Nakamura Platinium : Nakamura frappe fort !

Depuis deux ans, Nakamura n’en finit pas de nous étonner avec ses VTT tout-suspendus. 2010 ne déroge pas à la règle avec le nouveau Platinum. Attention, missile en vue !

Petite nouveauté depuis notre présentation dans le ” Vélo Tout Terrain ” n°134 : le câble de dérailleur arrière passe désormais dans le cadre grâce à un tube qui traverse la coque (pas de souci donc pour le changement du câble). Le jeu de direction reste au standard 1”1/8. Les fourches de cross-country style Rock Shox Sid ne possédaient pas encore de pivot à diamètre différencié lorsque le moule a été créé. Le boîtier de pédalier joue aussi la carte de la standardisation, se passant des versions BB30 et autres Shimano en 92 mm. Vous aurez encore le choix d’un pédalier plus léger si vous souhaitez faire passer ce Platinum sous la barre des 10 kg. D’ailleurs, cette région du vélo a été renforcée pour ne pas plier sous les coups de pédales et la torsion du bras oscillant. De gros roulements de 34 mm de diamètre assurent la liaison triangle avant-bras et toujours dans le souci de simplifier la vie du propriétaire, vous les trouverez en magasins spécialisés puisqu’aux standards industriels. Le bras est la pièce avec le plus fort impact visuel. Fait rare voire unique, il est aussi de construction monocoque. Cela a nécessité un gros travail sur les moules. Il s’agissait aussi et surtout de résoudre le problème de la vessie qui est à la base de toute construction de ce type. En effet, une vessie est gonflée dans un moule, donnant la forme voulue. Puis elle est retirée (en règle générale) à la fin de l’opération.

Du très technique…

Chose impossible avec la forme du linkage chère à Nakamura, en tant que signe distinctif de la marque. Du coup, le problème a été contourné. La réalisation a pu être menée en laissant un insert ou box dans le linkage. Eh oui, dans votre cadre, on trouve une mousse moulée à vie mais rassurez-vous, elle ne représente que 3 à 4 g de plus. Pour démouler le bras, place à la technique du tiroir avec pas moins de cinq opérations pour sortir le bras du moule. Puis vient la jonction avec le linkage qui, vu sa structure, ne risque pas de se tordre. Retenez seulement qu’il a fallu réaliser l’ensemble en trois pièces monocoques, réunies ensuite en une seule par emboîtage, la grosse surface de collage permettant d’obtenir une très bonne rigidité de l’ensemble. Le cadre est finalement annoncé à 1,9 kg sans amortisseur. Au niveau cinématique, les ingénieurs ont privilégié un point de pivot plus haut par rapport au boîtier (environ 5 mm) et plus en avant (environ 5 mm) que pour les autres VTT tout-suspendus de la marque. L’idée est claire : ” verrouiller ” encore plus le pédalage. Concrètement, l’effet anti-pompage est accentué pour offrir plus de rendement. Les premières vibrations sont amorties par le cadre grâce à la magie du carbone, ici défini pour ce rôle sur certaines parties.

La mise en œuvre d’un tel cadre cannibalise une grande partie du prix de vente mais pour 2 699 €, vous aurez quand même droit à une fourche Rock Shox Sid Race avec son blocage au guidon, un amortisseur Monarch 3.1 sans plateforme anti-pompage, des roues Mavic Crossmax ST et des freins Formula R1 avec disques de ø160 mm (si vous roulez beaucoup avec du dénivelé négatif, un disque de 180 mm à l’avant contribuera à réduire la fatigue des doigts). On connaît le pédalier Truvativ Stylo pour sa fiabilité et le dérailleur arrière Sram X9 en chape moyenne prouve que Nakamura s’adresse à des pilotes qui ne croisent pas leur chaîne. Reste la potence et la tige de selle, un peu tristes, mais pour la version définitive, on nous promet quelque chose de plus fun. La touche Nakamura, c’est avant tout les deux concepteurs de la gamme qui la donnent.

Top équipement…

Ces deux-là sont des rouleurs au quotidien mais aussi des gens qui aiment s’amuser et cela se ressent sur les VTT qu’ils réalisent. Le guidon relevé est une évidence si on roule longtemps et qu’on cherche à attaquer dans les monotraces et les descentes. La position du pilote est idéale, entre recherche de vitesse et balade ludique. Pas de risques de frayeurs, on pilote à l’instinct. D’ailleurs, ce VTT est tellement facile que nous sommes allés bien au delà du programme pour lequel il a été conçu… Il fallait le voir débouler dans les roues arrière d’enduros sur certaines pistes ! Pas besoin de deux heures de mise au point avant de partir, la fourche Sid Race et l’amortisseur Monarch se règlent en suivant la procédure classique. On s’assoit sur le vélo et on vise les 20 % d’enfoncement !

Il démarre sans peine, ce Platinum ! Avec moins de 11 kg tout habillé, sa masse n’est pas un handicap. Les larges allées qui mènent à des endroits plus ludiques permettent de réaliser des tests d’accélération avec, à la clé, une bonne surprise : ça ne pompe pas, même sans plateforme. Les suspensions monopivot n’étaient pas réputées pour leur rendement en relance. Ce Platinum nouvelle génération nous prouve le contraire ! Nakamura a choisi un positionnement minutieux pour son point de pivot, qui est d’ailleurs différent sur le modèle de marathon. Le résultat, c’est un vélo qui ne pompe pas, même en danseuse. La cadence de roulage est rapide, il n’y a plus grand-monde derrière. La qualité des suspensions et du cadre lui permet de bien filtrer les petits chocs. Il se joue des voies romaines et autres chemins défoncés. La vocation première du Platinum est bien le cross-country mais on n’a pas l’impression d’être sur une planche à clous. Certes, les accélérations sont retransmises à 100% mais elles ne ruinent pas le pilote passé les 40 bornes.

On roule vite !

Les plus intransigeants d’entre nous ont trouvé que le Nakamura perdait sa vitesse de croisière, les autres ont vu leur moyenne habituelle exploser. Le Platinum est rapide en ligne droite. C’est quand ça tourne qu’il délivre le plus de sensations. Le regard suffit à le mener dans un virage, il s’y inscrit sans effort et ressort en roue arrière si vous appuyez un peu trop sur les pédales. Un vrai jouet. Les obstacles style troncs d’arbres et murets sont passés en déclenchant un bunny-up. Dommage qu’il faille desserrer deux vis pour baisser la selle lors de passages techniques pentus. Les ingénieurs ont expliqué que c’était un choix sécuritaire. Avec deux vis, le couple de serrage appliqué au serrage de selle est plus facile à appliquer et surtout, la répartition est mieux faite sur le tube. Moralité : il va falloir vous habituer à descendre la selle haute ! Nerveux, ce VTT motrice bien et grimpe les pires pentes mais une cassette 11/34 aurait été la bienvenue, notamment pour les excapades montagneuses. En descente, c’est un régal de passer vite là où les crosseurs ralentissent. Il entre en courbe très fort et s’éjecte de plus belle, mettant à mal des pneus Schwalbe vraiment trop fragiles.