Cannondale Jekyll 1 29er : Un vélo de champion !

Me voici aux commandes d’un modèle phare de la marque américaine Cannondale, le Jekyll. Je croise ce vélo depuis des années sur les courses d’enduro, et je ne l’ai jamais essayé. Il a évolué depuis toutes ces années, passant des petites roues en 26” pour finir ce jour à chausser les grandes roues 29er, si tendance… Ce test sera pour moi la découverte d’une légende de l’enduro, mais aussi l’occasion de prendre les commandes d’un vélo qui va très vite. De quoi me prendre pour le copain Jérôme Clémentz, le pilote maison qui a développé le produit. Autant vous dire, tout un programme !

DR. Jey Pix

Prix : 6499 € | Poids : 14,5 kg en taille M sans pédales | Débattement av. : 150 mm ; ar. : 150 mm / Pratique : montagne

Je suis content et impatient de réaliser cet essai, il était prévu de faire un essai « race » au fameux Biivouac, mais le sort en a décidé autrement. C’est donc sur le chemin du retour, que je prends procession de la bête. Le modèle à l’essai est le modèle haut de gamme, donc bien équipé, mais surtout la nouveauté est le diamètre des roues : 29 pouces ! Il faut dire que ces histoires de roues me font saigner les tympans depuis plusieurs semaines. Il y a les pros et anti grandes roues, donc comme à chaque fois, je vous conseille de vous faire votre avis et de ne pas rentrer dans des polémiques bien stériles. Concernant ce Jekyll, la mutation 27.5” en 29” fut sans grands risques puisque qu’il s’agit du même cadre. Les différences se font sur la géométrie et l’adaptation aux grandes roues. Nous verrons par la suite que cela change pourtant bien le comportement du vélo.

Une finition soignée

Comme à chaque fois, je prends le temps de poser le vélo et de tourner autour. Ce Jekyll 1 sort quand même à 6499 €, ce qui fait un gros budget et bien sûr, j’en veux pour mes sous. En le soulevant, je m’aperçois de suite que ce n’est pas un champion de la légèreté : le bébé pèse 14,5 kg en taille M, ce qui le fait rentrer dans la moyenne sur ce type de vélo. Le triangle avant est en carbone ainsi que la biellette d’amortisseur. Pour la partie arrière ça sera de l’aluminium. Suite à mon essai, je dirais que le choix est bon, car la rigidité est au rendez-vous. La finition est soignée, la peinture bicolore le rend sobre, pas de fluo et de peinture mate pour ce modèle. Je constate un détail qui me chagrine de suite, pour des raisons valables je pense : il n’y a pas de peinture autour des roulements bas du triangle avant… Bizarre, car cela donne une impression de quelque chose de pas terminé. Autrement, le reste est à la hauteur de la marque, avec un très beau sabot de protection en carbone sous le tube inférieur, qu’il sera dommage de rayer. Après plusieurs heures de roulage, je constaterai que la base arrière côté chaîne manque de protection et la peinture se fera malmener par les sauts de chaîne, à revoir. Pour les adeptes du bidon, l’emplacement réservé au porte-bidon est un peu mal placé, obligeant à avoir une sortie latérale, et à un peu se plier pour l’attraper. Mais il a le mérite d’être là !

Intéressons-nous à l’équipement, sur ce modèle, le renard de chez Fox est bien présent : nous avons une Fox 36 Float Factory avec la cartouche Grip2, permettant des réglages à foison, un amortisseur DPX2 Evol avec une commande (encombrante) au guidon, permettant un freinage hydraulique pour mieux monter. On va retrouver également une tige de selle Fox, modèle Transfer en 150 mm de course. La transmission est, quant à elle, confiée à Sram avec un groupe 12 vitesses X01. Petit bémol, le pédalier que j’attendais en carbone, est finalement un Stylo en aluminium. Côté roues, une valeur sûre, avec des roues costaudes, que sont les Stan’s No Tubes Flow Mk3. Je les ai déjà malmenées sur un VTTAE, et elles n’ont pas bougé. Pour finir, il va falloir freiner le tout, et avec des Sram Guide RSC, on est sûr d’avoir un sacré mordant. Pour convenir à tout le monde, ce Jekyll 29er est disponible en quatre tailles. Nous voilà maintenant armés pour attaquer.

