Specialized Fuse Comp 6Fattie : Pour le plaisir

DR N. Le Carré

Ah, le “petit” Specialized Fuse… Je dois vous avouer que celui-là, il faisait partie de mon top 5 des VTT 2016 à essayer au plus vite. Alors forcément, quand on l’a reçu à la rédac’, j’ai directement mis une option dessus pour le tester !

DR N. Le Carré
DR N. Le Carré

[Htab][tab title=”PRIX”]1699€[/tab][tab title=”POIDS”]12,95 kg sans pédales en taille M[/tab][tab title=”DEBATTEMENT”]Déb. av. : 120 mm |
Déb. ar. :- [/tab][tab title=”USAGE”] rando-sport, vallonné, montagne.[/tab][/Htab]

Pour être précis, on ne l’a pas reçu à la rédac’ ! Afin d’être sûr et certain de pouvoir rouler dessus, je l’ai réquisitionné sur le stand Specialized à la fin du Roc d’Azur, pour pouvoir rentrer directement avec ! Franchement, cela faisait un petit moment qu’un semi-rigide ne m’avait pas autant tapé dans l’œil. Le Fuse, c’est un coup de jeune au bon vieux hardtail, grâce à l’adoption de ces fameux pneus en format +, ici en 650BX3.0 et un cadre spécifiquement développé autour de ce concept que la marque californienne appelle 6Fattie. Sur le papier, le Fuse promet d’offrir un package résolument orienté vers le plaisir de pilotage, le fun et le confort… C’est plutôt tentant, non ? Et même si ma première expérience au guidon d’un VTT en + ne m’a pas laissé un souvenir impérissable (c’était au guidon du Trek Stache en 29+), j’espère bien que le Fuse réussira à changer mon opinion au sujet des bénéfices que peut apporter ce nouveau format de pneu élevé aux hormones.

Chiadé !

Oui, c’est le premier mot qui m’est venu à l’esprit lorsque j’ai découvert le Fuse. Certes, c’est un peu familier, mais on commence à se connaître, fidèle lecteur ! Ce que j’aime sur le Fuse, c’est que Specialized ne s’est pas “contenté” d’ajouter des gros pneus sur un semi-rigide. Comme souvent, la marque américaine aime bien faire les choses et a donc développé un tout nouveau châssis autour du 6Fattie, afin d’optimiser au maximum le concept, en commençant par la géométrie. Construit en aluminium M4, le Fuse est muni de bases ultra-courtes ! Pour y arriver, Specialized a eu recours au nouveau format Boost en 12X148 mm (et 15X110 mm à l’avant), mais pas que. En observant la base droite, on découvre que cette dernière est ouverte au niveau du boîtier de pédalier, afin de pouvoir dégager de l’espace pour le pneu et le plateau. Ce procédé breveté baptisé Diamond Stay permet au Fuse d’avoir des bases mesurées à seulement 430 mm, un record compte tenu de l’encombrement du pneu arrière. Le reste du cadre est plus classique, mais néanmoins soigné. Dans sa version d’entrée de gamme baptisée Expert et proposée à un peu moins de 1 700 €, le Fuse reçoit une fourche SR Suntour Raidon en 120 mm de débattement, une transmission en 1X10 vitesses avec un pédalier “maison” Stout XC, une paire de freins Tektro et l’indispensable tige de selle télescopique.

Histoire de prendre l’air

Pour roder le Fuse, je pars jouer “à domicile” sur mon petit terrain de jeu, une colline que je connais maintenant presque par cœur et qui me permet de rouler différentes machines en travaillant en “atelier”. C’est plutôt pratique lorsque l’on veut changer les réglages de suspension rapidement et s’apercevoir des changements. Oui, mais sur le Fuse il n’y a pas que la précontrainte de la fourche qui a son importance, il y a aussi la pression des pneus, qui joue un rôle primordial dans le comportement du vélo ! Par chance, j’ai déjà pu expérimenter le + à deux occasions, lors de l’essai du Levo et du Trek Stache. Et en plus, mon rédac’ chef a pu m’aiguiller car il a lui aussi déjà fait ses premiers tours de roue en +. Et je me revois encore m’être moqué de lui lorsqu’il me disait qu’une variation de 0,10 bar dans le pneu changeait radicalement son comportement. Bien m’en a pris, car je découvrirai plus tard qu’il avait raison ! Les pneus Ground control sont montés en Tubeless sur les jantes WTB. Pour commencer, je décide de partir sur une pression de 1,2 bar comme base de départ. C’est parti… et ça rebondit partout ! Allez, je décide rapidement de baisser de 0,15 bar. Cela peut paraître peu, mais sur ce type de pneu cela change tout. Je repars, c’est le jour et la nuit ! Dès la première descente, j’entrevois que ce petit hardtail dispose de sérieux atouts pour s’amuser, à commencer par sa géométrie. Long de l’avant, court de l’arrière, avec son petit poste de pilotage, son guidon bien large et son angle de direction “relax”, le Fuse incite franchement à lâcher les freins. Les gros pneus mettent vraiment à l’aise sur les réceptions et sur les racines, même si cela n’a rien à voir avec un bon tout-suspendu, car l’arrière vient souvent vous rappeler à l’ordre : ça tape quand même ! Le premier rodage me met franchement la banane, dans la mesure où ce petit Fuse vous donne envie de faire le foufou à chaque instant. Tiens, et si j’allais voir ce qu’il donne du côté de Fontainebleau ?

Exigeant !

