Présenté en octobre 2012, le RockRider 8 XC Pro est arrivé en magasin cet été. Mais la question que l’on peut se poser c’est : est-ce que lancer maintenant un semi rigide en 26 pouces au moment où tout le monde propose du 27.5, est judicieux ?
Un rapport prix/poids/équipement imbattable
Il s’agit de la deuxième génération de cadre carbone RockRider rigide. Il reste donc en 26 pouces, mais passe sur tous les standards actuels tels que la direction conique avec jeu de direction semi intégré, un boîtier Press Fit BB92 et une fixation Postmount pour l’étrier de frein arrière. Ce pure monocoque affiche 1 280 g en taille XL sur la balance, ce qui le place dans une bonne moyenne. Quelques inserts en aluminium sont présents comme au niveau des pattes de fixation de la roue arrière et des inserts filetés pour le maintien des deux porte-bidons et des gaines. Des gaines et Durit® de frein arrière qui ne sont pas internes, mais qui gardent une certaine discrétion en cheminant, solidement plaqués, sous le tube supérieur. On note que le dérailleur avant est de type E et non en Direct Mount, même si c’est finalement un peu le même principe sauf qu’ici il y a deux petites vis au lieu d’une grosse. Pour ce qui est de la géométrie, il a fallu passer sur un XL pour conserver ma longueur de top tube habituellement utilisée, autour de 620 mm. On peut presque dire que par rapport au calibrage qui se pratique habituellement au niveau des tailles, il faut partir sur la taille au-dessus. Le L est plutôt un M et le M plutôt un S si on ne tient compte que de la longueur du tube supérieur. Pour équiper ce cadre apparemment très bien réalisé, on ne peut que saluer la présence d’une transmission XT en 2 x10 et le freinage Elixir 7 sans oublier un train roulant déjà très agressif pour le prix final. Le mariage des Mavic Crosstrail à 1 650 g la paire chaussée en tubeless d’origine des excellents Hutchinson Cobra permet de prédire que le rendement sera au rendez-vous. La belle tige de selle carbone participe aussi à passer largement sous la barre des 10 kg ce vélo au rapport prix/poids/équipement imbattable, même lorsqu’on va chercher le meilleur des constructeurs spécialisés dans la vente par Internet. Seul point qui peut laisser certains dubitatifs, le poste de pilotage n’est résolument pas contemporain avec son cintre en 620 mm et sa potence en 110 mm. Deux critères qui restent heureusement modifiables à moindre coût au besoin.
Prêt pour un départ en compétition XC !
Il faut bien l’avouer, en se mettant en selle sur ce 26″, on a un peu la sensation de « regarder en arrière ». Pourtant il va vite mettre en évidence tous les points qui ont fait du 26 une référence pendant si longtemps. Le premier d’entre eux reste le dynamisme. Egalement conditionné par la tonicité du cadre et le poids des roues, le 26 pouces, quand on est sur des critères bien optimisés comme ici, reste un plaisir lorsqu’il faut relancer ou sortir une bosse debout sur les pédales à l’arrachée. Dès lors que le sol n’est pas trop accidenté ou meuble, la motricité reste convenable, mais il est certain que comparativement, le 29 apporte un plus incontestable. On réalise aussi à quel point la position du corps est importante et que les vélos plus longs en bases et en empattement global sont plus permissifs et tolérants. Là, pour garder la roue avant au sol sur une montée technique et raide, il est essentiel de mettre le bassin bien au-dessus de la roue arrière afin de garder de l’adhérence, mais aussi et surtout de casser le buste au maximum au-dessus du cintre afin de conserver une roue avant au sol et une direction active. En revanche, dans ce cas de figure précis, on apprécie une nouvelle fois les qualités dynamiques du 8 XC. Il n’y aura d’ailleurs guère que dans les fortes pentes, en côte comme en descente qu’on pourra trouver à redire sur les aptitudes de ce RockRider. Au passage on souligne la transmission musclée en 28/40 qui confirme l’orientation compétition de cette machine. La selle devient vite très présente et gênante lorsqu’on plonge dans la pente, qui plus est si elle est technique. C’est la raison pour laquelle on ne vous conseillera pas ce VTT si vous évoluez sur des chemins étroits, sinueux et raides de montagne.
C’est là que la fourche dont on ne peut que louer le bon fonctionnement en termes d’amortissement laisse apparaître des lacunes sur le plan de la rigidité en torsion. En effet la liaison roue/fourche étant à la charge d’un petit blocage rapide traditionnel, un flou est nettement perceptible dans les virages lents et serrés dans la pente. Le reste du temps, pour la grande majorité des situations, il est vraiment suffisant et permet de prendre un plaisir conséquent à pratiquer le VTT. Par ailleurs, il est tout à fait capable et prêt pour s’aligner au départ d’un XC régional ou national tel quel. Aucune modification n’est à envisager dès lors qu’on s’accommode de la longueur de la potence. On aime aussi retrouver le côté ludique d’une direction vive et d’un vélo léger, facile à faire décoller au moindre appel. En descente toujours, on aime la qualité et la puissance du freinage et le grip des pneus qui donne, avec la progressivité et la sensibilité optimale de l’amortissement de la fourche RockShox SID, de bonnes sensations, même lorsque la vitesse augmente. Toutes les réserves évoquées sont liées à l’évolution du pilotage et à l’habitude de rouler désormais avec des vélos différents qui ont énormément évolué où la taille des roues et celle des axes est souvent plus importante. Si nous étions resté sur du 26, nous ne trouverions probablement pas autant à redire. Une chose est certaine, pour les jeunes et débutants en particulier, commencer sur un vélo comme celui-là est une excellente école propice à développer les gestes fondamentaux et essentiels du VTT. C’est un peu la même chose lorsqu’un débutant commence la descente d’emblée avec un gros vélo très permissif et tolérant qui va pardonner beaucoup : il va passer à côté de tous les fondamentaux qui permettent de se faire plaisir et de ne pas plafonner rapidement. Le 8 XC a toujours son public, c’est une certitude.