Le Spectral est un modèle phare de la gamme Canyon, un vélo qui a à cœur de s’adresser au plus grand nombre cherchant un vélo pour atteindre les sommets. Cette nouvelle version reste attrayante sur le papier, mais qu’en est-il sur le terrain ?
Prix : 3999 € |Poids : 14,4 kg taille M, roues 5 kg | Déb. av. 160mm | Déb. ar. 150 mm/ Pratique : trail en montagne, randuo, enduro
Canyon, la marque allemande que nous ne présentons plus avec son réseau de vente en ligne, propose pour 2021 une nouvelle itération de son fameux Spectral. Cette plateforme a la lourde tâche depuis quelques années d’assouvir les besoins des pratiquants qui souhaitent pratiquer de la randonnée agressive à de l’enduro. Un vélo qui s’offre la dénomination « all mountain » que nous pouvons traduire par « vélo à tout faire ». Sur le papier, cette machine fait le grand écart entre deux visions bien différentes de pratiquer le VTT. Le Spectral est un véritable couteau suisse, mais nous pouvons nous poser la question de savoir s’il ne marche pas sur les platebandes des autres modèles de la marque. Nous pensons évidemment au Neuron avec moins de débattement, fait pour la randonnée sportive, mais surtout au Strive qui est fait pour la compétition enduro mais offre des spécificités assez proches (géométrie, débattement, composants). Le nouveau Spectral 29 CF se décline uniquement comme son nom l’indique en roues de 29 ». Il y a toujours une version en 27.5 » dans le catalogue pour les pratiquants désireux d’avoir une maniabilité accrue mais le cadre reste identique à celui présenté en 2019. Canyon n’a pas souhaité pousser les choix du Mulet comme c’est le cas sur sa gamme Ebike. Le nouveau Spectral 29 CF propose un cadre entièrement en carbone pour la partie avant et arrière. Nous noterons que le basculeur reste en aluminium. La finition du cadre est soignée et nous avons ici un produit qui n’a rien à envier aux meilleurs acteurs du marché. En plus de la finition réussie, nous avons un poids contenu pour ce type de châssis et cela se ressent sur le poids global de la machine. Le cadre est pourvu d’un système permettant de faire évoluer la géométrie suivant sa pratique ou son terrain de jeu. Le système est bien plus classique que le fameux Shapeshifter que nous retrouvons sur le Strive.
Au niveau du montage, nous avons 4 propositions allant de 3299 € à 5999 € pour la version la plus luxueuse. La montée en gamme ne se limite pas à des produits de meilleure qualité mais nous avons une véritable micro-gamme dans la gamme. En effet, nous avons deux modèles avec des spécifications moins agressives (CF9 et 7) pour une utilisation plus sage ou plus dynamique. Le train roulant est étudié pour offrir moins de grip mais plus de vitesse et les suspensions offrent aussi plus de légèreté et un peu moins de débattement (10 mm de moins). Les deux autres montages (CF8 et LTD) sont plus agressifs pour aller encore plus loin dans le côté ludique et fun du pilotage. Nous retrouvons une fourche avec 160 mm de débattement, un amortisseur avec bonbonne et un train roulant plus massif favorisant la motricité et le grip.
Prise en main et ajustements
Le Spectral propose une géométrie moderne qui reste raisonnable si nous le comparons à un pur vélo d’enduro. Nous avons certes un empattement avant long pour un vélo de trail, mais il ne faut pas oublier que ce vélo doit permettre de rouler vite en toute sécurité. L’empattement arrière est lui compact pour le segment et des roues en 29 ». Canyon a fait le choix d’une dimension fixe quelle que soit la taille choisie. Nous avons commencé notre test avec une taille M. Sur le papier le reach et la longueur du tube supérieur étaient parfaite pour notre 1,76 m. Cependant, nous nous sommes rapidement sentis à l’étroit. L’assise assez relevée et la douille basse nous placent légèrement trop sur l’avant à notre goût. Nous avons ajusté la position du cockpit en le remontant, mais nous avons fortement réduit l’espace pour notre buste. Le passage sur la taille supérieure a été la clé pour exploiter parfaitement cette machine tout en gardant les spécifications de série.
