En VTTiste averti, vous avez sûrement déjà commandé vos pièces au moins une fois sur internet pour profiter des tarifs indécents de certains sites spécialisés. Mais vous êtes vous déjà demandé comment faisaient ces VPCistes pour obtenir des prix à ce point bas ? Que cache ce marché en pleine expansion ? Nous avons enquêté…
Trouver un prix défiant toute concurrence sur un article ayant un an ou deux est assez logique, mais il faut bien admettre que débusquer un prix allant jusqu’à 40 % de moins que celui que l’importateur officiel préconise est assez surprenant. D’où la question : comment font-ils ? Comment peut-on vendre des accessoires à de tel prix ? Pourquoi un tel écart avec les magasins ? Nous avons posé la question à différents acteurs de la vente en ligne parmi les plus (re)connus et force est de constater que tous n’ont pas voulu y répondre. D’un simple refus à une ignorance la plus complète de notre requête, il n’a pas été facile de trouver un début de réponse.
Les pièces ne sont pas toutes les mêmes…
Sachez tout d’abord que les pièces que vous verrez sur internet proviennent de plusieurs sources bien différentes qui expliquent en partie les différences de prix affichés. Vous pourrez trouver des pièces qui proviennent bien de l’importateur français, exactement les mêmes que celles que vous achèterez en magasin spécialisé. Le prix sera à peine moins cher, se sera l’histoire de quelques euros tout au plus. Disons qu’avec les frais de port, tout ce que vous économiserez, ce sera l’essence pour aller jusqu’à chez votre détaillant. Rien de plus. Mais à côté de ça, vous aller voir que d’autre pièces sont proposées à un tarif radicalement plus bas, tout en étant strictement les mêmes. Comment expliquer cette différence ? Ce stock de pièces provient tout simplement d’un magasin ayant fait faillit par exemple et dont le stock à été vendu à prix cassé. C’est une des possibilités. Mais pas la seule. Il se peut aussi que ces pièces soient ce que l’on appelle des OEM (Original Equipment Manufacturer), des pièces réservées aux constructeurs qui les achètent pour monter les vélo complet qu’ils proposent dans leur catalogues. Et alors me direz-vous, quelle différence ? Tout d’abord, il est fréquent qu’une pièce OEM ne soit pas tout à fait la même que celle proposée en aftermarket chez votre détaillant. Couleur, mais aussi caractéristiques techniques peuvent différer.
En prenant l’exemple d’une fourche, il se peut que le mécanisme interne ne soit pas le même, ou avec les mêmes composants de qualité que le modèle de série. Les pièces OEM sont vendues en gros aux constructeurs, à des prix très bas, ce qui explique la différence de qualité par exemple. Le produit n’est pas dangereux, mais juste de qualité inférieure. Certains sites de VPC (Vente Par Correspondance) rachètent ce type de pièces, d’autres pas, par respect envers l’importateur mais aussi le client que vous êtes. Pourquoi ? Acheter des pièces OEM, c’est comme passer dans le dos de celui qui travaille pour la marque en France et donc lui casser son marché. Mais vis-à-vis du client, le risque est différent. Si vous achetez une pièce OEM (même sans le savoir) et que vous avez des problèmes par la suite, le SAV France peut très bien ne pas vouloir s’en occuper sous prétexte que vous ne l’avez pas achetée dans le circuit classique. Le numéro de série figurant sur l’article indiquera sa provenance et donc son vendeur. En France, légalement, le responsable du SAV est celui qui à vendu l’article. Donc il faudra vous arranger avec le site en question, pour peu que celui-ci soit honnête. C’est le cas chez la plupart d’entre eux, rassurez-vous. Mais d’autres ont moins de scrupules…
La TVA n’est pas la même dans tous les pays, donc les prix varient aussi
Quelques sites de VPC ont migré hors de nos frontières, et ce n’est pas seulement pour respirer du bon air. En effet, en France, la TVA (Taxe sur la Valeur Ajoutée) est de 19,6 % sur les produits comme les pièces de vélo. Prenez le prix de base, ajoutez la marge du vendeur, plus la TVA, cela explique en partie les prix que nous connaissons. Mais ce n’est pas le cas à l’étranger. Aucun site de VPC n’est installé au Danemark ou en Suède pour la bonne raison que là bas, la TVA est à 25%. Idem pour la Pologne, pourtant plus proche qui affiche un taux de 21%. Le meilleur taux de TVA se situe au Luxembourg avec 15% en taux standard. Car, comme chez nous, il existe d’autres taux applicables suivant la nature du commerce. Cela peut donc descendre à 12%, 6% ou même 3% dans certains secteurs d’activité. De là à faire passer un produit en main d’œuvre pour bénéficier d’une TVA réduite, il n’y a qu’un pas… Cela laisse rêveur… Quoiqu’il en soit, baser sa société au Luxembourg n’est pas sans avantage, c’est évident. Ce qui permet donc de proposer des articles à pris défiant toute concurrence sur internet. Mais pour ce qui est du SAV, c’est une autre paire de manches. Les forums regorgent de sujets y faisant allusion. C’est quitte ou double, comme à la loterie.
