RockRider Race 900 : Conçu pour une certaine course

Pour la première fois, RockRider se lance dans le domaine du VTT haut de gamme avec son nouveau vélo de cross-country dédié à la compétition, le Race 900 Team Edition, un modèle livré à seulement 400 exemplaires, et que nous avons pu rouler. Attention, voici une bête de course à ne pas mettre en toutes les mains !

4250 € | 9,35 kg taille M, roues: 4,10 kg | Déb. av. 100 mm

Pratique: cross-country compétition  / Terrain: plaine, vallonné

RockRider présente un nouveau modèle, le Race 900, un pur modèle de cross-country dévoilé lors du dernier Roc d’Azur, qui vient apporter une réponse à la création par la marque d’un team international qui va évoluer sur la scène du cross-country de compétition (XCO). Pour la première fois aussi, Décathlon va proposer dans ses linéaires (enfin pour certains magasins bien choisis mais surtout sur Internet) un VTT haut de gamme avec son nouveau Race 900 Team Edition, doté de composants de haute qualité. La transmission électrique sans fil Sram AXS Eagle XX1, entre autres, est utilisée sur le vélo dans cette présentation peinte en noir et or du plus bel effet. Les autres points forts du vélo sont la fourche RockShox SID SL Ultimate avec 100 mm de débattement, les légères roues Reynolds ou encore les freins Hayes Dominion T2 avec leurs leviers carbone qui nous ont surpris par leur qualité de touché et de puissance de freinage. Malgré les composants haut de gamme, Décathlon reste fidèle à son idée de proposer un juste prix, en l’occurrence ici 4 250 euros. Inutile de vous dire que vu le contexte économique dans l’univers du vélo où les prix s’emballent vers les sommets chaque semaine, c’est une belle performance par rapport à la concurrence.

Pour autant, ne pensez pas qu’il s’agisse d’un simple cadre sur lequel ont été déposés les meilleurs équipements du moment. Non, indépendamment du prix et de ses composants, le RockRider Race 900 Team Edition est dans l’air du temps en ce qui concerne les développements actuels sur ce segment de vélo. Cela commence par une géométrie assez moderne. Le cadre affiche un Reach allongé, des bases courtes et un avant assez couché. Concrètement, si l’on parle chiffres, cela donne un Reach à 432 mm sur notre taille M, associé à une douille de 105 mm et un tube supérieur de 600 mm. Les bases sont coupées à 438 mm sur ce 29’’ tandis que la direction affiche 68,5° ici, que le tube de selle se redresse à 75°, et surtout le boîtier de pédalier est assez bas, puisqu’il est à 312 mm du sol. De quoi garantir une bonne stabilité. Voilà donc des chiffres assez rares chez RockRider, et que l’on aimerait bien voir sur les autres modèles de ce segment.

Autre point, le cadre. Là, le résultat est tout simplement bluffant, tant il est beau avec ses formes si personnelles. Le seul truc qui gêne, c’est que, tout beau soit-il, certaines formes obtenues ne riment pas forcément avec confort. Entre le gros tube de selle autour du boîtier de pédalier, les bases costaudes ou la jonction haubans au triangle avant (quel dessin !), tous ces détails respirent plus la rigidité que des formes qui sont là pour absorber les vibrations… En tout cas, le mariage des différentes fibres permet d’annoncer un poids du cadre juste au-dessus du kilogramme. De quoi afficher un poids total assez faible, puisque nous avons pesé le vélo en taille de cadre M à seulement 9,35 kg sans pédales. Une belle performance pour un aussi grand généraliste d’autant que le cadre est garanti 5 ans. Le châssis n’est pas avare en protections. En effet, il dispose par exemple sur le tube supérieur d’un adhésif particulièrement épais provenant de chez Effetto Mariposa, idem sur tous les points de contacts possibles. Il dispose même d’une forme spécifique sur le bas du tube diagonal pour pouvoir fixer sans qu’il ne bouge, un strap avec sa chambre à air. Fini la sacoche de selle, tout se place au plus bas, et proche du boîtier pour ne pas ressentir le poids du kit de réparation. Bien vu ! Bien vu, aussi, la trappe en dessous pour avoir un accès facilité au passage de câble en interne. On notera aussi la patte de dérailleur Sram UDH ou encore la possibilité de monter une tige de selle télescopique en diamètre 31,6 mm. Le Race 900 est proposé en taille S à XL, ce qui permet de couvrir des pilotes allant de 1,50 m à 2,00 m.

