Velcan Panache TS : Vive la France !

Vous vous êtes sûrement demandé s’il était possible de rouler en France sur un cadre carbone fabriqué dans l’Hexagone, eh bien la réponse est oui ! Nous avons pris en main durant plusieurs semaines le Panache TS, le tout suspension de la marque française Velcan.

DR.B. Lacoste

A partir de 3 790 € | 11,295 kg taille M ; roues 3,88 kg | Déb. av : 110 mm  | Déb. ar : 100 mm  / Pratique : randonnée sportive, compétition, plaine, vallonné

Qui n’a jamais rêvé de rouler sur un cadre carbone fabriqué en France ? Vous, moi… Si la conception est souvent réfléchie en Europe ou aux USA, la réalisation est majoritairement mise en œuvre en Asie, passée championne du monde de la fabrication du cadre carbone. C’est sûr que là-bas, on est un peu moins regardant sur les normes environnementales (quoique, cela change depuis peu), ce qui facilite le travail, mais il ne faut pour autant minimiser le savoir-faire local. Que ce soit la Chine ou Taïwan, ces pays sont passés maîtres dans la mise en forme parfois très technique des cadres carbone. Oui mais voilà, la crise de la Covid-19 a mis en avant pas mal de dysfonctionnements notamment sur l’approvisionnement. Quand la Chine tousse, l’Europe s’arrête. Du coup, l’Europe commence à réfléchir à relocaliser la production, mais elle prévient, ce ne sera pas avant 5 à 10 ans, faute d’avoir perdu le savoir-faire… Pourtant en France, dans la banlieue du Mans, la résistance s’est déjà organisée. Voici Velcan, une petite marque française qui n’est pas novice dans le carbone et sa mise en forme, puisqu’elle travaille déjà pour d’autres industries, ajoutez-lui deux passionnés de VTT et il n’y avait qu’un pas pour qu’ils se lancent dans la fabrication de vélos. Alors certes, nous ne sommes pas dans la grande production, mais la capacité est là pour répondre à une demande croissante. Oui, le pari est osé car à produire, un cadre carbone est deux fois plus cher qu’en Asie, mais l’objectif de Velcan est simple : rester dans les prix du marché, quitte à réduire leur marge. La démarche est belle et le résultat l’est tout autant.

Rien ne manque à l’appel

Voici le Panache TS, le second vélo lancé par Velcan après un très beau semi-rigide qui a su faire des étincelles sur les circuits internationaux de cross-country aux mains de Titouan Perrin-Ganier. Il s’agit d’un tout-suspendu affichant officiellement 100 mm de débattement à l’arrière, et pouvant à loisir recevoir soit une fourche de 100, 110 voire jusque 120 mm à l’avant. L’avantage de la petite série c’est que la marque peut facilement proposer des évolutions à partir d’un modèle en l’optionnant (équipement, peinture). C’est d’ailleurs le cas avec notre modèle de test qui reçoit une paire de roues Duke, un pédalier Rotor ou encore une fourche SR Suntour en 110 mm. Des options qui permettent à partir d’un prix de base relativement compétitif de se retrouver avec un modèle beaucoup plus efficace pour quelques euros de plus. La construction du cadre est en carbone intégral, seule la superbe biellette est réalisée en alu. Ce qui permet d’afficher le châssis à seulement 1,850 kg sans amortisseur. Et rien ne manque à l’appel, puisqu’il reprend tous les standards modernes comme les passages internes des gaines, le Boost, et surtout une géométrie à faire pâlir les grands constructeurs souvent un peu rétifs à faire changer les choses. Ici, Velcan affiche la couleur avec par exemple une direction qui pointe à 67,3° sur notre modèle. En 100 mm, elle sera plus proche de 68°. Les bases de 435 mm rappellent que ce vélo en 29” ne pourra pas recevoir de dérailleur avant : mono-plateau obligatoire, mais qui s’en plaindra ! Le tube supérieur n’est pas très long sur ce taille M, mais le reach est lui plutôt confortable avec 440 mm. Le cadre est parfaitement sloping pour permettre au pilote de bien se mouvoir autour, ce qui sera très appréciable dans le technique. Mais trêve de bablaterie, qu’est-ce que ce cadre français vaut sur le terrain ?

