Trek Fuel EX 9.8 27.5 Plus : Quand le plus, peut le moins

Dans le monde du 27.5+, Trek a une place à part. En effet, il est de ceux qui ont choisi dès le début de créer des plateformes spécifiques pour ce format Plus. Au point d’être à l’initiative des moyeux arrière Boost148. Alors quand le Trek Fuel EX, certainement l’un des meilleurs vélos à tout faire du moment, adopte ces grosses roues, on ne pouvait que choisir de le mettre au défit de notre terrain de jeu.

[Htab][tab title=”PRIX”]4999€[/tab][tab title=”POIDS”]13.25 kg sans pédales en taille 17.5[/tab][tab title=”DEBATTEMENT”]Déb. av. : 140 mm | Déb. ar. : 130 mm[/tab][tab title=”USAGE”] rando-sport, vallonné, montagne.[/tab][/Htab]

Aujourd’hui Trek propose son super Fuel EX soit en roues de 29”, soit en version 27.5”+. Mais petit bonus, les deux cadres sont exactement les mêmes, et Trek annonce une parfaite compatibilité entre les deux montes de roues. Une subtilité cependant réside. En 29” d’origine, le Trek Fuel EX dispose de 130 mm de débattement avant et arrière, tandis que vendu en 27.5”+, il dispose d’une fourche en 140 mm, compatible 29”. Dans ces conditions, vaut-il mieux se diriger à l’achat vers le 27.5”+ ou le 29”, surtout quand on sait que Trek préconise une fourche en 140 pour le 27.5”+ ?

Il y a deux mois (Vélo Tout Terrain n°211), nous avions pris le guidon du Fuel EX en roues de 29” sur les sentiers techniques et diablement amusants de Squamish au Canada. De quoi se donner une bonne base de comparaison avec le Fuel EX 9.8 27.5 Plus qui nous été mis à disposition par Trek cet été. Techniquement, nous sommes donc sur des bases similaires, seul l’équipement diffère puisque nous avions roulé la version haut de gamme 9.9 dotée d’une transmission Sram Eagle, quand ici nous disposons d’une Shimano XT en double plateau (qui permet d’ailleurs de passer partout). L’occasion d’ailleurs de se rendre compte combien la boîte de pédalier est sollicitée vu comment la chaîne sur le plateau vient lécher la fourchette du dérailleur à chaque coup de pédale soutenu. Pour le reste, c’est du kifkif. Le cadre dispose donc d’un triangle avant réalisé en carbone OCLV maison, dont la forme a complètement été revue par rapport à la génération précédente. Loin d’être subtile, le changement s’opère essentiellement sur le tube diagonal qui délaisse son coude au niveau de la douille de direction pour un tube droit. Les ingénieurs annoncent ainsi plus de rigidité dans la partie avant sans ajout de poids. Revers de la médaille, le haut de la fourche peut venir au contact du tube. Alors, ils ont décidé de poser des garde-fous. Deux en fait. Le premier se voit au premier regard : ce sont des gros élastomères collés sur le tube. Le deuxième est plus subtil puisqu’il s’agit d’un blocage dans le jeu de direction qui limite l’amplitude du mouvement du guidon. « Impossible » de faire ainsi entrer en contact la fourche et le tube diagonal. On l’a déjà écrit, pour nous il s’agit là d’une aberration technique, mais bon… on ne va pas revenir tout le temps là-dessus. Comme pour sa version 29”, il bénéficie d’une modification de la géométrie. En 27.5+, la direction pointe vers 67° dans la position la plus haute de la biellette. En effet, le Fuel EX est doté du MinoLink, une petite pièce logée de part et d’autre des points de pivot qui relient les haubans et la biellette. En les renversant, on fait varier la direction d’environ 0,5°, et abaisser le boîtier de 10 mm. Waouu, trop bien ! Ça fait technique, ça excite le cerveau du vététiste féru de réglages. Sauf qu’ici avec le train de roues en 27.5”+ ça ne sert à rien. Dites-vous qu’en position haute, le boîtier de pédalier pointe à 330 mm du sol… en statique. Mettez le pilote sur le vélo, avec une précontrainte de l’amortisseur calée à 25%, et des pneus pressurisés à 1,1 bars, et le voilà qu’il descend à… 283 mm ! Pour rappel, on est à 340 mm en roues de 29 pouces en statique. Autant vous dire que les manivelles en 175 mm n’ont pas du tout apprécié les sorties. Et nous non plus. Ça tape partout. Du coup, là où le vélo devrait être un char d’assaut dans les montées techniques par exemple, on passe son temps à réfléchir au tempo à prendre pour que les pédales ne touchent pas les racines et autres pierres qui jonchent le sol. C’est d’autant plus dommage que le vélo a un gros potentiel en traction avec ce pneu Bontrager Chupacabra à l’arrière, et que la position de pilotage permet de charger l’avant sans effort pour que le vélo reste plaqué au sol.

En passant au format Plus, le Fuel EX perd son côté fougueux et rageur. Là, nous sommes plus sur une partition d’un menuet bien sage et pas exempt de fausses notes.

