Cannondale Trigger 29er 2 : Du VTT, du vrai !

Le Trigger 29er, c’est le petit dernier de la famille Cannondale. Présenté l’été dernier et enfin disponible en magasin et en exclusivité dans Vélo Tout Terrain, le Trigger 29er crée une nouvelle dimension dans le VTT all-mountain.

L’atout Dyad RT2

Il y a tout de même des solutions pour adapter du pivot 1″1/8 constant, conique ou bien sûr son propre système Headshok via des adaptateurs que tout bon détaillant sera en mesure de fournir. Idem pour le boîtier, mais là les solutions sont nombreuses pour adapter tous types de roulements depuis le standard BB30. On notera les guides pour fixer la gaine d’une tige de selle ajustable à commande déportée. A l’arrière, on trouve un axe X12 en 142 mm pour la fixation de la roue. Particulièrement avisé sur le plan mécanique pour le besoin de rigidifier cette zone et pratique pour le guidage du moyeu lors de la mise en place de la roue, on apprécie aussi l’esthétique épurée de cette zone. On retrouve l’adaptateur Postmount spécifique à la marque pour la fixation de l’étrier de frein arrière. Autre signature infalsifiable, l’amortisseur Fox Dyad RT2 “tiré” régit la suspension. Il offre la possibilité de choisir entre 130 et 80 mm (chaque débattement dispose de son propre circuit ajustable de la détente) selon la topographie via un levier au cintre (uniquement) qui agit sur deux chambres d’air. Particularité de cet amortisseur Dyad RT2, son fonctionnement fait appel à une chambre d’air négative qui, pour chaque débattement, joue sur la sensibilité et la progressivité de l’amorto. Une vraie petite merveille qui permet de régler sa suspension exactement comme on veut. Pour son réglage, il y a le tableau des pressions recommandées plaqué sur l’amorti, mais c’est une base. Particularité de cet amortisseur, la très haute pression d’air qui oblige à l’utilisation d’une pompe spécifique vendue avec le vélo.

Cocktail appétissant

Dernier point sur ce kit cadre bien “Cannonisé”, les poids. 2 810 g sans amortisseur en taille L avec roulements de direction, de pédalier et l’X12 : pas mal du tout pour ce qui reste un gros vélo (Over Mountain franchement orienté enduro !), mais en posant le Dyad sur la balance, on se rend compte que toutes ces qualités se payent avec un gros 612 g (sans la manette), soit plus du double d’un amortisseur Fox Float standard. C’est, dans une petite proportion, ce qui explique les 14,38 kg finaux du Trigger29er 2. Ce poids global s’explique aussi par une fourche en 34 plutôt que 32 et le pivot 1.5. Le train roulant pneus Schwalbe/roues WTB, excellent pour une pratique engagée, se paye également au prix fort sur la balance et, on le verra, sur le plan du rendement pur aussi. On ne peut pas tout avoir… Voilà une paire de roues nues qui dépasse les 2 300 g, mais qui a au moins la qualité d’être parfaitement compatible avec un montage tubeless grâce à un fond de jante étanche et un profil spécifique. On aime aussi la transmission spécifique 22/36 avec le plateau de protection du pédalier Sram S1000. On adore le dérailleur Sram Type 2 et le système de freinage Magura MT2 avec réglages de garde et de course essentiels pour parfaire l’ergonomie. Ajoutez à cela un bon cintre en 740 mm et vous obtenez un cocktail très appétissant.

Un comportement dynamique bluffant !

