Dans les roues d’Ophélie David

Ophélie David, la reine du ski cross, est aussi une solide vététiste au palmarès enduro bien fourni : une Mégavalanche dans la poche en 2008, des secondes places sur les Maxiavalanche et des Mégas, des podiums à la Mountain of Hell… Côté ski, depuis 2004 elle rafle tout et totalise sept Globes de Cristal. Rencontre avec Ophélie à l’Alpe d’Huez, « ma maison, mon village ».

Les départs groupés de la Méga m’ont appris à gérer la pression en ski X

La rivière chantonne à nos côtés, puis le col apparaît. 1 300 m plus bas, la plaine. Ophé nous emmène sur un de ses terrains de jeux préférés. Et une sortie dans le quartier, c’est minimum 1 000 m négatifs, sinon rien. Pour elle, les purs moments de VTT, c’est ça : du pédalage pour trouver une belle descente derrière, chercher du piment, de l’adrénaline, et partager tout cela avec des amis. Pour aujourd’hui, nous partons du côté d’Auris en Oisans sur l’itinéraire des Cheminées de la Balme. Ce chemin vertigineux était la seule porte d’accès depuis la vallée pour le village d’Auris jusqu’en 1902. A la fin du 19e siècle, c’est par ce sentier en Z que furent acheminés, à dos de mulets, tous les matériaux pour restaurer l’église d’Auris, car le sentier était plus large qu’aujourd’hui. Chaire et autel, plomberie et zingueriez, vitres et ardoises sont donc passés par là. Aujourd’hui, c’est un petit bijou de descente à VTT…

Pour atteindre le départ des Cheminées depuis la fontaine du hameau de la Balme d’Auris, nous dévalons les coteaux ensoleillés entre le Col de Cluy et les hameaux d’Auris. Vue sur la célébrissime Meije et ses 3 973 m, le glacier des 2 Alpes en face de nous scintille, les odeurs de lavande sauvage embaument le chemin.  » Mes grands souvenirs à VTT sont liés à la Méga, raconte Ophé alors que nous faisons une petite pause face aux glaciers. C’est une course vraiment engagée, et puis c’est à la maison. Mais mon éternel regret à VTT se sont mes lacunes techniques. J’ai pu en compenser quelques-unes avec mon expérience de la glisse à ski et mon sens des trajectoires. Du coup, j’ai pu me donner à fond et accrocher quelques podiums. Mais bon, sur le plan de la technique, ce n’est pas toujours terrible…  » Quoi qu’il en soit, Ophélie est bien consciente de sa chance d’avoir pu rouler, pendant de nombreuses années avec les cycles Lapierre et, aujourd’hui, avec des VTT Scott.  » En 2012, j’ai levé le pied sur le VTT de compétition. C’était vraiment trop épuisant d’effectuer une saison de compet sur les skis puis d’enchaîner avec une saison des VTT. Et puis tu rajoutes deux blessures, dont une sur les reco de la Méga en 2010 – fracture de la cheville – et voilà, tu lèves le pied. Mais attention, je ne fais plus de compet, mais je roule, hein ! Si j’ai le choix, je roule enduro, c’est ma pratique, c’est la même démarche qu’à ski, j’ai besoin de la vitesse, de la descente pour m’éclater.  »

Cela devenait compliqué d’enchaîner une saison de ski et une de VTT

Sur ces paroles, son Genius LT20 a déjà disparu avec agilité et nous attaquons le « pitch » de l’itinéraire, un superbe chemin qui plonge dans la falaise pour rejoindre la route entre Briançon et Grenoble.  » Aujourd’hui je vous ai emmenés ici, mais en Oisans il n’y a que des merveilles de chemins. Si les remontées sont ouvertes, tu peux basculer sur Vaujany par le plan des Cavales, sur Oz en Oisans par le Plan du Cerf, et bien sûr rouler sur l’Alpe et descendre à Allemont. Sinon, tout autour de nous, il y a des chemins au profil magique. C’est le bonheur de rouler juste à ta porte. Et puis quand tu es skieur, c’est logique d’adorer ça, c’est le même terrain de jeu, c’est la même démarche. « Quand l’hiver approche, Ophélie sent ses spatules frémir. Devant sa porte, la neige l’attend. Et quand le printemps approche, elle sent son vélo frémir. Devant sa porte les chemins de l’Oisans l’attendent. ça ne ressemble pas au paradis ?