Trek Fuel EX 9.9 : le randonneur des temps modernes

Nous vous avions présenté l’année dernière à cette même époque le Fuel EX, un vélo qui sur le papier représente la polyvalence absolue. Nous avons plus longuement testé cette luxueuse version 9.9 afin de juger si Trek a trouvé la formule magique du vélo à tout faire.

Prix : 7499 € |Poids : 13,2 kg en taille M/L, 4750 g les roues | Déb. av. : 140 mm | Déb. ar. : 130 / Pratique : randonnée sportive, trail, all mountain

Dans l’immense gamme Trek, le Fuel EX a une place toute particulière, surtout depuis le repositionnement du Top Fuel. Nous pourrions même imaginer que ces deux vélos font doublon et que Trek joue l’hyper segmentation. Sur le papier, le Fuel EX doit couvrir le vaste segment de la randonnée sportive. Un terme qui généralement fait grincer des dents, mais que nous pouvons édulcorer avec le terme anglo-saxon « trail » certainement plus glamour. Malheureusement ce segment est un des plus complexes à appréhender car pratiquement chaque utilisateur a sa conception bien précise de rouler en randonnée, navigant entre cross-country et enduro.

Un vélo de trail idéal, c’est quoi ?

Pour Trek, un vélo de trail doit avoir un débattement généreux. Ici 130 mm à l’arrière et 140 mm à l’avant, et deux positions d’encrage d’amortisseur pour avoir un vélo plus typé terrain roulant ou cassant suivant la région où vous roulez. Le cadre est réalisé en carbone dans cette version 9.9 pour la partie avant et arrière, l’ensemble étant relié via un basculeur en magnésium. L’agencement de la suspension arrière est proche du fameux vélo d’enduro de la marque. Il s’agit d’un classique mono-pivot placé sur le plan horizontal sous le centre de gravité du pilote quand celui-ci est en position assise et sur le plan vertical au niveau d’un plateau de 32 dents. Un choix qui en dit long sur la philosophie du vélo car il permet d’avoir une grande neutralité dans l’effet de chaîne et de bras. Il s’agit d’un cadre orienté pour être performant en descente sans être pénalisant en montée. Le dimensionnement des tubes est généreux et le cadre respire la santé, proche de son grand frère dédié uniquement à l’enduro. Au niveau de la géométrie, Trek a su rester raisonnable et finalement plus proche d’un Top Fuel. Malgré les deux positions, nous avons un vélo plutôt maniable qu’extrêmement stable. L’angle de fourche n’est pas excessivement ouvert et le boîtier est plutôt haut pour ce type de débattement. Un choix que nous trouvons pertinent pour une utilisation polyvalente, mais il faudra faire attention au choix des tailles. En effet, Trek complexifie un peu le jeu du choix de la bonne taille avec un M/L qui permet aux vététistes dans la tranche de taille 1m74-79 de trouver leur bonheur. Si nous pouvons nous interroger sur la nécessité d’avoir un cadre pour une amplitude de seulement 5 cm, nous percevons cela d’un très bon œil pour notre cas, car avec une taille d’1m76 et un grand buste, cette taille M/L nous va comme un gant. Les composants du 9.9 font dans le compromis. Nous y consacrons d’ailleurs notre rubrique « ce qu’il faudrait changer ». Le Fuel EX 9.9 navigue clairement entre deux eaux.

Sur le terrain 

Une fois n’est pas coutume, le Fuel EX est livré en position basse. Une spécificité qui est passée inaperçue à nos yeux au départ mais qui au final en dit long sur la conception première de cette machine. Le changement de position n’est pas aussi rapide que certains concurrents et il vaut mieux réaliser l’opération au calme sur un pied d’atelier. Au niveau des ajustements des suspensions, nous commençons notre test avec 30 % de précontrainte sur la fourche et l’amortisseur. En ce qui concerne la détente, nous suivons les recommandations notées sur la fourche et nous sommes en milieu de plage sur l’amortisseur. Nous laissons totalement ouvert la compression sur la fourche.

