Yeti SB115 T1 : Un entre-deux

Yeti n’en finit pas de renouveler ses gammes pour généraliser son concept de suspension Switch Infinity à l’ensemble de ses modèles. Il en profite même pour combler des trous dans sa hiérarchie d’usage des VTT. C’est le cas avec le SB115 qui vient s’intercaler entre le SB100 et le SB130.

DR. B. Lacoste

Prix : 6849 € |13 kg taille M – Roues 4,9 kg | Déb. av. : 130 mm | Déb. ar. : 115 mm / Pratique : randonnée sportive, trail, all mountain

Le voici donc ce SB115, directement dérivé du SB100. Ce nouveau venu s’inscrit dans cette nouvelle tendance des petits vélos joueurs mais polyvalents qui en feront plus dans la pente qu’un XC classique dont ils sont une déclinaison. Pour autant ce nouveau cadre n’est pas une simple injection de débattement. Il est une parfaite évolution du SB100 puisqu’il en corrige pas mal de défauts de jeunesse. Ainsi, la partie arrière du triangle avant est nouvelle. Le tube de selle est plus redressé, et il est désormais continu, ce qui permet de monter une tige de selle à grand débattement. Pour vous donner une idée, notre taille M de test est montée avec une Fox Transfer de 150 mm de course. Par ailleurs son épaisseur a été revue, tout comme la largeur du boîtier de pédalier. Il est plus large pour mieux soutenir le système Switch Infinity, véritable signature de la suspension du Yeti. Et qui dit plus large, dit moins épais donc plus léger. Au passage, les points d’ancrage du Switch Infinity ont été revus, tout comme les roulements. Ajoutez que le triangle avant est légèrement plus long (de quelques millimètres), que le point d’ancrage de la biellette supérieure a été déplacé, cela commence à faire pas mal de modifications. Surtout que ce n’est pas fini, puisqu’à l’arrière, le hauban coté transmission a vu son diamètre augmenter pour gagner en solidité. On est donc clairement sur une très belle évolution.
Côté géométrie bien sûr, les chiffres sont également différents, histoire de s’accorder avec le potentiel d’une fourche en 130 mm et un arrière en 115 mm de débattement dont la cinématique a été légèrement retouchée pour plus de confort sans perdre pour objectif la performance au pédalage. La géométrie n’est donc pas en reste puisque la direction pointe à 67,3° (offset de fourche à 44 mm) pour un tube de selle à 74°. Le tube supérieur affiche 430 mm de reach en taille M pour 605 mm de long. Côté équipement, évidemment la transmission 1x s’impose de fait sur tous les modèles vu la conception du cadre. Un cadre que Yeti continue à proposer en deux qualités de fibre de carbone. Nous avons eu la chance d’avoir la version Turq haut de gamme, mais je vous avoue que j’aimerais un jour rouler la version à la fibre plus classique pour voir si la différence de prix se justifie. Notre modèle qui affiche tout de même près de 7000 €, fait la part belle à Shimano avec un groupe complet XT avec transmission en 1×12 et sa fameuse cassette en 10-51, mais aussi avec les performants freins XT en 4 pistons qui ne seront pas de trop pour stopper les ardeurs du pilote au guidon de cette machine. Notre étonnement vient plus de la présence d’un plateau en 30 dents, mais qui va rapidement trouver son explication sur le terrain, tant il sera un allié dans les longues ascensions avec ces pneumatiques surdimensionnés ! Par contre, il est rare, donc important de le signaler, Yeti annonce le retour des manivelles en 170 mm sur le taille M. Et ça, c’est une bonne nouvelle pour qui aime tourner les jambes sans se faire mal aux genoux.

En route vers l’aventure !

Si l’on évoque la position de pédalage, d’emblée il faudra mettre la potence tout en bas pour avoir un bon appui sur le large cintre et mieux contrôler la direction. Deuxième remarque, le cadre en taille M n’est finalement pas si grand que ça. Mon 1,71 m trouve parfaitement sa place alors que je suis généralement plus entre la taille S et M chez les autres marques. Cela signifie qu’avant tout achat, vous avez bien intérêt à monter sur cette machine pour ne pas vous tromper de taille. Côté réglages de suspensions, Yeti a développé un site Internet particulièrement bien fait (shocksetup.yeticycles.com) qui vous propose un panel de réglages que ce soit au niveau de la fourche que de l’amortisseur, avec précontrainte, mais aussi des suggestions de réglages de détente et de compression. Mais ils ne s’arrêtent pas là puisque les ingénieurs vont jusqu’à donner des indications de pressions dans les pneus. Eh bien superbe nouvelle, toutes ces proposition sont une très bonne base de départ. Pour preuve, nous avons juste ajouté au final 20 psi de plus dans l’amortisseur (200 psi au lieu de 180 recommandés pour un pilote de 75 kg) et accéléré d’un clic sa détente.