Au niveau de l’ajustement des suspensions, les produits sélectionnés sur notre CF8 offrent énormément de possibilités, surtout au niveau de la fourche. Il faut en premier lieu passer du temps à peaufiner la bonne course morte (la précontrainte) et la bonne progressivité avant de s’amuser à trifouiller les ajustements en fin de compression et de détente. Nous avons commencé nos essais en position haute avec une course morte proche de 28% sur l’arrière comme sur l’avant. Nous avons au fil des tests réduit un peu ces valeurs pour nous rapprocher des 25% à l’arrière comme à l’avant. La suspension arrière offre un début de course très onctueux avec une motricité phénoménale. Nous sentons ensuite que la suspension devient plus ferme pour offrir du maintien, surtout après 40% et une fin de course bien chargée. Nous pouvons jouer sur la progressivité suivant les terrains en retirant ou réduisant l’anti-volume placé de série dans la chambre d’air de l’amortisseur. Au niveau de la fourche, la Fox 36 est elle plus linéaire et il faudra s’en accommoder et sacrifier le confort au maintien milieu de course ou vice-versa suivant son niveau. Malheureusement, nous n’avons pas le même niveau de maintien comparé à la suspension arrière, mais heureusement les ajustements permettent de sauver les meubles. Le passage sur la taille supérieure de cadre a aussi permis de trouver un meilleur équilibre et d’optimiser le fonctionnement de la fourche. L’empattement avant plus important change fortement le positionnement des masses et notre corps est placé de façon plus centrale sur la machine (au milieu des deux roues). Nous avons moins la sensation de plonger dans la pente ou au freinage sur l’avant et ainsi nous nous positionnons moins en arrière de la selle.
Le Spectral malgré son débattement généreux est joueur
Au niveau des performances au pédalage, le Spectral n’est pas aussi vif et incisif que le Neuron ou que certains concurrents du segment au débattement plus faible. Mais le débattement n’est pas la seule explication à cette sensation. Il faut aller chercher aussi au niveau de la courbe d’amortissement qui offre une progressivité linéaire et un effet de bras important en début de course. En effet, l’agencement de la suspension procure une démultiplication importante suivant notre position en début de course (centre instantané de rotation de la suspension arrière en avant du centre de gravité du pilote en début du course puis revient proche de la zone du boîtier de pédalier sur la fin). Si vous avez suivi notre raisonnement, vous comprendrez que ce vélo demande de se positionner sur l’avant quand il faut pédaler sur le plat ou en montée pour offrir les meilleures performances. Sur les accélérations, le Spectral a du répondant du fait de l’effet de chaîne important en début de débattement. Nous pouvons le sentir quand nous souhaitons sprinter pour avaler un obstacle mais aussi quand il faut grimper des côtes bien raides. Nous sentons que l’appui sur les pédales permet de déplier fortement la suspension pour nous aider à franchir les difficultés. L’autre avantage de cet effet est la facilité à nous arracher de l’attraction terrestre avec ce vélo.
Nous pouvons utiliser facilement le terrain pour nous éclater : le Spectral est joueur. L’autre bonne surprise du Spectral est la tolérance du châssis et de la suspension. Le vélo encaisse sans broncher et offre un confort impressionnant en descente. Il en est de même dans les montées techniques avec une traction de folie que nous avons dû parfois tempérer via la plateforme de pédalage suivant le type de montée. En plus des suspensions, le châssis en carbone n’est pas aussi exigeant que certains concurrents. Nous pensons que l’architecture du vélo et la qualité du carbone permettent d’avoir un compromis intéressant. Le dynamisme est supérieur au Strive qui est, selon nous, encore plus souple, mais le vélo n’est pas extrêmement exigeant. Il est facile de l’amener dans les longues ascensions, à condition de rouler à son rythme. Et nous l’avons trouvé extrêmement facile dans les courbes où nous pouvons changer de cap sans être sur le fil du rasoir tout le temps. Dans la pente, le vélo est super sécurisant avec une suspension qui a tendance à s’affaisser sous l’effet du frein arrière.
