YT Decoy CF Pro Race : la surprise du chef !

DR. Johan Hjord

On pensait la vente des VTTAE exclusivement l’apanage des magasins en dur, mais l’arrivée l’année dernière du Canyon Spectral:On en a décidé différemment. Cette année, c’est au tour d’YT Industries de s’y lancer avec un Decoy qui a de sacrés arguments pour plaire aux enduristes.

DR. J. Hjord

Prix : 6599 € | Poids : 22,4 kg en taille M | Déb. av. : 160 mm | Déb. ar. : 165 mm

Pour la motorisation, c’est Shimano !

En choisissant d’associé son châssis au moteur Shimano E8000 et à commande E7000, YT joue la carte de la valeur sure. Il faut dire que le Nippon a réussi en très peu de temps a s’imposer sur ce segment tant par la qualité de son assistance que par la compacité de son moteur. Et pour le coup, ici c’est un vrai plus qui permet au Decoy d’afficher une belle valeur de 442 mm pour ses bases. Oh, ils aurait pu faire plus court grâce au E8000 mais la balance entre la partie avant du vélo et arrière n’aurait pas été bonne. Par contre, lorsque YT a développé le châssis du Decoy, la seule possibilité offerte par Shimano en matière de batterie intégrée était inenvisageable : trop large. Regardez le BMC ou le Cannondale, cela oblige à avoir un tube diagonal super disgrâcieux. Dans ces conditions, la seule solution pour avoir un physique qui se rapproche d’un VTT 100 % musculaire était de monter leur propre batterie, et c’est ce qu’ils ont fait. Il fallait qu’elle soit le plus compacte possible pour baisser sa position au plus bas. La solution retenue est un modèle composé de cellules 21700 donnant 540 Wh, faite en partenariat avec SMP Battery. Mais ce n’est pas tout. Pour amortir les vibrations entre le cadre et la batterie, cette dernière est montée sur élastomère et fixée par deux vis qu’il suffira de retirer pour la sortir afin de la recharger (si vous disposez pas d’une prise dans votre garage par exemple). D’ailleurs c’est en retirant la batterie que l’on peut avoir accès à toutes la câblerie qui passe en interne. Au moins pas besoin de sortir le moteur pour changer son câble de tige de selle télescopique (c’est du vécu…). Pour démarrer le système, le bouton se trouve sous le tube supérieur, bien protéger.

La carte du mixage

Le développement du vélo a pris deux ans et demi, et depuis tout ce temps, un point n’a pas changé, le mixage des diamètres de roues. Le 29” à l’avant pour le franchissement, le 27.5 pour la vivacité du train arrière. Par contre choisir le 27.5×2,8 à l arrière, c’est à mon avis vraiment trop gros parce que l’on sent vraiment un déséquilibre avec le 29 en 2.5 à l’avant… A l’usage, un 2.6 aurait surement été mieux. D’abord parce que c’est plus précis et roule moins sur lui-même dans les appuis( même si ici, la jante large E*thirteen montée sur notre vélo de test limite un peu les mouvements), mais surtout parce qu’aujourd’hui les 2.8 sont encore trop fragiles. Le Maxxis Minion DHR II en carcasse EXO+ a eu du mal à contenir les assauts répétés des pierres des Alpes Maritimes. On a dénombré beaucoup de crevaisons à l’arrière, pas à l’avant. Peut être que j’avais trop de compression haute vitesses, ou que la forme du crochet de la jante un peu trop agressive. Le truc, c’est que si je mettais moins de compression haute vitesse, le vélo avait tendance à vouloir aller un peu rapidement en fin de débattement. Du coup, il a fallu faire un choix, et la crevaison a été inévitable. Je pense surtout que sur de telles machines qui se destinent à un usage très enduro, des pneus en carcasse de descente auraient été plus appropriés.

La cinématique

On ne change pas un système qui fonctionne, aussi le Virtual 4 Link est mis à contribution. Si d’apparence, le Decoy semble se rapprocher d’un Capra, dans les faits, la lutte contre le Kickback n’a pas été une priorité. En effet, si on veut trop lutter contre la tension de chaine lorsque la suspensions s’enfonce, alors on va travailler contre le moteur et ça, ce n’est pas bon. Avec le Decoy, c’est le moteur qui va aider à compenser le pompage. Et puis, l’idée ici, c’est d’avoir un bon feeling au guidon. Le début de course est donc souple, parce qu’on est souvent assis sur un VTTAE et que le confort devient dans ce cas une qualité première. Le support hydraulique se fera à mi course et après on libère pour utiliser les 165 mm de débattement. Et puis, si ça ne vous plait pas, vous pourrez toujours jouer avec les réglages du Fox X2 qui permet qui pourrait transformer une citrouille en un beau carrosse. En tout cas, retenez que pour la suspension arrière du Decoy, les ingénieurs ont pris comme référence la cinématique et les positionnements des points de pivots du Tues, le vélo de descente de la marque. Tout un programme.