Le premier tour de roues nous laisse sur notre faim. Le vélo est très pataud avec ses gros pneus énergivores. On n’hésitera pas à mettre une vitesse au-dessus dans les montées ou dans les faux plats. C’est d’ailleurs là où il est le plus pénalisé. On a toujours cette désagréable impression d’être freiné. Pour vous dire, avant de comprendre d’où ça venait, on s’est arrêté plusieurs fois en pensant que les plaquettes de frein touchaient le disque… Il nous a fallu jouer sur la détente pour donner artificiellement du dynamisme à la suspension et donc au vélo. Du coup, elle pousse vers l’avant assez souvent et marque aussi un peu plus la cinématique anti-pompage dessinée par le concept Switch Infinity de Yeti. La suspension offre beaucoup de maintien en début de course en jouant sur la tension de chaîne. Puis le point de pivot bascule et revient sous les jambes se qui a pour effet de donner une suspension très linéaire. Pour faire simple, la suspension est dure au départ puis très souple ensuite. Alors cela crée clairement une démultiplication du dynamisme au début mais cela va perturber le néophyte de la marque ensuite. Il faut alors bien comprendre la nouvelle façon de se positionner sur le vélo pour anticiper le moment de bascule. Il faut alors bien trouver le point d’équilibre à partir duquel la suspension s’écrase. Trop en arrière, avec trop d’appui sur les pédales et la suspension se casse dans le creux du virage. Ça remonte l’avant, ouvre beaucoup la direction et fait riper la roue arrière. Il faut donc trouver le juste milieu entre être trop sur le avant du vélo ou trop sur l’arrière. Après deux sorties, le point d’équilibre est trouvé mais au début, il faut avouer que si vous n’êtes pas un adepte de la suspension Switch Infinity, vous aurez un peu de mal. Vous l’aurez compris, le Yeti SB115 demande de l’engagement dans les virages serrés. Mais il saura vous rassurer par sa capacité de franchissement. Du fait de son slopping très prononcé, son dégagement sur la partie haute du triangle avant permet de bien appuyer dans les virages, de coller les genoux et de s’écraser sur le vélo pour mieux plaquer le vélo au sol. Néanmoins le vélo reste lent dans la mise en action, et il faut le forcer tout le temps pour relancer la bête dans les sorties de virage, tirer sur le guidon, rappuyer fort sur les pédales. Finalement, il est beaucoup plus fatiguant que le SB100. Et c’est d’autant plus vrai que l’avant est dur à inscrire dans les virages serrés. Clairement, il se trouve plus à son aise dans les virages plus ouverts. Il suffit alors de jouer des pédales, pour enrouler l’arrière qui passe tout seul merveilleusement bien. Et plus vous arrivez vite dedans et plus le vélo offre une stabilité hors-pair qui permet de le plaquer encore plus fort et de passer très rapidement dans la courbe. Du coup, on profite de cette vitesse acquise pour le balancer dans la longue courbe suivante.

En montée le vélo offre pas mal de motricité, néanmoins, la suspension a tendance a buter sur les racines. C’est la rançon d’une suspension qui joue beaucoup sur la tension de chaîne. Heureusement, la détente est là pour vite faire recoller la roue arrière au sol. Mais ça demande de l’énergie. Par contre, la bonne nouvelle, c’est que le vélo est bien plaqué, ne dandine pas trop de l’avant et permet de belle grimpette sans demander des talents d’équilibristes. Certes on aurait aimé un tube de selle plus sur l’avant (malheureusement, c’est compliqué avec ce cadre), mais à défaut, en avançant bien la selle, vous pourrez bien mieux grimper.