Orientation all-mountain

Quand je me suis posé la première fois sur ce Jekyll, j’ai eu un sentiment mitigé : le vélo me paraissait long, la roue avant loin de mes bras. Le vélo est pourtant un M, supposé être adapté à mon 1m72… mais un essai en S aurait peut-être été mieux. En attendant, cherchons l’esprit… Le poste de pilotage est un peu encombré à gauche car on retrouve la manette de l’amortisseur, et elle ne laisse pas beaucoup de place pour la manette de la tige de selle. Je serai partisan d’ôter cette première. Les réglages seront ceux d’un vélo d’enduro, avec une précontrainte de 25% pour correspondre à mon utilisation. J’ajouterais que la cartouche Grip2 de la Fox 36 offre une telle plage de réglages, qu’il est préférable de jouer au fil des kilomètres et ainsi peaufiner pour trouver son bonheur. Niveaux pneumatiques, je gonfle les Maxxis à 1,2 bar pour mélanger grip et rendement. Le réchauffement climatique a du bon, c’est sur du sec et encore du sec que je vais jouer avec ce Jekyll. Les premières sensations en montée donnent un vélo qui a un excellent rendement, une fois l’amortisseur en position « firm ». Le Jekyll accélère comme un cross-country, mais son poids et ses grandes roues vous calment quand même et demandent de sans cesse relancer. Le vélo est bien rigide de l’arrière, et je commence à comprendre son esprit au fil des montées. Contrairement à d’autres vélos, on peut laisser l’amortisseur ouvert, car cela donne du confort sans pénaliser le rendement et permet de garder l’accroche en montée. Un point important sur le Jekyll c’est son boîtier de pédalier haut (355 mm) : on ne frotte jamais, mais cela rend le vélo moins joueur en descente, on ne gagne pas à tous les coups ! Les sommets s’enchaînent, et je suis surpris avec ce Jekyll, car il est vraiment orienté all-mountain, un peu déstabilisant car je ne m’attendais pas à cela. Maintenant il est temps de redescendre.

Un vélo pointu

DR. Jey Pix

J’ai un peu la boule au ventre, car j’appréhende, c’est rare mais je ne sais pas par quoi commencer. Je vais y aller tranquillement avec du progressif, et l’avenir me dira que j’avais raison. Je commence par un peu dégonfler la fourche et à ouvrir les compressions pour redonner de la fluidité à l’hydraulique. Les premiers mètres seront… décoiffants. Pas de place pour l’improvisation, le vélo demande de l’anticipation. Les passages autour des arbres se font en criant, le vélo ne se plie pas. Il faut sans cesse le provoquer, l’emmener. Les suspensions font le job, mais on ne sent pas les 150 mm de débattement. Dans le pentu, le vélo est long et il faut vraiment se coller sur l’arrière pour garder le contrôle. Le Jekyll est un vélo de champion, il peut aller très vite, mais je le trouve élitiste dans son comportement, il ne vous laisse pas de répit, et il faut sans cesse être vigilant. Le freins Sram Code font heureusement bien le travail, et vous permettent de déraper et/ou de calmer les ardeurs du vélo, car son terrain c’est le défoncé en ligne droite. Là vous allez à Mach 2.

Au fil des descentes, et malgré les changements de réglages, le Jekyll restera un vélo pointu, les roues Stan’s Flow en aluminium (et heureusement) ne calmeront pas cette rigidité. Les sauts devront être faits de façon académique car sinon c’est la correctionnelle. Le vélo brillera par sa stabilité plus que par sa maniabilité. Il est important de rajouter que le Jekyll ne propose pas de réglage de géométrie comme la plupart des cadres actuels. Il est donc peu modifiable selon le terrain ou encore votre pilotage. Il faudra l’adopter ainsi ! J’ai pris du plaisir avec ce vélo après deux-trois sorties, car je l’ai cerné. Il m’a apporté beaucoup de plaisir en montée avec un rendement au top, une transmission 12 vitesses qui vous permet de grimper aux arbres. En descente, il sera une belle arme à chrono, mais même si on le dompte, il reste un vélo sauvage qu’il faudra bien essayer avant d’acheter.

Le Jekyll en roues 27.5” sera à mon sens plus polyvalent sans pour autant perdre du rendement en montée. Il saura de fait correspondre à une plus large attente des utilisateurs. Pour finir, attention à la taille, qui, en cas de mauvais choix, vous compliquera encore plus la tâche.

Caractéristiques

FICHE TECHNIQUE : Tailles : S, M, L, XL – Modèle d’essai : Jekyll 1 29er – Cadre : Carbone/ alu – Amortisseur : Fox Float Factory DPX2 Evol 150 mm- Fourche : Fox 36 Factory Grip2 – Freins : Sram Code RSC, ø200 mm/180 mm – Dérailleur avant : – Dérailleur arrière : Sram X01 Eagle 12v – Pédalier : Truvatic Stylo Eagle alu, 30 dts – Commandes : Sram X01 Eagle – Cassette : Sram X01 Eagle, 10/50 – Roues : Stan’s Notube Flow mk3 moyeux Sram 900 – Pneus : av. Maxxis Minion DHF, 29×2.5 ; ar. : Maxxis Minion DHR 29×2.4 – Potence : Cannondale, 35 mm – Cintre : Cannondale C1 Riser, 780 mm – Tige de selle : Fox Transfer Kashima 150mm , ø31.6 mm – Selle : Fabric Scoop Shallow Elite – GEOMETRIE taille M : Tube supérieur : 611 mm – Tube de selle : 430mm – Angle de direction : 65° – Angle de tube de selle : 75° – Bases : 442 mm – Empattement total : 1216 mm – Hauteur de boîtier : 35.5 mm – Reach : 441 mm – Stack : 606 mm.

Distributeur : Cannondale, Contact : www.cannondale.com

RENDEMENT [star rating=”4″]

CONFORT [star rating=”4″]

MANIABILITE [star rating=”4″]

STABILITE [star rating=”4″]

PRIX/EQUIPEMENT [star rating=”4″]

 On aime : La finition • L’équipement

On regrette : Un poste de pilotage chargé • Un vélo très/trop typé