A votre bon cœur !

Oui, je sais, le Panache TS ressemble à un Scott Spark RC, et vous savez quoi ? Cela ne me dérange pas, le Scott est un très beau vélo, le Velcan l’est tout autant. D’autant qu’ici la peinture maison n’a pas à rougir de la comparaison. Et puis de toute manière, aujourd’hui si vous voulez disposer du sacro-saint blocage de suspension avec commande au guidon, mais que vous ne voulez pas voir le câble, il n’y a pas dix mille solutions. Soit vous mettez l’amortisseur tête en bas, soit dans l’axe du tube supérieur. Velcan a choisi la première solution. Et bien lui en fasse, même si cela veut dire qu’il faudra faire l’impasse sur le deuxième porte-bidon. Toujours est-il que le voilà entre mes jambes, et mise à part cette potence trop longue d’origine qui perturbe la direction, mon 1,71 m se trouve bien sur cette taille M. La direction instable, peu communicative, surtout avec cette fourche haute, ne permet pas de se sentir en complète sérénité. Allez, on la change pour une plus courte de 20 mm. Révélation, le vélo se métamorphose…

Il offre un fonctionnement tellement plus naturel, plus sain. La position en selle est quasiment parfaite, car il nous faut tout de même avancer la selle pour être parfaitement posé. D’ailleurs on se rendra compte au fil des montées, qu’un tube de selle un peu plus redressé aurait été au top pour cocher toutes les cases du tableau.

Ce qui ressort des premiers tours de roues, c’est la sensation de légèreté, et de confort. Le vélo est facile, grâce à un bon équilibre dans la rigidité du triangle avant qui n’est pas excessive, et de son arrière sûrement trop souple pour un pilote agressif ou lourd, mais qui, en contrepartie, offrira une tolérance et un grip dans les courbes qui seront vraiment appréciables. Le vélo prend facilement de la vitesse et si vous pédalez rond, vous n’aurez même pas l’utilité de bloquer la suspension arrière. Un mot sur l’amortisseur SR Suntour, plutôt rare de série. Il fait ici un travail amplement suffisant vu le débattement. Par contre, il vous faudra bien régler la détente avant de partir, ou alors vous arrêter car en roulant, l’accès est impossible.

Des qualités de rouleur

Notre montage avec le pédalier Rotor et son plateau oval met en exergue les qualités de rouleur du vélo. On se sent clairement poussé vers l’avant à chaque coup de pédale, si bien qu’il permet de monter vite des côtes comme si vous rouliez avec un vélo d’un kilo moins lourd. Ce dopant technologique est donc top pour le rendement, mais il interfère avec le fonctionnement de la suspension. En effet, quand on pédale, la suspension devient beaucoup plus dure sur les premiers centimètres. Cela accentue l’effet anti-pompage, la motricité est au rendez-vous tant que le terrain est lisse. Par contre, si la roue arrière rencontre une racine et que vous êtes en plein effort, on sent vraiment la roue arrière buter. Au final ça passe, mais c’est plus grâce à la déformation du pneu Hutchinson Skeleton qui est plutôt tendre à ce niveau avec cette finition aux flancs clairs. Le même passage avec un plateau classique nous a beaucoup plus satisfait. On gagne en motricité dans les racines et finalement on risque moins de riper. En tout cas, on pourra compter sur lui en montée, même les plus escarpées. Le vélo reste stable de l’avant, et même s’il faudra parfois bien s’avancer sur la selle pour passer les épingles abruptes, il vous mènera au sommet sans perdre trop d’énergie.