Mais ce qui est plus surprenant encore, c’est qu’au fil de nos appels, nous avons découvert que ces pièces OEM qui fleurissent sur le web ne sont pas toutes des pièces «récupérées» en douce par les VPCistes. Certains constructeurs les commandent en grosses quantités pour le montage de leurs vélos, mais surstockent en toute connaissance de cause pour ensuite revendre ces pièces sur le net. Même en les proposant à des prix attractifs, ils conservent un bénéfice du fait de leur achat en gros. Même le site qui les mets en ligne peut lui aussi gagner sa marge tout en attitrant le chaland avec un tarif exceptionnel. Plus surprenant encore ? Il arrive parfois que ce soit les marques d’accessoires ou de cadres qui alimentent ce marché que l’on appelle «gris» parce qu’elles y trouvent leur compte. Avoir un stock de pièces importées d’Asie qui dort en container n’arrange personne. Si le constructeur s’aperçoit qu’il a trop de pièces OEM pour son marché, il va de lui même écouler ces pièces via les sites internet pour combler le manque à gagner.
Mais certaines marques ont trouvé la parade pour éviter ces différences de prix parfois indécentes en maîtrisant à la fois les prix OEM et ceux en aftermarket de manière à ce qu’il n’y ait pas de trop grosse différence de prix pour le client final. Que ce soit en magasin traditionnel ou le sur le net, vous ne pourrez trouver que quelques dizaines d’euros de différence au maximum. Peu sont ceux qui font cette démarche pour assainir le marché et pour les connaître, il suffit de voir quels sont les produits que l’on trouve pas sur internet à prix bradés pour en avoir le cœur net
Les bonnes affaires existent vraiment, mais il faut rester prudent
Mais lorsque l’on voit que certains sites proposent des pièces 2010 que l’importateur Français lui même n’a pas encore, on voit là clairement que le site en question se fournit en dehors de France, avec des conditions de TVA arrangeantes pour contourner le système fiscal et proposer des produits moins chers.
Au final, il est certain que les clients potentiels que nous sommes tous vont faire des affaires en achetant sur internet,cela dit, il faut rester vigilant quant à l’offre. Un produit de l’année, proposé à près de 40% de remise a de fortes chances d’être une pièce OEM écoulée. La prise de risque est plus ou moins avérée suivant l’article. Il est certain qu’entre un dérailleur et une fourche, les problèmes susceptibles d’apparaître ne sont pas les mêmes. Une fourche X,vendue à près de 1000€ en magasin, peut être vendue seulement 250 € à un site de VPC ( qui ne l’achète pas à l’unité, c’est évident) parce qu’elle provient d’un stock OEM de France ou de l’étranger. A vous de savoir faire la part des choses et de voir si vous préférez mettre un peu plus et avoir la garantie d’un SAV carré ou alors foncer sur les prix du web en connaissant les risques potentiels. Cela dit, encore une fois, beaucoup de sites jouent la carte de la transparence, tant en matière de prix que de SAV. Tous, loin s’en faut, ne vendent pas d’OEM, et les produits que vous trouverez sur leurs sites sont dûs à de bonnes négociations avec l’importateur qui y voit aussi une manière supplémentaire de vendre ses pièces. Le but de ces sites n’est pas de se mettre à dos les importateurs avec qui ils travaillent à l’année, bien au contraire. Mais ne devenez pas «VPCsiste- phobe» pour autant, les vraies bonnes affaires existent !