La Drôme est une drôle de région. Elle puise ses racines en région Rhône Alpe pour se prolonger hardiment en Provence. A la fois dauphinois et provençal ce territoire ensoleillé, parfumé à la lavande, contient tous les ingrédients pour proposer du bon VTT. Des montagnes, des collines… Que demande le peuple ?
C’est la porte de la Provence, la frontière entre le sud et le nord… Passé ce cap, le temps change, le ciel vire au bleu vif, les premières lavandes exhalent leur parfum enivrant et les cigales s’en donnent à coeur joie. Bon si avec ça on n’arrive pas à rouler, il n’y a plus qu’à raccrocher le VTT. C’est à Chatuzangues le Goubet, au Gîte «Aventure Evasion» chez Freddy Villard, que commencera notre périple Drômois, en plein cœur du pays de Romans. Le pays est plat comme la main, mais dans l’horizon tout proche se profilent déjà les montagnes. Freddy, 49 ans, est un ancien coureur pro, sec comme un coup de trique. C’est un véritable avion, en montée comme en descente. Il a intégré dans sa base des parcours trialisant.
Nous pédalons pour une mise en train jusqu’à Rochefort-Samson entre petites routes discrètes et chemins en direction de la Combe d’Oyans, au pied même du Vercors. Au camping, il faudra suivre le parcours noir N°13 avec une boucle qui nous ramène au Col de Saint-Genis. Cette superbe boucle sauvage est assez rude avec un dénivelé de 700 mètres entrecoupé de poussages, mais la récompense se traduira par un magnifique single.
Direction le Col de la Sambie…
Ensuite cap au Col de la Sambie en suivant le parcours bleu N°12 jusqu’à Barbières. Suivre ensuite le parcours noir côté 10 qui nous emmène au col de Tourniol. De là, attention de ne pas descendre sur la route. Il faut monter au Col par la route (3kms) : Belle vue sur la vallée, puis descente par la route sur 2.5 kms, et dans une épingle reprendre le GR. Suivre le GR9 et passer la vacherie, Plan de Baix pour terminer cette première journée à Beaufort sur Gervanne.
Ce petit bourg est situé au coeur de la vallée de la Gervanne. Particulièrement marqué jadis par les luttes autour de la Réforme, la population passa successivement sous l’autorité des catholiques et des protestants avec les luttes intestines que cela suppose. Longtemps, tous les commerces étaient «dédoublés», l’un servant essentiellement les catholiques, l’autre les protestants ! Il y eut jusqu’au milieu du XXe siècle une forte activité commerciale marquée par des foires, et la présence de nombreux commerces et artisans. De 1950 à 1980, le village n’a cessé de décliner jusqu’au développement du tourisme qui a redonné un net dynamisme non seulement au bourg mais aussi à toute la petite région. Après cette belle étape de 60 kilomètres et 1500 mètres de dénivelé l’accueil de Didier Kilpinen au gîte de la Brèche sera providentiel !
Le lendemain, départ en direction de Vaugelas, Col de la Croix (511m), le chemin Saint-Christophe, col de Pourcheton. Il faudra rester sur le GR9 avant de prendre, sur la droite, un superbe chemin de crête surplombant la Drôme, en direction Serre Peyplat-Serre Miron. Un itinéraire magique ! Vous retomberez sur la route D617 pour traverser ensuite la rivière le Charsac. Au Chaylar prendre la direction de Blacons par la piste. Faites un petit détour par le très ancien village de Mirabel. Ce bourg d’un millier d’âmes, posé sur une butte ronde, est entouré de très vieilles bâtisses. Ne ratez pas les ruines du château et autres fortifications et tour de guet du XIIe siècle sans oublier les Chapelles du calvaire et Notre-Dame de Beaulieu. Passez ensuite sur la rive gauche de la Drôme pour poursuivre en direction de Crest (piste et petite route). A Crest, vous prendrez rive droite (deuxième pont) en direction des Ramiéres sur un single en longeant la Drôme. Aux Ramiéres, on retraverse la Drôme pour mettre le cap sur Chabrillan. Le gîte Marie-Odile Petiot est vraiment superbe. Nous vous recommandons son vin de noix à base de vin blanc. Une deuxième journée plus tranquille avec 40 kms et 380 mètres de dénivelé.
Entre moulins et bois, la Drôme se découvre
Départ au matin du troisième jour en direction de Grane puis le Bois de la Dame, le Col de la Pierre Sanglante, le Col du Deves, Courbières. Le mieux est de suivre le balisage équestre vers Saudan, Peyrardes puis terminus à Taulignan. Ce sympathique bourg de 1500 habitants est lui aussi chargé d’histoire. Cet ancien fief de la baronnie de Montauban était jadis entouré de solides remparts percés de plusieurs portes puissamment fortifiées. La porte d’Enguille de Taulignan est l’un des ouvrages de guerre médiévaux les mieux conservés de la région. Le beau gîte d’Aline Marquis, aux volets bleus, est parfait pour une dernière nuit dans la Drôme. Il s’agit d’un ancien moulinage de soie du XIXe siècle restauré avec soin.
Entre vieilles pierres, singles calcaire, senteur de lavande, forêts de petits chênes tordus, la Drôme sait avec un tact inouï mélanger les charmes du Sud et du nord. Pas étonnant que ce territoire aujourd’hui plutôt désertique'(on ne s’en plaindra pas !) ait été autant convoité. Pas étonnant que les vététistes commencent enfin leur pacifique invasion. GPS indispensable, sentiers et singles se multiplient à l’envie !