Commençal Meta V4 : la Metamorphose

Il y a dix ans naissait le premier Commençal Meta. Après le succès du Meta V3, la marque andorrane a décidé que 2015 serait l’année du renouveau. L’objectif avec le Meta V4 est clair : conserver le comportement légendaire en descente, tout en corrigeant les défauts du V3, à savoir les qualités au pédalage et le poids.

Commencal Meta  V4 (2)
[Htab][tab title=”PRIX”]3299€ (ROCKSHOX Monarch/ Pike, option Bos)[/tab][tab title=”POIDS”]12,90 kg[/tab][tab title=”DEBATTEMENT”]Déb. av. : 160 mm | Déb. ar. : 150 mm[/tab][tab title=”USAGE”]vallonné, montagne.[/tab][/Htab]

La famille Meta représente 50% du chiffre d’affaires Commençal. Autant dire que le développement d’une nouvelle version est une sacrée prise de risque. Pour le V4, toute l’équipe de Commençal, du bureau d’études à la communication est intervenue dans le développement de ce nouveau châssis. Comment rendre plus performant une machine déjà plébiscitée ? En le bonifiant, c’est-à-dire en gardant son essence, tout en corrigeant ses défauts sans le dénaturer. Car ce Meta, il a déjà une sacrée histoire. Des podiums de Parolin ou Absalon au guidon du Meta 5 jusqu’aux perf’ de Nico Quéré ou Ruffin à la Méga au guidon du V3, en passant par le bras banane du Meta 6… il y aurait de quoi écrire un bouquin. Mais au-delà de l’élite, la grande force du Meta est d’avoir su conquérir la masse. Un vrai VTT coup de cœur que l’on aime et que l’on n’envisagerait de changer pour rien au monde… ou presque. Car si le V3 a d’énormes qualités, à commencer par sa fiabilité légendaire (sur 15 000 V3 vendus, les retours SAV se comptent sur les doigts d’une main !), il a aussi quelques défauts. C’est un excellent descendeur, mais il a une tendance prononcée à rester scotché au pédalage.

« Un vélo d’enduro est un vélo de descente qui sait monter », Max Commençal

Vous l’avez compris, Commençal a bossé pour que la version 4 du Meta soit aussi performante en descente que le V3, mais meilleure au pédalage. Tout cela sans perdre l’ADN Commençal, à savoir la fiabilité, le plaisir, la performance et l’esthétique. En conservant le procédé Contact System et un point de pivot haut, le Meta V4 est dessiné autour d’une nouvelle cinématique de suspension arrière qui optimise à la fois le grip et la performance au pédalage, grâce à une courbe de progressivité revue et développée en collaboration avec BOS. Côté conception, les éléments de suspension sont désormais situés sur le tube de selle, avec une biellette sur laquelle vient s’articuler une rallonge d’amortisseur montée sur roulements pour optimiser la sensibilité sur les petits chocs. On allait presque oublier de vous dire le principal, à savoir le débattement arrière : 150 mm… et bien évidemment, roues de 27.5”.

Aluminium for ever

Non, Commençal ne fait toujours pas de carbone, et il n’est pas prévu d’en faire un jour, question d’éthique et de respect. Et si vous pensez que le haut de gamme rime forcément avec composite, vous avez tort. Il suffit d’apprécier le travail effectué sur le V4 (tubes en alu 6066 triple épaisseur aux formes optimisées, usinage, traitement thermique, etc…) pour se rendre compte que l’on est en présence d’un produit optimisé, qui demande du temps et un vrai savoir-faire pour être assemblé. Le soin apporté à la fabrication est présent partout, jusqu’aux points de pivot ré-usinés après soudure pour un alignement parfait de la suspension arrière. Le cœur de ce V4, c’est son tube supérieur réalisé en trois pièces soudées entre elles et intégrant un tunnel pour le passage de l’amortisseur arrière (même avec bonbonne). Ce tube supérieur spécifique permet d’obtenir un sloping très prononcé afin d’être à l’aise sur les portions les plus techniques. Pour le reste, le V4 est dans la tendance actuelle, avec ses passages de gaines en interne, sa douille de direction conique, sa patte de frein à disque plus compacte intégrée à la base, son boîtier de pédalier au standard Press Fit 92 ou encore son protège-base en plastique injecté double densité. Vu que de plus en plus de pilotes optent pour la transmission en monoplateau, Commençal a choisi d’utiliser un adaptateur à fixer sur le cadre pour ceux qui souhaitent rouler avec un dérailleur avant. Une bonne façon de gagner du poids tout en conservant un look épuré.

