Banshee Prime V3 Race :Une évolution radicale

Le Prime V3 est le tout nouveau vélo à tout faire de la gamme Banshee. Nous avions hâte de tester cette nouvelle version, car habituellement les vélos de la marque ne laissent jamais indifférent. Le Prime rentre-t-il dans les rangs ou reste-t-il un anticonformiste sur le marché ?

DR. Jacques André

Prix : 4 650 € | Poids : 15 kg en taille L, roues 4,9 kg | Déb. av. 140 mm | Déb. ar. 135 mm Pratique : rando sportive, all mountain/enduro

Nous avons rarement l’occasion de tester une nouveauté en provenance de chez Banshee. Cette marque créée et gérée par des vététistes chevronnés propose une toute nouvelle génération de construction de vélos tout suspendus agressifs. Le design et la cinématique sont identiques mais les tailles des roues, le débattement et la géométrie divergent suivant les segments : Titan/Rune pour l’enduro et Phantom/Prime pour le trail. Nous avons jeté notre dévolu sur le Prime que nous considérons comme le plus polyvalent de cette nouvelle grande famille. Le Prime V3 que nous nommerons Prime pour faciliter votre lecture est donc la 3e itération de ce châssis. Il conserve la même taille de roues (29″) et débattement (135 mm) mais évolue profondément sur tous les autres points. Au premier coup d’œil nous pouvons apprécier l’évolution du style. La finition brute de notre modèle (2 coloris disponibles) lui donne encore un look un peu “proto” que l’on adore mais le reste des lignes est bien plus travaillé que par le passé. Chez Banshee, le style a toujours été relégué au second rang au profit de la performance, mais cette fois il semble qu’un équilibre ait été trouvé. Banshee reste fidèle à une construction en alu de qualité 7005. Nous avons été étonnés quand nous avons déballé le vélo de découvrir la taille du tube supérieur au niveau de la jonction avec le tube de selle. Nous sommes sur des dimensions de tube en acier comme le Production Privée testé récemment. Le cœur de ce nouveau Prime se situe autour du boîtier de pédalier. Keiht, le designer de ce vélo, a souhaité retravailler en profondeur la suspension arrière maison KS2 en la rendant plus agressive et performante du fait des capacités des vélos modernes. L’idée de base est de pouvoir contrôler au maximum tous les paramètres dans un espace réduit idéalement placé sous le centre de gravité du pilote. La suspension reste de type points de pivot virtuels avec une biellette compacte entre les bases et le tube de selle, et une autre beaucoup plus massive qui fait la liaison entre les haubans, le tube de selle et l’amortisseur Trunnion. L’ensemble des points de fixation de la suspension sur le triangle avant est sur un même empiècement en aluminium forgé et toutes les articulations sont montées sur roulements. L’amortisseur Fox travaille verticalement sur ce nouveau châssis et il a été optimisé spécifiquement pour cette cinématique. Banshee, contrairement à certaines autres marques, est transparent sur beaucoup d’informations et notamment sur les allures de courbes d’amortissement et les autres effets que nous pouvons modéliser lors de la conception d’un vélo. Nous avons été surpris de voir les choix réalisés au niveau de la suspension arrière. Pour faire simple, c’est radical et engagé comme sur un vélo de descente. Le ratio est autour de 3 au début de la course de l’amortisseur pour plonger rapidement pour finir proche des 2. Nous avons donc un vélo souple en début de course qui se durcit rapidement pour devenir progressif sur la fin. L’autre surprise de taille vient de la géométrie de ce nouveau Prime. Le vélo est long de l’arrière avec des bases de 450 mm. Au niveau de la partie avant du châssis, les chiffres sont plus traditionnels pour un tel débattement, mais nous attirons votre attention sur le fait que la douille de direction est haute avec un impact sur la mesure du Reach. Si sur le papier, le vélo reste dans des mesures conventionnelles, il en sera autrement en dynamique avec un empattement total de 1 245 mm. Le montage proposé dénommé Race est bien pensé pour une pratique agressive et la fiabilité a été privilégiée au simple gain de poids… Le distributeur français propose aussi de nombreux montages personnalisés suivant vos besoins et vos envies. Nous avons par exemple commencé notre test avec la fourche Öhlins (une option qui fait grimper le prix final de 400 €) avant de recevoir la fourche Fox 36 Performance de série. Nous avons été agréablement surpris de voir une cartouche GRIP 2 sur une fourche du niveau Performance, mais cela prouve encore un peu plus que Banshee privilégie la performance tout en essayant de contenir le prix.