La position haute 

Dans cette configuration, nous trouvons une position portée sur l’avant (le reach est plus long de 5 mm dans cette position). Nous ne sommes pas allongés comme sur un pur vélo de XC mais nous nous sentons prêts à affronter la pente surtout en montée. L’assise est parfaite et nous sommes étonnés de l’efficacité du vélo au pédalage. Malgré les pneus en 2.6” (seulement 63 mm de large), le Fuel Ex 9.9 est dynamique. Les roues sont à leur avantage dans cet exercice tout comme la rigidité du triangle avant. En danseuse, le vélo a du répondant pour un tel gabarit et un peu plus de 13 kg sur la balance. Nous sentons cependant du fait de l’agencement de la suspension que le Fuel EX est plus à son aise en position assise. Nous ne pouvons qu’apprécier cela car pour un usage randonnée, c’est la position la plus économe et la plus utile. Le début de course de l’amortisseur est assez ferme, ce qui permet d’avoir finalement peu de pompage surtout si nous pédalons rond et en cadence. Sur des accélérations franches, nous sentons un peu plus de mouvement au niveau de la roue arrière, mais rien de dramatique, surtout pour un vélo de ce type. Au contraire, cette caractéristique prend tout son sens dans les montées plus techniques où le vélo offre une excellente motricité et le fait de se mettre en danseuse permet de passer des bons raidards sans perdre la liaison au sol. Le Fuel EX travaille beaucoup plus sur l’amortisseur que beaucoup de concurrents qui usent de l’effet de chaîne pour nous projeter en avant. Sur le Fuel EX nous n’avons pas cette sensation de « boost », ce qui parfois peut être un peu frustrant, mais sur des sorties de plus de deux heures, cela devient un réel avantage car le Fuel Ex est économe. Il avale les difficultés sans broncher. Le meilleur exemple, ce sont les montées cassantes où nous pouvons presque rester tout le temps en position assise sans risquer de se faire désarçonner. Finalement, le Fuel EX est sans jeu de mot facile un vrai diesel.

En descente, la position haute devient un peu plus délicate, surtout avec le déport court de la fourche et 30 % de course morte. Nous avons l’impression d’avoir un avant un peu trop vif et instable. Nous plongeons aussi facilement dans le débattement, ce qui n’aide pas pour trouver l’assiette. Nous prenons rapidement tout le débattement sur l’arrière, tout en ayant la sensation d’être assez haut (hauteur de boîtier) et inversement sur l’avant où nous passons allègrement les 120 mm de débattement, en ayant l’impression d’être toujours en fond de débattement. Dans les descentes cassantes, nous ne sommes pas forcément à notre avantage et surtout nous avons beaucoup de vibrations dans les mains. Nous changeons de stratégie d’ajustement au niveau de la fourche pour mieux coller à la spécificité de la suspension arrière. Un peu plus ferme au début (sur le parking), milieu de plage et surtout plus linéaire sur la fin (25 % de précontrainte et deux anti-volumes de moins). Nous trouvons enfin un meilleur équilibre tout en ayant la sensation de plus de confort. Encore une fois, le Fuel EX est un exemple de facilité et surtout de neutralité. Il ne démultiplie pas les sensations et se contente de juste atténuer les aspérités du terrain. Nous avons une liaison roue/sol assez hallucinante pour ce type de vélo. Il est nécessaire d’avoir un pilotage coulé pour en tirer tout le bénéfice. Nous avons rarement vu un vélo aussi posé et stable. Revers de la médaille, le vélo n’est pas vraiment fun, surtout dans les pistes avec des appuis ou des sauts.

En position haute, le Fuel EX est plus dans le contournement et l’évitement des obstacles que dans le franchissement sous peine de s’épuiser. Cette position avec une fourche aux ajustements plus simples et un déport de fourche plus long serait une solution idéale pour les randonneurs qui cherchent un vélo confortable, sécurisant et efficace sur des sorties vallonnées.