DR N. Le Carré
DR N. Le Carré

Avant de repartir rouler, retour à la case atelier. Bilan des deux premières sorties : une entaille dans le flanc arrière (bien réparée par le liquide préventif toutefois) du pneu, des freins qui manquent de mordant et surtout cette fourche Suntour qui montre des signes inquiétants de fatigue (voir encadré). Heureusement, cela sera rapidement réglé et je peux partir pour ce petit ride de 32 km à Fontainebleau, bien décidé de mettre le Fuse « dans le bain ». Je ne me fais pas de film dans les côtes. Je sais très bien que j’arriverai bon dernier en haut. Ce qui n’est pas problématique en début de sortie dans la mesure où l’on est frais et que l’on tire un peu plus que d’habitude pour rester dans le groupe peut devenir un calvaire en fin de sortie. Concrètement, les 25 premiers kilomètres au guidon du Fuse n’auront été que pur bonheur. A Fontainebleau, le grip supplémentaire procuré par les pneus procure une traction phénoménale (oui, vous avez bien lu !) en côte. Ça passe partout, bien calé sur l’avant j’ai l’impression de grimper à la façon d’un 4X4 en boîte courte. La seule réserve que j’émettrai concernerait la transmission et l’onctuosité du changement de vitesse, pas franchement au rendez-vous avec le panachage entre les éléments Sram et la cassette Sunrace. A Fontainebleau, le Fuse est dans son élément là où l’on alterne les enchaînements entre dalles rocheuses, portions sablonneuses et petits sentiers techniques et trialisants. La seule en terme de liaison au sol se fait sentir à l’avant où le Ground Control a tendance à provoquer un flou au niveau de la direction en courbe rapide. Pour avoir essayé le Purgatory sur le Levo, je ne peux que vous conseiller d’envisager cette option. Les kilomètres défilent et rapidement, le Fuse dévoile le côté caché de sa force : celle d’une machine grisante dès que l’on grimpe dessus, mais qui se montre rapidement exigeante… voire épuisante. A trop vouloir donner à son guidon, je me retrouve épuisé au bout de 25 km, alors que mes compagnons de sortie ont encore l’énergie nécessaire pour les 8 km de la fin de la sortie. Un sentiment partagé par mon collègue Tom, à qui je laisse la parole pour la fin de cet essai. « Comme pour de nombreux collègues journalistes, le Specialized Fuse constitue mon premier contact avec le format 27.5+, dans sa forme sans assistance électrique. Après avoir goûté au Trek Stache 29+ au printemps et avoir distillé, tout au long de la saison, les informations transmises par les marques sur ce nouveau format, j’étais impatient de rouler avec l’une de ces machines. La promesse d’un compromis alliant un grip et un confort incomparables à une géométrie fun et efficace, grâce au gain de place permis par l’adoption du standard Boost, met forcément l’eau à la bouche. Il ne faut d’ailleurs pas très longtemps derrière son guidon pour se rendre à l’évidence : oui le Fuse est fun voir même ultra fun ! Le grip est exceptionnel sur une majorité de terrains, le vélo est un appel à l’attaque permanente, les pneus filtrent le terrain et on se permet de passer comme un cochon là où d’habitude on aurait pulvérisé la mécanique. Mais il y a un hic… Si l’augmentation de la section des pneus et la prise de volume de ces derniers assurent un certain confort et une très bonne accroche, la perte de rendement qui s’accompagne est pénalisante. À moins d’avoir un gros moteur, il est difficile de tenir le rythme sur la durée. On adopte vite un train de sénateur. La sortie se résume à une alternance de portions engagées où l’excellente géométrie du vélo et ses qualités dynamiques font des miracles et à des portions de pédalage où on essaye de ne pas se faire distancer par les copains. Non, le 27.5+ ne révolutionne pas la pratique du VTT. Néanmoins il offre une alternative intéressante pour une pratique 100% plaisir. »

Caractéristiques

FICHE TECHNIQUE : Tailles : S, M, L, XL, XXL – Modèle d’essai : M – Cadre : aluminium M4 – Fourche : SR Suntour Raidon 120 mm – Freins : TRP Slate T4/X2 Av. Ø180 mm Ar. Ø160 mm – Dérailleur arrière : Sram X7 – Pédalier : Specialized Stout XC 30 dents – Commande : Sram X5 – Cassette : Sunrace 11-40 dents – Moyeux : Specialized Stout XC Pro – Jantes : WTB Scraper i45 – Pneus : Specialized Ground Control 6Fattie 650bX3.0 – Potence : Specialized 3D Forged 50 mm – Cintre : Specialized Stout 750 mm – Tige de selle : TranzX YSP03 – Selle : Body Geometry Henge – GEOMETRIE  Taille M : Tube supérieur : 610 mm – Tube de selle : 440 mm – Angle de direction : 73° – Angle de tube de selle : 67,5° – Bases : 430 mm – Empattement total : 1 140 mm – Hauteur de boîtier : 306 mm – Reach : 420 mm – Stack : 619 mm.

Distributeur : Specialized, www.specialized.com/fr

AUTONOMIE/RENDEMENT [star rating=”2.5″]
CONFORT [star rating=”4″]
MANIABILITE [star rating=”4.5″]
STABILITE [star rating=”4″]
PRIX/EQUIPEMENT [star rating=”3″]

[quote] On aime : Compromis fun/plaisir • Traction et grip exceptionnels • Bonne alternative
On regrette : Exigeant ! • Freinage manquant de mordant • Rendement.[/quote]