Lapierre XR Team : L’histoire continue en 29″

Il est le successeur du X-Race. Ce modèle 26 pouces sorti en 2004 a fait le bonheur des crosseurs en son temps. Désormais la relève est assurée par une gamme XR exclusivement en roues de 29 et full carbone, dont le modèle Team représente le fleuron !

L’étude du châssis nous apprend que le triangle avant est constitué de deux pièces : de l’ensemble monocoque tube supérieur/colonne/tube inférieur quasi uniquement constitué de fibres de carbone unidirectionnelles et du tube de selle avec la forme complexe accueillant la tête de l’amortisseur. L’arrière avec sa forme asymétrique est basé sur deux parties (ensemble bases et ensemble haubans) reliées au-dessus des pattes arrière. Notez que, comme d’autres (Orbea Oiz et Look 920), le triangle arrière du XR intègre la flexibilité du carbone des haubans dans le fonctionnement de la suspension arrière. Il faut aussi savoir que la taille XL/53 est la seule à avoir été « bétonnée ». D’une part pour apporter le maximum de sécurité et de résistance au cadre, mais aussi pour faire remonter le niveau de rigidité jugé insuffisant sur les premiers prototypes. Il devrait donc largement dépasser les 1 945 g de notre taille L nue (2 174 g avec amortisseur sans Remote). Un poids bien en phase avec le programme du vélo. La simplicité est donc payante.

Ei Shock disponible

Pour le reste, on trouve un boîtier au standard PressFit GXP, un axe de moyeu arrière en 142×12, un étrier de frein arrière sur la base facilement accessible pour les réglages, ce qui n’est pas toujours le cas à cet endroit. Un axe de 15 mm est bien inspiré pour la liaison avec la roue avant. Les câbles de dérailleurs et la Durit® de frein arrière sont intégrés : semi guidés pour les câbles qui trouvent facilement leur sortie sous le boîtier grâce à une fenêtre et totalement, pour la Durit®, dans un tube dont le diamètre permet de faire passer la tête Speed Lock Formula. La colonne utilise des coupelles rapportées pour accueillir les roulements semi-intégrés de la direction. Le triangle prévoit le passage externe d’une gaine afin de commander les trois modes de l’amortisseur Fox CTD. Il faut savoir que pour chacun des trois modèles du XR (Team, 729 et 529), une déclinaison E:I Shock développée avec RockShox est proposée moyennant un supplément de 500 €. On pourrait regretter le pédalier X0 au lieu d’un Sram XX sur un vélo de ce standing, mais le choix est justifié par les braquets que Lapierre souhaitait être parfaitement adaptés aux grandes roues (24/38) quand le XX ne commence qu’à partir du 26/39. Choix que ne pouvons que saluer. Côté poste de pilotage, on est sur un mélange des marques et des genres. Fox, Formula et Sram se partagent l’espace, mais attention à la compatibilité de toutes les ergonomies respectives…

Suspension parfaitement étudiée

Au roulage, le premier aspect qui se distingue est la manière dont fonctionne la suspension arrière. Quel que soit le mode activé sur l’amortisseur, on apprécie l’absence totale d’incidence sur la tension de chaîne généralement perceptible lorsqu’on grimpe sur un chemin technique. La sensibilité, le confort des modes Descend et Trail et la progressivité de la suspensions donnent accès à tout le débattement sans talonnage. Voilà une suspension arrière parfaitement étudiée ! En revanche, il est clair que cette cinématique ne peut se départir d’un système type plateforme afin d’optimiser les qualités dynamiques du vélo et éviter un léger effet « yoyo » qui peut apparaître sur les portions lisses où l’on pédale assis. Le XR Team est conçu pour être bousculé sur des parcours de XC, pour attaquer, relancer… dès lors que l’on passe sur un mode agressif, difficile de ne pas percevoir un manque certain de rigidité latérale au niveau de l’arrière et de la partie supérieure, au-dessus de l’amortisseur. Il est difficilement contestable sur notre taille L, mais heureusement, du fait de la structure renforcée du XL, le phénomène ne devrait pas s’accentuer avec l’envergure, voire réduire sur cette taille. En revanche, sur les tailles M et S, on doit revenir dans des valeurs plus acceptables. Ce phénomène est relayé par des roues qui pêchent également sur ce trait de caractère précis, et malheureusement, pas que sur ce point.

Des dysfonctionnements majeurs sont apparus sur l’incidence du rattrapage du jeu dans le moyeu arrière et le fonctionnement de la roue libre. Inacceptable à ce niveau de prix. On peut supposer que l’axe en 142×12 apporte un effet correcteur sur cette rigidité latérale, mais il n’est pas suffisant. Il faut bien comprendre que ce n’est pas le dynamisme dans les relances qui est incriminé, le boîtier restitue suffisamment l’énergie et le XR se comporte relativement bien. Non, là où les sensations peuvent être très différentes, c’est selon que l’on descende une portion droite et très cassante ou que l’on se trouve à devoir négocier un chemin étroit et sinueux dans la pente. Dans le premier cas la stabilité est tout simplement bluffante. Un peu sur l’arrière, un phénomène apparaît comme une évidence : je n’ai jamais perçu un tel décalage entre la vision d’un terrain particulièrement accidenté et la manière dont le vélo franchit, épouse, encaisse. Le boîtier bas apporte également sa pierre à l’édifice de cette belle stabilité. On sent le châssis travailler sous les impacts, les contraintes violentes, mais il n’y a là que du positif. Il est tout aussi étonnant dans les granges courbes, les dévers et passages dans les racines. En revanche, dans le deuxième cas de figure, on constate l’effet inverse.

Ambiguïté

D’une part il est très probable qu’une douille à 70,5° (soit 0,5° de plus) apporterait une conduite plus précise et naturelle, mais c’est une fois encore ce manque de tenue du châssis qui apporte un comportement déroutant. Les mouvements du corps sur la machine, les recherches d’équilibre et autres contraintes exercées sur le cadre dans ce contexte bien particulier donnent un résultat déroutant. Le binôme pilote-vélo ne fonctionne pas comme tel et pour moi, rien n’y fera. A regret, l’essai du XR Team s’achève sur une ambigüité frustrante. A l’évidence il n’est pas mon âme sœur, mais heureusement, la vérité des uns n’est pas la vérité de tous, alors laissez-lui une chance de vous convaincre en demandant à votre détaillant Lapierre le plus proche de chez vous, de vous en faire essayer un, de préférence le XR 729…