virages serrés. Jamais la règle de la trajectoire extérieure en entrée de virage, puis le piqué au point de corde n’aura autant été appliquée. En fait, il faut rester le plus longtemps à l’extérieur et donner au dernier moment le coup de guidon salvateur, tout en se penchant sur le vélo, comme si vous vouliez planter le bout de votre cintre dans le sol. Alors c’est sûr, dans ces conditions il faut faire confiance dans le pneumatique avant, mais rassurez-vous, de ce côté-là vous serez servi. Le Schwalbe monté ici dans une version bien costaude, reste cramponné au sol, tandis qu’il vous informe naturellement lorsqu’il va décrocher par une glisse facilement contrôlable par un naturel contre-braquage. Et surtout, en sortie de virage, attendez d’être presque en ligne pour re-pédaler, car autrement, l’assistance va se déclencher et votre trajectoire va s’élargir dangereusement vers l’extérieur. Un comportement propre aux VTTAE en 29”, car en 27,5”, vous déraperiez de l’arrière avec en prime une bonne glissage au sol.

Mais revenons à notre fiche technique. Le Stereo Hybrid reprend l’idée de la suspension du Stereo classique, basée sur un parallélogramme déformable de type FSR. Ici, elle développe 120 mm de débattement (140 dans la version 27.5”) contrôlé par un amortisseur Fox à l’entraxe particulièrement maousse (200 mm). Comme sur la version standard, elle offre un enfoncement très linéaire. Si elle amortit bien les petits chocs, elle a tendance à pomper un peu en danseuse, ou en relances assises, ce qui impose d’utiliser le mode Trail du CTD, mais surtout elle arrive trop rapidement en butée sur les réceptions de sauts. Un comportement surprenant pour un vélo qui se destine tout de même à un usage montagnard. Cela dit, à l’avant, vous serez également vite freiné dans vos ardeurs de voltigeur tant la fourche est vite dépassée par les événements. Une Fox 34, plus rigide, aurait été un minimum pour garantir une tenue des trajectoires dans la pente. Et au risque de se répéter, on passera sur le comportement hydraulique complètement illogique pour un consommateur moyen…

Il faut attendre d’être en ligne pour ré-accélérer

DR T. Zaniroli
DR T. Zaniroli

Venons-en à cette assistance Performance de Bosch. La première attente était à mettre sur le compte de l’association du pignon de 15 dents en sortie de boîte avec les roues de 29”. Et bien cela passe partout, même dans les gros raidards. Pour les pilotes qui aiment monter en puissance les côtes, il faudra cependant modifier vos habitudes. En effet, le Performance assiste beaucoup mieux lorsque vous moulinez des jambes. Il ne faudra pas hésiter à monter un pignon, voire deux à l’arrière par rapport à vos habitudes. L’effet d’aide est alors immédiat. Il est bon de noter que Bosch a prévu un système de micro coupure de l’assistance lorsque vous montez une vitesse. L’idée est géniale (Bosch n’est pas le seul à le proposer), puisqu’elle permet de soulager le passage de la chaîne d’un pignon à l’autre, et éviter de la casser (si, si, vous n’imaginez pas la puissance que vous pouvez avoir lorsque vous pédalez avec une assistance). Mais, parce qu’il y a un “mais”, lorsque vous utilisez le mode Sport qui offre plus de couple, cette micro-coupure semble s’éterniser. Bilan, la vitesse acquise est rapidement perdue, surtout si la côte annonce un pourcentage indécent. Autrement dit, il faudra bien optimiser son passage de vitesse. Sur le plat, la bride légale coupe l’assistance à 25 km/h. En roues de 29” on y est vite, et dans ce cas, le poids de l’engin se fait vite ressentir. Il faut alors soit accepter de laisser filer vos potes et conserver l’aide, soit rouler aussi vite qu’eux et leur faire remarquer que l’on entend plus le bruit du moteur, et que dans ces conditions vous êtes forcément meilleurs qu’eux vu que vous avez un vélo à 23 kg en ordre de marche. Notez quand même que l’on n’en sent pas trop les à-coups en mode Eco et Tour, au-dessus c’est une autre histoire. Surtout lorsque vous évoluez juste en dessus de la bride.