Une question d’équilibre

A l’heure où de nombreux fabricants vantent la rigidité à tout prix, Commençal remet les pendules à l’heure. Tout est une question de compromis : un cadre trop rigide sera certes très précis à piloter, mais n’offrira pas de grip sur les racines, rochers et dévers. Commençal a énormément travaillé pour que ce nouveau V4 offre un grip parfait dans toutes les conditions, tout en conservant la précision nécessaire pour un pilotage engagé. La géométrie est elle aussi une question d’équilibre : des bases de 438 mm, un boîtier de pédalier très bas, un angle de direction assez ouvert de 66° (avec une fourche de 150 mm de débattement) et un angle de selle de 74° favorisant le pédalage. Bref, une formule qui marche fort en descente, mais qui conserve de la polyvalence pour le pédalage.

Le prix du marché

Avec sa nouvelle politique de vente en direct sur Internet, Commençal propose une politique de prix particulièrement agressive et ultra-compétitive. « 2015, c’est pour nous l’année du vélo vendu à un prix beaucoup plus compétitif, au même niveau que les “pure players” qui jouent déjà sur Internet », affirme Max Commençal. Le nouveau Meta V4 sera proposé dans trois niveaux de gamme (Origin, Essential et Race) de 1 999 à 3 299 €. La marque andorrane propose également son programme de montage à la carte à Toulouse, qui permet de bénéficier de prix OEM (première monte) sur les accessoires. On peut au choix modifier n’importe quelle pièce en partant d’un montage complet ou opter pour un cadre nu auquel on peut ajouter une fourche, une paire de roues, des pneus ou bien une transmission… sans avoir forcément à se monter un VTT complet. Encore une fois, Max Commençal a pris une longueur d’avance avec un système de vente qui mise sur la souplesse, la flexibilité et la capacité d’adaptation.

Commencal Meta  V4 (5)