Dans les descentes, on retrouve le comportement sain et facile de la suspension Trek. Le vélo encaisse sans broncher et ne vient pas à chaque réception en butée. Notez d’ailleurs, qu’à l’avant le travail de la Fox est juste impressionnant. Quel progrès ! Avec la vitesse, et les gros pneus, le Trek libère l’esprit dans le technique et pardonne bon nombre d’erreurs d’appréciations du terrain. Enfin, presque car à chaque virage, les trajectoires s’élargissent. En cause ? Le pneu Chupacabra qui n’est définitivement pas un pneu avant. L’accroche latérale a été rayée de son vocabulaire. On aurait pu baisser un peu plus en pression pour tenter de le faire s’écraser plus en appui, mais il génère alors beaucoup de flou dans la direction (flancs trop souples), et augmente le risque de déchirures sur les cailloux.

Le constat est sans appel. Rouler le Fuel EX en 27.5+ revient à réapprendre à rouler avec ce vélo, et surtout à regretter le 29”. On perd en explosivité, on perd en maniabilité, on perd en aisance de pilotage (attendez-vous à avoir quelques courbatures dans les épaules le lendemain d’une sortie, et à pleurer sur le sort de vos manivelles et pédales). Autant de déficiences qui, comparé à sa version 29”, nous laissent à penser que cette dernière est plus en adéquation avec l’essence du Fuel EX. Alors que les circuits étaient beaucoup plus engagés et techniques lors du test du 29”, le vélo nous est apparu beaucoup plus joueur, plus à l’aise (presque 2 kg de moins quand même en 29”, c’est lourd un pneu en 27.5”+), plus facile partout. Maintenant, je pense qu’il est plus logique d’acheter le 27.5’+ et de le convertir en 29” pour bénéficier de la fourche en 140 mm, qui va ouvrir un peu plus l’angle, et en faire un vélo idéal pour tout faire, surtout si vous habitez en moyenne montagne. Et puis, en choisissant bien vos pneus Plus, vous pourrez au besoin vous faire des sorties l’esprit tranquille si vous manquez de technique de pilotage, ou pour vous rassurez en descente. Mais dans ce cas, oubliez le chrono.

Ce qu’il faudrait changer

Le pneu Bontrager Chupacabra monté à l’avant n’est pas à la hauteur du châssis. L’accroche n’existe pas. Autant à l’arrière il reste sain, car il décoche en vous prévenant avec une glisse souvent rattrapable, autant à l’avant, il le dessert. A changer pour un plus agressif et plus solide. La référence en ce moment est le Maxxis Rekon Plus.

Après, il reste les grips, mais c’est typiquement une affaire de goût. Cela peut avoir de grosses conséquences sur la qualité de pilotage en fonction des mains de son propriétaire. Les grips d’origine sont non seulement inconfortables mais en plus super trop fins pour offrir une bonne tenue de la direction. On est sur un classique de 28 mm de diamètre. Alors certes c’est léger, et toutes les marques jouent sur ce genre d’astuces pour grappiller quelques grammes, mais vous perdez la maîtrise du guidon. C’est dommage car dans le catalogue Bontrager, on trouve les très confortables Race Lite Plus MTB, voire les Bontrager Rhythm Plus.

Enfin, après un peu plus de 150 km avec, il a fallu lubrifier les points de pivot arrière qui, comme sur bon nombre de vélos Trek dotés de l’ABP, s’est mis à craquer à l’accélération.

Caractéristiques  :

FICHE TECHNIQUE : Tailles : 15.5, 16.5, 17.5, 18.5, 20.5 – Modèle d’essai : 17.5 – Cadre : Carbone OCLV/Alu – Fourche : Fox 34 Float Performance – Amortisseur : Fox Float Evol Performance – Freins : Shimano Deore XT, ø180/160 mm – Dérailleur arrière : Shimano XT M8000 – Pédalier : Shimano XT, 36/26 – Dérailleur avant : Shimano XT – Commandes : Shimano XT M8000 – Cassette : Shimano XT M8000, 11/40 – Roues : SunRinglé Duroc 40 SL – Pneus : Bontrager Chupacabra TLR, 27.5”x2.8” – Potence : Bontrager Line Pro, 35 mm – Cintre : Bontrager Line Pro OCLV, 750 mm – Tige de selle : RockShox Reverb Stealth, ø31,6 mm – Selle : Bontrager Evoke3 – GEOMETRIE * – Taille 17.5 – Top tube : 600 mm – Tube de selle : 445 mm – Angle de direction : 66,5/67° – Angle de tube de selle : 73,5°/74° – Bases : 433 mm – Empattement total : 1185 mm – Hauteur de boîtier : 320/330 mm – Reach : 440 mm – Stack : 610 mm – * Low/High.

Distributeur : Trek France, Contact : www.trekbikes.com

RENDEMENT [star rating=”2.5″]
CONFORT [star rating=”4.5″]
MANIABILITE [star rating=”3″]
STABILITE [star rating=”5″]
PRIX/EQUIPEMENT [star rating=”3.5″]

[quote] On aime :Motricité • Position de pilotage • Bonne base pour passer en 29” pour les sorties en mode compétition

On regrette : Boîtier de pédalier trop bas • Pneu avant pas assez agressif • Embonpoint.[/quote]