“Le Decoy, c’est comme un VTT DH, mais avec une navette intégrée. Et en plus, on s’amuse bien plus en montée, qu’assis sur un télésiège !” Voilà comment, Markus Flossmann, patron d’YT Industries, parle son nouveau bébé.

Une géométrie pas extravagante du tout

Pour le coup, les ingénieurs n’ont pas fait dans l’extrême et c’est plutôt pas mal d’autant qu’ils ont eu une bonne idée : le tube de selle est court en hauteur ce qui permet de passer aisément sur une taille de cadre au dessus sans être bloqué par le réglage de la hauteur de la tige de selle télescopique. Or en VTTAE, il arrive souvent que l’on passe sur une taille supérieure. Et nous ne nous en sommes pas privé. Avec 1, 71m, nous sommes quasiment entre le M et L, vu le terrain de jeu pour découvrir ce Decoy, l’arrière pays niçois, le L s’est avéré la taille idéale. Fidèle au reste de la gamme, le Decoy dispose d’un Flip Chip qui donne le choix deux géométries distinctes. Enfin distinctes… 0,5° sur la direction. Allez, on met tout en mode grand ouvert, et on n’y touche plus. On se retrouve donc avec 65° d’angle de direction, un tube de selle bien relevé à 76° pour les remontées, et une boite de pédalier à 340 mm du sol. C’est peut être là que le bas blesse un peu car au début, malgré des manivelles en 165 mm, je les faisais toucher un peu trop souvent le sol à basse vitesse. Aussi j’ai mettre plus de compression basse vitesses sur l’amorto, pour d’abord limiter de fait le risque de toucher les manivelles au « sol », et au passage compenser le pompage. Certes, J’ai un peu perdu en toucher de terrain mais j’ai compensé par une pression de pneu un peu plus basse… D’où peut être la crevaison par pincement (malgré le pneu tubeless pourtant…).

Là où ça coince ?

Le Shimano Di2 est une belle vitrine mais sur un VTTAE, ce n’est pas nécessairement la transmission idéale. Alors oui, avec le moteur Shimano, il est possible de faire soulager le passage de vitesse en réduisant le couple une micro seconde lors du passage de vitesses, mais la réalité c’est que ça fait mal d’entendre le claquement lors du passage de la chaine d’un pignon à l’autre, et que honnêtement, sur un VTTAE, le dérailleur est tellement sollicité qu’il voit sa vie se réduire d’autant comparé à un vélo classique. Alors autant jouer dans du moins cher. Et pour finir sur ce sujet, YT a choisi d’utiliser une commande similaire à la E7000 du moteur, et franchement, ca ne marche pas question ergonomie. Oui ça libère de la place sur le cockpit pour placer une commande de tige de selle, mais on galère à trouver le bouton pour monter ou descendre les vitesses. Rien que pour ça, je ne vous conseillerais pas de prendre le haut de gamme de la marque mais le CF Pro, 1000 euros moins cher, et meme s’il n’a pas de Fox Float X2.

Une direction qui demande de l’attention

Les premiers tours de roues on laisser transparaitre une direction pas aussi naturelle qu’espérer… Plus on va vite, plus elle semble se durcir (l’effet 29” surement). On met alors de la résistance pour inscrire le vélo dans les longues courbes en appuis. Puis elle devient super souple à basse vitesse passez un certain angle. Il ne faut alors surtout pas imprimer la même force pour faire tourner le vélo sinon c’est braquage à l’intérieur du virage instantané. Ca m’a fait valu quelques surprises au début, le temps de trouver le bon équilibre.

Mais sinon ?