Meta-morphosé 

On a eu la chance de pouvoir rouler sur ce nouveau Meta V4 sur le bike-park de Tignes-Val d’Isère, dont Commençal est partenaire. Et c’est une présentation presse comme je les aime, qui privilégie le roulage avec les membres de l’équipe plutôt que le long discours marketing et ses 200 pages de présentation Powerpoint. Pour le coup, tout le monde a prévu les vêtements de pluie car le beau temps n’est pas franchement de la partie. Mais croyez-moi, cela ne nous empêchera pas de passer un sacré bon moment. Pour le coup, nous roulons sur un Meta AM Race monté en suspensions BOS (fourche Devile TRC et amortisseur Kirk). A la découverte du V4, je suis surpris par son côté épuré, qui n’a plus grand-chose à voir avec le V3. Côté déco, Commençal a eu la bonne idée d’inaugurer un nouveau système sur sa gamme 2015, puisqu’on a le choix entre une peinture bi-ton (dominante jaune fluo et lettrage noir par exemple) ou son inverse (dominante noire et lettrages jaune fluo). On part à la découverte de cet immense bike-park guidés par Max Higel de Bike Solutions, un des “papas” de ce réseau de pistes franchement bien réalisé, et gratuit ! Ayant toujours le “cul entre deux chaises” au niveau de la taille du cadre, j’opte finalement pour un M avec une potence de 60 mm (le V4 a été conçu pour du 50 mm ou 60 mm). Et roule ma poule. Dès les premiers tours de roue, on se sent “comme à la maison”. Pas de doute, ce V4 a bel et bien hérité des gènes du V3 au niveau de la prise en main et du sentiment de sécurité qu’il procure dès les premiers tours de roues. Une fois de retour sur Tignes le Lac, notre camp de base, je décide toutefois d’aller faire un réglage de ma fourche qui a un peu trop tendance à plonger. Et c’est reparti pour la Wonderboisse, une vraie piste d’enduro qui alterne portions de pédalage et sections truffées de racines dans les bois, qui nous amène jusqu’au barrage de Tignes situé en contrebas. Je suis Nico Ménard, le “papa” de ce nouveau V4 et Pierre-Edouard Ferry, le rouquin le plus barbu de la planète VTT. La piste débute par une liaison en montée sur les crêtes où tout le monde en vient au même constat : ce V4 pédale sacrément bien ! A tel point que je ne vois pas l’utilité d’utiliser le blocage de l’amortisseur, c’est dire. Reste à voir s’il n’a pas perdu de sa verve en descente. Et vous savez quoi ? Non. Le rythme s’accélère rapidement. Avec des lascars comme PEF et les gars du bureau d’études qui ont un coup de guidon généreux, il fallait s’en douter. J’essaye de suivre le rythme et il faut dire que le V4 facilite la chose. La précision de pilotage est bien au rendez-vous, mais surtout cette fameuse tolérance dont me parlait Nico Ménard avant de rouler se ressent dès que l’on attaque dans les sections défoncées. En dévers, on garde facilement la trajectoire voulue car on peut jouer de la flexibilité “bénéfique” du cadre sans avoir à se batailler avec le terrain. Cette tolérance permet de beaucoup moins subir le terrain et de pouvoir rester concentré sur ses trajectoires et surtout d’enchaîner une journée de ride en étant “presque” frais à l’arrivée. Après cette virée enduro, on repart pour une liaison sur Val d’Isère sur des pistes plutôt typées bike-park. Alors qu’auparavant le Meta a brillé par sa capacité à mettre en confiance dans les sections techniques et défoncées, il démontre désormais un sérieux potentiel à s’amuser sur des pistes plus artificielles. Il suffit d’observer les évolutions aériennes que PEF se permet à son guidon pour se rendre compte que ce VTT ne rechigne pas à la tâche dès qu’il s’agit de sauter et de prendre de gros appuis. Et même à haute vitesse, ça tient sévèrement le pavé. La seule critique que l’on pourrait formuler à l’issue de ces deux jours de tests concerne la hauteur du boîtier de pédalier. C’est vraiment bas, et il nous est arrivé à plusieurs reprises de venir un peu trop franchement au contact avec le sol, avec des manivelles de 175 mm. Après vérification, il s’avère que le boîtier de pédalier des pré-séries sur lesquelles nous roulons est bien trop bas par rapport au drop de -12 mm sur la série. L’autre remarque pourrait concerner la largeur du tube supérieur. Ayant l’habitude de piloter avec les genoux à l’intérieur, les premières rayures sont rapidement arrivés sur les côtés du cadre, au niveau du tunnel de l’amortisseur arrière. Il est donc impératif de protéger cette zone avec un adhésif transparent, car le phénomène s’accentue d’autant plus avec les genouillères. On n’attend plus qu’une chose désormais, pouvoir essayer plus longuement le V4 en configuration “stock”, c’est-à-dire avec le Combo RockShox Pike et amortisseur Monarch RT3. D’une parce que nous avons eu beaucoup de mal à trouver le réglage optimal de la fourche BOS et que la Pike nous semble plus appropriée au “commun des mortels”. De deux parce qu’on attend de voir si les performances au pédalage seront aussi bonnes avec le RockShox Monarch qu’avec le BOS Kirk, particulièrement chargé en hydraulique. Vu les progrès effectués dernièrement par la marque américaine sur ses amortisseurs arrière, on se dit que oui !

Distributeur : www.commencal.com
[quote]On aime : les qualités du V3…sans les défauts, politique de prix agressive
On regrette :la grosse soudure apparente du tube supérieur qui marque facilement (en finition noire) .[/quote]