La large gamme de VTT KTM pour 2013 témoigne des ambitions de la marque autrichienne : être sur tous les terrains de jeu. Ainsi tous les diamètres sont exploités au mieux en fonction du programme. Nous avons choisi de tester le Scarp 29, un produit dédié au XC marathon, dans sa déclinaison Master, le meilleur rapport prix/équipement de ce modèle.
Un look terrible
Son look terrible, pour commencer, est largement dû à sa massive et très structurée douille de direction, la forme du tube diagonal et la patte de dérailleur avant. Tout cela en carbone évidemment. La cosmétique carbone UD mate surlignée de cet orange, évoque à elle seule l’ADN de la marque. ça joue pour beaucoup dans ce coup de cœur esthétique. Et puis il y a tous ces détails qui le placent dans la catégorie supérieure des VTT : la totale intégration gaines et Durit®, dont on regrette simplement qu’elles ne soient pas guidées à l’intérieur (mais il suffit de le savoir pour l’anticiper), et cette petite butée intégrée au tube de selle pour le passage de la gaine de dérailleur avant, là où beaucoup se contentent d’un collier Rilsan®. On notera également la protection située sur la partie exposée du cadre, au-dessus d’une boîte de pédalier au standard Press-Fit ainsi que celle placée sur la base arrière droite. L’arrière est donc en alu sur ce modèle, mais dispose de tous les éléments requis pour un fonctionnement optimal, à commencer par cette patte de dérailleur qui aide aux manipulations de la roue, à l’axe DT Swiss en 142×12 qui ne nécessite aucun outillage et apporte de la consistance à l’ensemble roue/triangle. On notera aussi la fixation Postmount de l’étrier de frein à partir de 160 mm pour le diamètre du disque (ici montée d’origine en ø180 mm).
Le bras arrière aux bases asymétriques se prolonge au-delà du point de pivot avec le triangle avant pour supporter le pied de l’amortisseur. Avec la biellette pour support haut, on dispose donc d’un amortisseur flottant qui n’est pas sans rappeler ce que font quelques marques, mais dont KTM peut revendiquer une grande ancienneté dans l’utilisation de ce système. Comme souvent, il devrait apporter, en complément des caractéristiques de la cinématique de type 4 bars, sensibilité et progressivité. Seule ombre au tableau à ce stade, des bases particulièrement longues qui projettent le spectre d’un manque d’aisance dans les courbes les plus resserrées, mais attendons avant d’affirmer un caractère définitif.Dernier point à évoquer dans cette découverte du Scarp, le poids. Les 12,9 kg de cette grande taille peuvent surprendre et ils sont effectivement dans la limite haute pour le programme, et un avant composite. Il faut savoir que les gaines et câbles du système de manette Fox CTD n’aident pas à optimiser la masse globale de la bête, ainsi que la concession économique du bras alu. Mais avec un train roulant bien placé sur ce point, et si le cadre amène la tonicité du carbone, le Scarp devrait nous réserver quelques surprises.
En selle !
Pour une fois, le chariot déporté n’est pas un problème puisque le tube de selle est bien orienté vers l’avant avec un angle (virtuel) de 74°. En revanche, c’est la limite d’avoir peu de tailles, il aura fallu baisser au maximum le poste de pilotage et raccourcir un poil la potence pour parvenir à l’équilibre qui me convient. Cette « customisation » est propre aux habitudes et morphologie de chacun, et c’est le détaillant qui pourra procéder aux ajustements, normalement, sans surcoût. Un vrai bon cintre de VTT en 720 mm et des poignées Lock-On ergonomiquement très agréables, ajoutent au plaisir de saisir le gouvernail de cette machine magnifique. Autre parfaite complémentarité ergonomique, celle des manettes et leviers Shimano avec les Fox : tout le monde cohabite en parfaite harmonie. Dans les organes de suspension, les pressions sont modérées, signe d’un ratio plutôt bas. 170 PSI pour une précontrainte de 25% et poids pilote/équipement de 82 kg. Les premières remontées d’informations confirment une sensibilité et un fonctionnement très efficace de la suspension arrière. L’avant aussi, mais ce n’est pas une surprise, on connaît bien la Fox 32. On note également que le para-métrage du système CTD est suffisamment marqué pour apporter une vraie différence de compression entre les modes. Descend est le mode du confort absolu pour de la rando, mais c’est sur Trail qu’on aime à enchaîner les kilomètres dès lors que l’on met un peu de tonicité au coup de pédale.
Surprise, la masse « élevée » du Scarp peut être relativisée car la réaction au pédalage est bonne. Le cadre travaille, mais restitue l’énergie dans les relances. Pour autant, dans cette version, il manquerait de qualités dynamiques pour s’aligner au départ d’une compétition de niveau national avec de réelles ambitions. De toute manière ce n’est pas son objectif, le modèle Prestige est logiquement plus là pour ça. Le Scarp Master 29 apporte largement de quoi partir sur de longues distances en mode plaisir et découverte, et dans ce but, le triple plateau est un atout. Un atout qui permet d’utiliser la motricité étonnante, conséquence logique d’un pneumatique Schwalbe Rocket Ron agressif juste ce qu’il faut, mais surtout d’un bras arrière très long qui retarde le cabrage et assure une très bonne stabilité, même à basse vitesse. On peut accentuer la pression au sol en passant en mode Trail et éviter au vélo de s’assoir exagérément sur l’arrière et conserver son assiette dans les côtes les plus raides. Pour les ascensions techniques, le mode Climb est un poil trop ferme, ce qui fait perdre en motricité. Il faudra le réserver aux portions raides (ou pas) mais roulantes. Sinon, dans les côtes, on peut rester debout tout en conservant une bonne adhérence, toujours grâce à cette longueur de base.
Un vrai plaisir de pratiquer
Pendant de cette caractéristique, en descente, on relève sans surprise un manque certain d’agilité dans les virages serrés, surtout si le sol n’est pas lisse. Si c’est le cas, on peut se servir de l’impressionnante puissance du système de freinage à l’attaque marquée pour faire glisser l’arrière et le mettre dans l’axe de la sortie, mais sinon, à moins d’avoir pris la peine de baisser un peu sa selle pour avoir plus d’amplitude et gagner en aisance, on n’est pas vraiment à l’aise. C’est le seul manquement à signaler. Pour le reste, on peut d’autant mieux lâcher les freins sur les portions rapides que les suspensions travaillent parfaitement à effacer les obstacles, que les pneus apportent une bonne accroche, y compris en terrain boueux, et que si besoin, on peut compter sur les freins pour décélérer sur une distance record. Des freins dont l’endurance est absolue grâce au diamètre conséquent des disques et à la technologie Ice qui garantit un refroidissement par dissipation de la chaleur dégagée. Toujours en descente, le « Plus » du dérailleur arrière Shadow Plus apporte incontestablement une garantie de ne pas dérailler, ce qui constitue un agrément majeur lorsqu’on évolue sur des terrains cassants avec une transmission en 3×10 (chaîne et chape de dérailleur plus longues). Ce Scarp Master 29 n’est certes pas une bête de course et on regrette parfois les conséquences de bases un peu longues en descente, mais le reste du comportement, dans sa grande globalité, apporte un tel plaisir à pratiquer le VTT sur une machine soigneusement conçue et équipée qu’il reste un choix de premier plan à moins de 4 000 €.