Lorsque l’on a la compétition pour ADN, comme c’est le cas chez Bianchi, cela s’en ressent dans la conception d’un cadre haut de gamme. Avec la version toute suspendue du Méthanol 29 pouces présentée lors du dernier Eurobike, Bianchi ne déroge pas à la règle !
L’axe arrière Syntace X-12 oblige de sortir son multi
Reste à évoquer la suspension de type 4 bar avec Horst Link. Une suspension gérée par un amortisseur Magura piloté en compression depuis le poste de pilotage. Un amortisseur qui signe le grand retour de la marque après le gros échec en 2008 de son modèle MX Air/Air. Retour à un fonctionnement plus traditionnel pour un poids raisonnable de 261 g en 165 mm d’entraxe, sans la commande. Un amortisseur relayé à l’avant par le modèle économique 29 de la même enseigne : la TS 6 RL. Une fourche dont la compression est également pilotée par une manette similaire depuis le cintre. Les deux leviers sont intégrés au support des leviers de frein et on salue le fonctionnement et l’ergonomie. Moins légère, cette fourche “éco” qui sort tout de même en magasin à 649 € (prix de vente conseillé) affiche un gros 1 960 g sur la balance avec un pivot en 175 mm et son axe de 15 mm. Son axe et sa clef. En effet, désormais la clef Torx T25 qui permet de tout serrer (ou presque) chez Magura, freins MT compris, est intégrée à l’axe pour en être extraite si besoin. Un serrage à clef, mais là au moins, on l’a sous la main. On ne peut quand même pas s’empêcher de penser à ce que propose SR Suntour avec son Epicon à moitié prix, à 300 g de moins et à la très bonne qualité de fonctionnement… Mais n’enterrons pas tout de suite la Magura.Avec la paire de roues Fulcrum Red Power XL qui sort à près de 2 kg, on a une grosse partie de l’explication des 12,42 kg du vélo monté alors que le cadre compte parmi ce qu’il se fait de plus léger. Fourche, roues mais aussi certains périphériques FSA de milieu de gamme dont on ne remet par ailleurs pas en question ni la qualité ni l’ergonomie, mais qui font vite grimper le curseur de la balance. L’essentiel, avant d’avoir vérifié son fonctionnement, est de savoir que ce châssis peut être facilement préparé pour passer sous la barre des 10 kg.
Justement, en selle !
Parti sur la base de réglages traditionnels avec une précontrainte à 20% environ de sa course, le premier constat est rapide : c’est trop. La suspension propose un déclenchement ferme puis une grande sensibilité linéaire pour finir par une progressivité conséquente. Comme le boîtier est très bas et que la suspension a tendance à s’assoir un peu dès qu’on est dans des côtes moyennes et fortes, les pédales viennent très rapidement toucher le sol. On a l’impression que le vélo “s’écrase”. Petit coup de pompe pour passer l’enfoncement statique à… 5%. Absurde dans l’absolu, c’est finalement ainsi que le Méthanol FS va se montrer sous son meilleur jour. C’est vrai, il aurait pu manquer d’un peu de confort, mais une fois activée par les chocs, sa suspension montre une faculté assez rare à absorber le relief. Une absorption accentuée par l’action du pédalage, mais qui ne s’accompagne pas de variations dans la tension de chaîne, autrement dit de ce kick-back si préjudiciable lorsqu’il est prononcé. On se retrouve avec un vélo qui ne se bloque pas ou peu sur les impacts et incite à rapidement à ne pas utiliser le “blocage” de l’amortisseur. Sa faculté à conserver la vitesse en réduisant considérablement l’incidence des impacts sur la vitesse de déplacement est LA grosse première bonne surprise dynamique de ce vélo, et loin d’être la dernière. Malgré un train roulant qui minimise cette notion par l’inertie qu’il oppose, le Méthanol FS parvient tout de même à montrer son potentiel intrinsèque, et quel potentiel ! Customisé en version race avec des roues Duke 299 à 1 250 g la paire, la version haut de gamme de la fourche Magura (MT 8 RL), 300 g plus légère mais aussi avec une tige de selle Truvativ Noir T40 et une selle Italia SLR Kit Carbonio, notre Méthanol FS aura perdu 1 420 g pour passer à 11 kg tout ronds. Bref, c’est dans cette version qu’on aura pu apprécier pleinement le potentiel du cadre.
Revenons à notre finition “origine 29.3”. Dans cette version, c’est dans les portions roulantes plates et vallonnées qu’on en tire le meilleur. Suspensions fermées, on a le sentiment d’être sur un rigide puisque Magura a eu la bonne idée de donner à ces manettes qui actionnent un blocage quasi-total un véritable sens. Quasi parce que sur un gros choc, l’amortisseur peut quand même travailler légèrement. Il faut signaler que rouler avec 5% de précontrainte n’est possible que parce que, par chance ou volonté, la géométrie s’y prête parfaitement avec sa hauteur de boîtier très basse, digne d’un cadre rigide. C’est uniquement grâce à cela que même ainsi, on arrive très bien à monter en selle et qu’on conserve une bonne stabilité. On peut aussi ajouter qu’avec une position très orientée sur l’avant grâce à un tube de selle très redressé, le Méthanol FS donne envie de forcer le rythme tant on est bien en selle. Le seul petit bémol lié à ce réglage minimaliste de l’amortisseur avec cette précharge en air importante, c’est lorsqu’on se trouve dans une descente raide où l’arrière est délesté. Là, et uniquement là, la suspension a tendance à être inefficace. En revanche, dès que le pilote retrouve une position plus centrale, ce qui augmente la charge sur la roue arrière, elle recommence à fonctionner parfaitement. A l’opposé, par chance également, la fourche qu’il ne faut pas non plus hésiter à gonfler selon la recommandation, offre une fermeté certaine en compression doublée d’une progressivité importante.
Une véritable arme
Ce sont ces deux facteurs qui font que le Méthanol FS 29 reste largement pilotable dans les pentes raides, lui évitant de plonger de l’avant, ce qui accentuerait fatalement une position déjà très avancée. C’est aussi pour cette raison qu’il ne faut pas hésiter à inverser la potence afin de remonter le poste de pilotage de quelques millimètres, qui feront la différence dans ces fortes pentes. Une fourche ferme en compression et, comme on pouvait s’y attendre, d’une incroyable rigidité ! C’est d’ailleurs probablement, comme en 26 pouces, avec DT Swiss, la seule capable de supporter un axe traditionnel en 9 mm jusqu’à 120 mm de débattement sans perdre en précision pour des pilotes de plus de 65 kg. Une précision ici accentuée par des roues également très rigides. En descente toujours, on aura adoré la faculté du Méthanol FS à tenir dans les grandes courbes rapides, l’apanage des géométries réussies. Le Bianchi Méthanol est un vélo déroutant dans un premier temps, mais qui ne demande qu’à livrer ses petits secrets de réglage à qui sait écouter battre son gros cœur. C’est surtout une véritable arme, bien montée, pour les purs crosseurs moins sensibles au confort absolu qu’au rendement au sens large du terme. On salue le retour gagnant de Magura avec un amortisseur qu’on risque de voir de plus en plus dès 2014.