C’est un gros vélo, qui garde bien tout l’ADN d’un YT Industries. Il est fait pour attaquer vraiment dans la pente. Sa stabilité, croissante avec la vitesse, met en confiance, et l’on prend vite la conscience du potentiel du vélo. C’est vraiment du gros vélo et les tracés que nous a concocté Greg Germain de 1001 Sentiers sur son terrain favoris de l’arrière pays niçois, étaient tout à fait adapté aux capacités d’enduro du Decoy. La précision du vélo est à mettre en avant tant il ne se désuni pas. Et pourtant, il pardonne beaucoup d’erreurs de pilotage. Il est facile à placer l’arrière d’un simple mouvement de bassin, d’autres diront coup de cul sur le coté. On balance l’avant dans le virage, on pousse les fesses au plus loin derrière, tout en imprimant un mouvement de rotation latérale par les pieds et le bassin, et l’arrière tourne. La répartition des masses est placée bien bas et cela se ressent tout de suite. Les relances, même en mode Eco, sont bien là, et meme si l’on peut remercier les roues carbone (E*13 utilise de la fibre de carbone aux cadres carbone de DH) pour le dynamisme, on sent bien que le vélo n’est pas pataud. Une succession de petits sauts met en évidence l’équilibre du vélo qui conserve facilement son assiette en vol. Tandis que les successions de chocs que nous réservait le terrain défoncé lors de notre test, n’ont pas su ébranler non seulement la précision du vélo, mais aussi ont toutes été digérées sans over dose par la suspension arrière et même à l’avant, laissant le pilote concentré uniquement sur la meilleure trajectoire à prendre.

En cote, ça passe avec l’atout du gros pneu à l’arrière mais aussi l’angle de selle relevé. Le grip apporté par la roue arrière associé à la position de pilotage, et à la cinématique de la suspension permet de grimper partout. C’est assez bluffant, et meme avec 30% de précontrainte, le vélo ne s’enfonce pas trop au point de faire basculer le corps vers l’arrière. Le vélo devient alors une machine à sensations en montée, au point de prendre du plaisir dans ces sections. Un comble !

Faut-il craquer ou pas ?

Si vous êtes enduristes ou descendeurs dans l’âme, que vous aimez les vélos à gros débattements, que vous résidez à la montagne, que vous vivez au sud de la Loire et plus particulièrement dans le Sud Est de la France, que vous roulez là où ça tabasse bien, où c’est très engagé et technique, que vous aimez vous envoyer en l’air sur des gros sauts, alors définitivement oui, ce Decoy est fait pour vous ! Est-il plus efficace qu’un Canyon Spectral:ON ? Oui dans la pente. Non dans la polyvalence, parce qu’il n’a pas cette sensation de légèreté lorsque vous le piloter qui fait que vous pourrez l’emmener au Nord de la Loire, comme le Canyon. Le Decoy est un pur produit YT, avec toute l’image Gravity qui accompagne cette marque, et un rapport qualité/prix imbattable. Il est fait pour envoyer sévère à son guidon, plus qu’à pédaler longtemps (même si c’est tout à fait possible).

Caractéristiques*

*Données constructeurs

FICHE TECHNIQUE : Tailles : S,M , L, XL,XXL- Modèle d’essai : L- Cadre : carbone- Moteur : Shimano E8000- Batterie : SMP Custom 540 Wh- Fourche : Fox 36 Float Factory E- Amortisseur : Fox Float X2 Factory- Freins : Sram Code RSC, ø200 mm- Dérailleur arrière : Shimano XT Di2, 11 vit.- Pédalier : Shimano XT, n.c.- Commande : Shimano XT Di2- Cassette : E*Thirteen TRS Plus, 9-46 dents- – Pneus : av. : Maxxis Minion DHF, 29X2.5 ; ar. : Maxxis Minion DHRII ; 27.5×2.8- Potence : Renthal Apex 35, 40 mm- Cintre : Renthal Fatbar 35, 800 mm- Tige de selle : Fox Transfer Factory, 150 mm, ø 31,6 mm- Selle : SDG Radar Mtn – GEOMETRIE : Taille : L- Tube supérieur : 611 mm- Tube de selle : 445 mm- Angle de direction : 65°- Angle de tube de selle : 76°- Bases : 442 mm- Empattement total : 1222 mm- Hauteur de boîtier : 340 mm- Reach : 455 mm- Stack : 629 mm.

Distributeur : YT Industries, Contact : www.yt-industries.com

AUTONOMIE [star rating="4"] 
CONFORT [star rating="4.5"]
MANIABILITE [star rating="4"]
STABILITE [star rating="4.5"]
PRIX/EQUIPEMENT [star rating="4"]

On aime : Un vélo d’enduro avec une assistance • Maniabilité • Stabilité en descente et en montée • Prise en main facile

On regrette : Attention à la taille de cadre • Mériterait des pneus en carcasse DH • Attention aux disponibilités