Alleins : DH à  domicile

Des intempéries incessantes, de la pluie, de la neige, du vent… La France subit une météo exécrable depuis ces derniers mois. Et quand le crew Intense VTOPO veut se faire une bonne session DH et freeride, une solution : jouer à domicile !

Pluie et brouillard n’éteignent pas notre motivation!

C’est une vision fantomatique qui s’offre à nous. Au-dessus, venant de l’ouest, de gros nuages menaçants barrent une bonne moitié du ciel. Plus au sud, le soleil commence à pointer son nez dans un embrasement de lumière généralisé. Quelle toile ! Nous contemplons ce spectacle exceptionnel. Cette région que nous connaissons si bien prend une tournure assez inhabituelle. Nous effectuons nos premiers tours de roues dans cette ambiance lumineuse. Au milieu du plateau du Grand Puech, nous laissons les deux Intense au pied d’une tour isolée pour grimper à son sommet. Une table d’orientation en céramique, magnifiquement décorée, propose une lecture à 360°. Les Alpilles et la plaine de la Crau à l’ouest, le Ventoux et le Luberon au nord, les Préalpes à l’est, la Sainte-Victoire et la mer au sud. Les nuages menaçants recouvrent désormais la quasi totalité du ciel. Une lumière froide et blanche s’abat sur nous. Nous gagnons la falaise située au nord pour entamer un joli single dominant. Durant notre progression, nos vêtements viennent se frotter aux buis trempés par les pluies de ces derniers jours. Alors qu’il fait déjà bien humide, notre chance de rester complètement sec diminue. Nous pénétrons sous les chênes blancs. La descente sur Alleins commence par une série de dalles faciles lorsque le terrain est sec. Mais ce matin, les rochers sont extrêmement glissants. La mousse d’un vert presque fluo n’arrange rien. Il faut rouler léger, ne pas freiner de l’avant sur ces obstacles et attendre un terrain plus propice pour perdre de la vitesse…

Les rochers sont extrêmement glissants, il faut rouler léger!

Plus bas, le chemin n’offre que peu de pente. Il faut pédaler avec les gros DH pour prendre un minimum de vitesse. A chaque courbe, les appuis sont bien stabilisés. Au fur et à mesure de la descente, la pente s’accentue et le terrain devient plus technique. La pluie s’invite… Le ciel est très bouché. Pas un souffle d’air. On sent bien que cela va durer ! Dans le haut, le terrain plutôt terreux est assez boueux. Dans la partie basse, c’est le sable qui domine. Et sous la pluie, le grip est meilleur en bas ! Nous attaquons la partie raide avec quelques cassures où l’on peut faire de petits vols. Des virages étroits, une courte ligne droite et il faut tirer sur les Intense pour sauter une longue série de racines très glissantes. Sur ce genre d’obstacles, il faut y aller franchement. Un passage à basse vitesse serait vraiment périlleux. Un saut trop court, avec une réception sur les racines, serait quant à lui sans doute catastrophique. Nous calons les bikes dans les rigoles et dévalons le single. Encore deux courbes enchaînées à bonne allure, une calade (ancien chemin dallé) vite avalée et nous atteignons le centre du village d’Alleins. Il pleut toujours. Notre motivation est intacte. Nous poursuivons notre journée sur différents spots autour d’Aurons. Nous testons toute une série de courtes descentes aménagées sous les arbres. Il y a de nombreuses traces, souvent raides, avec quelques sauts. C’est l’occasion de voir ce que ce M9 a dans le ventre. Plus loin, nous découvrons une zone plus freeride avec quelques passages très raides et un joli saut sur une langue calcaire. Nico et Narbaix enchaînent les passages. Dans le dernier, une vitesse un peu courte sur l’appel et la réception se termine roue arrière sur un gros tronc d’arbre puis sur la terre grasse. Les riders sentent à peine ce double atterrissage. La pluie redouble d’intensité, nous nous mettons à l’abri sous les arbres et en profitons pour avaler une barre énergétique.

Pur bike de descente, le M9 est facile à relancer quand la pente s’inverse!

Le moment semble parfait pour échanger nos impressions sur les vélos et faire un premier point sur ce nouveau M9. C’est aussi les premières heures d’utilisation pour nos nouvelles fourches Fox 40. La sensibilité de ces engins est impressionnante, tout autant que la progressivité. Le ciel offre un répit qui nous permet de filer au-dessus de Pélissanne. Aujourd’hui nous tournons dans un mouchoir de poche, mais les possibilités sont si nombreuses qu’il serait vraiment dommage de zapper un spot. La journée se termine donc par le plus tendu. Un petit plateau calcaire domine des champs de vignes. En bordure, une falaise plus ou moins haute selon les endroits propose de nombreux passages. Quoi qu’il arrive, le saut est obligatoire. Nico n’est pas encore prêt pour affronter le gap le plus haut du site : quatre mètres de haut par quatre mètres de long ! Narbaix n’est pas à son premier essai. Ce gap, c’est lui qui l’a ouvert, et l’a même déjà envoyé avec des vélos plus petits. Mais là, c’est la première fois avec son nouveau jouet, et c’est surtout les premiers sauts qu’il tente avec ce vélo.

Il se concentre. Les protections sont ajustées, le casque bouclé. Il n’y a pas de prise d’élan par gravité. Il faut pédaler dès le début. C’est exactement ce que Narbaix fait pour atteindre la bonne vitesse, gage de bonne réception. Mais juste sous la falaise, il n’est pas possible d’atterrir : un tas de branches et de pierres est entreposé. Il faut donc pousser obligatoirement le vol jusqu’à la zone de réception. Lorsqu’il quitte l’appel, on constate que le saut est long et qu’il vaut mieux être à l’aise en l’air. Le casque touche le bout d’une branche de chêne vert. Narbaix atterrit comme une fleur et stoppe son bike quelques mètres plus loin.
Si vos gros vélos vous démangent ou si vous voulez vous initier à la DH, je suis persuadé que votre région possède quelques spots intéressants. En tout cas, dans les Bouches-du-Rhône, ce ne sont pas les sites qui manquent. Mais nous avons un petit faible pour le pays salonais. Ce n’est sans doute pas le meilleur spot, mais nous nous y sentons bien. Peut-être parce que nous avons tant roulé par là-bas ?