Long, très long

Banshee préconise une précontrainte autour des 30% sur la suspension arrière. Nous avons suivi ces recommandations avec 15 mm sur l’amortisseur et 35 mm sur la fourche. Premier constat, le Prime a bien évolué et il a suivi la tendance du “toujours plus long”. Notre taille L nous paraît presque immense sans aller sur des sensations extrêmes comme le Nicolai Geometron. Heureusement le tube de selle est bien redressé et la douille de direction est assez haute. Nous avons au final une position relevée et confortable. Au démarrage, entre l’inertie du fait de l’empattement long et le poids de la bête, nous ne vous cachons pas que nous avons rapidement identifié que le Prime V3 n’est pas un pur sprinteur.

L’efficacité et la stabilité comme priorités

Il nous a fallu assez peu de temps pour nous familiariser avec les mensurations du Prime. Le fait d’avoir un angle de selle droit nous pousse vraiment sur l’avant et finalement nous nous accommodons bien d’avoir un poste de pilotage plus relevé qu’a l’accoutumée. Cette position que nous pouvons qualifier de “randonnée” est finalement une alliée de choix pour faire de longues sorties sans s’épuiser. A basse vitesse le Prime offre un bon grip et du confort pour un vélo avec ce type de débattement. Nous avons presque l’impression d’avoir un plus gros vélo comme nous l’avions perçu avec le nouveau Pivot Switchblade. Mais là où le Prime cache bien son jeu, c’est sur son efficacité au pédalage. A partir du moment où nous mettons du couple sur les pédales, le vélo se redresse et prend de la vitesse. Cet effet est encore plus marqué sur les grands pignons. Nous avons été surpris par ses aptitudes en montée. Il ne faut certes pas s’amuser à pédaler de façon saccadée, surtout sur des revêtements lisses. Nous prenons en compte cette caractéristique pour toujours avoir un fil de tension sur la chaîne et adopter un pédalage le plus rond possible. Sur partie roulante, une fois lancé, le Prime devient efficace car on sent très peu de mouvement de la suspension et la position centrale, relevée, insiste à rouler longtemps sans trop consommer d’énergie. Quand la pente se fait plus forte, il faut absolument garder de la cadence et éviter de pédaler trop en force. Dans les sections encore plus raides et techniques, le Prime nous surprend car il offre une stabilité rarement vue sur ce type de vélo. Le Prime est tout simplement ultra stable et nous nous amusons à grimper des montées très techniques et pentues pour voir jusqu’où nous pouvons aller ; le résultat est bluffant. La seule grosse limitation vient de la taille du plateau et nous avons apprécié de réduire un peu la taille (30 dents) pour avoir la possibilité de tirer plus court. Comme nous pouvions nous en douter, la position haute au niveau du triangle arrière permet d’avoir un meilleur compromis pour grimper et aussi pour rouler sur des terrains techniques. Le vélo reste plus haut dans le débattement et le poids du pilote est un peu plus sur l’avant. Au final le Prime est un vélo qui nous a permis de toujours atteindre sans s’épuiser les sommets que nous visions. Nous avons apprécié de mixer les ascensions entre parties roulantes et parties plus techniques et pentues. En descente, le Prime annonce rapidement la couleur et nous nous sentons aisément en sécurité. Nous avons l’impression que rien ne peut venir perturber notre progression. La position haute de l’avant est une aide précieuse, mais aussi l’empattement. Le vélo avale littéralement les obstacles et nous pouvons nous attaquer à des vitesses peu raisonnables des sections engagées. Nous avons parfois l’impression de rouler sans effort et que le terrain est moins accidenté que d’habitude. Mais nous nous apercevons vite que c’est surtout la stabilité qui donne cette impression de facilité car quand il faut attaquer à freiner, il faut appuyer fort pour nous ralentir. Le freinage du frein arrière assoit le vélo. Nous avons trouvé cela intéressant mais ça peut aussi entraîner parfois des pertes d’équilibre du fait que l’avant se déleste beaucoup. Nous avons trouvé un compromis en utilisant massivement le frein avant comme la géométrie le permet. Dans les descentes ouvertes et rapides, le Prime est redoutable d’efficacité. Si nous sollicitons le vélo avec des mouvements de corps, il répond du tac au tac et prend une vitesse impressionnante. Dans les descentes plus techniques le vélo encaisse. Attention, le Prime est un vélo viril qui se pilote. Autant sur les parties rapides, nous pouvons relâcher un peu l’attention et nous préparer aux obstacles suivants, autant dans le technique et le sinueux il faut être présent. Le Prime adore qu’on le brusque du fait de son empattement important mais aussi du fait de sa suspension arrière progressive. Il faut lui rentrer dedans sous peine de se faire sortir de la trajectoire ou brasser. Un caractère singulier qui nous a fait terriblement penser à un vélo de descente, surtout en position basse. Le positionnement haut nous a semblé plus adapté pour des terrains plus lents avec des longues portions de pédalage techniques.