Machine à sensations

Avant de vous lancer dans l’achat de ce Race 900 que ce soit cette version Team ou une plus classique, il faudra d’abord vous préoccuper de la taille du cadre. Contrairement à la charte annoncée par RockRider, un pilote de moins de 1,73 m ne sera pas à sa place sur un taille M, et encore moins un pilote de 1,65 m ! Même si vous choisissez de lui adjoindre une plus petite potence (70 mm d’origine sur le M), il lui faudra un S ! Tenez-vous le pour dit.

Toujours est-il que la position de pilotage vous met tout de suite dans l’ambiance. On est évidemment très sur l’avant, avec un poste de pilotage bas, forcément avec cette potence de -20°, même si je m’attendais à pire. En fait, dès les premiers tours de roues, la position donne l’impression de rouler sur un vélo de route, tête dans le guidon prêt à envoyer les watts. L’autre point qui saute aux yeux, c’est la rigidité de la bête. Rien ne vient perturber le châssis qui ne fait définitivement qu’un. La moindre sollicitation sur la pédale et le vélo vous gratifie d’un bond vers l’avant, ce qui vous met dans de belles dispositions pour la suite du programme. D’autant que notre parcours de test des vélos de cross-country commence inexorablement par la traversée de champs, via un chemin 4×4 afin d’accéder à la forêt.

Ici le Race 900 est roi. Le vélo file à vive allure, et il suffit à peine de tourner les jambes pour entretenir la vitesse. Les premiers kilomètres défilent et on sent que la rigidité du train roulant merveille, d’autant que le sol est sec après deux semaines de soleil et de vent. Le premier faux plat s’avale comme si de rien n’était. Tandis que l’on mène bon train, on sent déjà que le vélo renvoie bien de l’arrière la topographie du terrain. Un premier coup de cul, debout sur les pédales, le vélo conserve toujours son allure, mais les premiers cailloux commencent à nous alerter sur la capacité du vélo à garder la roue motrice au sol. C’est d’autant plus flagrant que la SID SL à l’avant montre un visage bien plus tolérant en lissant en partie les aspérités du terrain. Coté transmission de la puissance, cette première côte nous fait bien comprendre que l’on devra compter que sur nos jambes et sur la masse légère du vélo pour avaler les difficultés. Ne comptez pas sur la moindre déformation de la boîte de pédalier pour vous aider, ici rien ne bouge. Du coup, si vous n’avez pas les cannes, vous allez souffrir. L’arrivée sur les sentiers forestiers, bien plus techniques et parsemés de racines et autres ornières vont montrer un tout autre visage de ce Race 900. S’il paraît facile sur le plat et les faux plats lisses, ici il vous assène des coups qui vous remontent dans le dos à chaque fois que vous roulez sur un défaut du chemin. Alors, la « chance » que l’on a, c’est que les résonances sont sourdes, et pas aiguës comme sur le nouveau BH Ultimate Evo, ce qui est un moindre mal, mais
l’Espagnol a au moins l’avantage d’avoir une tige de selle qui se déforme un peu pour encaisser « légèrement » les vibrations. Ici, rien, et ce n’est pas avec une tige de selle en gros diamètre que ce sera possible. La preuve, c’est plus l’entrée du tube de selle qui tend à se déformer, vu que nous avons passé notre temps à resserrer le collier de selle pour que la tige ne descende plus sous notre poids après chaque passage de terrains minés.

En descente, il faut jongler entre le triangle avant, qui est super stable et rigide, et l’arrière, qui vous secoue dans tous les sens. Et, comme la douille de direction est aussi super costaude (il suffit de voir son dessin pour comprendre pourquoi, surtout associé avec un tube supérieur quasiment plat…), cela met en avant la souplesse du poste de pilotage et la pauvre RockShox SID SL en plongeurs de 32 mm qui fait ce qu’elle peut pour conserver la trajectoire. Le décalage entre la sur rigidité du cadre et le poste de pilotage/fourche saute aux yeux. Un aparté rapide sur le cintre : ce ProTaper est certainement le modèle de série le plus léger du marché (autour de 120 g). Un choix pertinent sur ce modèle, même s’il est un peu trop large pour la pratique (je n’aurais jamais cru écrire un jour qu’un RockRider dispose d’un cintre trop large tant la marque est adepte des petits cintres…) . Je ferme la parenthèse. Dans les montées, évidemment, le vélo profite de sa faible masse pour vous amener au sommet sans trop d’efforts. Il profite également de la stabilité de sa partie avant, de son tube de selle bien avancée et de votre position plongeante pour vous éviter tout décrochage de la roue avant dans les murs. Le pilote positionné vers l’avant fait son office et permet de parfaitement faire corps avec la machine dans les gros dénivelés positifs. Cependant, toute cette énergie économisée se voit perdue à tenter de conserver le grip de la roue arrière au sol. La rigidité arrière fait ripper la roue si vous donnez trop de puissance, ou si elle rencontre un obstacle. Il faudra vraiment baisser la pression dans le pneu arrière pour regagner de la motricité, quitte à prendre en rendement sur le plat. 