La position basse 

Le Fuel EX est plus compact et nous trouvons rapidement nos marques pour jouer plus facilement avec le vélo. Etonnamment sur le parking, il n’est pas facile de sentir la différence au niveau de la suspension arrière car le vélo reste toujours assez ferme en début de course (ratio de suspension assez bas) contrairement à beaucoup de concurrents (plus souples sur le parking en position extrême). Nous avons un vélo qui permet de pédaler honorablement même si dans cette configuration nous altérons légèrement les performances au pédalage. La faute à un tube de selle au coude prononcé qui nous positionne un peu trop sur l’arrière. Si nous couplons ça avec le boîtier plus bas, nous avons donc une position de pédalage moins optimale. Heureusement, l’amortisseur Fox est pourvu d’un levier de plateforme de pédalage (3 positions). Nous avons utilisé régulièrement la position intermédiaire dans les montées raides et techniques permettant de retrouver un équilibre très proche de l’autre configuration. Nous ne sommes pas fans de ce type de solution, mais nous n’avons pas le choix si nous souhaitons garder le même niveau d’énergie pour la suite de notre balade. En descente, ou même sur les sentiers ludiques plats, le vélo offre un tout autre visage avec cette position basse. Le Fuel EX donne bien plus de support en milieu de plage et nous pouvons enfin nous amuser avec les mouvements de terrain ou les obstacles. Plus le terrain devient exigeant et plus le Fuel EX est à son aise. Nous avons rarement eu un vélo où chaque millimètre de course est utilisé à si bon escient. La limite vient surtout du train roulant ainsi que de la géométrie assez conservatrice dans ce domaine (angle de fourche assez fermé). Nous avons changé de roues et de pneus pour avoir quelque chose de plus stable et confortable. Le résultat est sans appel, le Fuel EX est un bon descendeur malgré un débattement contenu.

DR. Jacques André

Nous pouvons donc conclure que le fuel EX offre deux visages suivant la position que nous utilisons. Une solution qui permet d’avoir un vélo ultra polyvalent mais qui malgré tout demande de faire un choix initial… Soit un vélo sécurisant et agréable au pédalage qui perd de sa saveur en descente et sur les terrains ludiques, soit un vélo plus équilibré et joueur en descente mais plus usant dans les bosses. Nous aurions rêvé d’avoir une machine avec l’assise de la position haute avec le reste des ajustements de la position basse. Nous pouvons comprendre le choix de Trek qui est une marque généraliste qui propose ses produits sur l’ensemble des continents. Il a besoin de proposer un vélo qui puisse s’adapter à toutes les clientèles possibles. Néanmoins nous restons un peu sur notre faim et nous aurions aimé trouver un peu plus de caractère pour un vélo qui s’échange pour plus de 7 000 €. Si vous avez craqué sur cette machine mais que vous n’avez pas le budget, il ne faut pas hésiter à étudier le reste de la gamme Fuel EX. Si nous faisons le deuil du prestige de certains matériaux et composants, il y a des produits tous aussi performants voire plus tolérants sur le terrain.

Caractéritsitques

FICHE TECHNIQUE : Tailles : S, M, M-L,L, XL – Modèle d’essai : M – Cadre : OCLV Mountain Carbone – Fourche : Fox Factory 36, Float Evol, Grip 2 déport 44 mm – Amortisseur : Fox Factory Float Re :Aktiv – Freins : Sram Level Ultimate, ø180 mm/160 mm – Dérailleur arrière : Sram XX0 Eagle – Pédalier : Sram XX0 Eagle 170mm, 32 dents – Commande : Sram XX0 Eagle – Cassette : Sram XG-1275 Eagle, 10-50 – Roues : Bontrager Line carbon 30 – Pneus : Bontrager XR4 Team Issue,120tpi, 29×2.60 – Potence : Bontrager Line Pro, 50mm – Cintre : Bontrager Line Pro, OCLV Carbon, 780 mm – Tige de selle : Bontrager Line Elite,150mm, ø31,6 mm – Selle : Bontrager Arvada pro – GEOMETRIE taille M/L : Tube supérieur : 618 mm – Tube de selle : 435 mm – Angle de direction : 66,5°-66° – Angle de tube de selle : 75,5°-75° – Bases : 435-437 mm – Empattement total : 1195-1196 mm – Stand Over : 752-746 mm – Hauteur de boîtier : 346-339 mm – Reach : 455-460 mm – Stack : 609-613 mm.

Distributeur : Trek, Contact : www.trekbikes.com

Notes

Rendement : 4

Confort : 4

Maniabilité : 4

Stabilité : 4

Prix/Equipement : 3

TOTAL : 15,2/20

On aime  : Philosophie de pur randonneur • Finition du cadre et qualité dynamique de celui-ci • Rouleur et grimpeur • Prévisible et sécurisant

On regrette : Pas le plus fun des vélos • Choix de certains composants • Angle de tube de selle en position basse • Une monte de pneus différenciée av. et ar.