DR. Jacques André

Pour pilote averti

Le nouveau Prime est un vélo qui sort des sentiers battus. Nous sommes persuadés que ce n’est pas le vélo pour monsieur tout le monde. Le Prime est un vélo robuste, rigide et efficace. Si vous aimez la vitesse et le pilotage musclé, il sera votre meilleur allié. Si vous êtes plutôt du style passif sur le vélo ou que vous cherchez un Pullman, nous vous conseillons de passer votre chemin. Le Prime bouscule beaucoup d’idées reçues et les concepteurs du vélo ont pris le risque de suivre une toute autre voie comparé à beaucoup d’autres concurrents. Le pilote est littéralement au centre de la machine et tout se passe sous nos jambes. Il est inutile de se positionner excessivement sur l’avant ou sur l’arrière, il faut simplement jouer avec ses jambes pour prendre de la vitesse et surtout latéraliser son pilotage. Nous attirons donc votre attention sur le choix de la taille si vous craquez pour cette machine et nous vous conseillons si vous êtes entre deux tailles de prendre la taille inférieure. Si vous êtes un lecteur assidu, vous saurez que c’est une recommandation assez peu fréquente que nous venons de faire, mais le Prime est un vélo totalement anticonformiste.

Caractéristiques

FICHE TECHNIQUE : Tailles : M, L, XL Modèle d’essai : L Cadre : aluminium 7005 Fourche : Fox 36 Performance GRIP2, déport 44 mm Amortisseur : Fox DPX2 Performance Elite Freins : Sram Code R, ø180/180 mm Dérailleur arrière : Sram GX Eagle Pédalier : Sram GX DUB, 32 dents Commande : Sram GX Eagle Cassette : Sram XG1275 10-50 Roues : Hope Fortus 26 Pneus : av. Maxxis Assegai Exo 3C, 29 x 2.50 ; ar. Maxxis Agresso EXO 3C, 29 x 2.30” Potence : Spank Spike Race 2, 35 mm Cintre : Spank OOZY alu 35, 780 mm Tige de selle : One Up, 180 mm, ø 31,6 mm Selle : SDG Circuit cromo – GEOMETRIE : Taille : L Tube supérieur : 622 mm Tube de selle : 455 mm Angle de direction : 65,5-66° Angle de tube de selle : 76,7-77,2° Bases : 450 mm Empattement total : 1245 mm Hauteur de boîtier : 338-346 mm Reach : 470 mm Stack : 639 mm

Distributeur : Loam Distribution, Contact : www.loam-distribution.com

NOTES :

Rendement 3

Confort 4

Maniabilité 3

Stabilité 5

Prix/équipement 4

Total : 15,2/20

On aime • La philosophie du vélo radicalement différente • La stabilité, en montée ou en descente • Qualité des suspensions • Homogénéité du montage

On regrette • L’inertie pour un vélo avec seulement 135 mm • La géométrie qui demande un certain pilotage • La qualité de la peinture et des protections • Seulement 3 tailles