Pivot Switchblade Pro XTR/XT : La renaissance d’un précurseur

Pivot relance un de ses modèles phares pour cette nouvelle année. Le Switchblade revient dans le match et il a la complexe tâche de couvrir un vaste segment où la polyvalence est de rigueur. Le premier Switchblade était sûrement un des précurseurs dans ce domaine, mais depuis, bon nombre de concurrents sont venus chasser sur ses terres.

DR. A.Bichard

Prix : 8149 €| Poids :13,9 kg taille M | Déb. av. : 160 mm | Déb. ar. 142 mm

Pratique : compétition, trail, randuro

Les segments trail/all-mountain comme les nomment beaucoup de marques sont en train d’exploser. Il faut dire que la radicalisation des produits dédiés au XC ou à l’enduro a laissé un immense espace pour ce type de vélos plus accessibles en termes de pratique. Des vélos où l’on peut presque tout faire à leur guidon. Ils sont capables de grimper partout et dans le même temps ils sont largement suffisants pour s’engager en toute sécurité dans n’importe quelle descente. La première version du Pivot Switchblade était finalement totalement dans cette mouvance et nous pouvions simplement lui reprocher d’avoir pris un peu d’âge. Cette version 2020 reste complètement dans la même philosophie avec une modularité exemplaire. Nous pouvons configurer cette machine dans plusieurs standards de roues : 27.5″ (maximum 2.8) ou 29″ (maximum 2.6) ou même en mode mulet (29″ à l’avant et 27.5″ à l’arrière). Il n’est pas nécessaire de changer de cadre suivant nos envies mais simplement d’ajuster un astucieux système de cales et aussi d’ajouter une coupelle sous la colonne de direction. Vous l’aurez compris, ces ajustements sont plus à réaliser à l’atelier que véritablement sur le terrain. Nous avons testé uniquement le vélo chaussé en 29″ car cette version sera sûrement la plus populaire sur notre territoire.

Le nouveau Switchblade est totalement en carbone avec une technologie monocoque optimisée qui lui permet de perdre quelques grammes (le cadre est annoncé à 2,6 kg en taille medium). Mais nous nous sommes davantage intéressés au fait que Pivot propose un moulage spécifique pour chaque taille avec des sections et des épaisseurs de tubes différentes. Nous avons ainsi un vélo adapté à chaque gabarit dans la construction comme dans la taille. D’ailleurs la géométrie évolue aussi avec une immense plage allant du XS au XL. Ce nouveau cadre, comme c’est la tendance, s’allonge, mais

pas de façon déraisonnable. Nous sommes encore loin des mensurations du modèle enduro de la marque. L’arrière du vélo est toujours aussi compact que par le passé malgré la compatibilité avec les gros pneus. Le secret réside dans le fait que Pivot adopte l’entraxe de roue arrière en 157 mm de large et a fait le choix de la compatibilité unique avec les transmissions 1X.

L’assise a été totalement revue avec un tube de selle très court et bien plus droit sans discontinuité presque jusqu’au boîtier de pédalier. Nous pouvons utiliser des tiges de selle télescopiques avec beaucoup de débattement (125 mm sur les tailles XS-S, 150 mm sur les tailles M et 175 mm sur les tailles L et XL). Le résultat est convaincant et le vélo est terriblement compact. Mais ce qui saute aux yeux quand on regarde la nouvelle silhouette du Switchblade, c’est avant tout le nouvel agencement de la suspension arrière. L’amortisseur est positionné verticalement contrairement à l’ancien modèle. Un choix qui permet d’offrir plus de latitude pour faire des petits cadres mais aussi placer un porte-bidon sur toutes les tailles. Pivot a fait aussi le choix de passer sur un positionnement vertical de l’amortisseur car Fox, son partenaire suspension, propose des amortisseurs au standard Trunnion. L’amortisseur est plus court avec une course identique optimisant au passage l’encombrement du système. Au niveau de la construction de la suspension arrière, le Switchblade reste fidèle au système de suspension DW links qui est une cinématique type point de pivot virtuel. Le triangle avant et le triangle arrière sont reliés par deux petites biellettes (une positionnée proche du boîtier de pédalier et l’autre juste au-dessus). Sur le papier, ce type de système permet d’optimiser l’effet de la chaîne tout en contrôlant au mieux la progressivité de l’amortisseur. Pivot a d’ailleurs changé un peu d’orientation au niveau de la courbe d’amortissement de ce nouveau vélo car le fait d’utiliser un amortisseur air procure plus de progressivité en fin de course.

