Pays de Galles : Le parc national Coed y Brenin

Qu’il vente ou qu’il pleuve, au pays de Galles, on roule et sans faire d’histoires, s’il vous plaît ! Les vertes collines abritent des sentiers d’une qualité exceptionnelle. Ici, le VTT est perçu comme un débouché important du tourisme. Découverte, sur fond de brebis dispersées dans la lande et sous le petit crachin gallois, avec Cédric Braconnot de Labyrinth.

Dans le parc national de Coed y Brenin, le VTT est roi

L’aventure VTT a commencé au cœur du parc national de Coed y Brenin, au nord du Pays de Galles (en gaélique, traduction littérale : le roi de la forêt, ce qui donne «le parc national le roi de la forêt»… ça sonne bien, non ?). Au début des années 90, des volontaires amoureux du VTT et armés de pioches ont commencé à imaginer des chemins à l’attention exclusive des mountain bikes, sous la houlette d’un garde forestier, Dafydd Davis. Le succès est immédiat. Les chemins offrent un savoureux mélange de parcours techniques et ludiques. Devant l’engouement du public, l’équivalent de notre ONF se décarcasse et fait fumer pelles, mini-pelles et pioches. En 2009, le parc national atteint la moyenne de 150 000 visiteurs par an, toutes pratiques confondues. Devant cette success story, un nouveau «visitor center» est créé avec un bike shop bien achalandé et de bons mécanos. Des petits guides VTT sont aussi édités. On y vend des sandwiches bio, du thé vert. Dehors, on trouve un jet ultra-sophistiqué pour les bikes. Vous ne rêvez pas, nous sommes bel et bien dans un parc national et le VTT y a bonne presse ! Andy, le Mister VTT du parc, à la fois garde, ranger et vététiste, nous emmène sur le terrain et raconte «sa» forêt. Notamment la fabrication des sentiers, plutôt ardus dans une contrée où il pleut tout de même six mois par an.

Départ du «visitor center» pour le sentier Dragon’s back (Le retour du dragon)… On file sous une fourche géante, une Marzo que Cédric Braconnot ne peut s’empêcher de franchir plusieurs fois avec un bonheur mal dissimulé. Nous contournons des ours sculptés dans des troncs et roulons sur un chemin empierré de haut vol, conçu pour décourager le débutant s’engageant sur un sentier rouge. Le dragons chez les Gallois, c’est une véritable histoire d’amour. Il est toujours rouge sang et symbolise la lutte entre Saxons et Celtes. On le trouve un peu partout, sur les torchons des ménagères, sur les tasses à thé ou en doudous pour les petits Gallois. Fiers de leurs pays, les Gallois ? Un peu plus que ça, même. Fiers de pratiquer le VTT, aussi, fiers de leurs pistes, fiers de partager cela avec nous. La piste du «Dragon’s back» est un harmonieux enchaînement de 32 km pour 710 m de dénivelé, taillé et pensé de main de maître. Au beau milieu de cette piste, au carrefour de plusieurs autres sentiers VTT, se trouve un «tea garden» : une maisonnette, des tables et un banc, de jolies fleurs… Christine et Graham font le barbecue, les sandwiches, le thé et des cakes maison, voir le pudding le dimanche pour les randonneurs et les vététistes. C’est décidément – et délicieusement – «british» jusqu’au fin fond de la forêt…

Tous les parcours sont magnifiquement dessinés et travaillés

Un ride, une pinte : c’est le rythme plus ou moins obligatoire en ces contrées de pubs où l’on trouve parfois, sur les petites routes, des panneaux indicateurs «Next beer : 4 miles»… Premier constat dépité de Cédric, Vosgien d’origine : «Ils ont dû éventer le fût, il n’y a pas de gaz… Et puis ils doivent être en panne de frigo, la bière est chaude.» Nous sortons désappointés du pub de la Licorne pour tenter notre chance dans celui de l’hôtel Ship, le rendez-vous officiel de tout le village de Dolgellau. Deuxième constat de Damien, même pas Vosgien : «Il doit y avoir une panne de frigo et de gaz dans tout le village, non ? ” A l’aube, à l’heure où paissent les moutons du coin et avant de partir explorer les chemins de Coed y Brenin avec Andy, nous le pressons de questions sur la bière galloise, encore très perturbés par notre déconvenue. «Mais les gars, atterrissez ! Vous ne savez pas qu’ici, les bières se boivent «flat and warm», plates et tièdes ? C’est comme ça que nous les aimons !»

Encore une journée de ride dans le parc de Coed y Brenin. Nous roulons en avant-première sur une section toute neuve de l’itinéraire MBR, nommée «Falseteeth», les dents tombées… Jolis virages relevés. C’est sûr, les Gallois savent faire un sentier VTT ! Nous validons à notre manière cette nouvelle section : nous y retournons deux fois pour tester la série de whoops encore tout frais et super bien taillés. C’est presque de l’art ! Nous prenons ensuite la route du nord, vers le Snowdonia, la plus haute montagne du Pays de Galles (1 085 m d’altitude). C’est sur cette montagne qu’aurait vécu l’ogre Rhita, vaincu par le Roi Arthur. Son épée y serait encore… Une lueur d’espoir nous étreint : un train gravit son sommet et ce, depuis 1896. Peut-être pourrait-on y placer nos vélos pour gagner sans coup férir 1 000 m de dénivelé, une vue et un panorama classé «number one» dans le pays… Mais non, le VTT est totalement interdit dans ce vieux vapeur aux airs de tortillard des Andes. Nous devons pédaler et pousser…

Des paysages magnifiques

Nous rêvons d’un jour hautement improbable où un wagon VTT verra le jour et où nous reviendrons enchaîner des rides jusqu’à la nuit, ivres de landes, de gras pâturages et de descentes sur des singles à faire tondre un mouton. Nous obtenons malgré tout un beau succès auprès des passagers du train qui se pressent aux fenêtres pour contempler nos modestes prouesses le long des rails. A moins que ce ne soit pour tuer l’ennui de ce convoi haletant et à bout de souffle. Selon le dépliant touristique de la compagnie ferroviaire, la vue est «majestueuse». «Sans aucun doute, ce sera votre voyage en train le plus spectaculaire, pour sa vue qui vous laissera le souffle coupé» (traduction littérale !). Pour ce qui est du voyage en train, on ne sait pas mais pour le reste, nous confirmons. Le sommet du Snowdonia a quelque chose de magique. On y chercherait volontiers l’épée du Roi Arthur avant de prendre le chemin de la descente entre de petits lacs, avec vue sur les côtes irlandaises. Ce soir, c’est dîner d’agneau sauce menthe et poireaux. Le poireau est l’emblème national du Pays de Galles après le dragon rouge, ce qui est nettement moins guerrier ! Pourtant, son origine en tant que symbole est guerrière : une bataille se déroulait dans un champ de poireaux et Saint David conseilla aux combattants gallois de se munir du légume afin de se distinguer de l’assaillant. Et ce fut une grande victoire galloise ! Il est d’ailleurs de tradition de porter un poireau le 1er mars en l’honneur du saint patron du Pays de Galles. Notre prochain «mountain bike trip» au Pays de Galles se fera donc à cette période, afin d’observer les mountain bikers avec un poireau coincé dans le casque ou le short… Sacrés Gallois !