Orange Five Pro 29 : Indémodable !

Orange, c’est la valeur sûre du VTT anglais. La marque qui a fait du monopivot son fer de lance, n’en finit pas de passer les années. Mieux, le Five, son modèle fétiche, se voit même greffer des roues de 29 pouces. Raison de plus pour le (re)découvrir.

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Il faut bien ça pour essayer d’apporter un maximum de rigidité à un type d’architecture (mono pivot) qui en général peine à en procurer, surtout lorsque cette rigidité de l’articulation principale et unique n’est pas renforcée par une biellette de reprise comme c’est parfois le cas sur ce type de cinématique. On peut noter que la douille, évidemment conique, en plus d’être longue, utilise un roulement externe en bas et interne en haut, que la Durit® du frein arrière et la gaine du dérailleur arrière sont intégrées au bras, mais pas au triangle. Etonnant et dommage. Quitte à devoir déconnecter la Durit® et purger le système, autant en profiter pour la passer en interne devant aussi. Ce n’est pas le cas, le vélo ne marchera pas moins bien pour autant, il eût juste gagné en esthétisme. A l’exception de la tige de selle ajustable, côté équipement tout y est pour aller grimper grâce à la transmission en 3×10 et descendre grâce au freinage Shimano SLX avec plaquettes ICE qui améliorent la résistance à l’échauffement par une meilleure dissipation de la chaleur. Les pneus Panaracer en 2,35 promettent aussi une qualité de contact avec le sol très intéressante. Elément clef en 29, les roues sont un montage maison composé de jantes Mavic et moyeux Hope, qui transpire la solidité, mais…

Bien choisir son train roulant

… une fois sur le vélo, à plus de 2 kg la paire, heureusement plutôt rigide latéralement, on se rend vite compte que l’efficacité au pédalage est toute relative, et qu’elles n’y sont pas étrangères. Sur ce point il faut vite admettre qu’on ne va pas pulvériser tous les chronos en montée et qu’il faut partir sur un rythme plus endurant qu’explosif. Avec un peu de patience, on parvient tout de même à rejoindre assez correctement les sommets. C’est dommage car l’inertie globale et la nervosité également relative du cadre en lui-même, feraient presque oublier une superbe géométrie qui place le pilote dans une position idéale et un confort certain pour produire un effort. De quoi rendre finalement les portions de pédalage assez agréables. Autre qualité qui améliore sensiblement ce rendement modeste, le calibrage du mode Climb de la fourche Fox Float, comme derrière donne la sensation d’être sur un rigide tant il verrouille les suspensions. Dans toutes les portions roulantes, et peu défoncées, c’est vraiment très appréciable pour qui a l’esprit compétition. A l’inverse, pour monsieur tout-le-monde, la sensibilité et la linéarité de ces mêmes suspensions en mode ouvert (descend), dans ce même cas de figure, apporte un confort de premier ordre lors de l’impact des roues avec les obstacles du sol. Cependant, pour minimiser le pompage, il faudra optimiser le pédalage lorsque les suspensions sont ouvertes, même en mode Trail. Pour cela, je vous conseille de rester assis et “d’arrondir” le coup de pédale. Autrement dit pédaler en évitant de faire simplement pousser/tirer mais plutôt d’inscrire soi-même ses pieds dans un mouvement circulaire pour éviter les oscillations verticales et “lisser” au maximum la puissance transmise à la roue arrière. Toujours en côte, on constate un léger kick-back lorsqu’on est sur le petit plateau et qu’on descend trop bas sur la cassette, raison pour laquelle il est préférable de rester au maximum sur le moyen plateau quitte à croiser totalement, ce qui n’est pas un souci pour la transmission. On le perçoit uniquement lorsque l’amortisseur est en mode Trail et Descend, pas en mode Climb encore une fois très ferme et peu propice à donner de la motricité si le terrain est trop fuyant.

Géométrie réussie

La “géométrie réussie” ne signifie pas uniquement le bon positionnement du pilote sur la machine, cela traduit aussi la manière extrêmement naturelle dont se conduit le Five 29. Inutile de sur-jouer, d’en rajouter sur le cintre pour fermer une courbe même très étroite et serrée. Il suffit l’incliner le cadre et le vélo suit instinctivement le rayon de la courbe. C’est vrai en côte comme en descente. Cette faculté est vraiment un gros point positif. Pour apprécier l’intégralité du potentiel de l’Orange, il aura fallu aller chercher le bike-park de la petite station d’Auron et ses pistes essentiellement typées enduro. Là on a vraiment pu aller au bout et confirmer quelques points essentiels. Le premier concerne les suspensions. Leur progressivité convient dans 95% des situations et constitue un véritable atout. Il n’y a gère que sur quelques réceptions de sauts bien à plat qu’on peut les faire “claquer”. Il n’est pas pour autant conseillé de réduire la précontrainte en augmentant la pression dans l’amortisseur : c’est tout le reste qui en pâtirait. Ce que l’on a pu sentir, et aussi constater par les traces laissées sur l’intérieur du bras, c’est que ce dernier, dans les appuis les plus prononcés, a du mal à maintenir la roue parfaitement dans l’axe. Même surdimensionné, ce gros bras reste articulé autour d’un seul axe qui aurait pu être surdimensionné pour l’occasion. Pour qui pilote en force, la rigidité latérale du bras arrière n’est pas sa qualité première. Heureusement que les roues, elles, le sont. S’il arrive que ce trait de caractère (la souplesse du bras arrière) prenne parfois un peu trop d’importance selon les circonstances, il apporte aussi un grip très intéressant à la roue arrière et une certaine tolérance dans le pilotage. Une adhérence à laquelle les pneus Panaracer Rampage, bien ronds sur leur partie sommitale avec une répartition et une hauteur de crampons homogènes, donnent sans aucun doute un avantage.

Toujours en descente, on tire un grand plaisir à sauter sur les freins qui tiennent bien le choc et apportent une puissance et une modularité suffisantes. Juste pour l’expérience, la paire de roues d’origine a été remplacée par un train roulant plus agressif et plus optimisé (Roval Traverse SL et pneus enduro Specialized). Plus léger et plus tonique, le Five retrouve surtout des couleurs en dynamisme pure au pédalage. En descente, l’excellent pneu Specialized Butcher à l’avant apporte le petit surcroît d’adhérence qui finit de rassurer et donne au vélo un caractère très sain et équilibré. On l’aura constaté rapidement, ce vélo dans cette finition, malgré l’absence de tige de selle télescopique, est plus orienté pour descendre et se faire plaisir sur des spéciales d’enduro que pour grimper. Il en est capable, mais les roues restent déterminantes dans ce profil et il suffirait de partir sur une paire plus légère mais toujours très rigide latéralement comme des DT Swiss Tricon ou Spline pour gagner d’un côté sans perdre de l’autre (sauf sur le plan financier !). Ce monopivot remis au goût du jour traverse décidément les décennies sans (presque) prendre une ride !

RENDEMENT [star rating=”3″]
CONFORT [star rating=”4″]
MANIABILITÉ [star rating=”5″]
STABILITÉ [star rating=”4″]
PRIX/ÉQUIPEMENT [star rating=”3″]