Joueur et facile dans la pente

Dès que la pente s’inverse le vélo offre un tout autre visage : il est facile, joueur donne l’impression d’avoir beaucoup plus que 115 mm de débattement à l’arrière. Mais attention, même si la suspension arrière arrive doucement en fin de course, elle y arrive rapidement. On n’hésitera pas à mettre une cale en plus pour gagner en progressivité dans l’amortisseur. Autre option, mettre un peu plus d’air dans l’amortisseur. Dans ce cas, bonne surprise, il perd très peu en confort, et se montre finalement pas plus mauvais que ça, voire même il gagne un peu en dynamisme sur les relances. Dans les sauts, le vélo est très stable, il ne pique pas du nez. On peut même dire qu’il aime à s’envoyer en l’air. À la réception, pas de coup de raquette, la détente haute vitesse est particulièrement bien gérée, même si vous avez choisi d’avoir une détente basse vitesse rapide. On se sent en sécurité, le vélo reste parfaitement contrôlable. Il n’y aura que les freins qui vous feront savoir qu’ils sont là. Un phénomène que nous avions déjà constaté avec le YT Izzo, les plaquettes avant Shimano vibrent si vous montez ces freins sur des vélos ayant moins de 68° de direction. Ça fait du bruit. Bon, heureusement, pour le reste, on peut compter sur eux quelles que soient les conditions de roulage, et les disques de 180 mm seront amplement suffisants pour faire le travail.

DR. C. Lefèvre

Entre cross-country agressif et marathonien longue distance

Niveau confort, le vélo est dans les standards mais pas plus. Il n’est pas non plus aidé par la fourche qui, dans cette finition Factory impose un seuil de déclenchement toujours un peu haut (définitivement, la version Grip2 est bien meilleure en terme d’amorti des petits chocs). Du coup, on a du mal à trouver la balance avec l’arrière. Mais le pire c’est que sur les relances, le déséquilibre entre la fourche qui pompe et l’arrière dynamique ont du mal à s’accorder. Alors on est amené sans cesse à jouer de la manette pour durcir la fourche quand on sent le moment de taper une accélération arrive. On perd alors la nécessité de la lecture du terrain, mais au moins l’effet yoyo est amoindri. Pour vous dire jusqu’où nous avons abouti pour trouver un équilibre, c’est que pour la première fois dans nos tests, nous avons été amenés à utiliser la position 3 du réglage de la compression basse vitesse sur l’amortisseur sur les terrains roulants, et sur la 2 autrement… Alors que d’habitude, la 1 nous comble.

Avec le SB115, Yeti propose un vélo plus typé marathon longue distance pour peu que l’on change les pneus. Ou alors, on peut le considérer comme un vélo de cross-country agressif pour les gens qui habitent dans le sud de la France, qui évoluent sur des terrains agressifs avec pente et pierres à gogo. Mais une chose est certaine, c’est qu’il est difficilement classable, et donc risque d’avoir du mal à trouver son public. En tout cas, si vous êtes plus à vouloir accumuler les kilomètres que de jouer les foufous à la moindre occasion, le SB100 a plus d’arguments à faire valoir que ce nouveau venu.

Caractéristiques

GEOMETRIE : Taille : M – Tube supérieur : 605 mm – Tube de selle : 425 mm -Angle de direction : 67,3° – Angle de tube de selle : 74° – Bases : 440 mm – Empattement total : 1155mm – Hauteur de boîtier : 338 mm – Reach : 430 mm – Stack : 615 mm – FICHE TECHNIQUE : Tailles : S, M, L, XL – Modèle d’essai : M – Cadre : carbone Turq series – Fourche : Fox Float 34 Factory, déport de 44 mm – Amortisseur : Fox Float DPS Factory – Freins : Shimano XT 4 pistons, ø180 mm – Dérailleur arrière : Shimano XT – Pédalier : Shimano XT 170mm, 30 dents – Commande : Shimano XT – Cassette : Shimano XT, 10-51 – Roues : DT Swiss XM 1700 30 mm – Pneus : av. Maxxis Minion DHF Exo, 29×2.50 ; ar. Maxxis Agressor Exo, 29×2.30 – Potence : Race Face Turbine, 50 mm – Cintre : Yeti bar Carbon 35, 780 mm – Tige de selle : Fox Transfer,150mm, ø30,9 mm – Selle : WTB Custom.

Distributeur : Tribe Sport Group, Contact : www.tribesportgroup.com

Notes

Rendement : 3

Confort : 4

Maniabilité : 4

Stabilité : 4

Prix/Equipement : 3

Total : 14,4/20

On aime : C’est un Yeti • Bon équilibre rigidité/souplesse du cadre • Comportement sécurisant dans la pente

On regrette : Pneus trop gros et trop lourds • Cinématique très particulière qui demande une adaptation • Attention à bien choisir sa taille de cadre (il taille petit) • Bidon à aller chercher bas