Rockrider 8 XC : plus qu’un carbone

Avec le nouveau 8xc, Decathlon affiche clairement son ambition : proposer un VTT carbone à 10 kg pour le plus grand nombre. Confort et agrément de pilotage sont au menu.

Pari réussi

Travail sur la finesse des tubes, mais aussi sur la direction des fibres, sur les pattes arrière, histoire d’avoir une jonction roue-cadre la plus rigide possible. Ne cherchez pas une géométrie spécifique, le 8xc fait de l’archi classique, avec des bases coupées à 425 mm, des angles de fourche et de selle dans les normes d’un pur crosseur de compétition. Le rapport prix/prestation est toujours difficilement égalable pour la concurrence, et cette version carbone à moins de 2 000 euros ne déroge pas à la règle. Avec une fourche Rock Shox Sid Race, des freins Avid Elixir R, un dérailleur arrière Shimano XTR Shadow, un pédalier XT ainsi que des roues performantes MT 65, l’essentiel est là. Reste quelques composants de compromis, tel le guidon, potence et tige de selle carbone.
Mais ne boudons pas notre plaisir d’enfourcher ce pur-sang. Pas de doute, vos cervicales vont être soumises à rude épreuve, les poignets aussi. En cause, une position que l’on peut seulement admettre pour un sprint ou une course XC. Pour résoudre le problème, il faudra oublier le cintre plat et passer sur un semi relevé. Les coups de pédales rageurs révèlent instantanément le caractère de ce 8xc : ça va déménager ! ça tombe bien, nous avons demandé à un champion régional de troquer son vélo contre le 8xc. Déjà, il n’est pas dépaysé avec ce VTT qui dépasse à peine les 10 kg tous pleins faits, de quoi donner des sensations d’accélération bien présentes. C’est d’ailleurs uniquement à cette phase de pilotage, les accélérations, que le 8xc marque le pas. En effet, en danseuse, lorsque le pilote envoie la puissance de ses mollets, petits ou gros, on sent au niveau du boîtier de pédalier un léger manque de rigidité. Rien de dramatique, mais nous avons quelques références qui font mal : Look, Merida, Scott, Cannondale. Reste que cette “souplesse” de la boîte permet au 8xc d’être aussi moins exigent, plus grand public, et finalement son but est atteint.

Un XC pur compétition confortable

Ce que l’on attend d’un pur crosseur, c’est d’accélérer, et on a vu qu’à ce chapitre, 8xc avionne, et ce n’est pas tout. Il doit être capable de conserver une vitesse de croisière importante sans effort, et là, chapeau ! Le 8xc ne demande pas de le relancer tout le temps. Côté transmission, le 3×9 vitesses, utilisé pour raison de coût, va frustrer les plus teigneux qui affectionnent déjà le 2×10. Mais les autres se satisferont aisément des trois plateaux, surtout dans les côtes les plus méchantes, où le vingt-deux dents permet de garder son honneur sauf ! Non, je ne poserai pas le pied à terre… La motricité est très bonne, grâce à des pneus tubeless, gonflés tout de même à deux bars. En dessous, le vélo est flou dans les trajectoires. Au fil des kilomètres, on ressent bien le confort du Decathlon. Un gros travail a été fait sur les bases et haubans pour le rendre à la fois rigide en torsion, mais surtout capable de filtrer petites vibrations et chocs plus importants. Pari réussi, il entre dans le cercle très fermé des VTT semi-rigides carbone confortables. Sur une de nos zones tests, une voie romaine avec ses pavés qui ont subi deux mille ans de roulage, on peut se permettre de continuer à pédaler sans changer de trajectoires, ni soulager ses fesses. Saluons bien sûr le travail de la Rock Shox Sid, formidable sur les petits et gros chocs. Malgré des angles sages, ce VTT donne beaucoup de sensations, même en descente, et même si le cintre plat vient pourrir l’ambiance sereine qui pourrait être encore plus rapide. La précision de l’avant, grâce à une fourche rigide, une douille de direction balèze (elle n’a pourtant pas cédé à la mode du pivot différencié) et un train roulant de qualité, permet de placer le vélo au millimètre dans les courbes, sans élargir la trajectoire. Pas de frayeur pour le pilote. Sur les monotraces bien étroites et serrées, encore une fois ce guidon rend aléatoires les tentatives de rattrapage de la roue avant et le verrouillage des épaules. On préfère du coup les grands espaces aux virolos. Dommage, car le potentiel est bien là.
Avec quelques aménagements d’ordre de position de pilotage, on pourrait largement emmener le Rockrider 8xc sur des marathons ou des courses de trois jours, tant le confort est grand pour un carbone et tant sa facilité à pédaler laisse de l’énergie au pilote.