L’heure du bilan

Le Cube Stereo Hybrid 29” dans cette finition Race, est un produit particulièrement polyvalent dans l’usage. Aussi à l’aise dans le vallonné qu’en moyenne montagne, il sait se laisser chahuter quand le pilote a besoin de s’amuser. Son assistance est bien présente, mais c’est en mode Eco et Tour qu’elle s’apprécie le plus. Le mode Sport se réservera aux côtes bien pentues, quant au mode Turbo… nous ne l’avons pas utilisé tant il donne la sensation abusée d’avoir un moteur. Associé aux roues de 29”, et malgré des bases longues qui demanderont un peu d’engagement pour en tirer avantage dans les enchaînements de virages, le Cube offre des sensations de sécurité et vitesse rarement perçues, le tout pour un prix contenu. Parlons consommation et autonomie. Le Performance est énergivore. Comptez 45 km maximum avec un peu plus de 600 m de dénivelé en évoluant entre le mode Eco et Tour, avec quelques fois un usage du mode Sport dans les murs. Ce n’est donc pas aussi bien que le moteur Yamaha, qui permet dans les même conditions de rouler entre 15 et 20 km de plus. Il faudra donc en tenir compte lors de vos sorties.

Ce qu’il faudrait changer

La fourche est complètement dépassée dès que la pente devient sévère, ou que la vitesse commence à aller au-delà de la notion de balade. Un manque de rigidité dans les successions de pierres qui perturbe la précision de la trajectoire, et une hydraulique perfectible qui fait rentrer trop rapidement la fourche dans son débattement. Alors pour un usage normal, la Fox convient dans la plupart des situations, mais si vous êtes plutôt du genre à attaquer, alors il faudra passer sur un modèle un peu plus sérieux. Enfin, moins cher, vous pouvez déjà mettre une tige de selle télescopique pour abaisser votre centre de gravité dans la pente.

Caractéristiques

FICHE TECHNIQUE : Tailles : 16, 18, 20, 22 – Modèle d’essai : 18 – Fourche : Fox 32 Float 29 CTD – Amortisseur : Fox Float CTD – Moteur : Bosch Performance (250 Watt) – Batterie : Bosch Power Pack 400, 36V/11Ah – Freins : Shimano XT, ø180 mm – Dérailleur arrière : Shimano XT Shadow+ – Dérailleur avant : – – Pédalier : FSA CK-745, 15 dents – Commandes : Shimano XT – Cassette : Shimano HG50, 11/36 – Roues : DT Swiss CSW-MA 1.9 – Pneus : Schwalbe Nobby Nic Kevlar, 29×2.25” – Potence : Cube Performance Pro, 80 mm – Cintre : Cube Rise Trail Bar Pro, 720 mm – Tige de selle : Cube Performance Post, ø 31,6 mm – Selle : Selle Italia SC1 – GEOMETRIE en taille M : Tube supérieur : 585 mm – Tube de selle : 465 mm – Angle de direction : 69° – Angle de tube de selle : 74° – Bases : 504 mm – Empattement total : 1 195 mm – Hauteur de boîtier : 327 mm .

Distributeur : Cube France, Contact : 05 46 45 70 91

AUTONOMIE [star rating=”3″]
CONFORT [star rating=”4″]
MANIABILITE [star rating=”2″]
STABILITE [star rating=”5″]
PRIX/EQUIPEMENT [star rating=”4″]

[quote] On aime : Stabilité et rendement • Pneus • Un rail dans la pente
On regrette : Amortisseur arrière trop linéaire • Consommation électrique trop importante.[/quote]