Pour qui ?

Déjà pas pour moi et pas pour le terrain de jeu qui se destine généralement à ce genre de vélo. Pour lui, il faut un pilote léger, plutôt en forme physiquement et qui roule sur des chemins roulants (D.F.C.I) ou sur des circuits de XCO peu cassants avec beaucoup de changements de rythmes. Là, il sera le roi. Il offre des accélérations de fous, démarre à la moindre sollicitation sur la pédale. Les successions de virolos à plat, avec relances à chaque sortie de virage, sont un vrai bonheur. Cependant, le RockRider Race 900 Team Edition – et certainement ses déclinaisons à venir – est un vélo exigeant avec un très (trop) haut niveau de rigidité qui ne conviendra pas à tout le monde. C’est un produit sans filtre qui a mis le confort aux abonnés absents, et finalement à l’efficacité toute relative si l’on dépasse les 25 kilomètres de roulage sur un vrai terrain technique. Une surprise venant d’une marque qui s’adresse à un large spectre de consommateurs. Alors, oui, le vélo est particulièrement léger, et son prix est bien plus qu’attractif, c’est même une affaire, mais il faudra prendre en compte qu’il ne s’adresse pas à tout le monde, car vous aurez vite fait de vous cramer à son guidon si vous n’avez pas la condition physique et le terrain pour le piloter. 

Ce qu’il faudrait changer :

Sur le papier, le vélo est particulièrement bien équipé vu son prix de vente. D’ailleurs, notez que, si ce modèle est officiellement limité à 400 exemplaires, ils ne sont pas pour autant numérotés. Cela peut laisser entendre que RockRider peut s’autoriser le droit de faire plus d’exemplaires lorsque le stock d’équipements sera de retour au beau fixe. Voilà qui est dit. Néanmoins, il reste des choses qui peuvent être changées. La première, une tige de selle avec un vrai flex, ce qui pourra amoindrir les coups de butoir à chaque rencontre d’imperfection sur le terrain. Le pneu avant peut aussi être changé pour un modèle plus agressif, histoire de sécuriser l’avant pas forcément aidé par le manque de rigidité de la SID dans cette version en plongeurs de ø32 mm. Notez que RockRider a choisi une monte différenciée sur la structure des pneus. S’il s’agit de Kraken produits en France, l’arrière est renforcé pour réduire les crevaisons, tandis que l’avant ne l’est pas (100 g de gagnés). La potence ? Un modèle plus court et moins plongeant apportera sûrement une position plus confortable pour rouler, mais cela risque de dénaturer le projet de base des ingénieurs.

Caractéristiques :

Géométrie
Taille : M
Tube supérieur : 600 mm
Tube de selle : 408 mm
Angle de direction : 68,5°
Angle de tube de selle : 75°
Hauteur de douille : 105 mm
Bases : 438 mm
Empattement total : 1 142 mm
Hauteur de boîtier : 312 mm
Reach : 432 mm
Stack : 610 mm

Fiche technique
Tailles : S, M, L, XL
Modèle d’essai : M
Cadre : carbone
Fourche : RockShox SID Ultimate SL, déport nc
Freins : Hayes Dominion T2 Carbon,  ø160 mm
Dérailleur arrière : Sram AXS Eagle XX1
Pédalier : Sram XX1, 175 mm, 34 dents
Commande : Sram AXS Eagle XX1
Cassette : Sram Eagle, 10-52
Roues : Reynolds TR309/289 XC 29
Pneus : av. Hutchinson Kraken Racing lab, 29” x 2.30’’ ; ar. Hutchinson Kraken Racing lab HardSkin, 29” x 2.30’’ 
Potence : RockRider alu, 70 mm
Cintre : Pro Taper Hyperlite carbon, 760 mm
Tige de selle : RockRider UD, ø 31,6 mm
Selle : Fizik Argo Vento
Distributeur : Décathlon; Contact : www.decathlon.fr

Notes
Rendement : 4,5
Confort : 2
Maniabilité : 3,5
Stabilité : 4
Prix/Equipement : 5
TOTAL : 15,2/20

On aime :  Rendement • Vivacité • Équipement bien choisi pour la discipline visée • Douceur du freinage • Protection du cadre • Intégration du strap pour chambre à air

On regrette : Quel confort ? • Très exclusif • Les roues très rigides • Potence un peu longue