On l’a dit, le cadre offre une bonne association rigidité-souplesse, ce qui en fait un vélo naturellement confortable. Cela lui permet aussi de s’inscrire plus facilement dans les virages (à condition de mettre une petite potence bien sûr), sans demander une débauche d’énergie. Le dernier vélo qui nous avait donné autant de facilités était la première génération de Lapierre XR. Les successions de petits courbes serrées se font sans problème. Le vélo reste vif, même si la fourche n’est pas un exemple de rigidité. Mais heureusement il est facile à remettre dans la bonne trajectoire. Il suffit pour cela de donner un petit coup de pédale, tirer sur le guidon et hop l’avant se lève, et on replace le vélo sur la bonne ligne. L’arrière suit sans hésitation dans un « waaarp » qui soulève la terre. Certes au niveau de l’arrière, ce n’est pas super rigide, mais cela va permettre au vélo d’être assez sain dans la courbe et surtout de bien rester plaqué de l’arrière puisqu’il va mieux lire les injonctions du sol. Il sera alors important de ne pas viser un montage avec des roues trop rigides, au risque de perturber l’équilibre. Avec les Duke, le compromis est bien trouvé.

DR. C. Lefèvre

En descente, le Panache TS ne fait pas illusion, et son nom n’est pas usurpé. Le vélo est très stable, très rassurant, c’est un vrai atout. Que ce soit sur un terrain technique, en pierres, avec des marches, des sauts, rien ne lui fait peur. Certes en fonction du programme, la suspension arrive peut-être un peu rapidement en fin débattement, il n’a que 100 mm à vous proposer, mais si vous restez dans les clous, il ne vous le fera pas sentir. Et plus cela ira vite, plus le vélo encaissera merveilleusement bien les successions de chocs sans pour autant demander au pilote d’être un as du guidon.

Confortable, avec une géométrie ultra saine pour un pilote qui manque de confiance en lui, le Panache TS est un vélo bien né. Sur notre modèle qui était une pré-série, nous avons toutefois noté des petits détails qui fâchent. L’espace entre le bras arrière et le triangle avant était très faible, ce qui a occasionné quelques dégâts sur la peinture à cause de petits cailloux coincés. La finition interne n’était pas aussi propre que les grandes productions concurrentes. Velcan nous dit avoir fait évoluer depuis le process de fabrication et fait plus de place à l’arrière. L’avantage des petites séries qui permettent de rapidement rectifier le tir. Ma conclusion, foncez. Non seulement vous serez fiers de rouler sur un vélo made in France, mais surtout vous ne le regretterez pas sur le terrain.

Caractéristiques

GEOMETRIE : Taille : M – Tube supérieur : 595 mm – Tube de selle : 448 mm – Angle de direction : 67,3° – Angle de tube de selle (effectif) : 74,5° – Bases : 435 mm – Empattement total : 1155 mm – Hauteur de boîtier : 330 mm – Reach : 440 mm – Stack : 605 mm – FICHE TECHNIQUE : Tailles : S, M, L, XL – Modèle d’essai : M – Cadre : carbone – Fourche : SR Suntour Axon 34 PCS – Amortisseur : SR Suntour Edge RL-R – Freins : Shimano BR501, ø160 mm – Dérailleur arrière : Shimano SLX 12v – Pédalier : Rotor Kapic, 170 mm, 32 dents – Commande : Shimano SLX – Cassette : Shimano SLX, 10-51 – Roues : Duke Lucky Star Ultra – Pneus : Hutchinson Skeleton, 29 x 2.15” – Potence : Race Face Evolve , 75 mm – Cintre : Race Face Evolve, 710 mm – Tige de selle : Race Face Evolve, ø XX mm – Selle : Pro Turnix.

Distributeur : Velcan, Contact : www.velcancycles.fr

Notes

Rendement : 4

Confort : 4

Maniabilité : 4

Stabilité : 4,5

Prix/Equipement : 4

TOTAL : 16,4/20

On aime : Rouler français • Prise en main rapide • Facile en descente • Amusant et confortable

On regrette : Quelques détails de finition • Une potence trop longue