Ce nouveau Spectral cache bien son jeu !
Voilà un vélo qui ne se limite pas au trail ! Nous pouvons faire de longues sorties escarpées et techniques en utilisant la position haute. Il est clairement moins explosif qu’un vélo avec moins de débattement, mais il pourra cependant occasionnellement vous accompagner sur des randonnées vallonnées à condition de ne pas essayer de rouler en surrégime surtout au niveau physique. Suivant les terrains de jeu, vous pourrez envisager une monte de pneus plus rapide pour gagner en énergie car vous ne manquez pas de grip du fait de la suspension arrière. Le Spectral se révèle surtout dans les grands espaces où il est particulièrement à son aise quand il faut monter à la cool pour ensuite envoyer fort quand le profil du terrain devient déversant. La position basse exacerbe ce trait de caractère et vous aurez alors un vélo sécurisant et facile. Vous pourrez lâcher les freins sans pratiquement jamais vous faire peur. Le Spectral permet aussi d’affronter des pistes de type bike-park à condition de garder en tête que c’est un vélo qui offre seulement 150 mm de débattement. La qualité de la suspension et le châssis permettent de rouler presque partout avec toujours beaucoup de fun. Vous pouvez aussi envisager de rouler en enduro. Nous le trouvons plus facile à emmener que beaucoup de gros vélos et il permet de rouler vraiment vite du fait de son dynamisme et de la facilité à le placer dans la bonne trajectoire. Nous nous posons même la question de savoir si nous n’avons pas un vélo plus efficace que le Strive actuel…
Le Spectral est un vélo amusant qui offre un gros potentiel pour les vététistes qui recherchent un vélo fun en descente sans avoir les inconvénients de trop de débattement ou trop de stabilité.
Caractéristiques
Géométrie – Taille : M – Tube supérieur : 609 mm – Tube de selle : 430 mm – Angle de direction : 64,5° – Angle de tube de selle : 76,5° – Hauteur de douille : 105 mm – Bases : 437 mm – Empattement total : 1222 mm – Hauteur de boîtier : 345 mm – Reach : 460 mm – Stack : 622 mm – FICHE TECHNIQUE : Tailles : S, M, L, XL – Modèle d’essai : M – Cadre : carbone – Fourche : Fox 36 Performance Elite Grip2, déport de 44 mm – Amortisseur : Fox DPX2 Performance Elite – Freins : Shimano XT, ø203/180 mm – Dérailleur arrière : Shimano XT – Pédalier : Shimano XT, 170 mm, 32 dents – Commande : Shimano XT – Cassette : Shimano XT, 10-51 – Roues : DT Swiss XM 1700 – Pneus : av. Maxxis Minion DHF Exo 3C, 29″ x 2.5 ; ar. Maxxis Minion DHR II Exo 3C, 29″ x 2.4 – Potence : Canyon G5, 40 mm – Cintre : Canyon G5, 780 mm – Tige de selle : Iridium, 150 mm, ø 30,9 mm – Selle : Ergon SM10 Enduro Comp.
Distributeur : Canyon, www.canyon.com
Notes
Rendement : 3
Confort : 4,5
Maniabilité : 4,5
Stabilité : 4
Prix/Equipement : 5
TOTAL :16,8/20
On aime : Un rapport qualité/prix impressionnant • Finition irréprochable • Suspensions onctueuses et confortables • Facilité de pilotage
On regrette : Il faut jouer souvent de la plateforme de réglage de compression pour grimper • Position du porte-bidon qui limite le volume du bidon à 600 ml • Demande un certain niveau technique pour rouler extrêmement vite