Au niveau des composants, le Switchblade est disponible en trois finitions avec six montages de 6599 € à 14 899 € (oui, oui, vous ne rêvez pas) pour la luxueuse en version Sram XX1 AXS avec roues Reynolds carbone et les suspensions Fox Live Valve. Au niveau des couleurs, pour le moment Pivot ne propose toujours pas de personnalisation et ce sera soit le fameux bleu ou un vert très tendance cette année…

Raisonnable mais performant

Nous avons pu tester le nouveau Switchblade sur les magnifiques trails de l’association In Nature au nord de Porto au Portugal. Des sentiers magnifiques avec des parties techniques et des parties plus roulantes avec du dénivelé : le terrain de jeu idéal pour cette plateforme. Nous avons choisi de tester la version la moins onéreuse que nous pouvions sans l’assistance Fox Live Valve pour avoir le maximum de chance de cerner le potentiel intrinsèque de cette nouvelle plateforme. L’autre dilemme que nous avons dû régler fut la taille du cadre. La nouvelle géométrie avec le tube de selle très court et en avant permet de rouler pour notre taille entre le medium et le large sans aucun souci. Nous avons opté pour la plus petite taille pour être sûr d’avoir un maximum de polyvalence. La traditionnelle étape des ajustements est aisée avec des préconisations très précises de la part de Pivot que nous avons suivies à la lettre.

Une facilité de prise en main déconcertante

Nous avons été surpris de trouver nos marques aussi facilement sur cette machine. Les commandes tombent naturellement sous la main et on se sent confortablement installé pour partir à l’assaut des trails. Nous avons pris soin de mettre assez bas le poste de pilotage car le Switchblade est assez haut de l’avant avec un couple de jeu de direction généreux. Nous sommes tombés sous le charme surtout quand nous avons à changer de cap ou à affronter les obstacles. Le vélo est vraiment très intuitif. Si nous avons besoin de soulager la roue avant, un simple mouvement en arrière et le vélo se déleste. Nous sentons rapidement que tout se passe entre nos jambes et notre bassin (merci le positionnement des biellettes qui offrent un centre instantané de rotation proche du boîtier de pédalier). La suspension est confortable, le début de course de l’amortisseur arrière est sensible, délivrant une motricité incomparable, surtout avec cet amortisseur. Nous avons l’impression d’avoir un vélo plus gros en débattement. On comprend aussi pourquoi le vélo propose en statique un boîtier de pédalier assez haut car en dynamique le vélo s’assoit sur l’arrière. Dans les montées raides, techniques avec une faible vitesse, le Switchblade est un grimpeur affirmé avec une motricité monstrueuse. Nous n’avons aucune crainte à nous mettre en danseuse et appuyer fort sur les pédales quand il faut passer sur un obstacle, même glissant. Nous avons d’ailleurs trouvé que le vélo était plus facile à amener dans ce type d’ascension que sur des montées plus roulantes et moins pentues. Dans cette configuration de situation nous avons plus la sensation d’avoir un petit vélo d’enduro à extirper au sommet qu’un vélo de trail agile. Heureusement, pour nous aider, nous pouvons utiliser le levier de la plateforme de pédalage de l’amortisseur Fox. Nous aurions eu besoin de plus de temps pour analyser et trouver un meilleurs compromis pour rendre le Switchblade plus

DR. A.Bichard

performant dans ce type de situation. Nous prenons notre temps pour nous rendre au sommet en profitant des paysages sublimes. Une fois la descente engagée, le Switchblade retrouve son élément. Nous nous sentons parfaitement en sécurité et nous avons une seule envie, c’est accélérer le rythme.

