Dave Weagle ne vous dit certainement rien. Ces initiales vous parleront certainement mieux. Créateur du système de suspension DW Link et du tout nouveau Split Pivot, il est également à l’origine de grands succès du VTT comme E-Thirteen…
VTT : On a entendu dire qu’avant de travailler dans l’industrie du VTT, vous bossiez pour l’armée… Vous confirmez ?
D.W. : Mes deux jobs précédents consistaient à développer des équipements et des véhicules pour les Forces Spéciales de l’armée. J’ai également travaillé un peu sur la robotique et les explosifs, parfois ensemble. C’était des boulots fantastiques, mais je savais que j’aurais des regrets plus tard si je n’avais pas écouté ma passion pour le VTT.
VTT : Qu’est-ce qui t’a donné l’envie de créer vos propres marques comme Evil Bikes ou E-Thirteen ?
D.W. : Mon optique n’étais pas réellement de créer des marques. A la base mon envie était juste construire le meilleur produit que je pouvais, et tout a démarré à partir de là. J’ai dessiné le cadre Evil Imperial dans le cadre de mes études en ingénérie sur l’analyse par élements finis. Il s’agissait de mon premier design de cadre en production – le premier en aluminium de surcroit – et je voulais apprendre un maximum de choses possibles. Pour E-thirteen, lorsque j’ai commencé à me pencher sur le problèmes des guide-chaine, c’est parce qu’il n’y avait aucun produit qui convenait réellement aux pilotes qui roulaient sur la côte est des USA à ce moment-là. Tout ce que j’entreprends à comme point de départ le produit par lui-même. S’il est bon, alors les gens l’aimeront. S’ils ne l’est pas, je ferai tout pour l’améliorer. Et puis zut, même s’il est bon je travaillerai encore pour l’améliorer. Je ne m’arrête jamais.
VTT : Tu as créé le fameux système de suspension DW Link avec Iron Horse, qui a connu ses heures de gloire en descente avec Sam Hill. Comment s’est passée la collaboration avec la marque ?
D.W. : Je me suis occupé de toute la suspension, de la géométrie et du design des cadres avec Iron Horse. Ils étaient responsables du contrôle qualité du produit final et de toute la logistique. Iron Horse m’a payé tous les brevets sur le DW-Link en compensation pour mon travail…et cela représentait une grosse somme d’argent pour déposer les brevets dans un si grand nombre de pays. Iron Horse était une toute petite marque, et les ventes ont augmenté tellement vite qu’ils avaient du mal à contrôler la qualité au final. J’ai finalement mis fin à mon partenariat avec eux en 2007, surtout parce que ce dernier point n’est jamais devenu ce qu’il aurait du être.
VTT : Revenons-en au DW Link, d’où vous est venue l’idée du système ?
D.W. : Gamin, je m’intéressais déjà aux systèmes de suspension. Très jeune je me suis pris de passion pour les voitures télécommandées tout-terrain, qui s’est ensuite reportée sur les motos et les voitures lorsque j’ai grandi. Lorque je suis entré au collège j’ai passé beaucoup de temps à apprendre sur les suspensions pour les véhicules à 4 roues, et j’ai eu la chance d’avoir de très bons professeurs dans ce domaine. Lorsque j’ai commencé à me passionner pour le VTT, j’ai vite voulu comprendre leur fonctionnement. Mais à ma surprise, il n’y avait aucun texte vraiment précis ou complet sur l’analyse des suspensions pour les véhicules à entrainement par chaine. J’ai donc débuté en réfléchissant à travers la méthode d’analyse entre la transmission et la suspension. Une fois confiant dans mon analyse j’ai commencé à penser quels attributs de performance étaient importants pour une suspension de VTT. J’ai fait une liste de ces attributs, puis j’ai passé un bon moment à essayer de synthétiser des dessins de biellettes qui m’offriraient la flexibilité nécessaire à la mise au point des différents paramètres de performance. Finalement ce design de biellettes est devenu le DW-Link et j’ai appliqué tous les brevets dans le monde entier afin de le protéger.
VTT : Aujourd’hui, le DW Link est utilisé par de nombreuses marques comme Ibis, Pivot ou encore Turner. Une belle récompense, non ?
D.W. : Même si je me concentre aujourd’hui sur le Split Pivot, je travaille toujours un peu sur le DW Link. C’est un bon sentiment d’avoir des partenaires si incroyables dans l’industrie du vélo, et j’apprécie vraiment de travailler avec eux en les aidant à faire de leurs nouveaux VTT les meilleurs qu’il soit possible de faire. C’est une expérience vraiment gratifiante.
VTT : Justement, parlons un peu plus du Split Pivot. D’où vous est venue l’idée d’intégrer le point de pivot au niveau de l’axe de la roue arrière ?
D.W. : Lorsque j’ai commencé à travailler sur le Split Pivot, je voulais proposer un système de suspension arrière qui soit moins couteux à produire que le design du DW-Link, tout en offrant des performances du même acabit. Pour avoir déjà construit d’autres cadres dotés d’une suspension arrière monopivot, je savais que je pouvais obtenir de bonnes performances en terme d’accélération à partir de ce système. Le revers de la médaille, c’est qu’un tel système est vraiment mauvais face aux forces de freinage et assez pauvre d’un point de vue du ratio de suspension. Mon idée de base était de combiner un monopivot avec un étrier de frein flottant et un amortisseur contrôlé par une biellette…le tout de la façon la plus simple possible. Voici comment est né le Split Pivot Concentric Dropout !