Premier problème lié à la longueur du tube de selle en 350 mm. On est largement au-dessus de la limite d’insertion avec une sortie à 80,5 cm de l’axe de pédalier. Un détail, mais dont il faut tenir compte car il pourrait occasionner une avarie sur le cadre et alors la garantie pourrait sauter. Un lecteur Vélo Tout Terrain averti en vaut deux ! La tige de selle sera remplacée par une KS avec commande sous la selle qui sera parfaite. Pression des suspensions faites sans problème et pneus passés en tubeless, le vélo est prêt à en découdre en trente minutes. La position est excellente pour pédaler. Le chariot sans déport (comme sur le modèle d’origine) compense l’angle (réel) prononcé vers l’arrière du tube de selle. La sensibilité en 130 mm est frappante. Quel confort ! La fourche manque de compression hydraulique et consomme trop de débattement au moindre freinage. Il faut monter à près de 100 PSI pour retrouver un comportement équilibré, la molette des modes CTD fera le reste en fonction des besoins.

Un 29 comme un 26

Le rendement est effectivement limité par une inertie importante des roues, mais dès lors que l’on ne cherche pas à faire de la compte’ en cross-country, ce Trigger 29er 2 est largement capable d’avaler, “au train”, 1 500 m de dénivelé. Pour ça, on use et abuse du mode 80 mm de débattement. Non content de raffermir largement la suspension, grâce à une précontrainte moins importante, il réoriente l’assiette du vélo vers l’avant, un véritable avantage dès que les pentes à gravir atteignent des pourcentages importants. Là, c’est autant la motricité des gros Hans Dampf que la transmission idéalement adaptée qu’on appréciera. C’est également dans ces premières côtes raides qu’on commence à trouver le poste de pilotage un peu haut. Pas que la colonne de direction soit trop longue, c’est juste ce cône supérieur, de 15 mm d’épaisseur, entre le cadre et la potence dont on se passerait bien. Dans le même temps, on oublie très vite qu’on est sur un 29″ par l’étonnante maniabilité du vélo. On est loin du cliché 29 = camion ! Oui, les bases arrière restent plus longues que sur un 26 pouces, mais il faut bien constater que des recettes “géométriques” existent, d’autres marques ont aussi découvert ce secret, pour donner à un 29er le même comportement qu’un 26. Pour finir avec le comportement dynamique, on peut également souligner l’excellente réponse du cadre en matière de rigidité latérale, au pédalage debout notamment. Le travail fait avec les axes de 15 mm et le dimensionnement de la fourche, l’axe de 12 arrière et les roues bien costaudes amènent conjointement à ce résultat qu’on apprécie aussi en d’autres circonstances.

Conclusion

Lorsque ça bascule, le Trigger apporte logiquement son lot de satisfactions. D’une précision redoutable, on dirait presque, c’est un comble, que le vélo est trop maniable. Un demi degré de moins sur l’angle de direction aurait probablement fait des merveilles sur l’équilibre avec la stabilité. Tout, ou presque, met en confiance. On sent que les limites du train roulant sont très élevées et qu’on peut y aller franchement. La fourche est juste assez progressive pour aller chercher les derniers millimètres si besoin, et que dire de cette suspension arrière libérée à 130 mm ! Il ne faut pas hésiter à accélérer un peu le rebond, cela lui donne en plus un petit côté cabris lors des impulsions. Ce qu’on adore à son guidon, c’est la manière dont il négocie les grandes courbes. Le comportement est tellement sain et équilibré qu’on transforme même les lignes droites en lignes courbes, juste pour le plaisir. Le “presque” vaut pour la qualité du freinage des Magura équipés d’origine des plaquettes type 7.3, celles généralement spécifiées par les constructeurs, mais le remplacement par la version Type 7.1/Performance soigneusement rodées aura redonné à ce point toute la puissance dont un pilote a besoin. La pertinence de ce Trigger 29er n’est pas, selon nous, à démontrer. Il s’apparente au vrai bon vélo de montagne comme on les aime. C’est vrai, le rendement pourrait être meilleur, une tige de selle ajustable lui irait si bien, mais à ce prix, impossible de trop en demander. Si par chance il vous reste un peu de budget, plutôt que de partir sur le modèle Trigger 1, j’opterais pour l’achat d’un deuxième train roulant orienté cross et une tige de selle ajustable pour disposer ainsi d’un vélo multi-terrains par excellence !