Le vélo acquiesce sans broncher et donne des garanties solides pour envoyer du gros. La suspension arrière est vraiment bien étudiée. On conserve de la vitesse quand c’est nécessaire avec un très bon maintien et nous prenons de la vitesse sur chaque relance ou impulsion. La cinématique DW link démontre encore une fois qu’elle est l’une des meilleures sur le marché dans ce type de situation. Nous sommes encore plus étonnés de la facilité à prendre de l’angle avec cette machine et que ce soit sur le virage gauche ou droit. Nous oublions définitivement que nous sommes sur des roues de 29″. Nous ne savons pas si c’est le passage au superboost ou la rigidité du châssis, mais le Switchblade a des facultés impressionnantes pour avaler les virages… Quand le terrain devient plus cassant ou aérien, le vélo tient le cap. Nous sommes en totale confiance et il est pratiquement impossible de ressentir que nous sommes en butée au niveau de la suspension. Les nouveaux ajustements faits à l’amortisseur Fox sont impressionnants et nous ne nous attendions pas à un tel niveau de performance. Il faut cependant rester concentré quand la vitesse commence exagérément à augmenter car nous sommes en possession d’un vélo de all-mountain seulement. Nous avons aussi pu expérimenter en nous mettant à rouler en mode spéciale d’enduro que le vélo peut aller presque aussi vite qu’un gros vélo sur des pistes assez techniques et flow mais il demande un bagage technique et physique plus important du fait de son petit gabarit.

Un bilan

Le nouveau Switchblade vient de reprendre du galon et il peut enfin revenir prendre sa place en tête de segment sur ce marché. Un vélo attachant qui fait la part belle au fun et au pilotage. Pivot a retravaillé avec succès tous les petits détails qu’il fallait pour offrir un vélo équilibré et performant pour des terrains exigeants. Nous pouvons rapidement identifier qu’il est né pour rouler dans des sentiers techniques et cassants où le but n’est pas forcément de rouler vite, mais surtout d’être capable de rester sur le vélo et de pouvoir s’amuser sur chaque centimètre de sentier. Nous sommes comme toujours impressionnés par la facilité de prise en main des vélos de la marque. La finition de cette machine ne souffre d’aucune critique et nous ne pouvons que féliciter le bureau d’études de la marque pour tous les efforts faits sur l’ensemble des détails. Nous avons clairement un seul reproche à faire à cette machine sur cette prise en main, c’est son prix élitiste que fera de lui un vélo rare.

FICHE TECHNIQUE :

Tailles : XS, S, M, L, XL

Modèle d’essai : M

Cadre : Switchblade carbone

Fourche : Fox Factory 36 Grip2 RC2, déport 42 mm

Amortisseur : Fox Factory DPX2

Freins : Shimano XT 4 pistons

Dérailleur arrière : Shimano XTR

Pédalier : Race Face Affect R, 32 dents

Commande : Shimano XT

Cassette : Shimano XT, 10-51 dents

Roues : DT Swiss M170 30mm Super Boost

Pneus : av. Maxxis Minion DHF WT EXO Maxx Terra 3C TR, 29×2.5” ; ar. Maxxis DHR WT EXO Maxx Terra 3C TR, 29x 2.4”

Potence : Pivot Phoenix team 35 Alu, 45 mm

Cintre : Pivot Phoenix carbone team 35, 800 mm

Tige de selle : Fox Transfert Factory, 150 mm, ø30, 9 mm

Selle : WTB Phoenix Pro  Vigo

GEOMETRIE :

Taille : M

Tube supérieur : 620 mm

Tube de selle : 394 mm

Angle de direction : 66,5-66°

Angle de tube de selle : 76-75,5°

Bases : 430-431 mm

Empattement total : 1192-1193 mm

Hauteur de boîtier : 346-352 mm

Reach : 455-460 mm

Stack : 621-625 mm

Distributeur : Mohawk’s Cycles, Contact : www.mohawkscycles.fr

On aime : Super joueur • Qualité de la suspension arrière • Motricité • Vélo de caractère

On regrette : Poste de pilotage rigide • Pas le plus vif au pédalage • Prix

Notes

Rendement : 3

Confort : 4,5

Maniabilité : 4,5

Stabilité : 4

Prix/Equipement : 2,5

Total : 14,8/20